Guerre à Gaza (The War on Gaza)
Un reccueil en album des histoires de Sacco publiées en ligne sur The Comics Journal
Documentaires Le conflit israélo-palestinien
Joe Sacco ne pouvait être indifférent ni aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, ni aux conséquences tout aussi dramatiques sur Gaza. Même s’il n’aime pas dessiner dans l’immédiateté de l’actualité, Joe Sacco sait que sa voix sur la Palestine peut compter. Une voix morale. Il a donc décidé de prendre du temps en plus pour dessiner un pamphlet sur l’horreur de la guerre à Gaza. En une trentaine de pages corrosives, il aborde le thème de la guerre, du traitement politique de celle-ci par les États-Unis et Israël, par les médias. Un pamphlet qui mêle l’universel et l’intime.
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Date de parution | 11 Septembre 2024 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
il s’agit de la toute nouvelle œuvre de Joe Sacco, un des plus grands auteur de bande dessinée de reportage de notre temps et également un des dessinateurs les plus influents sur la question de la Palestine depuis ses différents travaux au cours des années 90; cette petite BD (32 pages) est un recueil du travail qu’il a fait entre janvier et juillet dernier et publié en ligne sur TCJ quant à sa pensée vis-à-vis des différents évènements à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre; plus généralement, c’est une critique de la politique génocidaire de Netanyahou, un regard acerbe sur la politique hypocrite de Biden et de l’Occident, et enfin un regard désespéré sur un monde qui s’effondre physiquement et moralement; il n’y a en soit pas beaucoup d’éléments dans cette oeuvre qui se lit très vite, et pourtant c’est souvent quand l’auteur parle de la Palestine qu’il se trouve être le plus talentueux; j’ai trouvé certaines planches assez drôles et vraiment bien pensées, ses arguments n’ont rien de très uniques mais sont pourtant rares dans le paysage du Septième Art (et les dessins satiriques aux États-Unis d’autant plus !); comme d’habitude j’aime le style de Sacco avec ses dessins grandioses et ses personnages politiques caricaturaux; en petite parenthèse, j’ai malheureusement découvert cette oeuvre après le retrait de Biden aux élections présidentielles ce qui vient ruiner le plaisir de quelques pages ; bref, à lire !
Attention, sujet explosif ! Jusqu’où iront-ils ? L’attaque de l’armée israélienne contre la prison à ciel ouvert qu’est Gaza, attaque qui s’apparente de plus en plus à un génocide, prendra-t-elle fin un jour ? C’est la question que tout le monde se pose, au-delà des opinions… Alors que plus le temps passe, que plus les promesses de Netanyahou de ramener les derniers otages israéliens sains et saufs et de détruire le Hamas apparaissent comme une vaste escroquerie, les États-Unis et l’Europe font preuve d’un silence assourdissant et d’une quasi bienveillance à l’égard de la politique militaire de l’État juif. Lassé de se sentir impuissant, comme tous ceux que la situation révolte, Joe Sacco vient de publier « Guerre à Gaza », un ouvrage corrosif d’une trentaine de pages pour nous livrer sa vision des choses. Le plus talentueux des bédéistes-reporters ayant souvent traité de la situation dans cette région du monde, avec notamment Palestine et "Gaza 1956", il avait assurément la plus grande légitimité pour s’exprimer sur les massacres conduits par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou depuis les attentats du 7 octobre 2023. Ouvrage réalisé dans l’urgence, « Guerre à Gaza » est d’un format qui le rapproche d’un fascicule, mais où l’auteur dit exactement tout ce qui lui pèse sur le cœur concernant ce conflit, sans nul doute le plus grave depuis la création de l’État hébreu en 1956. L’auteur semble avoir trempé sa plume et son pinceau dans l’acide pour exprimer une rage dopée par son impuissance face à la tragédie qui frappe Gaza et ses habitants, mais aussi sa révolte vis-à-vis de l’hypocrisie de son pays, les États-Unis (derrière lesquels s’abrite l’Europe, soit dit en passant), qui n’ont cessé d’envoyer de l’aide armée au gouvernement israélien depuis le début des bombardements, qui ont déjà fait plus de 30.000 victimes civiles. Au-delà du principal dirigeant concerné, Netanyahou, autant dire que Joe Biden en prend pour son grade. Son image de papy-gâteau (parfois plus gâteux que gâteau, il faut bien le dire) est violemment étrillée par Sacco, qui le montre sous un jour des plus cyniques en dénonçant les hypocrisies et la mauvaise foi de la Maison blanche, lorsque son porte-parole John Kirby annonce sans rire que les USA « pourraient aussi revendiquer le titre de principal bienfaiteur humanitaire ». Le dessin de Joe Sacco accompagne avec véhémence cette dénonciation de ce qui apparaît de plus en plus comme un crime contre l’humanité. La violence de certains passages très réalistes — le plus souvent des images d’immeubles dévastés ou de ruines — est parallèlement transcendée par un onirisme féroce, qui n’en est pas moins une injonction adressée aux puissants de ce monde à réfléchir sur leur inaction, laquelle s’apparente dans le cas présent à de la complicité. On aimerait croire que le choc de ces images pourrait produire l’électrochoc escompté des cerveaux… Pour mieux décrire le malaise qui le ronge, l’auteur se met en scène au sortir d’un cauchemar paranoïaque, culpabilisant d’avoir contribué à financer par ses impôts une bombe décimant des enfants gazaouis, tout en constatant la politique sociale désastreuse dans son propre pays. Ce qui semble également ulcérer Joe Sacco est que « dans le monde d’aujourd’hui, dire que l’on veut arrêter un génocide est considéré comme un discours de haine. Tandis que diffamer ceux qui veulent l’arrêter est un discours rémunéré. » Un postulat que l’on peut parfaitement vérifier dans la France de Macron, où la présidente de l’Assemblée elle-même n’hésite pas à afficher un pin’s du drapeau israélien, et où ceux qui émettent la moindre critique vis-à-vis de la politique d'Israël sont rapidement ostracisés, quand ils ne sont pas purement et simplement taxés d’extrémistes « islamo-gauchistes » voire antisémites par les canaux politico-médiatiques de droite. Pourtant, on se dit que ces ficelles langagières devraient finir par se voir tant elles ressemblent à des cordes grossières. En attendant, tant qu’il y aura des voix pour s’élever contre cette situation, on se dit que l’espoir reste permis. A ce titre, Monsieur Sacco, comme les rares voix qui cherchent à se faire entendre — on peut évoquer Dominique de Villepin, tout récemment —, si l’on exclut ceux dont le discours est déjà habilement décrédibilisé, mérite toute la reconnaissance des citoyens du monde qui croient encore aux forces humanistes de progrès et du vivre ensemble. A l’inverse de nos hypocrites démocraties pour qui de lucratives politiques d’armements peuvent bien justifier des barbaries occasionnelles et localisées contre des « animaux humains ». Et parce qu’on ne peut parler ni de génocide ni de légitime défense, Sacco, de façon à la fois ironique et désabusée, propose cet oxymore approprié : « auto-défense génocidaire ». Afin peut-être d’alimenter la réflexion au sein de chaque camp, à défaut de les réconcilier…
Joe Sacco a déjà réalisé deux BD reportages sur la situation dans les territoires occupés : Palestine et Gaza 1956 - En marge de l'histoire. Il a donc souhaité réagir aux horreurs actuelles et apporter son soutien vocal aux palestiniens. Le résultat ? Une série d’histoires courtes (parfois une planche, parfois 3 ou 4) publiées périodiquement en ligne du 26 janvier 2024 au 2 juillet 2024, que Futuropolis propose ici en album. Le format est donc particulier, on ne retrouve pas le travail de reportage sur le terrain, les témoignages récoltés et recoupés… il s’agit plutôt satire politique, telle qu’on en trouve dans les journaux ou les magazines. Joe Sacco exprime son désespoir, et critique acerbement les USA et l’hypocrisie de l’administration de Biden, qui fournit des armes à Israël et de l’aide humanitaire aux palestiniens, mais aussi le gouvernement Israélien qui étouffe le peu d’opposants à la guerre. On retrouve bien le style graphique de l’auteur, même si le style est plus caricatural que dans ses reportages plus sérieux. Le coup de gueule est important, et relativement intéressant, mais le contenu est quand même léger, on est loin des deux BD citées en début d’avis… surtout que si l’anglais ne vous fait pas peur, les planches sont lisibles en ligne - les commentaires sont par ailleurs intéressants tout en restant civilisés (j’imagine qu’ils doivent être modérés).
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