Archéologie de l'intime

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Porté par la douceur d'aquarelles aux teintes lumineuses et une imagerie symboliste et comique, Clothilde Delacroix déploie un récit très personnel, d'une réconciliation avec soi, mais aussi universel, celui d'une mère en devenir.


Autobiographie Douleurs intimes La BD au féminin Maternité, paternité Séries avec un unique avis

Si d'aucuns disent que le livre est un tombeau provisoire pour les joies et les blessures intimes, pour Clothilde Delacroix, il est surtout le lieu d'une archéologie. Ballottée entre pulsions de vie et abandons à la mort, l'autrice se réapproprie ainsi son passé traumatique, page après page et sans fard : une grossesse presque fatale, un corps dépossédé par des prédateurs et la médecine, un destin qu'elle croit condamné par une malédiction funeste.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Août 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Archéologie de l'intime © Dupuis 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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20/08/2024 | Ro
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Par Ro
Note: 3/5
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Si l'album se nomme Archéologie de l'intime, c'est parce que l'autrice fouille dans ses souvenirs pour relater sa grossesse et la naissance de sa fille. La particularité de cet évènement est qu'elle est née prématurée et que l'autrice a failli mourir dans la foulée d'une embolie cérébrale. Du coup, outre l'anxiété presque maladive qu'elle subissait déjà au préalable, cela a encore accentué un étrange sentiment de culpabilité chez elle, et ce qu'elle appelle une dette, celle de ne pas avoir pu être physiquement proche de sa fille juste après sa naissance. C'est un récit très intime, presque psychanalytique. Clothilde Delacroix y creuse ses sentiments et les replace dans le contexte d'un évènement marquant de sa vie. Il apparait ce qui ressemble à une bonne part de névrose dans ce complexe de culpabilité et cette angoisse qui la minent, et qui d'ailleurs semblent avoir été aussi transmis à sa fille qui présente des crises d'angoisse, des peurs de mourir ou que sa mère ne l'aime plus, et le même besoin tactile de rester très proche d'elle. A travers elle, on découvre la réalité d'une grossesse compliquée, avec l'obligation de rester au repos pour ne pas perdre trop tôt le foetus, puis l'hospitalisation et finalement un accouchement prématuré... suivi donc ici de rien de moins qu'un coma pour la jeune mère, avec perte de conscience pendant plusieurs jours. Quand cela arrive à une jeune femme qui avait visiblement déjà des soucis de confiance en elle et d'anxiété, cela ne peut que traumatiser longuement. A tel point que plus de dix ans plus tard, elle ressente le besoin d'exorciser cela en le mettant sur le papier et en le partageant aussi avec sa fille devenant adolescente. Cet état d'esprit complexe, l'autrice ne réussit que partiellement à l'exprimer au lecteur. Elle met des mots et des images souvent métaphoriques dessus mais une personne telle que moi a eu du mal à comprendre la raison de son sentiment de culpabilité et la vraie nature de ce qu'elle appelle sa dette. Ceux-ci apparaissent parfois tellement intimes qu'elle les aborde comme des évidences pour elle mais moins pour celui qui la lit. Je me réjouis néanmoins de voir que sa fille est devenue une adolescente visiblement épanouie et aimante envers sa mère, et c'est cela qui compte.

20/08/2024 (modifier)