On l'appelait Bebeto

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Ce sont ses souvenirs de jeunesse qui ont inspiré à Javi Rey l'histoire d'On l'appelait Bebeto, son premier roman graphique en tant qu'auteur complet. Mais ce récit est avant tout une fiction personnelle, singulière et lumineuse.


Adolescence Auteurs espagnols Espagne Football Le deuil Séries avec un unique avis

À Sant Pere, dans les années 90, tout semble figé. On rêve de la grouillante et inconnue Barcelone, inatteignable, et pourtant à quinze minutes en train seulement. Les gamins du quartier vivent dehors et égrènent le temps en courant derrière un ballon sur les terrains. Dans quelques années - ils savent qu'ils n'y échapperont pas - , ils viendront grossir les rangs des usines et des entrepôts de la zone industrielle. Ce qui ne les empêche pas de rêver, pour le moment, vibrant lors des matchs des vacances ou devant le Tour de France. Cette année-là, alors qu'Indurain montre des faiblesses pendant sa course, Carlos, 12 ans, rencontre Bebeto, un adolescent au corps étrange, disproportionné, maladroit. Tout le monde l'appelle comme ça, sans connaître son véritable nom. Pourquoi semble-t-il être bloqué à une étape de la vie qu'il aurait dû fuir depuis longtemps ? Carlos, comme les autres, n'essaye pas vraiment de le comprendre, trop pressé de quitter le monde de l'enfance pour entrer dans celui des adultes. Pourtant, cette amitié étrange et fugace pourrait bien être de celles qui changent tout.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Août 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série On l'appelait Bebeto © Dargaud 2024
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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16/08/2024 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur Mac Arthur

Un bête truc pour me tenir hors d’un récit à cause d’un détail visuel, c’est de dessiner des oreilles sans aspérités, sans cavité. Je sais, c’est stupide mais immanquablement, je me focalise là-dessus et ça me perturbe durant toute ma lecture. Et du coup, il faut vraiment que le scénario me prenne pour que je passe outre ce détail. On l’appellait Bebeto m’a fait oublier ce détail… Le récit nous plonge dans une cité de la grande banlieue de Barcelone. Le personnage central arrive à cet âge où l’on n’est plus vraiment un enfant mais pas encore pleinement adolescent. Les parties de football ne sont pas encore supplantées par l’attrait des jeunes filles et l’amitié entre gamins demeure indestructible. Mais Carlos a une fêlure en lui, un deuil qui a du mal à cicatriser, et ce passage n’en est que plus délicat. Sa rencontre avec Bebeto, dont le surnom évoque bien plus l’apparente ‘simplicité’ de cet étrange adolescent que le nom du célèbre joueur de football brésilien, va lui ouvrir les portes de la maturité et de l’acceptation. Ce récit a réussi à me toucher. J’ai réellement été ému par le parcours de Carlos, qui quitte progressivement son regard d’enfant pour gagner en maturité. En allant vers l’autre, il se trouve lui-même et parvient à faire face à ses démons. J’ai aimé le fait que tout ne se passe pas bien sans que tout ne soit noir pour autant. L’auteur nous offre une belle tranche de vie, emplie d’une nostalgie amère, qui m’a parfois mis mal à l’aise tant ça sonne juste. C’est beau, parfois drôle, souvent triste… c’est la vie qui passe et qui ne reviendra pas. Au niveau du dessin, s’il n’y avait cette histoire d’oreilles, j’aurai été séduit. Le découpage est bon, le trait est facile à lire, la colorisation apporte la lumière en accord avec le contexte. Parce que ce récit a réussi à faire naître en moi un sentiment de nostalgie amère alors même que dès la couverture je me suis dit « mais c’est quoi, ces oreilles à la con !?! », j’accorde à l’album la note de 4/5 rehaussée d’un coup de cœur. Vraiment une très belle surprise sur une double thématique pourtant déjà souvent explorée (le deuil et la nostalgie de l’enfance).

16/08/2024 (modifier)