Daredevil vs Punisher - La Fin justifie les moyens (Daredevil vs. Punisher: Means & Ends)

Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)

Daredevil ne supporte plus les méthodes expéditives du Punisher.


Daredevil Marvel Punisher Super-héros Univers des super-héros Marvel

La mafia new-yorkaise profite de cette discorde et met un contrat sur la tête de ce dernier. Les héros réussiront-ils à laisser de côté leurs différends pour le bien des habitants de New York ? Cet album présente l'intégralité de la mini-série Daredevil vs Punisher: Means and Ends, écrite et dessinée par David Lapham (Deadpool MAX, StrayBullets, Crossed).

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Juin 2016
Statut histoire 1 tome paru

Couverture de la série Daredevil vs Punisher - La Fin justifie les moyens © Panini 2016
Les notes
Note: 2/5
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25/08/2024 | Présence
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Par Présence
Note: 2/5
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Plusieurs affrontements, sans rime ni raison - Ce tome comprend une histoire complète, indépendante de la continuité des deux principaux personnages. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2005/2006, écrits, dessinés et encrés par David Lapham, avec une mise en couleurs réalisées par Edgar Delgado. À New York, un jeune couple allongé sur l'herbe profite du soleil en se bécotant. À 2 mètres d'eux, se trouve le cadavre d'un pigeon qui commence à être rongé par les vers. Dans les brèves cellules de texte, la voix du Punisher commente le faux calme et promet une rétribution fatale à tous les criminels. Hammerhead (chef de la Maggia, une organisation criminelle) est de retour en ville et il profite du vide dans les hauts échelons pour consolider son assise de pouvoir. Ce soir il dîne dans un restaurant. Punisher l'a dans sa lunette de visée, et s'apprête à l'abattre d'une balle dans la nuque (partie de sa tête qui n'est pas protégée par une plaque de métal). Sur le point de l'abattre, il en est empêché par l'irruption de Daredevil. Après quelques coups, Punisher parvient à s'en aller, en s'étant fait casser le nez par son opposant. Plus tard, Punisher observe les derniers étages d'un gratte-ciel dans lequel Hammerhead a élu domicile et dont il ne sort plus. Il repère la présence du Chacal (Jackal, c'est-à-dire Miles Warren). Il est lui-même observé par Daredevil qui réussit à ne pas se faire voir. Après son repérage, Frank Castle se rend dans un petit resto de quartier où il s'attable en attendant son gibier. Visiblement, le patron a été tabassé récemment par ceux qui le rackettent en échange de protection. Son Martin et sa fille Mary travaillent dans le resto. Mary sert Castle, il a l'impression qu'elle ressemble à sa défunte femme Maria. Elle repère son flingue prêt à servir. Des gros durs arrivent pour réclamer l'argent de la protection. Par la suite, Martin réussit à se procurer un revolver car il en a marre de vivre sous la menace du retour de ces racketteurs. Après le passage de Frank Miller sur la série Daredevil (de 1979 à 1983), les rencontres entre Daredevil et Punisher sont presque devenues un sous-genre à part entière, une manière d'opposer l'appareil de la Justice avec toutes ses imperfections, à une justice expéditive et définitive (dispensée par Frank Castle qui a pour lui l'avantage de ne jamais se tromper sur la culpabilité de quelqu'un). Cela a donné lieu à des rencontres mémorables comme celle orchestrée à deux voix par Ann Nocenti et Mike Baron, ou encore celle réalisée par Garth Ennis et Steve Dillon dans la série Marvel Knights du Punisher. Pour cette minisérie dédiée à la relation conflictuelle entre les deux héros, les responsables éditoriaux ont confié la tâche à David Lapham, un auteur spécialisé dans les polars à forte tension dramatique, en particulier sa série Stray Bullets. C'est un auteur habitué à réaliser ses séries intégralement, scénario + dessins. Le lecteur est un peu déstabilisé par le portrait du Punisher que dresse Lapham. Il ne s'agit pas de la version MAX (celle définitive écrite par Garth Ennis), ni de la version paramilitaire. L'auteur revient à une version plus années 1970, précédant même celle de Steven Grant & Mike Zeck (voir The Punisher : Cercle de sang). Frank Castle est seul contre tous, il est convaincu du bien-fondé de sa mission d'exterminer les criminels de manière définitive. Sa voix intérieure est froide et analytique, mais sans le jargon militaire spécialisé des armes, ni le nihilisme institué par Steven Grant. En ce sens Lapham ne souhaite pas réaliser une imitation inférieure à la version de Garth Ennis. Il reprend l'idée d'un individu normal, traumatisé par la mort de sa femme et de ses enfants, et doué d'un sens stratégique et tactique hors du commun. D'un point de vue visuel, Lapham reprend également l'étrange ceinture composée de tubes (empêchant son porteur de se pencher en avant), les gants blancs et les bottes blanches. C'est vraiment un retour de la version initiale lors de sa première apparition dans la série Amazing Spider-Man en 1974. Cet hommage est renforcé par les apparitions de Miles Warren, celui qui avait initialement monté Punisher contre Spider-Man. Du coup le lecteur a bien du mal à ressentir de l'empathie pour ce simple exécuteur, un peu trop rentre-dedans, ne réfléchissant pas bien aux conséquences de ses actes. Il lui reste son infaillibilité quant à qui est coupable, mais pas grand-chose d'autre pour susciter une quelconque empathie de la part du lecteur. Or David Lapham a choisi de donner plus de place au Punisher qu'à Daredevil. Ce dernier ne dispose que de peu de cellules de texte donnant accès à sa pensée, et pas d'occasion de mettre en valeur le caractère indispensable d'un appareil de justice s'appliquant à tout le monde. Dans cette approche très personnelle de la dramaturgie, l'auteur introduit un personnage secondaire en la personne de l'adolescent Martin qui voit Punisher exécuter froidement une dizaine de voyous, ceux qui viennent racketter son père. Il décide de prendre lui aussi les choses en main et de se doter d'une arme à feu. le lecteur se retrouve donc à suivre les actions du Punisher pour tenter d'éliminer Hammerhead (vraisemblablement le personnage de Wilson Fisk n'était pas disponible pour cette histoire, ou son importance trop grande aurait dénaturé le récit), Martin découvrant les responsabilités et les tentations qui accompagnent la détention d'une arme à feu, et Daredevil qui essaye de calmer le jeu. David Lapham est donc un auteur complet qui réalise ses propres dessins, avec une habitude de travailler en noir & blanc, par exemple dans la série Stray Bullets, mais aussi pour le récit complet Tue-moi à en crever et d'autres. Il a également réalisé une série hallucinante Young Liars (en 3 tomes) qui était en couleurs, plutôt plates. Ici, Edgar Delgado choisit de tirer parti des capacités de l'infographie en jouant sur les nuances de couleurs pour ajouter du volume aux surfaces, avec des teintes parfois un brillantes, comme il est de coutume pour les comics de superhéros. le mariage avec les planches de Lapham n'est pas très heureux, l'un tirant vers une histoire de superhéros avec panache, l'autre vers un récit plus intimiste et plus noir. En effet Lapham emploie une approche graphique concrète, avec un bon niveau de détails. Il dessine des personnages avec des proportions anatomiques réalistes, sans musculatures aux stéroïdes, juste un peu exagérée pour Daredevil et Punisher. le lecteur voit bien que l'artiste simplifie les contours de formes et les textures par rapport à une approche photoréaliste, mais sans sacrifier les détails. Cela aboutit à des personnages crédibles et plausibles, avec des visages expressifs mais pas très jolis. David Lapham ne transforme chaque individu en top-modèle, il préfère montrer des gens normaux, avec des visages pas forcément avenants. Il ne lésine pas sur les détails quand le besoin s'en fait sentir : les enseignes aux néons dans un dessin pleine page avec Castle marchant sur un trottoir de New York, les produits sur es rayonnage d'une supérette, les malades en attente dans un hôpital, les voitures de police devant un immeuble cerné, etc. Il utilise une mise en page assez sage, à base de cases rectangulaires juxtaposées. le lecteur familier de Stray Bullets retrouve quelque page découpée en 4 bandes de 2 cases, une structure qu'affectionne l'artiste. Pour les différents affrontements, à main nue, ou avec arme à feu, David Lapham utilise également une approche réaliste. Les combats ne sont pas chorégraphiés jusqu'à en devenir des ballets, mais les mouvements et les déplacements des personnages sont logiques, s'enchaînent correctement et le lecteur peut retracer leurs différents positionnements s'il le souhaite. Les coups portés n'ont rien d'élégants (il n'y a pas de glorification de la violence sous forme de spectacle) et les individus accusent le coup quand ils sont touchés. Les balles tirées blessent, laissent des traces, et les individus touchés portent des pansements par la suite. L'auteur n'évite quand même pas le cliché du Punisher et de Daredevil qui encaissent bien les coups, qui sont résistants à la douleur et qui guérissent quand même assez vite. Arrivé à la fin du récit, le lecteur s'interroge sur son sens. Daredevil et Punisher se sont affrontés à plusieurs reprises : la promesse du titre est bien tenue. le récit n'a aucun impact sur la continuité du Punisher ou de Daredevil, encore moins d'Hammerhead, et le lecteur se demande encore ce que venait faire Jackal dans le récit. La confrontation idéologique entre les 2 concepts de la justice n'a pas eu lieu, voire personne n'est passé devant un juge. David Lapham semble donner tort à la position de Frank Castle, puisque du début à la fin ses actions auront surtout eu pour conséquence d'aggraver la situation : attiser les représailles du gang d'Hammerhead, mettre en danger Martin et sa soeur, blesser un sans-abri. Daredevil n'aura fait que contrecarrer Punisher, en passant lui aussi pour un individu incapable de contrecarrer Punisher, autrement qu'en lui tapant dessus. Il reste le parcours de Martin, soumis à la loi du plus fort, voyant son père courber l'échine sous les coups des racketteurs, sans broncher ni essayer de se rebeller. Ce jeune homme acquiert une arme à feu et découvre petit à petit le pouvoir et les responsabilités qui vont avec, la sécurité toute relative qu'elle procure puisqu'il est incapable de protéger sa soeur qui subit un sort atroce (bien exposé par l'auteur qui évite tout forme de voyeurisme). Ces confrontations entre Daredevil et Punisher ne resteront pas dans les annales de l'un ou l'autre des 2 personnages. David Lapham a composé un récit bien construit, bien nourri, comportant des questionnements moraux complexes. Mais il s'avère incapable de susciter l'empathie du lecteur du fait de personnages peu développés, d'une confrontation idéologique qui n'a pas lieu, d'affrontements finalement uniquement physiques. À la fin le lecteur est empli d'admiration pour la résilience de Mary et regrette que le récit n'ait pas été centré sur ce personnage.

25/08/2024 (modifier)