La Mort rose
Après une vague épidémique meurtrière, le monde s’est constitué en cités indépendantes, cloîtrées et ultra sécurisées.
Auteurs espagnols Bichromie Les petits éditeurs indépendants Maladies et épidémies Utopies, Dystopies
Miguel appartient à la seconde génération de survivants, élevés dans des orphelinats contrôlés par l’armée. Sa rencontre avec Gloria va bousculer la banalité de son quotidien. Celle-ci refuse de succomber à la résignation et à l’ennui causés par les impératifs de confinement… C’est en 2017 que l’auteur espagnol Jaume Pallardó met la dernière main à cette fable dystopique visionnaire. Digne des grands récits d’anticipation, elle aborde les questions liées au pouvoir et à l’information à l’aune de problématiques contemporaines.
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Date de parution | Mars 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Album découvert grâce à l'avis de Noirdésir, je trouvais vraiment intéressant de lire a posteriori une dystopie de 2017 qui nous plonge dans un monde ultra-confiné suite à une pandémie (qui normalement doit vous rappeler quelque chose). Ce récit d’anticipation écrit avant la pandémie de Covid résonne étrangement avec notre époque, bien que l’auteur s’inspire de l’épidémie d’Ebola pour créer cette dystopie. L'album nous interroge forcément sur les notions de pouvoir, de surveillance et de résistance. Le traitement graphique en bichromie, avec ses nuances de rose et de gris en fonction ou pas de la supposée présence du virus, renforce l’atmosphère assez froide du récit, et j'ai personnellement trouvé le dessin assez cérébral mais peu dans le registre émotionnel, un peu frustrant au vu du scénario. La narration est fluide mais j'ai trouvé certains passages un peu creux et au final, je trouve qu'il manque quelque chose à l'intrigue pour vraiment m'accrocher. Il y a bien sûr une réflexion pertinente sur l’autoritarisme, mais qui ne révolutionne en rien les classiques du genre. Ses résonances contemporaines restent intéressantes, mais son rythme inégal et ses personnages un peu froids m'ont laissé un peu sur la touche. Une lecture agréable mais pas marquante.
« Une troublante coïncidence ». C’est par ces mots que commence la présentation de l’éditeur. Et, en effet, on ne peut qu’être troublé par les nombreux parallèles aisés à faire entre l’intrigue et ce que nous avons connu récemment avec le covid (que ce soit la maladie elle-même avec ses conséquences médicales, mais aussi les conséquences sociétales, et les questionnements autour du confinement, des limites aux libertés, et de la soumission à des injonctions peu démocratiques). Et pourtant, les éditeurs le confirment, Jaume Pallardo (auteur espagnol que je découvre avec cet album) a réalisé cet album entre 2014 et 2017 – il a été publié en Espagne en 2019. Voilà qui est de l’anticipation, à tous points de vue ! Et l’auteur, dans une postface montre qu’il a lui-même été marqué par la résonance actuelle de son histoire. La majeure partie de l’intrigue se déroule sur un rythme lent, pépère, et sur un ton presque badin, une sorte de roman graphique presque ordinaire, si les protagonistes, suite à l’épidémie très contagieuse, n’étaient pas obligés d’enfiler des combinaisons étanches dès qu’ils vont à l’extérieur. Tout ce qui se passe à l’intérieur est un Noir et Blanc, tandis que l’extérieur est matérialisé par une bichromie où le rose domine. Puis, petit à petit, la dystopie prend forme, et là aussi on ne peut s’empêcher de comparer avec ce que l’on a vécu – même si Pallardo se défend, à juste titre, de ne pas tomber dans le complotisme ni dans la défense de théories ubuesque – ayant d’ailleurs encore court sur certains réseaux sociaux. Mais a-t-on réellement besoin de toutes ces mesures de protection, que cachent les secteurs où vivent les élites ? Le héros commence à côtoyer des marginaux et des réfractaires, à se poser lui-même des questions. Et je dois dire que la fin est très brutale, fugacement violente. Elle laisse en tout cas un goût amer – sans répondre, volontairement, à toutes les questions. Le travail éditorial de La Cafetière est très bon, avec un album épais – comme le papier utilisé, un filet marque-pages. Une lecture fluide, et très plaisante en tout cas.
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