VS - Ligne de front

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Des armées privées de soldats superstars s'affrontent non pas pour la liberté mais pour la gloire, la fortune et l'image de leurs sponsors.


Image Comics

Avec l'arrivée d'une nouvelle génération de combattants, Satta Flynn, le plus célèbre de ces gladiateurs du futur, découvre à ses dépens combien la popularité est éphémère.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Mars 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série VS - Ligne de front © Panini 2019
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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31/08/2024 | Présence
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Par Ro
Note: 2/5
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Un comics bourré d'action qui critique le monde des médias, de la publicité et des élites dans une ambiance cyberpunk futuriste. Au niveau du scénario, nous sommes dans des terrains déjà très balisés. Pour le spectacle, on y retrouve énormément de Running Man ou de Hunger Games. Pour l'idée d'utiliser la vraie guerre comme une télé-réalité, on y retrouve beaucoup de Live war heroes. Pour les élites largement au dessus du petit peuple et pour le côté décérébré et adepte de médias, on y retrouve beaucoup de Avant l'Incal. Quant aux publicités qui s'insèrent partout dans la vie des protagonistes et des spectateurs, c'est un grand classique du cyberpunk. Bref, énormément de déjà vu pour une intrigue qui ne marquera pas par son originalité. Au niveau du graphisme, c'est du beau boulot en matière d'esthétisme. Personnages, costumes et décors ont la classe, le trait est très maîtrisé et les couleurs à la hauteur. Par contre, la narration graphique des scènes d'action n'est pas toujours très claire et on comprend ce qu'il se passe davantage en lisant les dialogues qu'en observant les planches. En effet, c'est bien la narration qui est le véritable défaut de ce comics. Toute l'histoire est décousue, avec de nombreux passages dont on peine à comprendre s'ils ont lieu avant, après ou pendant le déroulement des évènements. Les motivations des antagonistes ne sont pas claires, ni leurs méthodes et surtout le résultat bancal de celles-ci. Quant à comprendre pourquoi le super soldat au top du classement est à la ramasse pendant les deux tiers de l'album... J'ai dû relire l'album une deuxième fois, et encore après revenir sur certains passages pour tenter de bien comprendre toute l'intrigue et ses détails, mais non : même si on capte l'idée globale de l'histoire (et celle-ci ne casse vraiment pas trois pattes à un canard), il y a énormément d'éléments qui sont confus, contradictoires et limite incompréhensibles. C'est un beau dessin mis au service d'une histoire banale et mal racontée.

28/10/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Atteindre l'objectif - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5 de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Ivan Brandon, dessinés et encré par Esad Ribi?, avec une mise en couleurs réalisée par Nic Klein. Il comprend également les couvertures alternatives réalisées par Dan Panosian et Jae Lee. Des dizaines d'années dans le futur, sur une planète avec un anneau, sous la supervision et la surveillance de gouvernants ayant élu domicile dans des satellites spatiaux, une bataille va commencer. Les soldats d'une faction sont campés sur leur position, ayant du mal à supporter le silence de l'attente. Non loin de là, le commando ennemi vient d'arriver. Il se compose de 6 soldats, avec pour chef un vétéran nommé Satta Flynn équipé d'un exosquelette dorsal avec quatre bras supplémentaires. Il donne l'ordre à 2 soldats de se déployer sur les flancs, et aux 3 autres de le suivre. À quelques mères en hauteur, de nombreuses caméras filment tout. Le soldat parti en vol autonome se fait descendre dès la première minute. Un autre reçoit en projectile en pleine poitrine. L'une des caméras annonce une pause pour les écrans publicitaires. En fait il s'agit d'une rediffusion que Satta Flynn regarde depuis son lit d'hôpital car il a été grièvement blessé pendant cette campagne. 86 jours après sa blessure, il peut enfin sortir de l'hôpital, avec une nouvelle jambe cybernétique à la place de celle qui a été amputée. Il sort en fauteuil roulant, mais se met debout malgré la douleur, pour le bénéfice des journalistes présents à l'entrée. Il est rapidement pris en charge par le représentant de l'entreprise qui l'emploie, et par Xem, une jeune femme qui lui est attachée. Quelques jours plus tard, Satta Flynn est de retour sur le champ de bataille. Il court pour éviter les tirs de l'ennemi, tout en progressant de l'avant. Il finit par débusquer le chef de peloton ennemi en le surprenant. Il s'engage dans un combat acharné au corps à corps. L'autre réussit à lui trancher une artère du cou. Flynn ne se rend pas pour autant, et enfonce sa propre lame dans le cou de son adversaire, le tuant. Mais il se fait lui-même poignarder dans le dos par un autre ennemi à l'agonie sur le terrain. Il se retourne dans un sursaut pour le tuer également, et s'effondre sur son cadavre. La bataille est parvenue à son terme, et les services médicaux et autres pénètrent sur le terrain pour s'occuper des blessés et enlever les cadavres. Satta Flynn n'est pas mort, mais il a échoué. La sanction est double : son entreprise n'a pas gagné la partie et va perdre des territoires de vente. Lui-même va perdre des sponsors et donc des revenus financiers. Par contre, ça ouvre la porte à de nouveaux soldats pour prendre sa place, des plus jeunes. A priori, le lecteur est attiré vers ce comics, à la fois par le dessinateur, à la fois par le scénariste. Esad Ribi? s'est fait connaître par ses pages s'apparentant à des illustrations pour des projets comme Loki (2004, scénario de Robert Rodi), Silver Surfer: Requiem (2007, scénario de Joe Michael Straczynski), Sub-Mariner: The Depths (2009, scénario de Peter Milligan), Secret Wars (2016, scénario de Jonathan Hickman). Le lecteur note toutefois que l'artiste n'a pas réalisé lui-même sa mise en couleurs. Elle a été réalisée par Nic Klein qui a déjà travaillé avec Ivan Brandon, en particulier pour la série de science-fiction Drifter. S'il l'a lue, le lecteur garde en souvenir des visuels envoûtant et une structure narrative déroutante, exigeant un bon degré d'investissement pour rassembler les pièces du puzzle du scénario, dispersées aux quatre vents des épisodes. Du coup, il peut éprouver un peu d'appréhension à se plonger dans ce nouveau récit de Brandon. D'un autre côté, il s'agit d'un récit complet en 5 épisodes, donc nécessitant moins d'effort que pour les 19 épisodes de Drifter. En outre les premières pages donnent l'impression qu'Esad Ribi? a réalisé ses planches tout seul, tellement Nic Klein a calqué sa mise en couleurs sur la méthode de Ribi?. Enfin les 12 premières pages narrent une opération militaire de terrain, tout en action. Ivan Brandon n'a quand même pas abandonné complètement sa manière de raconter une histoire, et ce n'est que progressivement que le lecteur découvre les raisons et les enjeux de ces affrontements entre professionnels. Cependant, il n'est pas compliqué de comprendre ce qui est en train de se jouer. Le récit se concentre essentiellement sur Satta Flynn, ce combattant vétéran émérite, tout entier focalisé sur son métier. La jeune Xem n'apparaît que le temps d'une page et n'est même pas une récompense pour Flynn, selon toute vraisemblance encore moins une compagne. Les seuls femmes à jouer un rôle de premier plan sont deux combattantes comme Flynn, Mama Martine et Major Devi, cette dernière étant plus jeune et plus compétente que lui. Satta Flynn embrasse donc complètement sa condition de combattant célèbre et redoutable, sans état d'âme, sans autre motivation que celle de sortir vainqueur. Sa blessure grave ne remet pas en question sa motivation. Il n'éprouve pas de peur particulière face à la mort. Seule la supériorité de Major Devi le déroute, impliquant la fin de sa supériorité, une déchéance vraisemblable à court terme. Du coup Satta Flynn n'est pas un héros parce qu'il est difficile de l'admirer du fait de son absence de questionnement, mais il n'est pas complètement antipathique parce que le lecteur ressent de l'empathie pour son obsolescence proche. Les premières pages impressionnent le lecteur commençant par deux dessins en pleine page, puis trois pages avec 3 ou 4 cases, comme une sorte de travelling avant vers le champ de bataille, en partant depuis l'espace. Le lecteur retrouve les formes tracées à grand trait d'Esad Ribi?, noyées dans des camaïeux de couleurs pastel, des brumes mangeant les détails. Il lui faut donc un peu de temps pour se rappeler que la mise en couleurs a été faite par Nic Klein et pas Ribi?. Cela devient un peu plus apparent par la suite car les formes deviennent détourées par des traits encrés, attestant que le dessinateur a un peu changé de mode de représentation. Cela l'incite d'ailleurs à représenter plus de détails, à se montrer plus concret. Cela constitue un plus pour le récit, car du coup les éléments de science-fiction sont plus palpables, plus tangibles. Le lecteur peut voir la technologie futuriste, les quelques vaisseaux, les tenues d'anticipation, les armes du futur. Les représentations ne s'inscrivent pas dans une démarche prospective d'anticipation à partir de la science d'aujourd'hui, mais elles permettent au lecteur de s'immerger dans un monde cohérent, différent du présent. L'observation des dessins lui permet de se faire une représentation des constructions de cette planète, de son degré d'avancée sur l'échelle de la civilisation, de son urbanisme, même si le scénario ne s'appesantit pas sur la vie quotidienne. Nic Klein effectue un remarquable travail de mise en couleurs, avec des teintes assez pâles, un peu blafardes. Il les utilise pour accentuer le relief des formes, et apporter des informations sur les sources d'éclairage. Il établit une teinte dominante par séquence pour lui conférer une ambiance particulière. Il nourrit les fonds de case lors des affrontements car les champs de bataille se trouvent en zones sauvages, ou dans des zones dévastées. Le lecteur pourrait craindre que ces choix graphiques rendent la lecture un peu difficile, mais en fait Esad Ribi? conçoit des personnages et des tenues avec des spécificités assez fortes pour que le lecteur sache tout de suite qui il est en train de regarder attaquer, ou où se situe l'action. Le choix de couleurs délavées peut donner l'impression que le récit manque d'éclat, mais le lecteur constate rapidement que les combats sont spectaculaires, avec des déroulements inventifs, et que certains lieux en imposent soit par des constructions gigantesques, soit par la beauté de la nature. La narration graphique emmène donc le lecteur sur une autre planète peuplée d'humanoïde, dans un futur lointain, au milieu de combats menés par des professionnels jusqu'à la mort. Ainsi immergé, le lecteur se laisse prendre par la fureur des combats, par la détermination professionnelle de Satta Flynn. Comme lui, il absorbe les informations quand il en a le temps, pour comprendre quels sont les enjeux réels de ces affrontements. Ivan Brandon ne s'est pas contenté de concevoir une intrigue, il a également travaillé sur la forme, avec l'insertion de pages de publicité, comme dans la retransmission des combats, aidé par Tom Muller, un designer. Il s'agit de produits inventés pour l'histoire, mais fonctionnant comme des échos de produits existants, telle une célèbre marque de soda. L'effet produit est de faire remarquer au lecteur que ces combats s'inscrivent dans une forme de gouvernement, un système fonctionnant sur le principe du capitalisme, où le terme guerre économique peut être pris au pied de la lettre. En soi, le propos ne s'avère pas original, mais sa mise en forme (récit de SF, dessins à la forte personnalité) en fait une fable pour adultes, débarrassée de toute naïveté. Le scénariste utilise le genre SF pour mieux faire ressortir les principes sous-jacents qui conduisent les personnages à se comporter ainsi. Il a réussi à trouver le juste équilibre entre récit au premier degré et critique du système. Au vu des créateurs de cette histoire, le lecteur peut se retrouver tiraillé entre deux a priori conflictuels, entre curiosité pour un scénario ambitieux et des dessins personnels, et appréhension pour une structure de récit trop alambiquée, et des dessins trop fades. Il se trouve qu'Ivan Brandon, Nic Klein et Esad Ribic ont combiné le meilleur de leurs particularités, pour un récit de science-fiction basé sur l'action, avec une dimension réflexive, et des dessins riches à la mise en couleurs personnelle.

31/08/2024 (modifier)