Aliens - Cendres (Aliens: Dust to Dust)
La colonie Trono sur LV-871 est attaquée. Des évacuations d'urgence sont ordonnées.
Alien Dark Horse Comics Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis
Les navettes d'évacuation décollent. Tout ce que Maxon, 12 ans, et sa mère ont à faire, c'est de rejoindre le spatioport. Sauf qu'entre eux et lui se trouvent... des Aliens !
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Date de parution | 26 Avril 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Implacables et vulnérables - Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre qui ne nécessite qu'une connaissance superficielle des Aliens pour pouvoir être appréciée. Il contient les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits, dessinés et encrés par Gabriel Hardman, avec une mise en couleurs réalisée par Rain Beredo. Il contient les couvertures originales d'Hardman, ainsi que les couvertures alternatives réalisées par Carlos d'Anda (*4). le tome commence par une introduction de deux pages écrites par Hardman en novembre 2018, indiquant dans quelles circonstances il a découvert Alien et à quel âge. Sur la colonie Trono, sur la Lune LV-871, le jeune Maxon (un garçon de douze ans) se réveille en sursaut. Il se lève et se rend compte qu'il y a une personne en train de tirer sur un agresseur invisible dans le passage en dessous de sa chambre. Soudain sa fenêtre vole en éclat et il se retrouve projeté à terre par le souffle. Il se relève avec plus de peur que de mal et court chercher du réconfort dans la chambre de sa mère. Il découvre qu'il y a une sorte de gros insecte à 8 pattes avec une longue queue sur son visage. Il a un mouvement de recul et voit son visage dans le miroir ; il en retire un débris de verre alors que le gros insecte tombe par terre. Sa mère se réveille d'un coup. Il se jette dans ses bras. À l'extérieur les combats font rage et plusieurs bâtiments sont la proie des flammes. Sur l'écran d'information de la chambre, un message de l'entreprise Weyland-Yutani clignote indiquant une alerte code jaune. La mère intime à Maxon de s'habiller et de prendre des affaires dans son sac de classe. La mère convainc son fils de partir : il faut qu'ils se rendent au spatioport pour monter à bord d'une navette d'évacuation. En descendant l'escalier, ils doivent passer par-dessus le cadavre d'un homme. La mère en profite pour ramasser son fusil. Ils se retrouvent face à un xénomorphe et se tiennent immobiles. La créature les ignore ; ils poursuivent leur périlleux chemin. Au dehors le chaos règne, entre véhicules renversés et cadavres. La mère réussit à faire démarrer l'un des véhicules du garage. En passant dans les rues, ils voient deux xénomorphes s'acharner sur un cadavre humain. L'un des pneus finit par crever et le véhicule s'immobilise en plein milieu de la rue, avec plusieurs xénomorphes qui commencent à s'approcher et à monter le toit du véhicule. Soudain surgit un autre véhicule qui les percute. La voiture est renversée, mais les xénomorphes volent au loin. le conducteur sort de la voiture utilisée comme un bélier, et enjoint Maxon et sa mère de le rejoindre. Il s'agit de l'assistant administrateur Waugh. le périple pour rejoindre le spatioport maintenant tout proche peut continuer. Dans l'introduction, Gabriel Hardman explique donc qu'il a découvert les xénomorphes en allant voir le film Aliens (1986) de James Cameron à l'âge de 12 ans, ce qui lui a donné l'idée de raconter son histoire avec le point de vue d'un enfant du même âge. Avec le succès du film Alien (1979) de Ridley Scott, les xénomorphes sont devenus une franchise, d'abord déclinée en film, puis en comics édités par Dark Horse à partir de 1988, à commencer par Aliens Omnibus Volume 1 et suivants. Dans un premier temps, les auteurs se sont concentrés sur la race des xénomorphes comme la forme de vie dédiée à sa survie, parfaitement adaptés à cet objectif, avec une dimension horrifique. Rapidement, les scénarios ont évolué vers une confrontation entre l'instinct de survie des humains, et la perpétuation des xénomorphes. Dans son introduction, Gabriel Hardman explicite son intention : un mélange d'horreur et d'action spectaculaire. Il indique qu'il est conscient que cet exercice est beaucoup plus difficile à réussir dans une bande dessinée que dans un film, car il n'y a pas l'aide de la musique, et c'est le lecteur qui maîtrise le rythme de l'histoire, c'est-à-dire sa vitesse de lecture, par opposition à un film où le réalisateur impose le rythme au spectateur. Néanmoins, le lecteur sait que cet auteur est à même de se montrer à la hauteur car il a déjà réalisé plusieurs histoires de science-fiction bien troussées avec sa femme Corinna Bechko, que ce soit leur propre création comme Invisible Republic (2015-), ou une version alternative très réussie d'un superhéros DC Green Lantern: Earth One Vol. 1 (2018). Dès le départ, le lecteur sait bien qu'il ne va pas trop s'attacher aux personnages : il y a peu de chance qu'ils en réchappent, les xénomorphes étant des tueurs d'une rare efficacité. du coup, le scénariste doit déployer d'énormes efforts pour pouvoir provoquer un début d'empathie vis-à-vis de protagonistes dont l'espérance de vie est très réduite. Fort à propos, Gabriel Hardman ne perd pas de temps à essayer. Maxon reste un enfant, ou plutôt un pré-adolescent, absolument pas porté sur la pleurnicherie. On peut même dire qu'il ne prend pas le temps de faire son deuil, et qu'il se montre intrépide et déterminé jusqu'à l'inconscience, ce qui correspond bien à son âge. L'auteur ne perd pas non plus de temps à développer la personnalité des 2 autres principaux protagonistes : Waugh et la capitaine de vaisseau Sinta. Ils sont définis par leur fonction, par une caractéristique physique découverte en cours de récit pour Waugh, et par leur détermination à fuir cette colonie infestée. le fil directeur du récit est également très simple et clair : rejoindre une navette d'évacuation à tout prix. Effectivement, les quelques survivants se heurtent à plusieurs reprises aux xénomorphes dont Hardman respecte scrupuleusement la mythologie, du Face-hugger à la reine. Effectivement, le nombre de survivants diminue très rapidement. le récit est conclu en bonne et due forme. L'auteur tient sa promesse d'un récit entre horreur et spectaculaire. Le lecteur vient donc pour voir des Aliens impitoyables massacrer des humains qui font tout pour essayer de survivre. Gabriel Hardman réalise des dessins descriptifs, avec des traits de détourage qui donnent l'impression de ne pas toujours être ébarbés, rarement polis pour obtenir des jolies courbes, et des aplats de noir plus importants que de simples ombres portées, avec des contours anguleux et parfois déchiquetés. Ces caractéristiques aboutissent à des dessins alourdis par du noir propice au surgissement de créatures violentes, à une atmosphère sombre (renforcée par la mise en couleurs), à des visages fatigués par le stress et les épreuves, à des corps usés et meurtris par les coups. En tant qu'auteur complet (scénariste + dessinateur), Hardman propose une narration très cohérente et complémentaire entre intrigue et mise en images. Oui, les xénomorphes sont très réussis à chacune de leur apparition, quel que soit leur stade de développement. le dessinateur respecte leurs caractéristiques, trouve le juste milieu entre détails descriptifs et zones d'ombre mystérieuses, transcrit leurs mouvements vifs et létaux, met les personnages et le lecteur en face de leur visage dénué d'expression indifférent. Il en découle des apparitions horrifiques, et des combats très tendus. Mais, dans le même temps, les aliens donnent l'impression d'être un peu moins efficaces que d'habitude. Plusieurs personnages se sortent plutôt à bon compte de leur face-à-face, ou arrivent à s'enfuir assez facilement. En outre le sang des xénomorphes ne coulent pas beaucoup, évitant les horribles blessures à l'acide. Gabriel Hardman fait également le nécessaire pour rendre l'action spectaculaire, en s'investissant pour donner de la consistance aux décors. le lecteur voit les protagonistes évoluer dans des endroits avec de la profondeur, se déplacer en fonction des caractéristiques de chaque lieu (volumes, obstacles) et la base de la colonie est à la fois conforme aux constructions des films et à une installation fonctionnelle et éphémère. Les courses-poursuites et les rencontres au détour d'un couloir ou d'un escalier deviennent donc plausibles, gagnant en impact sur le lecteur. L'artiste privilégie un jeu d'acteur naturaliste, sans exagération de panique ou perte de contrôle, même parfois trop en retenue pour Maxon. le lecteur observe donc des individus crédibles, autant capables de réflexion, que capables de réagir sous le coup de la montée de l'adrénaline, avec un rythme de péripéties soutenu sans être épileptique. L'investissement de l'artiste ne faiblit pas du début à la fin, et s'il ne fait pas l'effort de s'interroger sur la présence ou non des décors en fond de case, le lecteur ne ressent aucune baisse de la qualité d'immersion. Le lecteur referme ce tome avec une impression mitigée. Gabriel Hardman a imaginé une histoire simple avec des xénomorphes s'en prenant à une petite installation. Il y greffe des observations très standards sur les manigances de la corporation Weyland-Yutani. Il prend le point de vue d'un enfant de douze ans, montrant bien comment les adultes le considèrent régulièrement comme quantité négligeable, et n'oubliant pas l'absence de notion de danger spécifique à cet âge. Pour autant, régulièrement, Maxon se comporte comme un héros adulte classique. La narration visuelle est particulièrement adaptée aux spécificités du genre Aliens, avec des dessins sombres, consistants, violents sans avoir besoin de se complaire dans le gore. Dans le même temps, le déroulement de l'intrigue recèle peu de surprises, le dénouement est plié d'avance, et l'implication émotionnelle du lecteur reste en berne. Un récit Alien bien maîtrisé, mais manquant d'incarnation.
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