Les Yeux doux

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Produire, consommer, contrôler : bienvenue dans notre Société !


Corbeyran Utopies, Dystopies

Dans un monde dystopique où les usines crachent leur épaisse fumée, les pin-up des « Yeux Doux » veillent… Aucun délit n’échappe à leurs regards langoureux et menaçants depuis qu’une compagnie de surveillance a choisi ces femmes comme logo ! Au milieu des affiches de propagande, Anatole est rivé devant les écrans de surveillance. Employé modèle, sa vie bascule le jour où il repère une jeune voleuse qu’il dénonce sur-le-champ ! Mais pas un jour ne passe sans qu’il ne repense au joli visage de cette inconnue. Car Anatole vient, sans doute pour la première fois, de tomber amoureux ! Il se lance alors à la recherche d’Annabelle, déroge aux règlements et s’embarque dans une folle aventure qui va le mener à rejoindre un réseau de rebelles. Pendant que ses nouveaux compagnons l’accueillent « au jardin des bennes ! », Annabelle se retrouve à la rue avec son frère Arsène. Tout juste licencié, ce dernier est désormais invisible aux yeux de la Société. Mais le destin ne va pas tarder à réunir Annabelle et Anatole, engagés désormais pour une même cause : la révolution ! En abandonnant sa condition de chien de garde du système, Anatole ouvre les yeux sur la manipulation de masse. Se pourrait-il que cet homme jadis maillon fort des « Yeux Doux » devienne une figure-clé du mouvement ? Une poignée de citoyens libres réussiront-ils à renverser la donne ? L’amour a-t-il encore sa place dans ce monde esclavagiste ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Août 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Yeux doux © Glénat 2024
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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02/09/2024 | Mac Arthur
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Par Cleck
Note: 3/5
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Assez jolie BD dystopique de Corbeyran et Colline. L'idée principale est de poser une tonalité légère et décalée sur un scénario dystopique sombre très balisé "à la 1984". Visuellement, Colline s'appuie sur une rondeur rétro davantage attendue du côté de la BD jeunesse, tandis que Corbeyran glisse des éléments à la naïveté poétique, généralement charmants (l'invisibilité, les romances, la surprise dans le quartier général du pouvoir...), parfois maladroits (l'apologie du tabac, le discours globalement misogyne). Le revers de cette touche jeunesse est naturellement de manquer d'ambition et de subversion. Ainsi les propos sur le travail, la surveillance, l'écologie, le militantisme... n'offusqueront personne tant ils ne s'appliquent qu'à cet univers dystopique. La conclusion est sur ce point aussi géniale que décevante : charmante et inoffensive à souhait, aboutissant à la même conclusion que le nihilisme absolu de La Route, mais via un mécanisme inverse, à de la dystopie ne dénonçant plus rien à force de s'offrir comme purement dystopique, creuse et détachée du réel. L'efficacité du récit et l'originalité de la vision permettent de passer un bon moment, qui font passer la colère sourde de voir détourné et relativisé tout contre-discours.

02/12/2024 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Il n'y a pas grand chose à ajouter à l'avis de Mac Arthur juste en dessous qui résume parfaitement bien ce que ce copieux one-shot a à nous offrir : une intrigue basée sur Brazil (le film culte de ma jeunesse) et 1984 (le roman culte de ma jeunesse) synthétisée dans un bel écrin agréable au toucher et dont la couverture magnifique a eu un effet immédiat d'attraction. Effectivement Corbeyran nous ressort la sempiternelle histoire d'une société oppressive et étouffante où seules 3 règles subsistent : créer, consommer, surveiller au travers d'une mégalopole morne à peine rehaussée par de splendides pancartes de pin-ups plantureuses et au regard doux. Soit une belle méthode pour contrôler la population et l'entrainer irrémédiablement en détention dès qu'un faux pas est détecté. Une seule industrie existe pour du travail à la chaine dans des conditions inhumaines afin de créer des objets de consommation qui seront vendus dans le seul commerce autorisé. Le tableau esquissé par Corbeyran reste bien classique et le serait tout autant sans le profil de personnages ordinaires irrémédiablement attachants. Il y a Annabelle, Anatole et Arsène. Tous vont subir les affres de cette société : licenciement abusif, abus de pouvoir et rejet de la société vous effaçant progressivement au sens propre comme au figuré. Tout cela est admirablement construit par des dialogues et un rythme simples mais faisant mouche : le trait de Michel Colline y est évidemment pour beaucoup. Choisissant un style franco-belge délicieusement rétro-futuriste, ses personnages possèdent des expressions palpables et les décors sont un régal pour le lecteur. Un peu d'humour, du tragique et un soupçon d'aventure enveloppent cette histoire poétique, presque naïve mais terriblement attachante qui en fait à mes yeux la meilleure surprise de cette rentrée 2024. Si la fin est rapidement expédiée, elle délivre un message peut être pas si manichéen que prévu et atteint son but : vive le changement mais pour quel avenir ? Non vraiment je suis sous le charme absolu de ce livre que je relirais avec beaucoup de plaisir, tant pour l'objet en soi que les dessins et le scénario et vous invite vivement à en faire de même.

16/09/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Eric Corbeyran est un auteur extrêmement prolifique et sa production va de l’excellent au médiocre, à mes yeux. Mais une chose demeure, même dans le cas d’œuvres qui ne m’ont pas séduit : il sait écrire un scénario de bande dessinée. Ses histoires sont bien racontées, ses dialogues fonctionnent, son découpage est clair. Avec lui, on sait qu’on aura un récit facile d’accès. Michel Colline était un parfait inconnu à mes yeux mais c’est son travail (auquel je m’en voudrais de ne pas associer celui du coloriste Cyril Saint-Blancat) qui m’a convaincu d’acheter cet album. Son trait est bourré de personnalité et ses grandes cases recèlent de petits détails qui parviennent à rendre l’univers créé pour l’occasion très immersif et jouissif. Ses personnages sont très expressifs et son mélange de style, entre hommage à l’esthétique des années ’50 et une vraie modernité de trait, dégage un charme auquel j’ai été très sensible. Le synopsis est très classique. Comme l’indique l’éditeur lui-même, il est difficile de ne pas penser à 1984 ou à Brazil en le découvrant. Cette dystopie, qui se veut critique de notre société de consommation, n’est pas des plus originales mais le concept marche bien. Il y a un côté rassurant car les marqueurs de ce genre de récit sont tous bien présents, depuis le concept Big Brother à la galerie des personnages en passant par l’organisation secrète qui s’oppose au système. Sans doute cet univers aurait-il été trop prévisible s’il n’y avait eu un élément en plus. Cet élément est, cerise sur le gâteau, tout-à-fait logique dans un univers qui tend ainsi à effacer les personnalités et à faire disparaître ceux qui ne servent pas le système. Ce petit détail en plus sauve cet univers du déjà trop souvent vu. L’histoire est celle à laquelle on s’attend. Elle est plaisante à suivre grâce à une belle galerie de personnages auxquels on s’attache facilement, à des dialogues plaisants, à des décors dans lesquels il est bon de s’égarer, à des rebondissements qui à défaut de réellement surprendre relancent bien l’intrigue. La fin, par contre, m’a déçu tant je l’ai trouvée facile et expédiée même si cette manière de procéder permet aux auteurs de montrer combien un système qu’une majorité suit aveuglément peut être fragile et ne reposer sur rien sinon sur nos habitudes (et c’est, je pense, le but recherché). Un mot enfin sur un détail qui m’a plu : le grain sur la couverture vraiment agréable au toucher. Au final, je ne regrette pas mon achat même si j’aurais aimé un peu plus d’originalité et surtout une fin plus marquante. Mais c’est une chouette dystopie, classique mais plaisante.

02/09/2024 (modifier)