L'Héritage fossile

Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)

Après Jean Doux et Georges Clooney, Philippe Valette quitte le registre de l'humour pour un récit de SF sombre et parfaitement maîtrisé. Entre huis clos et road trip, une épopée humaine et métaphysique qui questionne les limites de la civilisation.


Conquête de l'espace Nouveautés BD, comics et manga

Nova et son père, Reiz, un vieil astronaute, cheminent à la surface d'une planète désertique, à la recherche des vestiges de son vaisseau. La jeune fille profite du périple pour rédiger les mémoires de son père : 20 000 ans plus tôt, son équipage a quitté la Terre pour tenter d'établir la toute première colonie humaine sur une exoplanète propice à la vie. Mais au fil des siècles, l'expédition a pris une tournure inattendue.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Septembre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Héritage fossile © Delcourt 2024
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 3 avis)
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13/09/2024 | PAco
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Par Blue boy
Note: 4/5
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Incontestablement, l’ouvrage intrigue par son aspect. Par son volume tout d’abord (près de 300 pages) mais surtout par sa couverture au format carré, de belle facture, à la fois sombre et mystérieuse, qui représente une fillette dans la paume d’un géant sans visage, avec en arrière plan l’espace infini. Philippe Valette, qui nous avait déjà étonnés avec Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle, fait preuve encore une fois d’une grande créativité doublée d’un perfectionnisme accompli. Mais la comparaison s’arrête là. Car si « Jean Doux » tenait de la comédie décalée et désopilante sur la vie en entreprise dans les années 90, « L’Héritage fossile » s’inscrit dans un tout autre registre, celui du space opera claustrophobique et désespéré. Qu’on se le dise, on est plus proche du récit d’anticipation où affleurent les questionnements de notre monde terrestre actuel (et donc pas toujours très gais) que de « Star Wars ». Au-delà du thème toujours attrayant de la conquête spatiale, c’est l’immortalité et la survie de l’humanité qui sont au centre de l’intrigue. Comme on va le deviner assez vite, la Terre est en proie à un chaos dont on ne connaît pas la raison mais qui menace la vie à sa surface. Le vaisseau Heritage a donc pour mission de perpétuer la race humaine en allant coloniser une planète viable, selon les scientifiques. Celle-ci étant située à des années lumières, bien plus loin que Mars dont la colonisation s’est révélée être un échec cuisant (coucou Elon !), il faudra donc faire de trèèèèès longues siestes en « biostase » pour ne vieillir que de dix ans. Hélas, l’imprévu s’est invité à bord du vaisseau, lorsque ses passagers réalisent que leur peau prend un aspect minéral, tandis qu’il leur reste 19 000 années de voyage à travers l’espace pour atteindre leur « terre promise » baptisée Geminae ! Graphiquement parlant, Philippe Valette a fait une sorte de mix entre dessin et numérique. Son trait aux accents manga s’attache aux personnages, tandis que le vaisseau ou les décors ont été conçus par ordinateur. Le rendu est assez bluffant, sans les défauts propres à cette technique dont certains abusent parfois. Les vues du vaisseau géant ont un aspect très réaliste, mais Valette n’en fait pas non plus des tonnes pour épater la galerie, le recours au procédé restant plutôt discret. Le dit procédé a été utilisé également pour représenter la planète Geminae, dont on ne fait d’ailleurs que distinguer les reliefs à travers l’obscurité omniprésente, renforçant l’ambiance hautement anxiogène du récit. Tout cela fait de « L’Héritage fossile » une belle réussite, malgré son propos pour le moins pessimiste où la lumière semble être restée prisonnière de l’énigmatique et ténébreuse Geminae. Au même titre que le graphisme, la narration est très bien structurée, jusqu’à l’incroyable révélation finale. On pourra (peut-être) regretter la partition visuelle un peu froide, ainsi que la conclusion, qui, si elle est au demeurant tout à fait inattendue, aurait gagné à être un peu plus resserrée, plus concise. Mais ces quelques bémols n’empêcheront en rien ce one-shot de s’imposer comme l’un des musts de cette année.

16/10/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
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Je connaissais déjà Philippe Valette pour son excellent Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle qui allie la parodie et l'hommage dans un ballet parfaitement maitrisé. Et il revient aujourd'hui avec une BD plus sombre, bien différente dans le fond et sur la forme. Ici, l'auteur a décidé de se lancer dans un dessin bien de son style pour les personnages mais en environnement numérique bien plus réaliste. C'est une belle réussite, la narration passe parfaitement dans des visages simples et peu de personnages, tandis que les environnements permettent une immersion réelle. Petite aparté, mais je trouve qu'il y a de nouveau un engouement vers la hard-SF, orientée vers des histoires sombres, plus documentée techniquement et aux sujets d'actualités (changements climatiques, fin du monde, questions politiques, grosses sociétés ...). Bref, "L'héritage fossile" se pose dans un paysage de SF en renouvellement et je dois dire qu'il s'inscrit pleinement dans les thématiques d'aujourd'hui. L'histoire a deux trames qui se croisent vers le final, mais je dois dire qu'elle évolue d'une façon qui est inattendu pour les deux. J'ai compris vers le milieu la façon dont les trames se croiseraient, mais j'ai tout de même eu des surprises sur la façon dont ça arriverait. Et pour le coup, les détails de la fin m'ont étonné comme jamais. C'est glauque et sombre, avec une finalité qui m'a semblé en écho du réchauffement climatique actuel. Et quelle fin, quelle claque ! Je trouve que le développement de l'intrigue conduit logiquement à ce point mais sans pour autant être prévisible. Je recommande la BD. Elle est surprenante, mais aussi addictive. Les premières pages passées, il est assez difficile de lâcher l'affaire. On sent des sources d'inspirations diverses (je dirais Inception et La route pour les visuels, mais je suis sur que d'autres aussi) et pourtant l'histoire m'a semblé franchement innovante. Je n'attendais pas un tel récit, une façon de raconter qui insiste autant sur une nature foncièrement mauvaise de l'homme. Et surtout insister sur sa capacité de nuisance ... Lecture perturbante, aucun doute, et qui m'a beaucoup plu. Je recommande la lecture

13/09/2024 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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C'est avec ce nouvel album que je découvre le travail de Philippe Valette (oui, shame on me, je n'ai pas lu Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle, mais promis je vais me rattraper ! ). Déjà, on appréciera le travail de maquette réalisé, c'est un très bel objet qui nous est proposé. Format simili carré, titre en relief, et très belle couverture intrigante qui ne demande qu'à ce que nous engagions notre lecture. Le récit s'ouvre sur un duo composé d'une jeune fille et d'un vieil homme couvert de cicatrices qui avancent péniblement dans ce qui ressemble à un désert en pleine tempête de sable. Flashback... Nous voilà au milieu d'une équipe d'astronautes ; leur vaisseau est en mission pour réaliser la première colonisation d'une exoplanète. Petit détail, le voyage est prévu sur une durée de... 20 000 ans !!! C'est donc au fil des recherches de notre jeune Nova et de son père Reiz pour retrouver les modules de leur vaisseau éparpillé sur cette exoplanète que nous allons découvrir les péripéties de ce voyage improbable et qui ne s'est forcément pas se passer comme prévu. On se fait rapidement happer par le récit et les réflexions et questionnement fourmillent au fil de cette épopée. Philippe Valette a indéniablement le sens du récit et de la narration ! Si le lecteur de SF que je suis y a retrouvé des thèmes et réflexions "classiques" du genre, c'est fait de façon complètement maitrisée et efficace. Côté graphisme, il mélange habillement un dessin minimaliste et 3D pour ses décors. La colorisation surprend un peu au début, mais je m'y suis fait et j'ai même fini par la trouver agréable ; elle donne à cet album un petit côté "animé" qui n'est pas déplaisant (on sent que l'auteur a travaillé dans l'animation). Bref, un très bon récit de SF servi dans un très bel écrin !

13/09/2024 (modifier)