Stringbags

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Si vous réalisez un peu trop souvent des exploits incroyables, ils finiront par vous demander de faire l'impossible.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs britanniques Aviation Documentaires Paquet

Les équipages embarqués de la Royal Navy n'avaient en guise de bombardier-torpilleur qu'un biplan sous-motorisé et mal armé, une relique des temps anciens tout juste bonne à figurer dans l'inventaire d'un musée : le Fairey Swordfish. C'est à bord de ce tas de bois et de ficelles, ce Stringbag, que les escadrons anglais écrivirent certaines des pages les plus glorieuses de leur histoire. À partir de l'histoire vraie de différents équipages de Swordfish, le scénariste Garth Ennis (The Preacher, The Boys) nous livre un récit de guerre et de courage, une épopée épique, assaisonné de son légendaire sens de l'humour.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Février 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Stringbags © Paquet 2023
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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05/09/2024 | Présence
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Par Ro
Note: 2/5
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C'est le premier comics de Garth Ennis que je lis où il scénarise une série historique bien éloignée de ses outrances trash habituelles (Preacher, etc...). Ce comics m'aura en tout cas permis d'apprendre l'existence de porte-avions anglais lors de la Seconde Guerre Mondiale et de leurs avions de la Royal Navy bien loin des zincs américains modernes de l'époque : en effet, il s'agissait de vieux biplans en bois dignes de la Première Guerre Mondiale dont notamment celui de nos héros, le Fairey Swordfish, avec 3 hommes à bord, un pilote, un navigateur/torpilleur et un mitrailleur. A travers ce petit équipage de gars dévoués mais pas très doués et plutôt malchanceux, les auteurs nous relatent les faits d'armes de cette Navy nouvellement crée avec quelques beaux succès mais aussi un terrible échec qui, là encore, vient clore cette mini-série de manière originale pour un comics puisqu'elle voit la défaite des alliés lors d'une bataille clé. Les auteurs présentent les faits avec humanité en nous plaçant aux côtés de ce trio de bras cassés. S'il y a bien de nombreuses scènes d'action et que la majorité des planches se déroulent en vol, ce sont avant tout les discussions entre ces trois personnages qui forment le corps du récit plutôt que le récit détaillé des faits historiques. Ils parlent d'eux, de leurs ambitions, mais aussi beaucoup de leurs soucis et de leurs gaffes et de comment ils essaient de remplir leur rôle correctement malgré les déboires qui leur arrivent. Avec eux on découvre les faits d'armes de la Royal Navy mais comme nos trois héros sont souvent aux fraises, ils découvrent régulièrement ce qu'il s'est passé après coup. Cela les rend attachants et c'est plus réaliste et humain que des super héros qui réussissent tout ce qu'ils entreprennent, mais en même temps ce n'est pas forcément passionnant et pas toujours très clair sur ce qu'il se passe vraiment. Quant au dessin, il est inégal. Les visages sont plutôt bien rendus, les navires aussi, les avions sont corrects, mais l'encrage manque de charme et les couleurs et effets de lumière voire parfois de flou sont trop informatisés ce qui donne une froideur désagréable aux planches. Si cette lecture m'a appris des choses et m'a fait côtoyer un trio de protagonistes plutôt sympathiques, je n'ai pas été captivé voire même j'ai largement décroché avant d'atteindre la fin de l'album. Note : 2,5/5

25/10/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Courage ordinaire - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il est paru sans prépublication, en 2020 pour la première fois. Il a été réalisé par Garth Ennis pour le scénario, P.J. Holden pour les dessins et l'encrage, et Kelly Fitzpatrick pour la mise en couleurs. Ennis & Holden avaient déjà collaboré ensemble à deux reprises pour Battlefields: Happy Valley (2010) et World of Tanks: Citadel (2018). Pendant la seconde guerre mondiale, l'armée britannique avait besoin de bombardiers-torpilleurs dernier cri. Malheureusement, l'aéronavale de la Royal Navy (Fleet Air Arm) fut dotée de modèles Fairey Swordfish, surnommés Stringbag. Ces avions furent mis en service en 1935 : des biplans avec une structure de bois et de métal, et une toile tendue par-dessus, avec une vitesse moitié moindre que celle des chasseurs ennemis, et deux mitrailleuses de petit calibre, une à l'avant, une à l'arrière. La communication entre les trois membres de l'équipage se faisait par des tubes et les températures s'avéraient terribles dès que l'appareil se trouvait au-dessus des nuages. Les équipages n'avaient que deux avantages : leur jeunesse et leur entraînement, l'un comme l'autre non évalué. Pourtant, ils montaient dans leur avion et s'en allaient au combat. Ce jour de 1940, un Stringbag approche de la flotte britannique. Son équipage est composé d'Archie, Ollie et Pops. Ils ne savent pas trop si les navires en-dessous d'eux sont bien ceux qu'ils doivent rejoindre, et ils ne sont plus sûrs s'ils doivent se signaler par une fusée verte, ou d'une autre couleur. La fusée verte est tirée, le crochet pour agripper le câble est sorti et ils se posent sur le porte-avion. À la fin de l'année 1940, la Grande Bretagne se retrouve seule face à l'Allemagne, toute l'Europe étant occupée. le Duce vient de déclarer que la mer Méditerranée appartient à l'Italie. Les anglais doivent mettre en œuvre une opération pour sécuriser le canal de Suez, la base navale de Malte et la route des convois maritimes à travers cette mer. Sur le porte-avion, Archie, Ollie et Pops se font proprement recevoir par le capitaine Shanks. Il leur reproche de s'y être pris à quatre reprises pour réussir leur atterrissage, de ne prêter aucune attention lors des briefings au point qu'il se demande si leur cerveau est bien présent, et pour couronner le tout de s'être trompé de couleur dans le signal de reconnaissance. Il leur reproche d'être incompétents et lâches. Ils sortent du bureau la queue entre les jambes, et Pops estime que la réaction du capitaine est encore aggravée par le fait que Ollie ait séduit sa fiancée. le lendemain, ils assistent au briefing de leur mission : il s'agit de bombarder la flotte de la Regia Marina italienne, mouillée dans le port de Tarente, lors de la nuit du 11 au 12 novembre 1940. Une fois cette mission accomplie avec succès, le même équipage participe quelques mois plus tard à l'attaque contre le cuirassé Bismarck, le 26 mai 1941. Pour leur troisième mission, il participe à la mission visant à interrompre l'opération Cerberus du 11 au 13 février 1942, également appelée Channel Dash, ayant pour objet de rapatrier trois gros bâtiments de la Kriegsmarine de Brest en Mer du Nord. Le tome se termine avec une postface de 5 pages, dans laquelle le scénariste sépare les faits historiques de la fiction. Il explique qu'il a inventé les trois personnages de l'équipage car il ne voulait pas mettre des propos dans la bouche d'individus ayant réellement existé et ne s'étant pas comporté de cette manière en réalité. Il détaille quels éléments il a un peu arrangé, sans devenir impossibles pour autant : le parcours militaire de ces trois individus qui les a fait participer à ces trois missions, la dernière étant assez éloignée géographiquement. Il expose qu'effectivement les avions de type Fairey Swordfish ont bien participé à chacune de ces trois missions, et que qu'il s'agissait d'un modèle déjà dépassé lors de leur mise en service par rapport aux chasseurs et autres qui étaient passés à une technologie plus récente que les biplans ou les triplans. Il explique qu'il a choisi une forme particulière pour pouvoir dispenser toutes les informations nécessaires à la compréhension de chaque bataille et à son enjeu : un dessin en double page avec une petite dizaine de cartouches de texte exposant les faits. Pour le lecteur de bande dessinée, cette forme de présentation peut constituer un puissant répulsif, puisqu'on passe à du texte illustré. Mais il ne s'agit que de deux doubles pages par mission, et l'auteur se montre aussi clair que synthétique et concis. L'objectif des auteurs est de rendre hommage aux hommes qui ont volé dans ces avions et qui ont participé à des missions avec peu de chance d'en réchapper. Il ne s'agit pas d'un récit militariste. Archie, Ollie et Pops (et quelques autres) se retrouvent engagés ou mobilisés, et pas vraiment motivés pour les personnages principaux. Ils n'ont pas de conviction patriotique fermement chevillée au corps, pas de réelle conviction politique, et aucune fibre belliqueuse. Mais ils se retrouvent à pied d'œuvre, montant dans leur fragile avion parce qu'ils sont là pour ça et participant à des attaques. Ils peuvent voir les soldats ennemis se jeter à l'eau d'un bâtiment en train de couler, et ils pensent à la mort atroce qui les attend. Dans le même temps, ils pensent aux morts faits par l'ennemi, et se rendent bien compte que dans cette situation ne rien faire est pire que de laisser faire. le récit prend alors la forme d'un quasi-témoignage sur la réalité de faire son boulot pilote dans ces circonstances, sans jugement de valeur sur ces individus, si ce n'est d'abord l'inconscience de monter dans de tels appareils, puis progressivement le courage nécessaire pour le faire en toute connaissance de cause. Garth Ennis est un auteur expérimenté dans le genre des récits de guerre, et plus particulièrement des reconstitutions historiques de la seconde guerre mondiale. C'est une de ses passions, et il ne rate jamais une offre d'éditeur de pouvoir en réaliser une, que ce soient sa série des Battlefields, ou sa série des War Stories, ou d'autres histoires plus récentes comme Out of the Blue, Dreaming Eagles, et même deux récits pour la franchise World of Tanks. C'est un auteur exigeant qui n'hésite pas à faire refaire des planches au dessinateur s'il y a une erreur sur un modèle d'avion, de navire, d'arme à feu ou d'uniforme. le lecteur sait que l'artiste a dû passer un temps conséquent en recherches pour s'assurer de l'authenticité de ses descriptions. P.J. Holden a débuté sa carrière pour l'hebdomadaire 2000 AD. Il réalise bien sûr des dessins réalistes et descriptifs, avec un degré de simplification pour les personnages, et pour certains éléments techniques. le lecteur n'éprouve pas la sensation de regarder des cases avec un niveau de précision photographique : s'il se met à contempler un endroit bien précis d'un cuirassé, il ne va pas trouver chaque boulon pour les tôles. Cela ne l'empêche pas de pouvoir avoir confiance dans la représentation de chaque élément militaire représenté. De fait l'artiste a beaucoup à faire. Dès la première page, il lui faut représenter une demi-douzaine de Stringbags en plein ciel. Cette première page met tout de suite le lecteur en confiance : Holden les représente avec un degré de détails qui permet de bien les mémoriser, et il sait composer des cases avec une sensation de profondeur de champ telle que le lecteur se représente bien la position relative de chaque avion dans un ciel pourtant dépourvu de repère. Il peut ensuite avoir un aperçu des chaudes tenues de vol de l'équipage, puis de leur uniforme quand ils se présentent au capitaine Shanks. La première bataille est très impressionnante, non pas parce qu'elle est présentée une forme romanesque, mais parce que le lecteur peut voir ce que voient les aviateurs, ainsi que des vues plus générales. Par exemple il peut voir les explosions de la défense anti-aérienne à l'approche des vaisseaux, puis il éprouve la sensation d'être secoué par les explosions des FliegerabwehrKanone (Flak). Lors de la deuxième mission, il ressent bien la solitude de l'équipage au beau milieu du ciel nuageux, le surgissement devant le cuirassé Bismarck, le déchainement des canons anti-aériens. La troisième mission s'avère encore plus angoissante, avec l'intervention des chasseurs ennemis. La narration visuelle est à l'opposé d'une série de cases spectaculaires pour faire joli : l'artiste se focalise sur la façon de raconter pour être intelligible, transmettre les sensations, sans oublier les êtres humains accomplissant la mission. le lecteur ne ressent pas le vent contre son visage, mais il n'en mène pas large à bord de ce fragile aéronef. Raconter la guerre sans être ni militariste, ni antimilitariste, sans transformer chaque soldat en boucher ou en héros, tout en évitant de réaliser un exposé illustré aride et froid : pas facile. Garth Ennis & P.J. Holden se montrent excellents. Ils évoquent un avion très particulier, le Fairey Swordfish, sous l'angle de trois militaires formant un équipage au cours de trois missions. Ils savent à la fois effectuer une reconstitution historique remarquable, et montrer es hommes très ordinaires, devant composer avec les circonstances et ce qui est attendu d'eux, avec des enjeux qu'ils ne perçoivent que partiellement et une conscience grandissante des risques qu'ils prennent. Pour autant, le récit ne vire pas vers le mélodrame, peut-être du fait du légendaire flegme anglais. le lecteur en ressort avec une compréhension tactique de l'avantage de ces avions, et une vision changée sur les individus qui se sont retrouvés à participer à ces batailles.

05/09/2024 (modifier)