Butcher Baker - Le Redresseur de torts (Butcher Baker The Righteous Maker)
Butcher Baker est un ancien super-héros, il fut même le plus grand d'entre eux. Mais le temps a passé, les vilains ont tous été enfermés et Butcher Baker vit maintenant en pleine débauche de sexe, d'alcool, le cigare au bec, sans aucun intérêt pour le monde qui l'entoure.
Image Comics Label 619 Super-héros
Mais, un jour, on vient le voir. Dick Cheney et Jay Leno, l’animateur télé, lui confient une nouvelle mission, se débarrasser une bonne fois pour toute de ces anciens super vilains arrêtés jadis par Butcher… Butcher Baker reprend donc du service, au volant de Liberty Belle. Mais l’opération part en vrille et certains "locataires" s’échappent. Ils veulent se venger du héros…
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Date de parution | 11 Octobre 2012 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un concentré de testostérone pour une histoire bourrin de gars qui se pêtent la gueule. Ce comics mélange le côté anarcho-trash d'un Lobo, la satyre des super-héros américains d'un Marshal Law et la violence, le cul et le politiquement incorrect de The Boys, le tout dans un graphisme foutraque mélangeant les styles façon street art avec une tendance récurrente à vouloir représenter de gros sexes flasques. Dans un monde très masculin, où les rares filles sont soit des putes, soit des vicieuses, soit de simples corps sans cervelle, le héros est une caricature de Captain America ou du Comédien de Watchmen, un super mâle bourrin drapé de la bannière étoilé partagé entre ses grosses envies sexuelles à assouvir et son gros truck qu'il conduit plein gaz. Missionné pour tuer tous les super-vilains dans la prison où il les a menés étant plus jeune, il rate son coup et laisse échapper les cinq plus dangereux qui n'ont plus comme objectif que de le tuer. S'engage une grosse course poursuite très musclée, bourrée d'explosions, de baston et de pas mal de torture aussi. Une sorte de gros défouloir pour l'auteur qui s'en donne à cœur joie tant au niveau de son histoire déjantée que de son graphisme. Ca aurait pu être drôle mais c'est juste confus et paradoxalement verbeux. Alors que certaines scènes s'étirent parfois en une longue succession de pages cinématographiques, les pénibles monologues intérieurs des personnages brisent le rythme de lecture, empêchant de savourer ni l'action ni une quelconque subtilité des textes. Ceux-ci sont lourdingues et ne font pas avancer une intrigue qui, malgré l'abondance de bagarres et de brutalité, se traine et ne raconte rien. C'est creux, pas drôle, trop bourrin, et difficilement lisible. Clairement pas ma came.
De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace - Il s'agit d'une histoire complète, indépendante de toute autre, initialement parue en 8 épisodes en 2011/2012, écrite par Joe Casey, illustrée et mise en couleurs par Mike Huddlestone. Dick Cheney (un ex vice président américain) et Jay Leno (un présentateur d'émission télé très célèbre aux États-Unis) se rendent dans l'établissement préféré de Righteous Maker (un superhéros semi retraité dont le costume évoque le drapeau américain). Cheney actionne avec répugnance la poignée (en forme de sexe masculin) de la porte d'entrée. Ils trouvent le superhéros en pleine orgie avec 4 femmes à ses pieds en train de satisfaire ses besoins (qui impliquent l'utilisation de lubrifiant et de gants en latex). Cheney et Leno viennent proposer une mission clandestine à Maker : exécuter tous les supercriminels emprisonnés dans la prison Crazy Keep, pour faire économiser de l'argent au contribuable. Maker s'acquitte de sa mission en pulvérisant la prison. Mais à son insu, une poignée de détenus ont survécu, dont certains plus dangereux que d'autres. Ils veulent tous la peau de Maker. En se rendant à cette prison, Maker a envoyé la voiture d'Arnie B. Willard (un policier) dans le fossé. Celui-ci a juré de retrouver le chauffard et de lui faire payer très cher son écart de conduite. Il va recevoir l'aide de The Absolute, l'évadé le plus mystérieux de Crazy Keep. C'est un massacre du début à la fin, un outrage aux bonnes mœurs les deux pieds dans le plat, une bordée ininterrompue de jurons, des jaillissements de stupre et de luxure, des grands coups de poing dans la tronche, des décharges d'énergie destructrice, des silhouettes improbables, des couleurs criardes, un transsexuel, un superhéros sur le retour qui ne fait pas dans la dentelle, un patrouilleur des autoroutes à la dignité bafouée, un énorme camion à l'américaine, des parties de jambes en l'air mémorables, et (dans l'édition en VO) une postface de 30 pages dans laquelle Joe Casey se lâche et se donne à fond. Dans ces 30 pages, il effectue une auto-interview d'une demi douzaine de questions parmi lesquelles celle de savoir si ce récit désinhibé, décomplexé et éhonté constitue un métacommentaire. Il se répond à lui-même par le biais d'un va-te faire bien senti. Si le lecteur n'avait pas compris à la lecture de ces 8 épisodes, c'est clair : il n'y a rien à comprendre, rien à chercher, tout est à apprécier au premier degré. C'est à la fois une grande déclaration d'amour au genre Superhéros, et un grand coup de pied dans les roustes, avec un second degré omniprésent renforcé par une provocation de mauvais goût assumé. Les illustrations de Mike Huddleston complètent et renforcent à merveille cette construction dégénérée, ce cri primal, ce défouloir hors norme. En reprenant tout ça dans l'ordre, le lecteur peut constater que Joe Casey raconte une histoire primaire de superhéros, pas plus bête que toutes les autres. Le scénario est solidement construit, la logique interne est respectée, il y a des superpouvoirs, la ligne de démarcation entre superhéros et supercriminels est claire, le combat est manichéen à souhait. Les deux derniers supercriminels à abattre sont les plus retors, il y a même des assistants adolescents (sidekicks) qui sont évoqués, et des costumes moulants colorés aux motifs improbables. Le récit se termine sur une résolution claire et nette. C'est juste qu'il y a une forme franche de promiscuité sexuelle, que la violence est caricaturale et parodique, tout comme les personnages. Casey s'amuse à parodier et à rendre hommage à ses auteurs préférés, Frank Miller et Alan Moore en tête. Si vous restez concentré sans vous laisser déborder par cette déferlante d'énergie bouillonnante, vous pourrez même voir passer un hommage au feuilleton le Prisonnier (avec ce village pour superhéros retraités). Mike Huddlestone compose des pages tout aussi démesurées que les rebondissements du scénario, tout est permis (ce qui ne veut pas dire qu'il fait n'importe quoi). Pour commencer il y a l'exagération des silhouettes des individus dont Huddlesotne s'amuse à augmenter les proportions musculaire (comme le font régulièrement les dessinateurs de comics de superhéros, mais ici avec un effet volontairement de parodie). Il y a aussi régulièrement cet appendice qui pendouille dans l'ombre, entre les jambes de ces messieurs dans le plus simple appareil, et de cet hermaphrodite si étrange. Huddlestone dessine ses personnages avec des contours fortement encrés, une impression de dessin rapidement exécutés (mais un examen plus détaillé montre de savantes compositions). Il a donné une apparence inoubliable à chaque personnage, Righteous Maker indestructible avec une largeur d'épaule impossible, Arnie B. Willard magnifique avec son gros ventre et sa capacité à conserver sa dignité, Jihad Jones très inquiétant dans sa normalité, The Absolutely exceptionnel dans sa silhouette où tourbillonnent des galaxies multicolores. Il joue avec les registres graphiques d'une page à l'autre : de la case juste crayonnée comme une esquisse, à la case dont chaque forme est rehaussée par les complexes schémas de couleurs appliquées à l'infographie. La démesure règne en maître, chaque mouvement est exagéré pour un impact plus grand, chaque expression est soulignée pour mieux transmettre l'émotion. À plusieurs reprises, Huddleston prend exemple sur le mode d'exagération de Bill Sienkiewicz (en particulier dans Elektra assassin) pour faire glisser certaines composantes de ses dessins vers l'abstraction et pour inclure des symboles ou des stéréotypes visuels pour encore décupler la force des représentations. Cette inspiration prend également la forme d'un hommage appuyé à l'une des couvertures de la série Elektra assassin, pour la couverture de l'épisode 7. Dans les 30 pages de postface, Joe Casey utilise le même ton exubérant et bourré d'interjections grossières pour décrire son amour des comics, ses premières expériences de lecture de comics, le besoin vital de lire des comics viscéraux, la nécessité de proposer un comics provocateur qui sort des tripes. C'est une étrange lecture qui tient autant du billet d'humeur enflammé, que de la collection d'anecdotes d'un accro aux comics pour la vie. "Butcher Baker, the righteous maker" constitue une expérience de lecture hors norme, libérant une énergie de tous les instants, rappelant qu'un comics de superhéros doit sortir des tripes, doit emmener le lecteur dans un maelstrom d'actions vives, rapides, inventives, décomplexées, pour une expérience intense et sans égale. Le résultat dégage une vitalité hallucinante à ressentir au premier degré, sans autre forme de métacommentaire. Ce comics est un hommage sincère de Casey et Huddleston à tous les créateurs de comics qui les ont rendus dépendants de leur dose d'aventures délirantes de superhéros costumés impossibles et ridicules, accomplissant des actions extraordinaires, tout en déclamant des dialogues kitch, mais toujours avec panache. Tout fan de comics ressentira cette déclaration d'amour au plus profond de son être, vibrera à ces actions d'éclat délirantes et décomplexées. Les autres risquent de n'y voir qu'un ramassis de ce qu'il y a de pire dans les comics, de plus superficiel, de plus débilitant. Dans la postface, il compare ce comics à une version non éditée des comics habituels, espérant que les lecteurs ressentiront ce qu'il à ressenti lorsqu'il a découvert la version non éditée du film Les Guerriers de la nuit (Warrior, 1979, réalisé par Walter Hill) par rapport à celle éditée (scènes violentes plus courte) pour diffusion sur les chaînes du câble. Joe Casey refuse la tiédeur consensuelle et a décidé d'intituler son prochain projet Sex. Une seule certitude : ça ne va pas plaire à tout le monde.
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