Oh, Lenny
Tranche de vie s'ouvrant au fantastique, roman graphique original et percutant, distillant avec une rare habileté une montée en tension et un malaise grisant.
Les petits éditeurs indépendants
Jeune femme hypersensible et amoureuse de la nature, June travaille dans un cabinet vétérinaire situé dans une métropole nord-américaine, où elle vit avec son compagnon, Brad. Ce dernier se voit offrir un emploi de rêve qui les oblige à déménager dans un lotissement moderne et anonyme. Alors qu'elle a du mal à s'acclimater, June recueille une drôle de créature qu'elle nomme Lenny.
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Date de parution | 01 Mars 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne savais pas à quoi m'attendre en lisant cet album et c'était d'autant mieux ! Avis donc aux lecteurs d'avis, vous serez forcément spoilés par la suite et aurez moins la surprise. J'ai beaucoup aimé l’ambiance installée dès les premières pages. Le quotidien de June, isolée dans une banlieue trop tranquille, est dépeint avec une simplicité qui fait ressortir le malaise. La découverte de Lenny, cette créature trouvée dans un égout, devient rapidement le point de bascule, transformant une vie en apparence ordinaire en quelque chose de bien plus étrange. L’évolution de la relation entre June et cette créature est traitée de manière subtile, tout en laissant planer une certaine inquiétude. La créature devient à la fois attachante et inquiétante, et on ne sait jamais à quel point elle est inoffensive, ce qui pousse à rester sur ses gardes tout au long du récit. Le dessin, en ligne claire est très plaisant et contraste avec la montée en tension progressive. Le choix graphique rend le récit visuellement limpide, mais ne dissipe jamais vraiment le malaise qui s’installe petit à petit. Cela donne un contraste intéressant entre le style épuré et la noirceur de l’histoire. Comme souvent, j’ai trouvé que certains moments traînaient un peu, et que l’intrigue, même si elle suit un bon rythme, aurait pu être plus resserrée. Il y a un vrai travail sur l’atmosphère, mais parfois au détriment du rythme. Cela dit, l’ensemble tient très bien la route, notamment grâce à la manière dont l’histoire joue sur l’ambiguïté de la situation. Un récit qui reste en mémoire, sans en faire trop, mais qui aurait gagné à aller un peu plus loin dans l’intensité.
La BD s'ouvre sur une étrange tranche de vie. L'attention du lecteur est premièrement intriguée par ce style graphique singulier, d'une rondeur toute enfantine proche d'un Bryan Lee O'Malley (notamment connu pour Scott Pilgrim), fait de couleurs très tranchées, accentuées par un contour noir. A l'instar du cinéaste David Cronenberg, Aurélien Maury installe petit à petit le malaise. Avec une grande efficacité, certes parfois dépourvue de finesse (l'épisode inaugural du crabe est sur ce point assez grossier), mais relevant d'un talent certain, il joue ici du décalage improbable et déstabilisant entre une intrigue nauséeuse et un style graphique enfantin, s'appuye là sur une narration au rythme incertain du fait de la raréfaction du texte et de l'importante taille de ses cases : plus qu'ailleurs, le lecteur peut choisir d'accélérer sa lecture ou de s'arrêter pour contempler les pages, de survoler puis dans la foulée de revenir en arrière. Ce perpétuel doute quant à la vitesse de lecture à adopter, génère un sentiment de liberté sournoisement obscurci par un léger inconfort assez intéressant. Le malaise grandit à mesure que l'on s'attache à l'héroïne. Nous sommes désireux de poser sur ce bien étrange animal en détresse le même regard bienveillant qu'elle, tout en calfeutrant notre conviction que le conjoint n'a pas foncièrement tort en le désignant répugnant. Le fantastique continue de s'inviter dans le récit, accentuant notre malaise, nous faisant douter de la lucidité de l'une, craindre que l'horreur ne s'invite dans un crescendo final terriblement jubilatoire. Nos plus vils espoirs se concrétiseront ! Si l'on peut regretter une tournure de l'intrigue d'une certaine manière prévisible, puisqu'usant de figures déjà vues au cinéma ici ou là, l'on ne peut que se réjouir de l'admirable montée en tension. Voici un auteur à découvrir, à suivre !
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