Walicho
Walicho : En langue mapuche, être qui personnifie tous les maux et les malheurs. En créole et en espagnol, diable, Satan, force du mal. En argentin, maléfice ou sortilège réalisé par la magie noire ou apparentée.
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Traversant près de trois siècles d’Histoire de l’Argentine, entre 1740 et aujourd’hui, Walicho est un conte choral surprenant dans lequel différentes histoires a priori disparates - de la première, consacrée à trois sœurs étranges qui arrivent à Buenos Aires sur un navire colonial accompagnées d’un bouc décrépit à la fin du XVIIIe siècle, jusqu’au récit des mésaventures amoureuses d’une jeune argentine d’aujourd’hui - finissent par former, une fois rassemblées, une grande fresque mêlant horreur et comédie, animisme, pouvoirs féminins et sorcellerie. L’histoire de ce mystérieux trio qui traverse le temps sans vieillir, visiblement doté de pouvoirs magiques, et de leur famille d’enfants adoptés se dévoile au fil de ces récits où l’on voit les trois sorcières avoir directement ou indirectement un impact important sur la vie de nombreuses personnes.
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Date de parution | 16 Août 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un projet original, avec des qualités indéniables, mais dans lequel je ne suis jamais complètement entré hélas. Je découvre Sole Otero avec cet album. C’est une auteure argentine dont le travail sort franchement des sentiers battus. Graphiquement d’abord, avec ces personnages assez larges, et, plus généralement, un dessin – et une mise en page – qui s’écartent du franco-belge classique. C’est surprenant, mais je m’y suis fait. Par contre, j’ai très souvent eu du mal à distinguer les personnages, qui se ressemblaient souvent trop. Et ces difficultés ont accentué celles que j’ai eues à suivre les histoires développées par Otero. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’est ni linéaire ni très limpide ! Et le texte très abondant ajoute à ce petit côté indigeste qui m’a lassé. J’essayerai peut-être une autre série de l’auteure, mais pour le moment, cet album m’a laissé de côté, et ma lecture a été de plus en plus laborieuse.
Récompensée par le prix du public au festival d’Angoulême en 2023 pour Naphtaline, également publié chez ça et là, Sole Otero nous revient avec un projet très consistant : raconter sur près de 400 pages et en plusieurs histoires le parcours de trois sorcières à travers des époques différentes, du XVIIIe siècle à nos jours. Il est difficile de classer l’ouvrage dans une catégorie précise. Bien qu’il parle de sorcellerie, ce n’est pas tant un récit fantastique, qu’un récit avec des éléments de fantastique. Superstitieuse, Sole Otero ? Au sortir de ce pavé, on ne saura pas vraiment si elle croit aux rites de magie noire. Avec « Walicho », elle ne fait qu’évoquer à travers le canal de la fiction ce thème millénaire et universel, la sorcellerie donc, pratique qui a toujours fasciné les foules, souvent associée au diable (à tort ou à raison et selon qu’on croit ou non à son existence), plus effrayante quand elle est utilisée à mauvais escient, nommée différemment selon les zones géographiques : vaudou dans les caraïbes, maraboutisme en Afrique, chamanisme en Amazonie… et quasi disparue en Europe depuis l’Inquisition… On pourrait alors se dire que l’approche de Sole Otero est féministe, mais cela n’est pas du tout flagrant. L’autrice étant argentine, son pays n’a pas connu comme en Europe les chasses aux sorcières. Celles-ci auraient plutôt fui le Vieux continent pour se réfugier en Argentine, comme on peut d’ailleurs le voir dans le récit d’introduction. Ainsi, ses sorcières, qui sont sœurs et représentent le fil rouge pour chacune des histoires, ne suscitent ni l’antipathie ni la sympathie, mais elles semblent exercer une influence, de façon directe ou indirecte, dans la vie des protagonistes. Elles apparaissent comme des figures un peu surnaturelles, un peu inquiétantes, mais jamais Otero ne prend vraiment parti, et conserve d’ailleurs une certaine neutralité pour l’ensemble des personnages, y compris ceux qui veulent la peau des sorcières. Quand je dis que « Walicho » est un projet consistant, ce n’est pas un vain mot. Il faut bien l’avouer, la lecture de ces huit histoires requiert une certaine concentration. Le texte est très présent et le propos assez touffu, parfois de manière anecdotique. Même si l’objet exerce une fascination incontestable sur le lecteur, on pourra toutefois rester sur sa faim. Peu fluide pour les raisons évoquées plus haut, la narration est un peu trop disloquée et souffre de l’absence d’éléments marquants ou tout simplement captivants. Alors c’est sûr, il y a bien une volonté de la part de Sole Otero de nous proposer quelque chose d’original et qui sort des sentiers battus, et c’est assurément le cas. Cela se vérifie également dans son approche graphique, le design des personnages à l’aspect volontairement disproportionné (de petites têtes sur des corps très vastes) ou la mise en page très libre et très morcelée. Le bémol serait plutôt lié à l’identification des visages, similaires dans leur rondeur et pas toujours expressifs, autre frein à la fluidité de la lecture. Cet album comporte certes des qualités, et toutes ces remarques ne remettent pas à cause l’intérêt que l'on peut porter à cette autrice, qui a réellement une approche novatrice, et le jury d’Angoulême ne s’y est pas trompé. Mais pour un meilleur équilibre, le successeur de Naphtaline y aurait à coup sûr gagné avec un allégement de la partition narrative.
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