L'Intranquille monsieur Pessoa
Alors que Pessoa vit ses derniers jours, Simão Cerdeira, jeune pigiste au Díario de Lisboa, se voit attribué la lourde tâche d'écrire sa nécrologie.
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Novembre 1935. Pessoa vit ses derniers jours. Simão Cerdeira, jeune pigiste au Díario de Lisboa, est chargé de rédiger la nécrologie de cet écrivain dont il ignore tout. L'apprenti journaliste va méticuleusement remonter la piste, interrogeant les principaux témoins de l'existence de ce personnage énigmatique. En parallèle, Pessoa prépare sa sortie. Aura-t-il le temps d'achever ce « Livre de l'inquiétude », basé sur les confidences de son ami Bernardo Soares et qui lui tient tant à coeur ?
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Date de parution | 20 Septembre 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Si j'aime beaucoup, voire énormément le dessin de Nicolas Barral, je reste sur ma fin (faim) quant aux scénarios. Cela avait déjà été le cas pour Sur un air de fado, et bien rebelote en ce qui concerne L'intranquille Monsieur Pessoa. Le dessin donc, très beau, soigné, une belle ligne claire rehaussée d'aplats de couleurs choisis avec soin, me plait tout particulièrement. Il figure même dans mon panthéon graphique, c'est dire ! Alors je me dis que la déception est à la hauteur de ce petit culte que je voue au trait de l'auteur. Donc très partial. Sur un air de fado m'avait égaré, et j'avais peine à voir le fil conducteur. Ici, les choses sont plus claires : le lecteur suit un pigiste chargé de rédiger la chronique nécrologique de Fernando Pessoa qui, soit dit en passant, n'est pas encore décédé mais est en instance de passer l'arme à gauche. Déjà, j'aime beaucoup Pessoa. Je n'ai guère lu que quelques poèmes et surtout son fabuleux Banquier anarchiste qui reste pour moi un grand souvenir de lecture. L'auteur portugais s'est évertué à multiplier les pseudonymes afin sans doute de rendre compte au plus juste des nombreuses facettes de sa personnalité, et au-delà sans doute, de celle de tout un chacun. Il y a là un sujet en or massif me semble-t-il pour développer une palette de thématique variée. Seulement, j'ai le sentiment que Barral n'explore pas assez le fond de la jungle humaine. Il propose certes une chouette histoire qui reste tout à fait plaisante à lire, mais il en reste là, presque. Bien sûr, il y a cette histoire de malle contenant l'amoncellement de manuscrits écrit de sa main mais signés par l'un ou l'autre de ses avatars littéraires, mais c'est tout. Un peu simple et facile à mon goût. C'est donc clairement la déception qui m'habite au lendemain de ma lecture. Elle est relative car L'Intranquille Monsieur Pessoa, en toute honnêteté, demeure un très bon titre. J'en attendais bien plus. PS : le jeune pigiste ressemble à s'y méprendre à Adrien Brody.
L’Intranquille monsieur Pessoa nous offre plus qu’une simple biographie. Nicolas Barral parvient en effet à nous raconter une histoire humaine et émouvante avant tout… tout en relatant la vie de l’écrivain. Ainsi ce récit s’avère encore plus touchant qu’instructif. Franchement, chapeau ! Si le nom de Pessoa ne m’était pas inconnu, je ne connais aucun de ses écrits. Mais qu’importe car c’est à l’homme que Nicolas Barral a réussi à m’intéresser. Pessoa est un inadapté de la vie qui s’invente mille vies, un homme lettré et cultivé qui semble ne pouvoir s’exprimer que derrière l’anonymat d’une feuille de papier. Le personnage ainsi décrit est fascinant, touchant, drôle, inaccessible, poète, humain, décalé. Et déjà, rien que pour lui, cette bande dessinée mérite d’être lue. Mais le coup de génie de Barral aura été de ne pas nous proposer une biographie mais un vrai roman graphique. Roman dans lequel nous suivons un jeune pigiste alors que lui-même se documente sur l’écrivain. Et, plus qu’un simple portrait, c’est tout le rapport à l’écriture qui devient le sujet du livre. « Faites concis » lui dit son patron, mais comment décrire en peu de mots un tel personnage ? Sinon, en le connaissant jusque dans ses failles, en se l’appropriant et en nous délivrant l’essence même du personnage. Et alors qu’un personnage s’éteint, un autre s’éveille. « Avant d’écrire, vivez », lui dira son premier baiser, mais comment faire quand son sujet, lui, n’aura eu de cesse d’écrire pour avoir le sentiment d’exister ? Le récit baigne dans une ambiance ouateuse, entre les vapeurs d’alcool et l’intranquilité de Pessoa, entre les rêves et la vie, entre l’écrit et le réel (mais l’écrit n’est-il pas parfois plus réel que la réalité ?), au rythme du pas de Pessoa dans les rues de Lisbonne. Plusieurs scènes font à mes yeux montre d’une grande intelligence (lorsque Pessoa demande à son coiffeur de lui décrire un ballon, par exemple) et démontrent l’importance de la littérature et de la culture. C’est une ode à l’écriture et à l’imaginaire, et pourtant un récit très terre à terre. C’est poétique, intelligent, triste et drôle à la fois. A titre personnel, j’ai adoré !
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