En territoire ennemi
Etudiante à l'Ecole des beaux-arts de Nantes, Carole s'épanouit peu à peu, loin de sa famille. Sa vie prend un nouveau tournant lorsqu'elle rencontre Stéphane. Très vite, la jeune femme se retrouve isolée, sous l'emprise de cet homme aux idées masculinistes.
Autobiographie Ciboulette Féminisme Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis Violence conjugale Violences faites aux femmes
Alors qu’elle est encore adolescente, Carole prend ses distances avec sa famille catholique et ses valeurs traditionnelles. Solitaire et repliée sur elle-même, elle entre à l’école des beaux-arts de Nantes où peu à peu, elle reprend confiance en elle. C’est alors qu’elle rencontre Stéphane. Stéphane est beau, plein d’assurance, et surtout, il s’intéresse à elle. Carole tombe sous le charme et s’investit dans cette relation. Mais rapidement, elle se retrouve isolée, coupée des autres et du monde, à mesure que Stéphane, embrigadé par des discours masculinistes trouvés sur internet, se transforme… Porté par un dessin minimaliste et expressif, En territoire ennemi expose avec justesse les mécanismes qui mènent progressivement à l’isolement pour Carole et à l’extrême droite pour Stéphane. Un récit poignant, brutal et courageux sur la domination masculine sous ses formes les plus insidieuses et radicales.
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Date de parution | Septembre 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est le genre d'ouvrage salutaire, que ce soit pour les femmes ou "pour nous, les hommes" (Gillette® : la perfection au masculin ?). Carole Lobel, dont c'est ici la première BD, y raconte sa rencontre avec le père de ses enfants ainsi que sa vie de couple. On voit comment son ex sombre peu à peu dans une sorte de victimisation, renvoyant toute sa rancœur sur sa femme (l'autrice en l'occurrence), et plus généralement sur le genre féminin. Si cette histoire raconte un cas particulier, on sent qu'il se cache derrière toute une batterie de réflexes, de prêt-à-penser, de conditionnement. Elle dresse un paysage au milieu duquel les hommes sont élevés. Moi-même, j'y ai reconnu quelques uns des travers dont j'ai pu être brièvement le réceptacle, sans même m'en rendre compte. Le Stéphane de ce récit possède certes un profile particulier, atteint d'une forme de perversion, et à ce titre devient un véritable connard au fil du récit, mais il incarne du coup un exemple en miroir à fuir absolument. C'est même un peu plus fin que ça, car au début de la relation, on sent que les a priori masculins prennent toute la place de l'inexpérience de Carole Lobel dont c'est la première relation. Elle ne sait pas comment faire, ne connait pas vraiment sa sexualité, alors elle s'abandonne à son mâle qui fait comme "ON" lui a montré, c'est à dire brutalement, sans la moindre émotion. Car l'homme doit savoir, il doit être fort, puissant... Il y a de belles trouvailles, comme cette ellipse graphique quand l'autrice subit ce qu'il faut bien appeler les viols conjugaux à répétition, où en lieu et place d'une scène figurative, elle dessine des plantes délicates, rouges et vertes... Le dessin, par ailleurs, s'il n'est pas parvenu à combler mes attentes, reste efficace, ne se contentant pas de figurer, justement. J'ai aimé cette BD parce que le portrait d'homme ici esquissé contient tout ce qui porte préjudice aux hommes déconstruits, ou à ceux qui n'ont jamais été ces serviteurs de la masculinité patentée dont il faut définitivement se débarrasser car portant préjudice à toutes et tous, y compris nous-mêmes. J'ajoute que le parallèle que l'autrice fait entre son ex et la guerre et l'extrême droite est tout à fait pertinent. Pour s'en convaincre, on pourra lire Le Coût de la virilité de Lucile Peytavin, un bon complément à cette BD.
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