Revoir Comanche

Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)

Angoulême 2025 - Fauve polar SNCF Spin-off de la série Comanche. Quelque part au fin fond de la Californie, au début du XXe siècle, Cole Hupp vit à l'écart du monde, en attendant la fin. Mais en fait de Faucheuse, c'est Vivienne, une bibliothécaire curieuse de connaître la réalité du Far-West qui frappe à sa porte. Elle connaît son véritable nom : Red Dust, une légende inscrite dans la poussière et le sang du Wyoming


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Vivienne est porteuse de nouvelles inquiétantes. Le ranch Triple 6, haut lieu des faits d'armes de Red, ne répond plus. Le vieux cow-boy n'a d'autre choix que de reprendre la route vers son passé. Un voyage à rebours parsemé de fantômes et de regrets au bout duquel il espère revoir celle qu'il n'a jamais pu oublier, Comanche.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Octobre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Revoir Comanche © Le Lombard 2024
Les notes
Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)
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10/10/2024 | Hervé
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Il a pris en photo des fantômes… - Ce tome contient une histoire complète, qui libère plus de saveurs pour le lecteur familier de la série Comanche, de Greg (Michel Regnier, 1931-1999) & Hermann (Hermann Huppen). Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Romain Renard, pour le scénario, les dessins, les nuances de gris, et les références musicales. Il comprend cent-quarante-huit pages de bande dessinée. En Californie, un cavalier fait avancer son cheval au pas, dans le bord de l’océan, sur une plage déserte. Une voiture emprunte la route sinueuse de la côte. En traversant une ville, la conductrice arrête son véhicule à la station-service Texaco. Elle pénètre dans la boutique et elle demande si les pompes sont ouvertes, tout en se massant délicatement son ventre bien arrondi. Le pompiste sort à l’extérieur pour lui faire le plein, alors que les deux clients se remettent au comptoir pour finir leur consommation. Tout en faisant le plein, le pompiste indique que c’est rare de voir des automobilistes étrangers par ici, et des dames dans son état. Elle explique qu’elle est ici pour le travail : elle cherche un certain Cole Hupp. Il lui demande si elle est de la famille, ou peut-être de la police. Elle explicite qu’elle cherche juste à le joindre pour son travail. À sa demande, elle sort une carte et il indique le chemin à suivre : faut descendre la route 1 le long de la côte, puis prendre l’embranchement à Tinder Cove, là il y a une petite route qui s’enfonce dans les bois, et la maison se trouve au bout du chemin. Arrivée sur place, Vivienne Bosch descend de voiture et demande à l‘homme en train de couper du bois si elle est bien chez monsieur Hupp, ou peut-être Red Dust. Vivienne Bosch se présente et elle explique qu’elle travaille pour la bibliothèque du Congrès. Elle est historienne, elle collecte les témoignages des dernières personnes vivantes ayant connu l’âge du Wild West. Elle aimerait l’interviewer, et tout en discutant elle sort une photographie d’un dossier, qu’elle laisse tomber à terre dans un faux mouvement. Elle le ramasse, alors que son interlocuteur lui dit qu’elle se trompe de bonhomme. Elle lui montre le cliché, il date de l’époque du ranch Triple 6. Il répond que ce n’est pas lui, et qu’elle ferait mieux de s’adresser directement aux gens qu’elle cherche plutôt que de venir le déranger. Avec un petit sourire en coin, elle lui demande s’il ne veut pas savoir ce qu’est devenue Comanche. Il la chasse de chez lui en la menaçant avec sa hache. Elle repart. Il rentre dans sa cabane, tout en se demandant pourquoi ils ne répondent pas au ranch. Derrière lui, le spectre d’un cowboy avec son arme à la main lui fait observer que c’est bizarre qu’ils ne répondent pas, et lui demande s’il y a des souvenirs qui remontent. Le lendemain, l’homme se rend en ville et entre dans la boutique Texaco pour demander un appel téléphonique au ranch Triple 6. Personne ne décroche à l’autre bout. Il demande alors un livre avec les horaires de train, et il commence à l’étudier. En ressortant, il tombe sur Vivienne Bosch en train de mettre sa valise dans son coffre. Il aide cette femme enceinte. Le titre promet de revoir Comanche, le personnage principal de la série du même nom, quinze tomes de 1972 à 2002, avec un scénario de Greg (avec Rodolphe pour la fin du tome 15), et des dessins d’Hermann (tomes 1 à 10), puis de Michel Rouge (tomes 11 à 15). En effet, le lecteur retrouve l’un des personnages principaux : Red Dust, qui a pris le nom de Cole Hupp et qui a vieilli puisque la présente histoire se déroule 1930 (comme en atteste une pierre tombale en page cent-onze). Avec l’impulsion de la bibliothécaire, il entreprend un voyage qui va le mener de la côte californienne au Wyoming, où se trouve le ranch Triple 6. Il sera question de Comanche (Verna Fremont), et aussi Clem Ryan, de Toby et de Tache-de-Lune, un de ces personnages jouant un rôle dans le récit. Le lecteur familier de la série reprend ainsi contact avec un des personnages principaux, et il lui tarde de retrouver les autres, de savoir ce qu’ils sont devenus. L’auteur a également pensé au lecteur néophyte : l’histoire se suffit à elle-même, y compris pour celui qui n’a jamais ouvert un tome de la série initiale ou qui n’en a jamais entendu parler. Le fil directeur s’avère d’une remarquable clarté : un voyage pour rallier le ranch Triple 6 où personne ne répond au téléphone. La jeune bibliothécaire enceinte essaye de faire œuvre de mémoire en recueillant des informations auprès d’une personne qui a vécu cette époque, alors que Cole Hupp / Red Dust est un vieil homme mutique et peu commode. La couverture promet un récit de vengeance ou de règlement de compte, avec usage d’armes à feu. La première planche impressionne d’entrée de jeu : une illustration en pleine page, avec une impression de photographie. Celle-ci provient de la texture de la plage, de la légère brume, de l’exactitude de la silhouette des arbres. Régulièrement, le lecteur jurerait que l’artiste s’est servi d’une photographie comme fond de sa case, ou même comme support de composition de tout un dessin : la forêt autour de la cabane avec la texture d’écorce des très hauts arbres, les voitures dans la grand rue, les poteaux télégraphiques, une carte routière, une vue aérienne de la route serpentant dans la vallée, un pistolet, des images d’un film du genre Western, la file ininterrompue de voitures sur une route (des paysans fuyant l’ouragan qui approche), le nuage de poussière soulevé par un cyclone, la très surprenante pièce transformée en musée dans le ranch Triple 6, etc. Dans le même temps, le lecteur voit bien que ces images à l’allure photographique s’intègrent trop parfaitement dans le récit pour n’être que le réemploi de clichés existants, et qu’il ne peut s’agir que de constructions graphiques fort sophistiquées. Le lecteur retrouve tout ce qui fait la spécificité de cet artiste, par exemple dans sa série Melvile (trois tomes et un hors-série, 2013-2022). L’artiste a choisi de faire ressortir les personnages par rapport aux décors, en les détourant d’un trait fin et simple, accentuant ainsi le contraste avec des arrière-plans évoquant régulièrement la photographie. Cela confère plus de vie aux personnages, tout en les rendant également plus fragiles, en particulier le vieil homme Red Dust, et la jeune femme enceinte. Le lecteur constate rapidement que le dessinateur tire parti du fait qu’il soit l’auteur complet de cette bande dessinée. Il peut ainsi moduler le ratio entre informations portées par les dialogues et informations portées exclusivement par les cases. Ainsi, il réalise quarante-deux pages totalement dépourvues de texte, laissant les images raconter l’histoire, instaurant des temps de silence entre les personnages perdus dans leurs pensées, dans leurs réminiscences. Le lecteur voit bien que Cole Hupp n’est pas très causant, et Vivienne Bosch se heurte à son caractère de solitaire. De son côté, le lecteur s’interroge sur ce à quoi ils peuvent penser chacun de leur côté durant ces longs trajets en voiture. Cette forme de narration a également pour effet de donner à voir le paysage, la manière dont il affecte les pensées des personnages, de ce qui vivent dans ces environnements. Le scénariste a choisi une construction de récit très simple et linéaire : le voyage de la Californie jusqu’au ranch Triple 6 dans le Wyoming. Les deux voyageurs sont amenés à s’arrêter de temps à autre : pour manger, pour faire le plein, pour faire face à une panne, pour aller saluer un ancien ami. Chaque arrêt permet de voir comment se comporte Red Dust : retrouvant la superbe de sa jeunesse devant deux jeunes hommes essayant de draguer Vivienne dans un bar, discutant du bon vieux temps avec un ancien du ranch Triple, assistant pour la première fois de sa vie à la projection d’un film (The big trail, 1930, La piste des géants, de Raoul Walsh, avec John Wayne), partageant le repas d’un couple de rednecks, découvrant qui se trouve au ranch Triple 6. Et bien sûr l’évolution de sa relation avec sa conductrice Vivienne Bosch au fur et à mesure des jours qui passent. Bien sûr, la perspective de l’enfant à naître s’oppose avec la vieillesse de Red Dust, une époque qui disparaît et qui doit laisser la place à une nouvelle génération. Le lecteur peut anticiper quelques-uns des thèmes qui vont être abordés : la nostalgie d’une époque révolue, une nouvelle ère qui n’a que faire de la précédente et de ses survivants devenus des reliques d’un autre temps, une partie de la mythologie de l’Ouest américain. Tout cela est bien présent, et bien plus encore, avec une sensibilité remarquable, dont l’auteur avait déjà fait preuve en s’associant avec la poétesse Kateri Lemmens pour Passer l’hiver (2022). Le passé est révolu et un Amérindien le constate avec violence alors qu’un photographe lui demande de revêtir sa tenue traditionnelle, et cet ancien du ranch Triple 6 éprouve la sensation que l’autre a pris en photo des fantômes. Red Dust le constate avec amertume : que ce soit les paysans abandonnant leur terre devenue stérile à force d’avoir été exploitées, ou les incendies qui ravagent la Californie, les ouragans qui ravagent le Wyoming, l’absence de bétail dans le ranch, etc. L’auteur va plus loin : lors de ce voyage, il est évoqué un pays ravagé par les catastrophes naturelles, une facette du rêve américain (le mythe de se faire tout seul, d’abord évoqué par Vivienne Bosch, puis par le propriétaire du ranch Triple 6), la réalité historique du Wild West (des hommes essayant de trouver des emplois rémunérés, des propriétaires terriens derrière leur bureau), la misère, et le cercle de la violence. Celle-ci est mise en scène et évoquée par la citation du verset quinze du livre L’Ecclésiaste : Ce qui a déjà été, et ce qui est à venir est déjà arrivé, et Dieu ramène ce qui est passé. D’une manière très délicate, l’auteur aborde également le regret associé à ce qui aurait pu être, ainsi que la souffrance engendrée par le manque de culture, par le biais d’un extrait d’un sonnet (CXLV-71) de Shakespeare, appris par cœur. Le dernier chapitre d’une série débutée dans les années 1970, par un autre auteur, dans un registre différent. L’auteur parvient à réaliser un récit qui parle aussi bien au lecteur de la série initiale Comanche, qu’à celui qui n’en a jamais entendu parler. La narration visuelle apparaît immédiatement très personnelle, mêlant apparences quasi photographiques et des détourages classiques avec un trait fin, faisant la part belle à une narration portée uniquement par les dessins. Ce voyage en voiture fait se côtoyer un vieil homme, ancien porte-flingue, et une jeune bibliothécaire, ramenant à la surface de vieux souvenirs, le constat du temps qui passe, d’une époque révolue, de regrets, de régions sinistrées, de l’importance vitale de la poésie. Inoubliable.

27/01/2025 (modifier)
Par Emka
Note: 3/5
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Je dois faire partie des rares membres de BDTheque qui n'ont lu ni Comanche, ni Jeremiah ni même Blueberry dans leur jeunesse ou après. Je n'avais donc pas d'attente particulière en dehors de mes attentes graphiques vis a vis de Romain Renard que j'avais découvert et apprécié avec Melvile Ce western revisité nous emmène dans une Amérique aussi poussiéreuse qu'intemporelle, où le passé et le présent se croisent à chaque détour. Plus qu’une simple relecture, cet album interroge les choix, les regrets, et glisse une réflexion sociale subtile sur la relation entre les Américains et les natifs. Une matière riche qui dépasse les codes classiques du genre. Les dessins captent d’emblée. Les scènes de brouillard ou de tempêtes de sable sont vraiment superbes avec un clair obscur parfaitement maîtrisé qui pose parfaitement le décor. Comme Mac Arthur, c'est plus le détourage des personnages qui m'a un peu gêné et j'ai eu cette même impression de personnages ajoutés après. Ce choix graphique demande un temps d’adaptation. Une fois passé ce cap, je me suis laissé porter par une mise en scène soignée et de superbes compositions d'images. Le scénario ne se contente pas de dérouler une histoire de cowboy vieillissant. Il construit un portrait en nuances, alternant entre action et introspection. Le rythme est bien dosé, les dialogues sonnent juste, et les thématiques sociales apportent une profondeur qui fait mouche. En conclusion, les quelques détails qui déconcertent n’entachent pas l’ensemble, qui fonctionne grâce à une narration solide et un univers visuel qui marque. Ça marche donc bien aussi sans avoir la référence complète à la série originale même si le mieux reste peut être de commencer par là.

25/12/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

La première chose que l’on remarque, je pense, c’est le style graphique choisi par Romain Renard. Celui-ci reste très fidèle à ses précédents travaux (voir « Melvile ») mais son trait et sa colorisation risquent de désarçonner les lecteurs de Comanche. A titre personnel, je suis un peu partagé. D’une part, j’aime vraiment le trait de l’artiste mais d’autre part je trouve que ses personnages semblent trop souvent collés sur les décors et ne font donc pas pleinement partie de celui-ci. Au niveau du scénario, Romain Renard nous offre un récit solide, bien construit mais peut-être un peu trop prévisible à mon goût. C’est cependant agréable à lire, avec des personnages fidèles à leur image (à commencer par Red Dust, bien évidemment) et des références pertinentes à la série mère. Conforme à sa marque de fabrique, Romain Renard a enregistré quelques morceaux de musique destinés à accompagner cette lecture. Un peu court pour couvrir l'ensemble de la lecture en question, il s'agit tout de même d'un très sympathique bonus qui ajoute à l'ambiance générale du récit. Agréable à lire mais pas spécialement marquant, cet hommage a cependant le mérite de l’originalité graphique, Romain Renard parvenant à amener les personnages dans son univers sans jamais chercher à imiter Hermann. Pas mal, quoi, mais j’en attendais tellement que je sors un peu déçu de cette lecture.

03/12/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue boy

Recherché par la justice pour des meurtres commis il y a des années, Red Dust espérait finir ses jours tranquillement dans sa cabane forestière de Californie. C’était sans compter l’irruption de cette jeune femme prénommée Vivienne Bosch, qui se prétend historienne et dit vouloir collecter des témoignages de personnes toujours vivantes ayant connu l’âge d’or du Wild West. Mais comment cette dernière a-t-elle pu le retrouver ? Est-elle vraiment animée de bonnes intentions ? Le vieil irlandais vivait pourtant sous un faux nom, oubliant que les fantômes du passé finissent toujours par vous rattraper… Visiblement, Vivienne en sait plus qu’elle ne veut bien le dire en évoquant Comanche, une vieille amie de Red Dust que celui-ci avait autrefois aidé dans son ranch « Triple 6 ». La jeune femme n’ayant pas pu contacter le ranch, propose ainsi à Dust de faire la route avec elle vers le Wyoming… Connu pour son ambitieux projet pluridisciplinaire Melvile, une BD déclinée en spectacle-concert, Romain Renard, artiste touche-à-tout, a décidé ici de rendre hommage à la saga « Comanche » d’Hermann et Greg, née quelques années avant « Jérémiah », en lui donnant une suite en forme d’hommage. Il nous gratifie même de trois titres composés pour l’occasion (Renard est aussi musicien), que l’on peut découvrir à partir du QR code figurant sur l’ouvrage. A l’instar de Melvile, c’est d’abord l’œil qui est attiré par « Revoir Comanche ». L’univers de Romain Renard est unique, littéralement ensorcelant. L’auteur belge sait insuffler une part de mystique dans son dessin, qu’il a cette fois voulu en noir et blanc. Cette Amérique qui sert de cadre à ses histoires est ici intemporelle, antérieure à la conquête de l’Homme blanc — même si on est dans les années 1930 —, et permet à Renard d’évoquer en filigrane la situation des Amérindiens dépossédés de leurs terres et les souillures infligées par les conquérants. Créer ce « sequel » à la série culte de ses compatriotes, considérés comme des maîtres du neuvième art, apparaît ainsi presque comme une évidence. Romain Renard nous comble de ses paysages crépusculaires en clair-obscur. L’ouvrage s’apparente à un road-movie dessiné, grouillant de références au cinéma d’avant-guerre et à la littérature US, celle des John Steinbeck ou des Jim Harrison. De la Californie au Wyoming, Red Dust et Vivienne Bosch vont traverser à bord de leur Ford A plusieurs Etats de l’Ouest sauvage, en passant par le Kansas où sévissait le Dust Bowl à cette époque, donnant lieu à des vues spectaculaires travaillées au numérique. Plus classique et réaliste pour les personnages, le dessin est élégant et les regards particulièrement expressifs. Si le concept pourrait faire un peu cliché, on ne peut nier la beauté de l’objet vis-à-vis duquel il serait difficile de faire la fine bouche. Tout au plus pourra-t-on objecter le classicisme du scénario, qui néanmoins tient la route et réserve un dénouement inattendu, précédant une fin tragique mais d’une poésie touchante. « Revoir Comanche », c’est une histoire de vengeance, un western-thriller lent mâtiné de fantastique où les fantômes qui harcèlent Red Dust, héros sur le retour, sont aussi un peu ceux qui n’en finissent pas de hanter les États-Unis, ce pays des extrêmes qu’on admire pour ses grands espaces et ses romanciers, et que parallèlement on déteste pour son arrogance quasi puérile, échafaudée sur un déni frôlant la névrose, celle du Blanc "civilisateur". Indiscutablement une bande dessinée qui se détache dans la production de cette année.

02/12/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Un album que je n’attendais pas, un auteur qui m’était encore inconnu, j’avoue m’être un peu méfié à mon entame de lecture. Et pourtant je vais suivre l’enthousiasme d’Hervé, j’ai trouvé ça astucieux et sympa à suivre. Même si tout n’est pas parfait, Romain Renard s’en tire avec les honneurs. En tout cas, j’ai apprécié la proposition de l’auteur autour de l’univers. L’histoire peut marcher seul mais mieux vaut connaître un peu le matériel de base pour apprécier ce bel hommage. Niveau réalisation c’est très propre, lisible, fluide, ça dénote avec la série mère mais c’est pas plus mal. On retrouve bien un peu l’ADN de Comanche mais l’ambiance est différente. Il y a juste certaines images trop proches de la photo qui me plaisent moins, et une en particulier qui représente un cimetière de voiture, les modèles me paraissent bien trop modernes pour 1930, ça fait un rien anachronique. Sinon bah un plaisir de retrouver ce Red Dust vieillissant, il nous offre un dernier périple que je n’ai pas boudé. J’ai aimé que l’auteur revienne et approfondisse la relation Red/Comanche, qu’il n’oublie pas un point essentiel (à mes yeux) de la série autour de la modernité/évolution constante de la société. Bref franchement bien foutu. Un album différent mais qui ne trahit en rien la franchise. Mieux même, elle lui redonne un peu d’aura. Dans la veine de Le Royaume de Blanche-Fleur ou Le Réveil du Tigre, une bonne manière de conclure. 3,5

29/11/2024 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Hervé

Grand amateur de Comanche (je possède évidement tous les albums de la période Hermann-Greg , ainsi que la version éditée par Niffle en deux volumes) j''attendais cet album avec impatience et , il faut le dire, avec une certaine appréhension. En effet le dessin de Romain Renard est à mille lieux de celui d'Hermann, mais pour ma part il était inutile de copier le dessin original pour rendre hommage au "sanglier des Ardennes". Après tout, Schuiten, avec "le dernier pharaon" n'a -t-il pas été à mes yeux un des meilleurs repreneurs de la série, avec son dessin si particulier ? A la fois au scénario et au dessin, Romain Renard nous propose une histoire qui de déroule en 1930 avec Red Dust comme héros. Sur la route vers le ranch triple 6, nous suivons un véritable road- movie, il faut dire que l'intrigue s'étire sur près de 150 pages. Nous retrouvons notre Red Dust certes vieilli mais toujours aussi bourru ,mystérieux et amer. Par contre, j'avoue ne pas avoir été très surpris par les révélations finales, et c'est peut-être le seul bémol à apporter à ma lecture (mais je n'ai pas lâché ce bouquin jusqu'au bout) . L'auteur distille dans ce récit des éléments sur la crise de 29, sur le sort des derniers indiens, mais aussi sur ces tempêtes de sables, qu’avaient magnifiquement évoqué Aimée de Jongh avec Jours de sable. C’est peut-être au niveau dessin que certains peuvent être déstabilisés. En nous proposant un dessin en noir et blanc très propre, nous sommes très loin de l’ambiance créée par Hermann. Il me semble en outre que l’auteur mélange parfois des photographies (ou images réalisées avec ordinateur) et des dessins, mais peut-être me trompe-je. En tout cas, j’ai passé un très bon moment de lecture et cet album m’a donné envie de me replonger dans les albums inoubliables de Comanche.

10/10/2024 (modifier)