Garçonnes - Les autrices oubliées des années folles (The Flapper queens : Women cartoonists of the jazz age)

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Une anthologie réalisée par l'autrice américaine Trina Robbins ressuscite ses consœurs oubliées des Années folles et leurs héroïnes en quête d'amusement et d'émancipation.


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Découvrez les Années folles sous un nouveau jour, à travers les oeuvres d’autrices oubliées de l’ère du jazz et de la prohibition ! Vous saurez tout sur la figure de la flapper, symbole de la nouvelle liberté féministe du début du XXe siècle. Avec sa coupe au carré et ses coudes et genoux tout en angles, cette femme semble danser le charleston, pleine d’extravagance, pour l’éternité. Dans Garçonnes sont compilées de nombreuses pages de magazines et de journaux de ces autrices avant-gardistes qui ont révolutionné le 9e art : Nell Brinkley, Eleanor Schorer, Edith Stevens, Fay King, Ethel Hays ou encore Virginia Huget. Un travail de recherche titanesque, assuré par Trina Robbins, lauréate d’un Eisner Award et historienne experte du matrimoine de la bande dessinée américaine. Un ouvrage magnifique, au croisement du livre d'art, de mode et de la bande-dessinée.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Octobre 2024
Statut histoire Strips - gags 1 tome paru

Couverture de la série Garçonnes - Les autrices oubliées des années folles © Bliss Comics 2024
Les notes
Note: 4/5
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11/10/2024 | Cacal69
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Par Cacal69
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Une bande-dessinée matrimoniale. Je ne peux que remercier Trina Robbins d'avoir ressuscité ces autrices des années folles. Et un grand bravo à Bliss Comics pour la qualité du bouquin au format franco-belge, mais un prix qui pourra en freiner plus d'un. Trina Robbins, après un gros travail de recherche, nous propose de découvrir des autrices de talent du début du XXe siècle. Des autrices qui ont croqué une révolution avec l'apparition des Flappers, un mot qui désigne des jeunes femmes indépendantes au début des années 1920, les garçonnes. Un changement vestimentaire puisqu'elles vont quitter leurs corsets, les robes se raccourcissent jusqu'à atteindre les genoux et les cheveux longs font place à des coupes juste en dessous des oreilles. Une révolution ! Un bouleversement que l'on doit à la première guerre mondiale, les femmes ont quitté leur foyer pour contribuer à l'effort de guerre. Elles travaillent dans les usines, dans le médical ou même sur le front en tant qu'infirmières, elles ont goûté à l'indépendance et elles ne veulent pas faire machine arrière. Une période qui verra la même année, 1919, la ratification de deux amendements, celui de la prohibition et celui du droit de vote aux femmes. C'est ces aventures de garçonnes que racontent les autrices, des strips qui étaient publiés dans les journaux. Une préface et une présentation de chaque autrice de Trina Robbins. On va d'abord faire la connaissance de Nell Brinkley pour ouvrir le bal, la tête de proue du mouvement des Flappers. C'est sous crayon que l'on voit pour la première fois une jolie jeune femme dessinée par une femme. Sur plus de cinquante pages, on va découvrir plusieurs de ses Brinkley Girls sur des pleines pages en couleurs dans un style art nouveau. Un dessin qui m'a surpris par la qualité du trait tout en finesse, par le soin apporté aux détails et par la sensualité des personnages féminins. Des planches où les images sont agencées entre elles. Aucun phylactère, juste du texte, numéroté pour le sens de la lecture, qui décrit l'action et les états d'âme des protagonistes. Des histoires simples avec des garçonnes de moins en moins prudes au fil des pages. Des strips publiés de 1925 à 1930. Place à Eleanor Schorer (5 pages) et les aventures de Judy, sur un ton humoristique. Des strips en noir et blanc au trait fin, élégant et légèrement caricatural. Une belle surprise. Ensuite c'est Édith Stevens qui, sur 10 planches, nous régal de son dessin en noir et blanc, tantôt réaliste, tantôt caricatural, on a droit à un véritable défilé de mode, les chapeaux sont mis en avant. Un univers uniquement féminin, les situations cocasses sonnent juste et le ton est souvent drôle. Pas mal. Et voilà Ethel Hays, avec de superbes planches (21) en couleurs agencées façon Nell Brinkley. Hays revendique avoir été influencée par cette dernière, mais son style tient plus de l'art déco, son trait est plus anguleux et sa colorisation moins exubérante. Superbe ! Des strips qui mettent en avant la mode et le quotidien de ces garçonnes. Des planches datant de 1928 à 1932. Puis sur 11 pages, des strips toujours aussi mordants en noir et blanc publiés entre 1926 et 1928. Maintenant, c'est Fay King qui croque ces garçonnes sur 6 pages dans un style où la caricature et le réalisme se répondent. Un noir et blanc très plaisant à regarder. Un humour qui fait mouche. Virginia Huget se démarque de ses consœurs par des histoires plus insolentes. Graphiquement, Huguet est difficilement classable puisque certaines planches empruntent à Nell Brinkley, tandis que d'autres à Ethel Hays dans le style, la mise en scène et les couleurs, mais avec des personnages aux postures singulières. Enfin, on aura droit aussi à des saynètes avec un découpage en gaufrier et même à des phylactères où Huguet se moque de la publicité. Jubilatoire. Vingt planches de 1927 à 1936. Enfin, c'est Dorothy Urfer qui ferme le bal sur quatre pages. Des strips humoristique sur les relations amoureuses. Un noir et blanc avec beaucoup de charme, au trait fin, précis et expressif. Vraiment bien. Maintenant il faut fermer la salle de bal et c'est Nell Brinkley qui va s'en charger. Les temps ont changé, c'est la mort des garçonnes. Six pages publiées en 1937. En conclusion, je dois reconnaître que je ne connaissais aucune de ces dames avant cette lecture, un comics qui m'a fait remonter le temps, j'ai pris grand plaisir à côtoyer ces jeunes femmes à la coupe au carré, aux longues jambes et aux lèvres rouges incendiaires qui boivent et qui fument. Une lecture qui m'a donné envie de danser le charleston, moi qui suis un piètre danseur. Gros coup de cœur.

11/10/2024 (modifier)