Dreaming Eagles
Dreaming Eagles raconte l'histoire des premiers pilotes de chasse afro-américains à rejoindre l'armée de l'air américaine pendant la Seconde Guerre mondiale.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs britanniques Aviation Paquet Racisme, fascisme
Malgré des débuts laborieux à Tuskegee, en Alabama, ils ont piloté leurs avions dans les cieux meurtriers au-dessus du Troisième Reich d'Hitler. Non seulement ils ont joué un rôle déterminant contre la machine de guerre nazie, mais ils ont également bravé un défi tout aussi grand, surmontant le sectarisme quotidien parmi leurs camarades soldats américains, ainsi que parmi les civils à la maison. Haut dans les cieux, ils ont mené une bataille qui allait changer leur pays pour toujours.
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Date de parution | 25 Septembre 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un pays capable d'évoluer - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, ne nécessitant pas de connaissance préalable. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016, écrits par Garth Ennis, dessinés et encrés par Simon Coleby, avec une mise en couleurs réalisée par John Kalisz. Les splendides couvertures iconiques ont été réalisées par Francesco Francavilla. Le tome se termine avec une postface de 4 pages rédigée par Garth Ennis, explicitant au travers d'une anecdote les choix qu'il a effectués et la part de vérité historique du récit. Il contient aussi les couvertures alternatives réalisées par Brian Stelfreeze, Phil Hester, Declan Shalvey, le script d'Ennis pour le premier épisode, et les recherches graphiques de Francavilla pour la composition des couvertures. En 1966, à New York ou à Chicago, Reggie Atkison prend l'air sur le pas de porte de son bar le Silver Pony. Il voit son fils Lee rentrer en catimini en passant par derrière. Il le rejoint dans la pièce qui sert de réserve et de toilettes. Il constate qu'il est blessé, et qu'il a un cocard à l'œil droit. Il comprend qu'il s'est rendu à une marche menée par Martin Luther King (1929-1968) et qu'il s'est battu contre des blancs qui les ont insultés avec un terme raciste. Son fils estime que ça valait le coup de les entendre hurler de douleur, alors que son père condamne cette action violente. Lee lui rétorque qu'il a bien tué des hommes pendant la guerre, même s'il s'agissait de soldats nazis ce qui n'excuse rien. Reggie lui répond qu'il n'avait l'impression qu'il s'agissait d'êtres humains, qu'il tirait sur des avions, par sur des hommes. La nuit, Reggie ne dort pas, repensant à un combat aérien pendant la seconde guerre mondiale, quand il était un pilote dans l'un des 4 escadrons de chasse du 332d Fighter Group, après avoir appris à piloter à l'école de vol de Tuskegee dans l'Alabama. Il repense à ce pilote allemand qu'il a vu s'éjecter de son cockpit avec son parachute. Le lendemain, Lee fait mine de faire amende honorable en repeignant la palissade. Il discute avec Alison, sa mère, qui est assise sur la véranda en train de siroter de la limonade. Il se plaint du comportement de son père qui ne le laisse pas se battre pour ses droits. Alison rentre dans le bar et explique à son mari ce qui mine leur fils. Elle insiste doucement sur le fait que Lee a le droit de savoir qui est son père, d'en apprendre plus sur ce qu'il a fait pendant la guerre. Le soir, Lee est toujours en train de repeindre la palissade. Son père l'interpelle depuis la véranda, il a amené 2 bières et en tend une à son fils, assez décontenancé que son père lui propose de l'alcool. Reggie Atkinson a pris la décision de raconter à son fils comment c'était à l'armée quand il était un pilote pendant la seconde guerre mondiale, parce qu'il ne veut pas lui mentir, même par omission. C'est la deuxième histoire coup sur coup que Garth Ennis écrit au sujet d'un aviateur pendant la seconde guerre mondiale, la précédente étant Johnny Red: The Hurricane (2015/2016) avec Keith Burns. Il s'agissait alors d'un personnage de fiction de la bande dessinée anglaise auquel il rendait hommage. Cette fois-ci, il rend hommage à un corps de pilotes américains ayant réellement existé. Il explique dans la postface qu'il a pris le parti de raconter des faits réels, mais en mettant en scène des personnages fictifs, à une ou deux exceptions près. Il a donc effectué un travail de recherche conséquent à la fois sur l'escadron de chasse du 332d Fighter Group, à la fois sur les avions utilisés à l'époque, allant même jusqu'à profiter de l'occasion de voler dans l'un d'eux, un modèle Curtiss P-40 Warhawk (ce qui lui permit de comprendre la problématique de visibilité). Pour les personnages, il préfère mettre en scène des individus à qui il peut faire dire ce qu'il souhaite en tant qu'auteur, plutôt qu'une recréation forcément faussée, au risque de placer des opinions faisant contresens par rapport à l'individu concerné. La plus grande exception à cette règle réside dans Benjamin Oliver Davis (1912-2002), du fait de son rôle crucial dans la gestion desdits escadrons. Garth Ennis donne l'impression de commencer de manière assez pataude, avec cette mise en écho de la situation du fils Lee souhaitant combattre pour ses droits civiques, et la démarche similaire de son père 20 ans plutôt. Le parallèle ainsi établit débouche sur une soirée confession, au cours de laquelle le paternel déballe tout à son fils, dans une forme de confession artificielle. Le lecteur identifie là une construction romanesque pour créer cette résonnance entre les 2 situations. La dramatisation se trouve ainsi un peu appuyée dans le premier épisode. Pour autant, le dispositif ne rate pas complètement son objectif car dans le même temps, Ennis se montre plus sensible que d'habitude dans sa caractérisation du fils et de sa relation au père. Il ne s'agit pas d'un jeune chien fou en opposition de principe à la position paternelle, mais plutôt d'un jeune homme engagé qui souhaite l'approbation de son père. Dans les dernières pages du premier épisode, le lecteur en oublie jusqu'au dispositif alors qu'il se plonge dans l'histoire de Reggie Atkinson. Du fait des détails intégrés dans la narration, il comprend, s'il ne le sait déjà, qu'il s'agit d'une reconstitution historique de faits réels. Ce n'est pas la première fois que des comics traitent de l'engagement d'afro-américains dans la seconde guerre mondiale, pour un pays pratiquant encore la ségrégation avec les lois dites Jim Crow, voir par exemple l'étonnant Captain America: Truth (2003) de Robert Morales & Kyle Baker. Mais ici, l'auteur réussit à la perfection la dimension biographique, sur fonds historique. Simon Coleby est un artiste qui a précédemment travaillé pour l'hebdomadaire 2000 AD, par exemple sur des histoires de Judge Dredd. Il réalise des dessins de type réaliste, avec un bon niveau de détails. Par la force des choses, il a investi beaucoup de temps dans la recherche de références de matériels militaires, à commencer par les uniformes, et surtout les avions de chasse, car Ennis en laisse passer aucun écart, aucune erreur en termes de reconstitution. Le lecteur apprécie que l'artiste se tienne éloigné des trucs et astuces pour dramatiser les situations de manière artificielles, tels que les cadrages ou les postures exagérées des personnages. Les différents protagonistes présentent des morphologies normales, et effectuent des mouvements mesurés d'adulte. Sans tomber dans le photoréalisme, Coleby s'investit pour représenter les décors avec une grande régularité, là encore en veillant à la conformité historique. Le lecteur peut donc se projeter à chaque endroit et côtoyer des individus qui lui semblent réels, et pas des icônes ou des idéalisations d'êtres humains. John Kalisz utilise une palette de couleurs un peu sombre, avec des bruns et des gris. Cela n'aboutit pas à une sensation cafardeuse, mais à une ambiance lumineuse réaliste. S'il a suivi la carrière de Garth Ennis, le lecteur se rend compte qu'il a fait des efforts impressionnants pour proscrire les longues scènes de copieux dialogues, au profit d'une narration plus naturaliste. Il répartit les informations de manière plus fluide et naturelle, à la fois dans les séquences de dialogue et dans les scènes de combat. Simon Coleby fait preuve d'une grande maîtrise de la mise en scène, évitant les plans trop basiques de têtes en train de parler, pour des plans de prise de vue plus enveloppant, montrant l'environnement dans lequel se trouvent les interlocuteurs, ainsi que leurs gestes. Il doit également représenter des combats aériens à plusieurs reprises, ce qu'il fait avec une grande clarté. Il joue sur les angles de vue, la profondeur de champ et le positionnement respectif des avions de chasse et des bombardiers pour rendre compte de leurs mouvements, de leurs attaques, de leur avancée relative, dans des séquences compréhensibles au premier coup d'œil, qui se passent d'explication dans les récitatifs. Le lecteur plonge donc dans une reconstitution historique de qualité, aux côtés de Reggie Atkinson, jeune homme afro-américain, bien décidé à participer à l'effort de guerre et à prouver qu'un afro-américain fait un aussi bon pilote qu'un blanc. Garth Ennis évoque, comme il sait si bien le faire, l'organisation militaire, ainsi que les caractéristiques des différents modèles d'avion de chasse, et les tactiques de combat aérien, lui aussi de manière parfaitement intelligible. Même s'il n'éprouve pas de goût particulier pour lesdits combats, le lecteur se surprend à s'impliquer émotionnellement dans ces explications qui ont une incidence directe et cruciale sur la vie de ces pilotes. Au travers des réflexion de Reggie et de ses collègues, il comprend comme eux les enjeux du convoyage de bombardiers, ou d'affrontements contre des avions allemands. Il les écoute parler des informations partielles glanées sur les changements de commandant de la base, sur leurs prochaines missions, leurs prochaines affectations, sur les auditions militaires se déroulant aux États-Unis, sur les nouveaux modèles d'avion de chasse mis en service et peut-être bientôt intégrés au parc de leur base. Il devine comme eux les enjeux liés à l'existence d'un escadron de pilotes de chasse composé uniquement d'afro-américains. Il voit s'exprimer le racisme ordinaire, ainsi que les idées puantes du KKK reprises par un ou deux militaires. Il perçoit la pertinence des choix narratifs de l'auteur qui peut ainsi mettre en évidence les conflits socio-culturels au travers de ses personnages, de manière adroite, au second plan. Ennis ne joue pas sur la dramatisation, ce qui donne plus de force et de conviction à ce qui est montré, et ce qui rend encore plus terrible et réelle la scène de retour au pays, après la fin de période militaire. Ce récit est à ranger parmi les chefs d'œuvre d'histoire de guerre écrits par Garth Ennis, en particulier aux côtés de Dear Billy (2009, dans la série Battlefields) avec Peter Snejbjerg. Simon Coleby effectue un travail remarquable de reconstitution historique et de direction d'acteurs. Garth Ennis fait preuve d'une écriture en retenue très rigoureuse, entièrement au service de Reggie Atkinson, sans pitrerie, extraordinaire autant pour l'évocation de l'histoire de cet escadron, que pour le contexte et les enjeux socio-culturels de l'époque.
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