Ginseng roots

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

20 ans après Blankets, Craig Thompson nous livre un récit entre documentaire et biographie familiale.


Agriculture et élevage Autobiographie Gros albums [USA] - Middle West

Enfants au début des années 1980, Craig, son frère Phil et sa sœur Sarah ont travaillé toutes leurs vacances dans les champs de ginseng du Wisconsin, afin d’aider leurs parents à joindre les deux bouts. De cette activité éprouvante, Craig a conservé l’amour des comics achetés avec l’argent gagné à la sueur de son front et des soucis de santé probablement causés par les pesticides massivement employés dans l’agriculture intensive. C’est en cherchant de nos jours un remède en médecine douce à ses problèmes qu’il en est venu à se pencher sur cette plante quasi miraculeuse, le ginseng. Entre documentaire et biographie familiale, le middle west et la Chine, une enquête qu’on dévore avec passion.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Septembre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ginseng roots © Casterman 2024
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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17/10/2024 | Mac Arthur
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Par Canarde
Note: 4/5
L'avatar du posteur Canarde

Je suis plus enthousiaste que Mac Arthur, j'ai trouvé cet album particulièrement utile et éloquent. Craig Thompson tire le fil de son enfance et arrive à détricoter le monde capitaliste tout entier. Cette image du fil est d'ailleurs bien présente au long du récit. A partir de l'expérience de ses vacances d'américain rural et pauvre, où, à dix ans, il travaillait pour 1 dollar de l'heure, avec son frère, sa sœur, sa mère. Cueillir les fruits du ginseng, déterrer les racines, désherber, assembler des ombrières, épierrer les parcelles : toutes les étapes de cette culture étaient bonnes pour gagner un peu d'argent et s'acheter des comics à la pharmacie de Marathon dans le Wisconsin. Effectivement c'est un gros livre hybride, qu'on ne saura pas classer du coté du pur roman graphique autobiographique ou du documentaire sur la culture du Ginseng. Mais cela ne me dérange pas. Au contraire le souvenir des émotions d'enfance permet au lecteur de retenir des informations factuelles qui nous passeraient totalement au dessus si elles étaient délivrées dans un autre cadre. La mémoire est entièrement accrochée aux émotions. On ne peut retenir que ce qui est intimement lié à une émotion. En ce sens, ce documentaire situé a beaucoup plus de chance de nous marquer. J'avais lu Habibi du même auteur (et non "Blankets" qui était apparemment le récit de son enfance mais en faisant abstraction de ses années de" vacances au travail", mais comment en faire abstraction ?) et c'était aussi un livre monde très long, mais purement fictionnel, qui amalgamait aussi différents imaginaires dans un maelström plutôt dépressif. Ici l'enfance réelle de l'auteur n'est pas montrée comme une souffrance individuelle et insensé, elle est replacée dans les différents systèmes qui ont conduit à son déroulement. Il interviewe tous les témoins qui sont reliés à cette culture du ginseng. Et décrire tous ces parcours adjacents (celui de ses camarades de travail, de son employeur et de sa famille, de ses propres parents, des concurrents de son employeur, des clients de son employeur, etc..) donne un sens (familial, politique, économique, médical, agricole ) à tous les actes vécus alors et aussi aident l'auteur à trouver un sens à sa propre vie, aujourd'hui. Il n'a pas été un pauvre gars seul aux prises avec une situation familiale triste, il a été, avec de nombreux autres, un rouage d'une économie mondialisée dans laquelle les différentes cultures sont en concurrences, et les implications de sa petite part de travail sont si nombreuses que la longueur du livre est toute justifiée. Le dessin en rouge et noir, est très précis, les visages en particulier sont très expressifs et on n'a pas de mal à reconnaître les différents personnages, que ce soit des ouvriers agricoles immigrés, des fermiers américains, des producteurs coréens ou chinois, leur personnalité transpire et irrigue le récit. Les paysages sont aussi bien campés et observés. L'exigence de composition et de beauté, déjà présente dans Habibi est ici mise au service d'une observation fidèle de la réalité. Merci Mister Thompson pour ce long travail de 4 années de gestation, elles ont été fertiles, pour vous comme pour moi !

10/11/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

La culture du ginseng n’est à proprement parler pas le sujet le plus susceptible de provoquer chez moi une envie irrépressible de lire un livre mais le nom de Craig Thompson continue d’attirer mon regard depuis son Blankets. Et comme la présentation de l’album promettait un récit autobiographique dans la lignée de Blankets, je me suis laissé tenter. J’en ressors mitigé. Je trouve que Craig Thompson est un être humain attachant. J’ai beaucoup appris sur le ginseng, sa culture et sa commercialisation. J’ai aussi découvert un autre aspect de la jeunesse de l’auteur. Tout cela est plutôt positif. A contrario, j’ai trouvé le découpage du récit assez bordélique, avec beaucoup d’informations qui se recoupent et une véritable thématique qui peine à émerger. Car si tout tourne autour du ginseng, ce récit permet aussi et surtout à Craig Thompson de parler de lui, de sa famille, de sa jeunesse, de l’évolution du monde agricole, de l’évolution de la société, des différences de production du ginseng, d’un voyage en Chine fait avec son frère, de la précarité du métier de dessinateur de bandes dessinées, du paradoxe d’une plante renommée pour ses qualités pharmacologiques mais cultivée à grands renforts de pesticides et de bien d’autres choses. Chaque chapitre a un thème plus fort mais on peut retrouver les mêmes infos dans trois, quatre chapitres différents. Cela crée un sentiment de redite, d’un livre inutilement long, un peu improvisé au fur et à mesure que les sujets s’imposaient à l’auteur. C’est très certainement une fausse impression mais je dois avouer avoir eu du mal à enchainer les chapitres, préférant faire une pause entre chacun d’entre eux. Au niveau du dessin, le style de Craig Thompson demeure efficace. Je lui trouve pas mal de similitudes avec celui de Will Eisner, tant dans le trait que dans la mise en page très libre. Le choix de limiter les couleurs à une seule dominante par planche (voire par chapitre) permet de garder une grande lisibilité à l’ensemble. Bon voilà, je l’ai lu, je ne le regrette pas. Mais je ne le relirai sans doute jamais. Pas mal, mais pas assez marquant pour son volet autobiographique et pas assez clinique pour son volet documentaire.

17/10/2024 (modifier)