Sur le front de Corée

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Pour sa première expérience de correspondant de guerre, durant huit mois, Henri de Turenne, va arpenter le front d'un conflit aujourd'hui oublié et meurtrier sur fond de guerre froide : la guerre de Corée.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Aire Libre Biographies Corée Journalistes La Guerre de Corée

Les premières semaines, il va assister à la déroute américaine et sud-coréenne face aux Nord-Coréens soutenus par les Russes jusqu'au réduit de Pusan où, acculés, les Américains tenteront de lancer leur contre-offensive. Puis, ce sera le débarquement, grandiose et effrayant, des G.I. dans la baie d'Inchon près de Séoul qui changera la donne de cette guerre avant la course folle pour prendre Pyongyang au Nord et qui mènera jusqu'aux confins du pays en Mandchourie, à la frontière avec la Chine. Sur le front de la Corée est aussi une incroyable plongée en immersion dans le journalisme de l'époque. Un journalisme humain, courageux et élégant. Terriblement moderne aussi, faisant écho aux nombreuses difficultés des journalistes dans les conflits actuels.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Octobre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Sur le front de Corée © Dupuis 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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15/10/2024 | Ro
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne sais trop quoi penser de cet album, qui mélange plusieurs sujets, et qui le fait parfois de façon brouillonne. En effet, c’est à la fois un album sur la guerre de Corée, mais aussi sur le travail – et plus généralement sur la personne même – d’Henri de Turenne, journaliste couvrant ce conflit pour l’AFP et Le Figaro. L’album sera suivi dans la même collection de plusieurs autres mettant en images de grands reportages ayant été récompensés par le prix Albert Londres. Je connaissais assez bien le conflit, mais pas vraiment le journaliste (même si son nom me disait quelque chose, accolé à celui de Costelle pour des documentaires historiques télévisés – souffrant souvent de partialité). Le travail de Turenne est bien montré, et plus généralement celui des reporters de guerres – plusieurs meurent et Turenne lui-même échappe de peu à la mort. Même si le plus souvent il n’arrive « qu’après » les combats, tenant alors une chronique un peu distanciée et ironique. Il faut dire qu’il accompagne les flux et reflux des deux premières années de la guerre, traversant plusieurs fois le pays du Nord au Sud et vice-versa. Par contre, plusieurs choses m’ont un peu gêné. D’abord, au milieu du récit chronologique des combats, de plus ou moins longs passages sur la carrière future (parfois des années après cette guerre) s’insèrent, ce qui hache franchement le récit et surprend lorsque nous revenons brusquement en 1951 après nous en être éloignés. Ensuite, Turenne quittant la Corée en mars 1951, les deux dernières années du conflit sont finalement à peine évoquées en deux cases ! C’est brutal ! J’ai aussi trouvé que Turenne ne s’intéressait pas suffisamment dans ses articles aux populations civiles – qui pourtant payaient le plus lourd tribut à la guerre. J’ai aussi trouvé que le dessin (réaliste, globalement bon, mais un peu figé et académique) et la narration manquaient à retranscrire la violence, la fureur de l’époque. Un dossier documentaire final – lui aussi fourre-tout – est intéressant, retraçant la création du prix Albert Londres, la carrière de Turenne, puis l’histoire de la guerre de Corée. Note réelle 2,5/5.

02/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Avec cet album, JD Morvan et Stéphane Marchetti entament un projet éditorial au sein de la collection Aire Libre des éditions Dupuis consistant à réaliser au moins 5 ouvrages dédiés à l'adaptation en bande dessinée de reportages de grands journalistes ayant gagné le célèbre Prix Albert Londres. Tous auront des auteurs, des sujets et des tons très variés puisque fidèles à leurs auteurs originels dont les styles diffèrent. Mais tous rendront hommage à l'esprit des grands reporters et à leur retranscription fidèle de la réalité de moments historiques marquants du XXe et du XXIe siècle. Sur le Front de Corée est l'adaptation des mémoires et des reportages réalisés par Henri De Turenne quand, alors jeune journaliste, il a été envoyé dès 1950, au tout début de la guerre de Corée, suivre les soldats américains aux prises avec l'armée Nord-Coréenne. A travers lui on découvre comment les reporters de guerre agissaient à l'époque, les dangers auxquels ils étaient confrontés (le nombre de journalistes tués lors de ce conflit fut proportionnellement plus grand que lors de la seconde guerre mondiale) et aussi comment s'est déroulée cette étonnante guerre entre guerre civile et conflit direct entre grandes puissances. Mes souvenirs de la guerre de Corée dataient du lycée et je me souvenais vaguement d'un flux et reflux. C'est bien cette drôle de situation dont Henri De Turenne sera le témoin : les premiers mois avec les Nord-Coréens armés par la Russie repoussant les Sudistes et leurs alliés Américains presque hors de la péninsule avant que les renforts des USA et d'une partie de l'ONU n'inversent la donne et fassent s'enfuir l'ennemi vers le Nord, avec une maigre résistance lors de la reprise de Séoul, et ce jusqu'à la frontière avec la Chine... moment où celle-ci s'est à son tour engagée dans le conflit repoussant à nouveau les alliés et entrainant une nouvelle perte puis encore une reprise de Séoul et plus de 2 ans supplémentaires de conflit jusqu'à l'armistice bancal qui est toujours en vigueur actuellement. Même s'il lui arrivera d'être au cœur des combats et quelques fois en réel danger de mort, Henri de Turenne suivra le plus souvent les soldats avec un temps de décalage, s'occupant plutôt de rendre compte de l'état d'esprit des hommes et de constater la drôle de situation des Coréens pris entre deux feux, tiraillés entre les promesses des uns, la peur des autres et inversement. Rafael Ortiz met ce récit en image dans un style réaliste et relativement académique. Le travail est généreux, présentant hommes et décors dans des vues claires et parfois proches du grand spectacle pour donner une bonne vue d'ensemble. Le trait parait toutefois un peu hésitant, notamment certains visages dont la représentation parait laborieuse et pas toujours gracieuse. La narration est également parfois légèrement décousue, partant en digressions sur l'avenir du journaliste notamment, avant de revenir en arrière dans le temps vers le conflit que l'on suivait en détails. La fin est également un peu abrupte, racontant en une seule case les deux dernières années de la guerre tandis que le reporter quitte le pays. On en saura heureusement un peu plus avec le petit dossier en texte et photos en fin d'album. Cela n'entache pas en tout cas une lecture qui se révèle instructive sur cette guerre mal connue, sur cet homme qu'était Henri de Turenne et sur le métier de reporter de guerre en général.

15/10/2024 (modifier)