La Suprématie des Underbaboons
L’homme, le plus cruel des primates...
Les Singes Séries avec un unique avis
Entre 1978 et 1990, Robert Sapolsky et Lisa Share-Sapolsky ont étudié plusieurs troupes de babouins au cœur d’une réserve naturelle au Kenya. Leurs observations sont sans appel : quand les mâles alpha qui font régner la terreur sont décimés à la suite d’une contamination, les agressions et le stress baissent au sein des troupes, qui retrouvent l’harmonie du vivre-ensemble et s’épouillent en paix… Qu’en est-il dans nos Sociétés occidentales ? États-Unis, de nos jours. Aux quatre coins du pays, on dénombre des crimes sordides. Ces exactions, a priori isolées, intriguent le FBI, qui commence à faire le lien entre les différentes affaires. Car à chaque fois, ce sont des hommes de pouvoir qui sont visés, et leurs femmes systématiquement épargnées. La tension monte à la lecture du nouveau roman graphique d’Emmanuel Moynot (Fauve Polar SNCF en 2020 pour No Direction) qui brouille les pistes jusqu’à la fin ! Dans ce polar sombre où l’on retrouve les influences de James Ellroy et Jean-Patrick Manchette, l’auteur se livre à un parallélisme saisissant qui donne à réfléchir. À travers un éclairage ethnologique déconcertant, il analyse les dérives des comportements humains et les compare à celles d’une tribu de babouins. Une fable noire, cynique et critique des États-Unis pour une double lecture au graphisme glaçant.
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Date de parution | 25 Septembre 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Rarement déçu par Emmanuel Moynot, surtout quand il œuvre dans le style polar noir et crasseux, je me suis jeté sur cet album sans hésiter une seconde. Je trouvais la couverture intrigante et le résumé prometteur. A la lecture, et même si je ressors globalement très satisfait de celle-ci, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver l’ensemble un peu facile. Attention, hein ! C’est très prenant, efficace en diable et le lien fait avec diverses études menées sur d’autres primates apporte un angle original au récit… mais raaahhh, j’espérais sans doute de trop. Pour qui connait l’auteur, on retrouve dans ce récit plusieurs des éléments dont il aime nourrir ses polars les plus noirs, à commencer par le sexe, la noirceur de l’âme et le cynisme. Ainsi, même si elle se focalise sur les Etats-Unis, La Suprématie des Underbaboons se révèle être une critique acerbe et désabusée du genre humain dans son ensemble. Cet aspect du scénario m’a beaucoup plu, tant par la pertinence de la critique que par sa noirceur. L’aspect polar nous propose un récit explosé dans lequel l’auteur nous balade d’un protagoniste à un autre et je me suis longtemps demandé comment tous ces fils allaient bien pouvoir se relier. Là encore, la maitrise scénaristique d’Emmanuel Moynot est une merveille du genre et les recoupements finaux sont tout à fait satisfaisants. Je m’attendais toutefois à ce que les différents documentaires voués aux comportements de diverses familles de primates (babouins, bonobo, chimpanzés, etc…) soient finalement intégrés à ce volet policier, mais ils demeurent juste en contrepoint. Ils permettent cependant de souligner l’animalité de l’homme et même son infériorité face aux autres primates (notamment sur des principes tels que la tolérance ou la gestion des conflits). Le dessin de Moynot est toujours aussi efficace. Ce rendu crasseux n’embellit certainement pas les protagonistes mais nous en dévoile les cicatrices et la noirceur. Les planches sont souvent teintées dans une couleur unique qui ne fait que renforcer l’ambiance, donnant un ton propre à chaque chapitre. Au final, je ne suis vraiment pas loin d’un 4/5 et je ne sais pas trop ce qu’il m’a manqué pour attribuer cette note car tout est très bon. Peut-être un peu plus d’originalité dans la conclusion finale… Mais c’est une lecture que je ne peux que conseiller aux amateurs du genre.
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