La 3e Kamera

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

1945 à Berlin sous occupation alliée. Pendant la Seconde Guerre mondiale, plus de 700 soldats, appareils photo et caméras en main, alimentaient la propagande du Reich. Ces « Propaganda Kompanien », des reporters de guerre allemands sous les ordres de Goebbels, avaient pour habitude d’utiliser deux appareils photo officiels. Pourtant certains s’étaient munis d’un 3e appareil clandestin, échappant à tout contrôle : la fameuse 3e « Kamera ». C’est le cas du lieutenant Frentz, mandaté pour suivre le Führer en personne


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs canadiens Berlin [Seconde Guerre mondiale] Europe de l'Ouest

Dans la capitale en ruine, une course effrénée contre la montre commence pour récupérer ces clichés. En vue du procès de Nuremberg, les fameuses 3e « Kamera » qui documentaient les crimes commis par le régime vont devenir un enjeu stratégique pour les soldats américains du CIC ( Counter Intelligence Corps) ! Ce type d’appareil peut révéler le visage des officiers SS mais aussi apporter la preuve irréfutable des atrocités perpétrées dans les camps. Mais quels autres secrets pourrait encore livrer le boitier de Frentz ?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Octobre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La 3e Kamera © Glénat 2024
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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23/10/2024 | Hervé
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Par Présence
Note: 3/5
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Toutes ces horreurs commises… Et ce n’étaient malheureusement que des hommes… - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Cédric Apikian pour le scénario, par Denis Rodier pour les dessins, et Elise Follin pour les couleurs. Il se termine avec un dossier de quatorze pages, réalisé par Nicolas Ferard, constitué pour un tiers de photographie d’archives. Il comprend cent-trente-cinq pages de bande dessinée. Un autocollant met en avant que le scénariste a également écrit La Ballade du soldat Odawaa (2019) réalisé avec Christian Rossi, et le dessinateur est celui de La Bombe (2020) scénarisé par Alcante (Didier Swysen) & Laurent-Frédéric Bollée. Environs de Berlin, mi-avril 1945 : l’Armée rouge encercle la capitale du Reich. La ville est la proie des flammes, sous un feu nourri de canons, sous les bombardements des alliés, sous les tirs de roquettes, sous les chenilles des chars. Un enfer de flammes. Des soldats qui avancent l’arme au poing, au milieu des incendies. Le jour de vengeance est arrivé. Berlin, le vingt avril 1945, pour son cinquante-sixième anniversaire : Adolf Hitler passe en revue de jeunes recrues militaires, encore des adolescents de seize ans. Il demande le nom de l’un d’eux et il lui pince l’oreille ; celui-ci répond : Gustav Müller. La cérémonie se termine, les camarades de l’adolescent le félicite pour le geste dont il a bénéficié. En arrière-plan, un haut gradé indique au cameraman de ne pas filmer pour rien, ils n’utiliseront pas ces images. Il indique au lieutenant Walter Frentz qu’il a bien servi pendant toutes ces années, qu’il est temps pour Frentz de faire ses adieux au Führer, et il lui conseille de filer. Il ne pense pas qu’ils se reverront. Il ajoute qu’il y a un dernier avion qui décolle et il lui suggère d’en profiter. Le premier mai 1945, au sud-est de Berlin, la bataille de Halbe, dans la forêt de la Spree. La neuvième armée allemande en débâcle est sévèrement accrochée par l’armée russe et notamment le premier front ukrainien. Les soldats allemands sont pilonnés : l’un d’eux conseille à un autre dénommé Egon Krabe de se sauver. Le premier est pulvérisé par une explosion d’une violence inouïe. Krabe se met à courir de toutes ses forces, il se retrouve au beau milieu d’une route encombrée de carcasses de voiture. Un gradé allemand arrive et se met à abattre un fuyard après l’autre, méthodiquement. Enfin il arrive devant Krabe, mais il est fauché à son tour. Krabe enterre sa sacoche au pied d’un arbre, et il reprend sa fuite. Berlin, devant le Reichstag le deux mai 1945, le soldat Yakov dessine le visage de sa mère à la craie sur un pilier. Un soldat interpelle ses camarades : Kaldeï remet ça avec son drapeau ! Il est monté au sommet du Reichstag et il est en train de mettre en scène sa photo avec un troisième drapeau. Un autre soldat explique que depuis que Kaldeï a vu le cliché des Américains à Iwo Jima, il n’en dort plus. Un autre espère qu’il aura pensé à enlever ses montres. Mi-juillet 1945, Walter Frentz passe au même endroit que Egon Krabe, et il récupère sa sacoche avec l’appareil photographie à l’endroit indiqué : elle contient les trois Kameras. Parfait. Un titre énigmatique, évoquant l’existence d’une troisième caméra. Une narration proposant de suivre plusieurs fils narratifs, tous dans la même chronologie, des personnages qui ne sont pas forcément nommés. Berlin en ruine, les alliés dans la place, des Allemands dont l’environnement a été réduit en ruines. Le lecteur relève de ci de là des éléments historiques. Pour commencer, le scénariste indique les dates tout au long de son récit : mi-avril 1945, vingt avril 1945… mi-juillet 1945, jusqu’à Berlin-Tempelhof, en juin 1946, avec un épilogue à Montévideo, en Uruguay en 1980. Ensuite chaque lieu est indiqué, que ce soit Berlin ou ses environs. En fonction de sa familiarité avec l’Histoire de cette époque et de cette région, le lecteur peut relever certaines références. La bataille de Halbe : elle s’est déroulée entre le 24 avril et le 1er mai 1945 opposant la 9e armée allemande et l'Armée rouge. Peut-être plus accessible : Le Drapeau rouge sur le Reichstag, cliché d'Evgueni Khaldeï pris le 2 mai 1945 sur le toit du palais du Reichstag, à Berlin. Un des soldats indique même qu’il s’agit du troisième essai du photographe, fait développé dans le dossier en fin d’ouvrage qui explicite les deux premières tentatives, l’une à l’aéroport de Templehof, l’autre sur les hauteurs de la porte de Brandebourg. Les circonstances du cliché de Joe Rosenthal à Iwo Jima sont également détaillées. Il identifie également le nom de Jesse Owens (1913-1980) cité à deux reprises : quadruple médaillé d'or lors des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin, et considéré depuis comme le premier sportif noir de renommée internationale. Le lecteur découvre les derniers jours de la destruction de Berlin à la fin de la seconde guerre mondiale : il prend conscience de l’importance de cette séquence d’ouverture au fil du récit, alors que les personnages évoluent littéralement dans un champ de ruines, qu’ils soient allemands, et même berlinois, ou militaire dans l’une des armées d’occupation. Cela pèse lourdement sur leurs actes. L’efficacité des dessins de l’artiste fonctionne parfaitement pour rendre compte de cette désolation, de cette destruction massive et systématique, de cet acharnement patent. Les premières pages montrent la puissance de feu concentrée pour pilonner la ville, avec une mise en couleur dans des tons marron-orange, pour une ambiance à la fois étouffante et macabre. Puis viennent les visions de la ville depuis la rue : les immeubles éventrés, les décombres jonchant la voie publique, les panaches des incendies, les vitres toutes explosées des immeubles, les traces de pillage, les enfants crapahutant dans les ruines à la recherche de matériaux récupérables au mépris de leur sécurité, les quelques devantures protégées par des planches de bois, les accès aux immeubles encombrés de débris qu’il faut enjamber, les pièces d’appartement avec un trou béant dans le mur, les sous-sols enténébrés par manque d’électricité, etc. L’un des points culminants de cette désolation se trouve lors d’un itinéraire nocturne en Jeep, alors que l’équipage doit faire demi-tour, l’artère étant coupée par des gravas amoncelés en travers. Le lecteur apprécie de retrouver l’efficacité et la conviction de la narration visuelle de Denis Rodier : une école européenne ayant harmonieusement intégré quelques éléments comics. Il se montre d’une conviction épatante qu’il s’agisse d’une séquence de massacre en forêt, d’une descente dans un sous-sol sans lumière, ou bien d’un moment calme dans un bureau. Le lecteur prend plaisir à suivre ainsi les personnages. Tout d’abord le lieutenant Frentz : le scénariste prend les choses en cours de route, après la dernière activité professionnelle de prise de vue auprès d’Adolf Hitler. Le lecteur subit avec lui les avanies auxquelles il est confronté, curieux de savoir s’il s’en sortira, d’en découvrir plus sur ses motivations, et encore plus curieux de comprendre son rôle vis-à-vis de cette troisième Kamera. En contrepoint, il suit Elke, une jeune femme ayant subi des épreuves indicibles pendant la guerre, et obéissant servilement au capitaine Strauss, un officier nazi qui se cache dans Berlin, au comportement destructeur. Il devient un ennemi qui s’oppose à un groupe de soldats (Santinelli, Weitz et le lieutenant Horowitz), qui dirige un petit groupe Götz (muet), Gustav Müller (amoureux de Elke), Kurt, et qui maltraite Elke. De temps à autre, une discussion ou une enquête vient apporter un élément d’information supplémentaire sur la troisième Kamera. La révélation relative à ce mystérieux appareil étant différée de séquence en séquence, le lecteur s’intéresse plus à un enjeu sous-jacent évoqué à quelques reprises : la dénazification. Les soldats américains se rendent auprès de Donaldson chargé de développer des pellicules, avec un gamin débutant comme seul aide. Il évoque l’équipe de George Stevens (1904-1875) et celle de John Ford (1894-1973), tous les deux réalisateurs. Plus loin, le capitaine Horowitz et son aide croisent Budd & Stuart Schulberg qui ont participé à rassembler les preuves contre les criminels de guerre en vue du procès de Nuremberg. S’il ne dispose pas de ces références, le lecteur les retrouve développées dans le dossier en fin d’ouvrage. Celui-ci, rédigé par Nicolas Férard (conseiller historique) aborde de nombreux aspects : Une école pour les reporters de guerre (formation et technologie), Reporters des premiers jours de la guerre jusqu’à la chute de Berlin, Reporters nazis ou simplement reporters ?, Pourquoi la 3e Kamera ?,Quand Autant en emporte le vent devient Das Leben geht weiter, Que deviennent ces reporters après la guerre ?, Le marché noir à Berlin, Budd et Stuart Schulberg deux frères associés au réalisateur John Ford pour le procès de Nuremberg, Qui est le fameux Walter Frentz ?, La mythique photo de Evgueni Khaldeï sur le Reichstag, le tout agrémenté de nombreuses photographies d’époque. Ce dossier s’avère aussi enrichissant qu’intéressant. Il vient apporter des informations complémentaires sur des faits et des pratiques évoqués dans l’intrigue, et indiquer ce qu’il en est de la réalité historique de la vie de Walter Frentz à cette époque. Il participe à adoucir la révélation finale sur les clichés contenus dans le troisième appareil photographie. Une couverture aussi mystérieuse qu’alléchante, indiquant la dynamique de l’intrigue sur le contenu de cette 3e Kamera. Une narration visuelle dynamique et intrigante immergeant le lecteur dans Berlin détruite, avec un excellent équilibre entre reconstitution historique, tension et suspense, zones d’ombre et réalité des conditions de vie. Une intrigue mettant habilement en scène les faits historiques pour y tisser une fiction plausible. Une solide reconstitution avec une mécanique narrative privilégiant la plausibilité à la dramatisation.

07/03/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 2/5
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Ouille ! Voilà une lecture bien douloureuse. J’ai beau chercher, je ne vois rien qui puisse sauver cette BD, sinon le carnet pédagogique final. Mais bon, j’aurais pu/du acheter directement un livre sur le sujet. Tiens ! C’est vrai ça, au fait ! Quel peut bien être le sujet de cette BD ? Je me pose la question, et me la suis posée tout au long de ma lecture, enfin jusqu’à ce que je finisse par couper court page 106, soit une trentaine de pages avant la fin. En effet, je n’en pouvais plus. Je ne comprenais rien de l’histoire, je peinais à trouver une direction, je mélangeais les personnages, je croisais des personnages fantasmés (le « werewolf » en chef, avec sa gueule de méchant ++), un dessin pas toujours finaud qui me faisait confondre certains personnages, un scénario décousu au possible… Bref ! Une bérézina ! J’ai eu le sentiment que les auteurs voulaient tout montrer et partaient dans toutes les directions. Je me suis ennuyé à cent sous de l’heure. Pour moi, rien n’est crédible, pas même cette mère rasée et cet enfant muet. Je n’y ai vu qu’une succession de clichés et c’est tout. Remarquez bien, pour une BD qui s’intitule la 3e Kamera et qui parle (je crois) de propagande photographique, aligner une succession de clichés est plutôt bien vu…

15/12/2024 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
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Découverte et achetée un peu par hasard en librairie, voilà un achat que je ne regrette pas ! J'ai d'abord été très séduit par le dessin de Rodier, que je trouve très élégant, bien tracé sans excès de réalisme. C'est tout à fait agréable à voir, et compense légèrement la dureté du sujet. Le sujet en question a le mérite d'être traité sous un angle original. Au lieu de nous immiscer dans une énième histoire de Shoah sans grande originalité, Cédric Apikian réussit à nous captiver pour un thème qu'on connaissait très peu. En cela, la mission est amplement réussie, et on ne décroche jamais de cette bande dessinée aussi belle que passionnante. Restent quelques défauts relativement mineurs, mais bien existants. Notamment, j'ai eu parfois beaucoup de mal à distinguer les personnages entre eux, ou à me souvenir qui était qui, la faute à une galerie de personnages "trop" vaste. L'autre défaut étant inhérent au genre du récit choral mis en oeuvre ici. Le scénario est conçu comme un fascinant puzzle, mais il m'est arrivé occasionnellement de m'y perdre un peu. Bien sûr, rien de catastrophique, mais cela a parfois légèrement affecté ma fluidité de lecture. Cela dit, si la fluidité en était parfois affectée, cela n'a jamais enlevé l'intérêt que j'ai porté à cette bande dessinée très intéressante qui a, en outre, le mérite de se clore sur un dossier historique franchement solide. Bref, une jolie découverte, qui suscite bien des émotions au fur et à mesure qu'on avance dans le récit.

03/12/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’histoire se déroule dans le Berlin des derniers instants du régime nazi, et des premiers mois de l’après-guerre, à l’heure de l’occupation de la ville en ruine par les Américains et les Russes, alors que tous cherchent des preuves pour alimenter les procès de Nuremberg. En particulier on recherche des anciens cadres nazis, mais aussi des photos prouvant les crimes. Les anciens photographes de la propagande nazie et leurs appareils (et ce qu’ils contiennent) deviennent ainsi l’enjeu d’une importante traque. Si l’intrigue s’inspire directement de faits et personnages historiques, elle est bâtie comme une sorte de polar/thriller, avec des officiers américains enquêtant, un ancien officier SS menant une guerre impitoyable, et l’ancien photographe d’Hitler tentant d’échapper à l’identification et l’arrestation. La narration est fluide, ça se laisse lire agréablement. Le dessin est classique, mais avare de détails. J’ai été un peu frustré par le fait que la 3ème Kamera elle-même (celle que les hommes de la propagande allemande amenaient clandestinement en sus des deux « officielles », l’utilisant pour des photos potentiellement plus intéressantes car non visées par leurs supérieurs et les SS) n’était là que comme un objet, le sujet lui-même étant un peu évacué (traité rapidement vers la fin). Par contre un important dossier final comble cette lacune. Il est très bien fait (documents photographiques, informations historiques). Au final, une lecture intéressante, sur un sujet périphérique – mais pas anodin – de la seconde guerre mondiale. Note réelle 3,5/5.

24/11/2024 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5
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Je n'avais pas participé, bien que l'ayant lu, à l'emballement médiatique autour de La Bombe, illustré par Denis Rodier. Pourtant, là j'ai cédé à l'achat de "la 3è Kaméra", dans sa version noir & blanc, qui a retenu toute mon attention. Nous avons ici un album qui retrace avec un certain réalisme, la situation de Berlin lors de sa chute en 1945. Tout y est, le trafic,le troc , les russes triomphateurs de la Chancellerie, les Américains à la recherche de nazis en fuite, les prémices du procès de Nuremberg, sur fond d'un désordre dans l'ex capitale du III Reich où russes, américains et allemands se disputent les décombres d'un Empire qui devait durer 1000 ans. Avec cette histoire de recherche d'appareil photographique , les auteurs nous offrent une histoire où l'histoire avec un grand H rejoint l'intrigue développée dans cet album; d'ailleurs le dossier présent en fin de l'album, vient corroborer ces dires. Le scénario est habile, et m'a fait parfois songer au film "Usual suspect", Les auteurs, en outre, jouent avec nos nerfs en mettant en scène de nombreux personnages, dont les destins vont parfois se rencontrer. Cet album est un puzzle savamment illustré par Rodier, dans cette édition noir et blanc , qui rend encore plus crédible l'atmosphère d'un Berlin dévasté de 1945. Entre reportage, fiction et Histoire, les auteurs nous entrainent dans un Berlin où insécurité et désordre , tel que l'on ressent dans le livre "Une femme à Berlin", règnent par exemple. En tout cas, cet album mérite toute votre attention, tant sur le plan scénaristique que graphique.

23/10/2024 (modifier)