Stacy

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Un livre acerbe, qui ose regarder en face les démons des réseaux sociaux et les ambiguïtés de notre société. Ce roman graphique alterne scènes dramatiques et hilarantes, avec un dessin d’une grande expressivité, au plus près des personnages. En une vingtaine d’années, Gipi s’est imposé comme un artiste de référence, en Italie comme en France. L’auteur de La Terre des fils, multiprimé, ou Notes pour une histoire de guerre continue d’innover à chaque nouveau livre.


Auteurs italiens Les Réseaux sociaux

Gianni est scénariste à succès. Sa carrière est à son apogée lorsqu’une interview, en apparence anodine, se transforme en bombe sur les réseaux sociaux. Collègues et amis prennent leurs distances, son public lui tourne le dos. Toute sa vie est remise en question. En inventant l’histoire de Stacy, enlevée, droguée, chargée dans une fourgonnette et emportée dans le sous-sol d’un vieux bâtiment abandonné, Gianni n’avait vraiment pas idée du déluge d’ennuis qui allait lui tomber dessus. Alors, peu à peu, pour y faire face, « l’ancien » Gianni cède la place à un alter-ego maléfique de moins en moins tolérant, deux facettes d’un même homme au bord du précipice.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Août 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Stacy © Futuropolis 2024
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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L'avatar du posteur Noirdésir

Outch ! Ça n’est clairement pas avec cet album que je conseillerais de commencer à découvrir l’œuvre de Gipi ! En effet, c’est un album très dense (le petit format accentue peut-être cette impression). La narration est touffue, parfois difficile à suivre, avec en sus des passages uniquement constitués de textes, des passages se présentant comme un script au brouillon, etc. Autre difficulté, j’ai à plusieurs reprises eu du mal à distinguer Gianni et le démon – deux facette d’un même personnage, et certains passages sont restés obscurs. Il y a pourtant un arrière-plan assez fort dans cette histoire, qui part d’une dénonciation de l’emballement médiatique après que l’un des personnages ait dans une interview raconté un rêve glauque. Ceux qui connaissent un peu Gipi savent sans doute que lui-même a été victime récemment de ce type de lynchage médiatique, parti d’une simple pointe ironique contre un message féministe je crois. Ça a sans aucun doute nourri la réflexion de l’auteur. Si la narration est parfois difficile à suivre – ce qui a sans doute joué sur mon ressenti global, j’ai une nouvelle fois aimé le dessin de Gipi. Dans son style reconnaissable, proche parfois du crayonné amélioré, avec un trait griffonné fin et rageur, il est à la fois simple et complexe. En tout cas efficace, exprimant beaucoup avec une économie de moyens. Mais bon, je suis sorti un peu déçu par l’aspect décousu et pas toujours très clair de cette histoire.

19/11/2024 (modifier)

Gipi Gipi deux fois oui... Fan absolu de cet auteur, je me suis jeté sur les deux dernières productions publiés en France en cette fin d'été 2024, Barbarone sorti "plus anonymement" chez les rêveurs et donc Stacy destiné potentiellement à un public plus large parue chez Futuropolis. Bon, allons-y gaiement et rentrons derechef dans le vif du sujet: STACY. Cette BD est très difficile à cerner et apprivoiser. La couverture est frappante dans ce sens car n'invite pas forcément à l'achat et à la lecture, une grosse prise de risque (probablement une balle dans le pied pour l'éditeur) mais prévient du contenu du livre. Il est sans concession. Il est complexe dans les ressentis qu'il procure. Il est vraiment sans concession. Un visage émacié recouvert par des lettres incandescentes, qui forment un mot, un prénom "STACY". Paraissant indélébile comme marqué aux fers rouges, le personnage, hanté ne pourra s'en défaire. On comprendra aisément la raison de cette couverture, le dérapage verbal au travers d'une banal interview pour une émission radio à l'auditoire restraint mais qui engendrera à l'heure des réseaux sociaux un lynchage sociétal dont on ne se remet pas. L'auteur l'a vécu, il sait ce que ça fait et à la lecture on comprends qu'il ne l'a pas digéré et qu'il ne le digérera probablement jamais. A la fois dure, caustique, cruelle, dérangeante, ironique, mordante, drôle, touchante, amère, acerbe. On ressort un peu déboussolé de la première lecture dont brille tout de même une certaine poésie dans le texte, poésie propre à l'auteur. On n'est pas non plus dépaysé par le dessin, c'est du Gipi et ça se reconnait. Mais, avec Stacy, qu'est-ce-que veut nous dire, transmettre l'auteur (ou son double)? Quel est son message? En fait, à tout bien réfléchir, je dirais RIEN, pas de leçons, de jugements ou de grand discours, juste un partage d'émotions (de la colère, beaucoup de colère), d'une experience et d'un constat. On en ressort pas indemne nous non plus et on s'interroge. La marque des grands livres. Oeuvre insaisissable, à la manière d'un Fight Club, l'épreuve du temps nous dira si ce Stacy rejoindra le pantheon des chef d'oeuvres de cet auteur: Notes pour une histoire de guerre, La Terre des fils et Moments extraordinaires sous faux applaudissements. Du très très bon GIPI mais pas son livre le plus abordable et que je recommanderai pour un néophyte. Pour ma part, un immanquable de 2024 de plus.

24/10/2024 (modifier)