Vu de dos
De nombreux lecteurs le guettent chaque semaine, et s'en réjouissent à l'avance comme on se réjouit d'un bon tour façon Robin des bois, d'une injustice réparée : depuis plus de trente ans, dans Le Canard enchaîné, le dessinateur Cardon exécute d'un trait les puissants et les faux-culs du jour, d'une manière qui n'appartient qu'à lui : il les dessine de dos.
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Leurs bobines, a-t-il décidé un jour, je les ai assez vues ! Du coup il se contente de leurs épaules, d'une nuque, d'un profil à peine esquissé mais qui suffisent largement, maîtrise du trait oblige, à les reconnaître. Et hop ! D'un coup de plume les voilà dégonflés comme baudruches, voilà mis à nu le ridicule de leurs postures et l'enflure de leurs mots. Cardon traite en effet ce retournement drolatique d'une façon très singulière, qui mêle poésie féroce, esthétique sans complaisance et brutalité intellectuelle. Sous sa plume défilent ici toute une ribambelle de jean-foutre, politiciens (Giscard, Mitterrand, Raffarin, Chirac, Sarkozy, etc), pédégés suffisants, ensoutanés, barbus islamistes, etc. Un album vengeur, inspiré, méchant.
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Date de parution | Novembre 2010 |
Statut histoire | Strips - gags 1 tome paru |
Les avis
On a là un recueil de dessins de presse relativement classique dans sa forme. Découpé en chapitres chronologiques (« les années Giscard », puis Mitterrand 1 et 2, puis Chirac, enfin Sarkozy – le recueil date de 2010), il donne à voir l’actualité de l’époque, vue par Cardon lorsqu’il officiait au Canard enchaîné. Cardon est un auteur que j’aime beaucoup (je m’étonne encore du peu d’avis sur ses livres enregistrés sur le site). Même s’il n’y a pas ici la force poétique de Cathédrale ou La Véridique Histoire des Compteurs à Air (tous deux d’une toute autre ambition), j’ai bien aimé la lecture de ce « Vu de dos ». Comme tous les recueils du genre, il pâtit du temps qui passe et de l’éloignement des faits et personnalités évoqués. Clairement certaines références (les diamants de Bocassa), certaines personnalités politiques (Edith Cresson) ne parleront qu’aux plus anciens ayant connu ces années 1970/1980. Mais je trouve que Cardon s’en sort ici mieux que d’autres. Justement grâce à cette poésie, que j’ai trouvée moins présente qu’ailleurs chez lui, mais qui est quand même présente dans plusieurs dessins, ce qui leur donne quelque chose d’intemporel. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Cardon est une personne – et un auteur – engagé. Plutôt très à gauche. On ne s’étonnera donc pas de la tonalité de ces dessins. En particulier lorsque la gauche mitterrandienne s’écarte de certaines promesses pour effectuer un virage libéral. Le trait de Cardon est agréable (inégal ici, il use moins de ses hachures habituelles). Et le ton est somme toute modéré. Il était plus caustique chez Pauvert ou Siné massacre que dans le Canard enchaîné. Mais ça reste quand même quelque chose d’incisif. Note réelle 3,5/5.
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