Somna

Will Eisner Award 2024 : Best New Series Un petit repos, un petit somme... Et le Diable te trouvera. Alors de ces mains oisives, bon usage il fera.
1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières Angleterre Auteurs britanniques DSTLRY Hard & Soft, d'un érotisme à l'autre La BD au féminin Sorcières Spiritualité et religion Will Eisner Awards
Un village anglais en pleine période de chasse aux sorcières au 17e siècle. Ingrid y est mariée à Roland, le chef des inquisiteurs. Il est entièrement dévoué à sa cause et délaisse sa femme, frustrée de ne pas voir ses simples besoins assouvis. Chaque nuit, elle retrouve une forme fantomatique qui l'entraine dans une spirale érotique où elle apprend à trouver le plaisir, en dépit de la honte qui l'assaille au réveil.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Traduction | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 13 Novembre 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Bon, de l'érotisme hétérosexuel, sur le papier ça ne devrait pas m'attirer. Pourtant l'album possède quand-même quelques atouts qui m'avait donné envie de le lire : une mise en avant du désir féminin, une narration jouant sur un flou entre rêve et réalité, une utilisation de la figure de la sorcière pour parler de l'ostracisation et de la diabolisation des femmes, et deux graphismes magnifiques s'alternant pour illustrer les changements de perception de la protagoniste Ouais, l'album a de bonnes qualités. Et, grande surprise, même si je lui trouve un petit défaut (parfaitement personnel et sur lequel je reviendrai après), j'ai trouvé l'album très bon. Ce petit défaut n'est pas vraiment l'érotisme hétérosexuel, bien que la figure fantasmée masculine ne me fasse pas vibrer le cœur (ni frémir le pantalon d'ailleurs) je trouve tout de même les sujets du désir féminin, des désirs refoulés et des fantasmes assez joliment traités. En fait, le seul défaut que je trouve à cet album est qu'il m'apparaît dommage de ne pas avoir profité davantage du sujet de la figure de la sorcière. Oui, je suis sans doute un peu vache dans cet avis, le sujet reste central à l'album, mais la figure de la sorcière, ses symboliques et ses réappropriations me tiennent énormément à cœur. Ici, cette figure est bien utilisée pour illustrer la peur de l'inconnu, la personnification de ce que nous jugeons de mal dans une société, un outil de contrôle pour éliminer les gens que nous n'apprécions pas. C'est juste que je n'aurais pas boudé voir tout cela un peu plus... un peu plus présent, un peu plus développé. Tout cela fait trop sage, trop convenu. Oui, ce n'est sans doute pas très clair, mais j'ai tout de même un petit sentiment d'occasion manquée à la fin de cet album. Après, quand je dis défaut, je le trouve moi-même minime. Honnêtement, l'album reste bon, ne serait-ce que pour les très beaux graphismes et le jeu très intéressant sur leur alternance de plus en plus chaotique pour illustrer le sentiment de perdition de la protagoniste. Je déplore simplement le fait que l'album aurait pu davantage étoffer son propos sur la figure de la sorcière. (Note réelle 3,5)


Nous sommes en Angleterre au XVIIeme siècle (même si rien ne précise le lieu, et si les noms des personnages sont plutôt "nordiques "). Une atmosphère puritaine étouffante. L'arrière-plan est très classique, et l'intrigue très - trop - linéaire. Elle manque aussi de densité, et avec quelque chose de plus étoffé, avec des intrigues parallèles et des personnages secondaires plus développés, j'aurais volontiers arrondi au niveau supérieur. Mais ça reste quand même une histoire plaisante à lire. Qui montre bien la peur des femmes, l'instrumentation du diable et de l'idée de sorcellerie pour les dominer et accessoirement cadenasser une société en pleine effervescence. Ainsi l'héroïne, délaissée par son mari (inquisiteur obnubilé par sa chasse aux sorcières - avec des méthodes discutables !), est assaillie de rêves érotiques, qui vont la mener à sa perte. La narration est fluide. Mais c'est l'aspect graphique qui est le plus original et le plus réussi. Chacune des deux autrices se charge, avec son style propre, d'une partie du récit. Un style comics classique (et réussi) avec un trait gras pour tout ce qui est de la vie "ordinaire ", et un style hyper réaliste au rendu proche de la photo pour les parties rêvées (ou sensualité et érotisme s'invitent avec le "malin"). J'ai bien aimé ce double travail graphique. Note réelle 3,5/5.


Voilà un album primé cette année aux Eisner Awards (catégorie "Best new serie", étrange pour un oneshot...) qui me donnait bien envie. "Somna" nous propose une petit détour par l'Amérique puritaine du 17e siècle où la chasse aux sorcières était un sport national. Pas de chance pour Ingrid, la femme du bailli (l'inquisiteur local pourrait-on dire), car le peu d’égard de son mari à son encontre couplé à ses absences, la plonge dans des rêveries sulfureuses. En effet, Morphée a la fâcheuse tendance a venir accompagné... Une sorte de démon/entité tentatrice lui apparait l'enjoignant à laisser cours à ses désirs et plaisirs personnels. Ajoutez à cela un meurtre au sein de leur petite communauté de villageois et vous avez là une parfaite petite marmite prête à entrer en ébullition... C'est plutôt bien mené, avec cette particularité que nos deux autrices sont aussi bien partie prenante au scénario qu'au dessin. Chacune conserve son style graphique propre, alternant avec justesse entre les délires oniriques et sulfureux d'Ingrid et son quotidien. C'est aussi surprenant qu'efficace, et moi qui ne suis pas spécialement fan de ce genre de procédé, j'avoue que ça fonctionne ici très bien. Pour autant, malgré cette double intrigue, point de surprise au final, même si l'histoire est cohérente et met en lumière cette tragique période pour les femmes qui ne rentraient pas dans le moule. (3.5/5)


Cet album est signée de 2 autrices et elles ont été récompensées par un Eisner Award pour leur travail. Il faut noter qu'elles co signent toutes les deux le scénario ET le dessin. Il y a des séries de planches aux traits réalistes, dessinées par l'une, tandis que l'autre a réalisé le reste des planches, celles aux allures fantastiques qui correspondent aux passages rêvés par l'héroïne. Car il sera ici beaucoup question de rêves. Ingrid, délaissée par son bailli de mari trop occupé par son travail, se laisse aller à s'acoquiner avec un être fantastique dans ses rêves. Une sorte de démon qui ne cesse de la tenter, et qui la pousse régulièrement au péché de chair, dans ses songes tout du moins. Sur fond de chasse aux sorcières, nous avons un récit fantastique aux allants érotiques qui propose des planches sensuelles, évitant d'être racolleuses ou vulgaires. Coté scénario, la condition des femmes de l'époque est gentiment dénoncée, sans que ce soit le propos d'un récit engagé et féministe. Il y a également une intrigue autour d'autres habitants du village qui implique une relation extra conjugale et des assassinats. Cela apporte une profondeur somme toute assez relative à l'histoire. Celle-ci est assez linéaire, et réserve peu de surprise au final. Même si l'histoire n'est pas marquante, le tout n'est pas désagréable à lire, enfin surtout à regarder, puisque les dessins font la part belle aux nuits endiablées de notre héroïne.


Du fantastique, mais en mode thriller-érotique. Je découvre les deux autrices avec ce comics, et par la même occasion une nouvelle maison d'édition étasunienne : DSTLRY, depuis mai 2023. L'Angleterre au XVIIe siècle, la chasse aux sorcières fait rage, le mari d'Ingrid est le bailli, celui qui rend le jugement, avec des méthodes discutables, lors des procès. Celui-ci, trop occupé à chasser le diable, délaisse Ingrid. Elle fait des rêves où elle retrouve une forme humaine qui veut assouvir ses besoins sexuels. Une dark romance où les plaisirs de la chair peuvent amener au bûcher. On devine rapidement que la fin est inéluctable dans cette société puritaine. Surtout qu'être une femme n'est pas atout à cette période, en cas d'adultère, c'est celle-ci qu'on accuse d'être possédée par le démon, pas l'homme. Un récit bien construit qui prend le temps de s'attarder sur les émotions d'Ingrid, sur sa relation avec le démon, mais aussi sur l'enquête du meurtre commis dans le village. Un récit dur, sensuel et charnel qui dénonce la condition féminine sous l'inquisition. Il m'a quand même manqué de l'intensité dramatique pour être complètement comblé. Becky Cloonan et Tula Lotay se partagent les planches. La première s'occupe de la partie non fantastique dans un style très comics au trait gras, aux décors soignés et à une mise en page classique. La seconde s'occupe de la partie fantastique, lorsque le démon apparaît, dans un style que je définirais de gothique. Le trait tantôt flou, tantôt sensuel, le choix des couleurs (les contrastes sont saisissants) et la mise en scène audacieuse font que je suis subjugué par la qualité de sa composition. Une artiste que je vais suivre. Je conseille aux amateurs du genre. Pour public averti. Note réelle : 3,5.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site