Les Femmes ne meurent pas par hasard

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

« Je ne défends plus les hommes. Leur violence, je n’en peux plus. Mais je veux vous raconter les femmes, celles qui viennent me trouver dans mon cabinet, celles qui veulent échapper à leurs oppresseurs, celles qui demandent justice. Je plaide pour elles. »


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Dans Les femmes ne meurent pas par hasard, la journaliste Charlotte Rotman et l’illustratrice Lison Ferné abordent le sujet des violences faites aux femmes par l’angle judiciaire à travers la figure de l’avocate Anne Bouillon, qui s’est spécialisée dans ce type d’affaires. Le projet du roman graphique commence en 2020, Charlotte Rotman se met alors à amasser des calepins entiers de notes en suivant le quotidien de l’avocate. Avec l’autorisation des clientes, elle est restée plusieurs jours dans le bureau d’Anne Bouillon à les écouter. Elle a suivi des procès, que ce soit devant une cour d’assises ou bien au tribunal correctionnel de Nantes, l’un des premiers en France à avoir eu une audience spécialisée dans les affaires familiales. Comme l’indique la journaliste : « Dans la BD, toutes les phrases proviennent des plaidoiries et procès. » L’illustration tient également un rôle primordial, dans ce qu’elle symbolise et représente. Lison Ferné revient sur cet enjeu : « C’était très important de représenter les hommes auteurs de violences tels qu’ils sont, tous différents et pourtant « ordinaires ». Comme ce papy avec un visage avenant et une petite moustache, et qui a pourtant tué sa compagne et dissimulé son corps… C’est dans la façon de construire les scènes qu’on montre qu’il n’est pas excusé parce qu’il a l’air gentil. » (texte : Steinkis)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Octobre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Femmes ne meurent pas par hasard © Steinkis 2024
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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28/11/2024 | Spooky
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Par Spooky
Note: 4/5
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Les violences faites aux femmes sont un sujet essentiel dans notre société en mutation, et alors que de nombreuses évolutions politiques n'ont de cesse de mettre en péril leur sécurité (nouvelle élection de Donald Trump, montée de l'extrême droite, procès de Mazan...). Nous suivons ici le quotidien d'Anne Bouillon, une avocate basée à Nantes qui a décidé de concentrer son action de défense sur ce sujet, en accord avec ses convictions. on la suit donc dans les prétoires, dans son cabinet, lors de ses échanges avec les victimes, au cours de plaidoiries, d'échanges avec ses collègues... C'est très intéressant, cela aide bien à comprendre le mécanisme de la justice sur le sujet en France, qui se heurte encore à certains préjugés (voir ce petit passage où un de ses collègues estime que #MeToo est une occasion pour les femmes de se faire remarquer...). Sans en rajouter dans le militantisme (qu'elle revendique cependant), Anne Bouillon tente de faire son travail sereinement, en travaillant pour la liberté, la sécurité, la santé mentale des femmes victimes. Le chemin est long, entre le peu de plaintes enregistrées au regard du nombre réel d'agressions, et le nombre encore plus réduit d'affaires réellement instruites, jugées, et résolues. Anne Bouillon ne fait pas que défendre les femmes, elle les aide également, au travers de Citad'elles, une structure d'accueil et d'aide installée à Nantes, probablement unique en France, et dont le modèle mérite d'être décliné partout sur le territoire national. Charlotte Rotman est journaliste, et en tant que telle elle a suivi Maître Bouillon pendant trois ans, prenant des tonnes de notes afin de construire ce portrait e BD, en accord bien sûr avec son sujet. Si le résultat est intéressant, il aurait mérité un peu plus de pep's, d'avoir peut-être un volet plus important consacré au militantisme de Maître Bouillon. Mais en tant que tel, c'est déjà un album essentiel. La scénariste bénéficie des talents graphiques de Lison Ferné, dont c'est l'un des premiers albums. Elle réalise un travail intéressant sur les visages, ordinaires, des auteurs de violences, et reste sobre dans sa mise en scène. On sent qu'elle n'a pas encore atteint sa maturité graphique dans les autres compartiments du dessin, mais sa complémentarité avec Juliette Vaast aux couleurs est évidente.

28/11/2024 (modifier)