Corto Maltese (Diaz Canalès & Pellejero)

Le célèbre marin maltais adapté par Diaz Canalès et Pellejero.
Auteurs espagnols Auteurs italiens Pratt Reboots / Reprises
Aventurier charmeur et ironique, Corto Maltese - amoureux de la liberté et des femmes- traverse le monde, toujours en quête d'un trésor caché, d'un ami à sauver… ou d'une cause perdue à défendre.
Scénario | |
Oeuvre originale | |
Dessin | |
Couleurs | |
Traduction | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 30 Septembre 2015 |
Statut histoire |
Série en cours
5 tomes parus
Dernière parution :
Moins d'un an
|
Les avis


Il m'a été très difficile de me lancer enfin dans ces albums de Díaz Canalès et Pellejero. Car Corto Maltese est pour moi un monument de la BD mais surtout une œuvre très personnelle de Hugo Pratt, et la voir ainsi reprise tant d'années après sa mort me hérissait tant le poil qu'après avoir vaguement feuilleté le premier album au moment de sa sortie, j'ai mis près de 10 ans à enfin lire l'ensemble. Et malgré toutes mes réticences, tous mes a priori négatifs et mon envie de les détester, je dois admettre que c'est une très bonne reprise. Oh, ce n'est pas parfait, il n'y a plus exactement le même esprit indéfinissable de Pratt, et scénarios et dessins ont ce petit quelque chose d'un peu raide, de dirigé, de fabriqué pour coller au moule de l'œuvre originale. Mais en même temps le travail est de si bonne qualité qu'on peut facilement passer outre et se laisser porter comme s'il s'agissait vraiment de nouvelles œuvres de l'auteur, de nouvelles aventures d'un personnage qu'on aime. Le dessin de Ruben Pellejero est impeccable. Il se fond parfaitement dans le style de Pratt de la majorité de la série. Il n'a pas le côté lâché du trait de ses derniers albums, il est plus net et précis, et cela le rend aussi plus lisible. Il est dans la veine du dessin de mes albums préférés de la série originelle. Il lui manque un je ne sais quoi de cette liberté que Pratt s'autorisait ici et là, mais cela me va très bien comme ça. Tous les albums ne m'ont pas autant plu, mais c'était déjà le cas pour la série de Pratt. Le premier, Sous le soleil de Minuit, mêle les esprit de Pratt et de Jack London pour une aventure dans le Grand Nord. J'ai aimé le voyage et les thématiques originales qu'il aborde, j'ai aimé la densité et le sens de l'aventure de son récit. J'ai moins aimé la profusion de personnages qu'on finit par confondre et ne plus suivre. Le second, Equatoria, nous ramène dans l'esprit des chasses au trésor sous les Tropiques (l'Equateur ici pour être précis) rappelant l'esprit des albums Sous le signe du Capricorne et Corto Toujours un peu plus loin. Ca tombe bien, ils font partie de mes préférés et là encore j'ai pris plaisir à cette invitation au voyage et à l'aventure, même si je commençais à me dire que les auteurs aimaient décidément beaucoup emmener leur personnage dans beaucoup d'endroits successifs. Le troisième, Le Jour de Tarowean, est osé puisqu'il s'agit ni plus ni moins que du prequel à la Ballade de la Mer Salée, le pur récit d'aventure dans les mers du Sud qui a créé le personnage de Corto. C'est un récit bien mené, respectueux des personnages et qui fait bien le raccord avec le premier tome de Corto. Encore une fois, j'ai bien aimé. Le quatrième album, Nocturnes berlinois m'a moins plu, de la même manière que les albums Helvétiques ou Tango m'avaient moins plu. On y est dans une ambiance plus réaliste, plus moderne et plus proche de l'historique et même du politique. Je m'y suis un peu ennuyé car je n'aime pas ces thématiques. Et retour à l'aventure exotique avec le cinquième album, La Ligne de vie, qui encore une fois m'a bien plu même si là encore on sent un côté un peu forcé des auteurs dans leur manière de ramener des personnages du passé (Bouche dorée, Raspoutine encore, et là en particulier Banshee de l'album Fables Celtiques), pour bien rappeler que leurs aventures s'inscrivent dans la continuité de celles de Pratt. Donc tout n'est pas parfait, c'est parfois un peu guindé, un peu forcé ou bien confus, et j'aurais pu rester dans mon refus de les lire par respect pour Hugo Pratt et son œuvre si personnelle, mais la reprise est objectivement très réussie et fidèle à l'esprit de son auteur, tant dans le dessin que dans la forme des intrigues et dans l'esprit des personnages et de la narration.


Quand j'ai avisé le Corto de Pratt, j'ai découvert avec surprise que les cinq opus de Diaz Canalès et Pellejero n'étaient pas enregistrés sur le site. Pourtant Casterman leur attribue les numéros 13 à 17 dans la liste principale des aventures du marin. La série Vivès/Quenehen étant à part. C'est avec joie que je comble ce manque car j'ai beaucoup apprécié les propositions des deux auteurs espagnols. Tout en respectant à la lettre le cahier des charges du personnage Corto, Diaz Canalès propose des scénarii originaux très bien construits qui nous renvoient dans l'espace et le temps du marin pirate. On retrouve cette ambiance des années 1910/1920 ( 1924 pour Berlin) où Diaz Canales pioche dans cette fin d'aristocratie, ce chaos issu de la Grande Guerre, cette aversion du colonialisme ou ce regard tendre pour les causes perdues des minorités opprimées quelles soient Irlandaises ou Dayak, Juives ou Mexicaines. Mais Corto ne serait pas lui-même sans ses rencontres avec ces princesses des cinq continents fières et libres, ni cette poésie qui sourde de son voisinage avec Jack London, Henri de Monfreid ou de Constantin Cavafis. J'ai même trouvé le Corto de Diaz plus lisible que celui de Pratt dans ses réparties philosophico ironiques qui clouent ses adversaires dans leur médiocrité vénale. Seul Ras tire son épingle du jeu dans cet affrontement de bretteurs. En effet Diaz Cavales ressuscite tous les Anciens de Raspoutine à Bouche Dorée dans un maelström mystique et ésotérique qui rappelle que tout n'est pas que rationalité dans l'univers de Corto. Pellejero s'en tire admirablement bien. Il reste dans l'ambiance insufflée par Pratt tout en gardant sa patte. La ligne est plus claire mais ici aussi gagne en lisibilité. La gestuelle minimaliste avec cette succession de cases de profils qui ne changent que d'un micro détail nous fait prendre conscience du temps Maltésien dans ces silences du possible ou pas. Les extérieurs sont presque effacés mais toujours très travaillés et nous rappelle que Corto est partout à sa place et surtout dans les endroits les plus improbables. Une belle mise en couleur moderne avec de nombreux contrastes complète le plaisir de la lecture. Je suis un fan du personnage et je me suis régalé à cette suite proposée par les deux auteurs. Du très beau travail.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site