Zone critique

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Initié avant son décès avec Bruno Latour, sociologue, anthropologue et philosophe des sciences, Zone critique, de Philippe Squarzoni, illustre brillamment sa pensée exigeante, malicieuse, toujours curieuse de l'autre.


BDs philosophiques Documentaires Environnement et écologie Politique

Quelle est l’ampleur de la catastrophe provoquée par le Nouveau Régime Climatique ? Dans Où atterrir ? puis Où suis-je ?, Bruno Latour a dessiné les contours d'un nouveau positionnement politique qui soit à la hauteur de ces enjeux. Initiée avant sa disparition le 9 octobre 2022, cette adaptation graphique, qu’il qualifiait d’« œuvre sur une œuvre », fait dialoguer ces deux textes complémentaires.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Octobre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Zone critique © Delcourt 2024
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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30/12/2024 | Blue boy
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Par Solo
Note: 2/5
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Pas mis les pieds dans une librairie depuis un bout de temps, Squarzoni hop hop hop, Latour cékilui konépa. Coup de l’ours, j’achète! Mais j’ai les poils qui s’hérissent un peu après lecture. C’est marrant les individus philosophes et chercheurs, à jouer sans cesse sur une combinaison nouvelle de termes pour amener leur théorie sur la table. Les mots justes pour une pensée vaste. Et dans tout ce concours de terminologie ça prend ou ça prend pas. Tout dépend de la qualité du cheminement de pensée et de notre point de vue au moment de la lecture. Et ici je trouve que le raisonnement n’est ni attractif, ni factuel, ni logiquement amené. C'est laissé abscons. Quitte à dire mon avis, je vais jusqu’au bout. Pas une fois le terme de « capitalisme » n’est abordé. Pourtant c’est parmi les mots les plus justes, les plus parlants, les plus importants, quand le sujet tourne autour de la catastrophe climatique. Mais non, on n’a qu’à dire « mondialisation » ici. Pourquoi Latour ne dit pas le mot « capitalisme » ? Le but du bouquin est quand même bien de nommer ce qu’il faut changer ? Le texte n’est absolument pas accessible à tous alors que la pensée qui s’en dégage se veut d’envergure mondiale et universelle. Quel public ce bouquin vise-t-il ? Un bouquin qui parle de révolution populaire sans aucune portée, ça sonne verbeux. La mise en scène du confinement aussi me laisse perplexe, événement présenté comme le paroxysme de la crise et un éventuel point de départ de notre éveil. Peut être que c’est un puits de réflexions pour les « intellectuels » ou « artistes », dont le boulot à plein temps nécessite prise de recul. Mais dans l’absolu je ne vois pas la pandémie comme un déclic, une période charnière de l’humanité. Donc l’introduction m’a refroidi un peu. Le graphisme est bon pour dégager un truc éco-anxieux dans une ambiance thriller apocalyptique. Et pour le coup les illustrations apportent du concret, elles sont d’un grand secours au texte qui lui part à la dérive.

14/03/2025 (modifier)
Par Blue boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Un gros coup de cœur pour finir l'année, même si j'ai bien conscience qu'il ne saura rallier tous les suffrages ! Visuellement remarquable, la BD se distingue par son réalisme photographique enrichi de couleurs, une nouveauté pour Squarzoni. Ce style immersif s’allie à une iconographie variée (photos d'actualité, graphiques, gravures historiques…) venant renforcer le propos. Latour, convaincu que l’art peut traduire des concepts complexes, avait personnellement choisi Squarzoni, séduit par son travail sur Saison brune. Après la mort de Latour, Squarzoni a poursuivi ce projet, qui est devenu un hommage vibrant au philosophe. L’ouvrage interroge notre époque à travers deux questions fondamentales traitées dans les ouvrages de Latour : "Où suis-je ?", "Où atterrir ?"*. Ces interrogations reflètent le désarroi d’une humanité en perte de repères face aux crises environnementales, aux populismes et à la montée des inégalités. La pandémie de Covid a accentué ce sentiment d’incertitude, révélant un troisième pôle, le « Terrestre », qui transcende l’opposition entre le local et le global. Ce concept invite à une interaction renouvelée avec la planète, impliquant de « l’habiter » différemment, à la manière des termites qui se fondent dans leur environnement de bâtisseurs. Cependant, l’humanité semble hésiter entre adaptation et fuite. Les plus riches se réfugient dans des bunkers sécurisés, désormais conscients sans pour autant se l'avouer que les ressources sont limitées, tandis que les « laissés-pour-compte », submergés par la peur de l’étranger, se tournent vers des leaders populistes. Ces derniers promettent des solutions simplistes face aux crises migratoires et climatiques, alimentant un climat de division et d’incertitude. Cette dynamique contribue à l’émergence d’un quatrième pôle, le « hors-sol », incarné par des politiques déconnectées de la réalité terrestre. "Zone critique" pointe également du doigt les échecs du système matérialiste moderne. Ce dernier, en se revendiquant rationnel et efficace, a ignoré les limites environnementales et sociales, compromettant la capacité des générations futures à habiter un monde viable. L’ouvrage dénonce cette fuite en avant et invite à repenser nos priorités collectives, non pas en rêvant d’un retour à un passé idéalisé, mais en imaginant des solutions adaptées aux défis actuels. Loin d’offrir des réponses toutes faites, Latour propose des pistes de réflexion pour réorienter nos sociétés. Les « pistes d’atterrissage » évoquées dans l’ouvrage ne sont pas des solutions miracles, mais des invitations à repenser nos interactions avec le vivant et à reconstruire un « territoire » non pas géographique, mais basé sur les relations entre ceux qui le composent. Cette approche, née des réflexions durant le confinement, souligne la nécessité de s’adapter à une ère d’incertitudes, où les frontières classiques ne suffisent plus à contenir les crises. En combinant réflexions philosophiques, illustrations immersives et analyses politiques, "Zone critique" s’adresse à un public en quête de sens. Ceux qui refusent de céder au fatalisme y trouveront des outils pour envisager de nouvelles façons de vivre sur une planète en mutation rapide. Ce projet, devenu un hommage posthume à Latour, traduit avec clarté et profondeur des idées complexes, tout en invitant chacun à s’engager pour bâtir un avenir commun. -------------------- *« Où suis-je ? : Leçons du confinement à l'usage des terrestres » et « Où atterrir ? : Comment s'orienter en politique » (La Découverte).

30/12/2024 (modifier)