Deux amis sur mes épaules

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Un récit plein de douceur qui puise dans l’enfance le remède pour tenter de soulager les maux adultes.


Animalier Douleurs intimes

Et si nos angoisses se personnifiaient et parlaient ? C’est ce qui arrive à Toki, dont le traumatisme vécu dans l’enfance l’accompagne au quotidien sous la forme d’une panthère noire, juchée sur ses épaules, parlant en permanence et isolant la jeune fille. Devenue adulte, Toki tente de soigner petit à petit ses blessures en apprenant à prendre soin, d’abord d’un cactus, puis d’un oiseau et comprend alors que détester ou nier ses souffrances ne suffit pas. Il faut parvenir à les accepter, pour les dépasser.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Septembre 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Deux amis sur mes épaules © Seuil 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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31/12/2024 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Avant d’entamer la lecture de « Deux amis sur mes épaules », on n’est pas trop sûr de ce à quoi on a affaire. Il s’agit d’un objet assez indécis, entre la bande dessinée et le livre illustré pour enfants, plus sûrement une fable pour « young adults » et grands adolescents, capables d’appréhender le traumatisme que peut représenter l’abandon d’une mère. L’illustratrice sud-coréenne Lee Suyeon, dont c’est le premier ouvrage en tant que bédéiste, nous offre un récit plein de douceur qui puise dans l’enfance le remède pour tenter de soulager les maux adultes. Il y a beaucoup de poésie dans « Deux amis sur mes épaules », avec cette jolie trouvaille de mettre en confrontation passé et présent, par le biais de deux personnages imaginaires. Le premier d’entre eux, la panthère noire, symbolise le poids obsédant d’une enfance blessée, et le second, la perruche exotique, représente l’ouverture et la voie vers la guérison. On ne sait vraiment s’il s’agit d’une autofiction, mais on peut imaginer le fardeau douloureux que représente la « fuite » d’une mère, une souffrance qui isole et que les rares proches, même bienveillants – ici en l’occurrence l’amie d’enfance Ourselette et le jeune mari Loutrot — ne suffisent pas forcément à consoler, comme l’autrice en fait la démonstration. Le livre, qui fait près de 200 pages, n’est pas exempt de quelques longueurs mais c’est sans doute le format qu’il fallait à l’autrice pour exposer avec subtilité la douleur d’une telle absence et évoquer l’espoir qui renaît progressivement, notamment avec l’oiseau exotique qui fait son apparition en seconde partie. Graphiquement parlant, on est plus dans le registre de l’illustration que de la bande dessinée, avec les textes et les dialogues en surimpression sur les images. Le trait est fragile et enfantin, mais le jeu des couleurs, très agréable, compense habilement ces maladresses, et certaines planches pleine page sont très réussies. Reflétant les états d’âmes de la jeune Toki, elles sont un peu sombres et grisâtres au début pour évoluer vers des tonalités plus chatoyantes ensuite. « Deux amis sur mes épaules » nous réserve une fin touchante et inattendue, assortie d’une suggestion salutaire pour tous ceux qui, à l’évidence comme ce fut le cas avec elle, « rencontrent la panthère chaque fois qu’ils ferment les yeux et rêvent ». Et son propos pourrait bien concerner les victimes de traumatismes d’une manière générale, des traumatismes avec lesquels il faut bien continuer à vivre.

31/12/2024 (modifier)