Clémence en colère

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Avant même de voir Clémence, on l’entend crier : elle est en train de faire fuir un « vieux mec » qui draguait des adolescentes tranquillement attablées à une terrasse. Elle apparaît immédiatement comme une héroïne flamboyante avec ses cheveux roux et son t-shirt rouge sang. Mais elle confie à une amie que sa colère la « dévore ». Elle ne sait même plus si elle existe en dehors de cette émotion débordante.


Féminisme Gays et lesbiennes La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Québec Violences faites aux femmes

Au fil du récit, on suit Clémence au sein d’un groupe de parole pour victimes d’agressions sexuelles, dans ses premiers dates avec Imane, jeune danseuse qui va lui montrer comment se réapproprier son corps à travers la danse, et dans ses longues discussions captivantes et fertiles avec ses amies. Avec les femmes qui l’entourent, Clémence réfléchit à ce que l’on peut faire de nos colères. Les abandonner ? Rester passives, comme les hommes nous ont si souvent forcées à le faire ? Brûler de nos rages, quitte à se consumer ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Mai 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Clémence en colère © La ville qui brûle 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

16/02/2025 | Ro
Modifier


Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Clémence est lesbienne et souffre du traumatisme causé par une agression sexuelle passée. Face à ses amies, elle présente l'image d'une femme forte et toujours en colère, prête à défendre bec et ongles les faibles contre les oppresseurs. Mais en réalité, elle est perdue et en pleine dépression, ne sachant plus quel sens donner à sa vie dans un monde qu'elle estime injuste et truqué par le patriarcat. Elle va alors entamer une thérapie au sein d'un groupe de parole pour victimes d’agressions sexuelles dans lequel les victimes témoignent de leurs traumatismes et se soutiennent mutuellement. Et en parallèle elle va rencontrer une femme qu'elle va aimer profondément. C'est une BD très crue et réaliste sur un sujet dur : le viol, ses conséquences, et tout ce que cela révèle sur la société patriarcale. L'héroïne est lesbienne et tout son entourage l'est également, hormis les autres membres du groupe de parole qui ne le sont pas forcément. Mais en tout cas, il n'y a quasiment aucun homme dans cet ouvrage, hormis des personnages méprisables ou juste médiocres. C'est un constat qui ne vient qu'après coup car la lecture se fait naturellement et on ne s'étonne pas trop de ne naviguer qu'au sein d'un univers purement féminin. Toutefois, l'entame n'est pas évidente car les protagonistes sont québécoises et les premières pages les voient parler dans un argot prononcé, empreint de nombres d'anglicismes et de phrases qu'on croirait issues d'un chat internet. Je cite une bulle de dialogue de l'héroïne par exemple : "Esti... ce vieux dude ! Need : le tuer !". Entre ça et un discours très militant et assez woke dans ces premières pages, ce n'est pas facile à accrocher. D'ailleurs, jusqu'à la dernière page, j'ai grincé des dents en voyant désigner "les vieux mecs" comme la source de la connerie et du mal sur Terre. Vu l'âge de l'héroïne et de l'autrice, je suis sans équivoque un "vieux mec" pour elles et cet amalgame m'exaspère. Le dessin lui aussi n'est pas facile à aborder. Autant les visages sont expressifs et la mise en scène est bonne, autant il y a des vraies carences techniques ici et là, comme par exemple ces mains dessinées comme des raquettes de ping pong, avec des traits à l'intérieur délimitant les doigts. Il faut savoir passer outre pour se focaliser sur le récit. Et justement, quand Clémence commence à montrer les failles derrière sa colère, elle se révèle plus attachante et on commence à mieux la comprendre... Et les dialogues suivront étrangement le même chemin, devenant écrits dans un français plus classique et moins teinté d'argot, comme gagnant en maturité. Si le début de sa thérapie de groupe est un peu plombant tant on la voit en pleine dépression, on apprécie de constater les progrès qu'elle fait peu à peu, comment elle remonte la pente, en partie aussi grâce à son nouvel amour qui est très proche d'elle, compréhensive et motivante. Tout se fait avec un grand naturel, une vraie justesse, et on ressort optimiste de la fin de sa thérapie et de la fin de l'album lui-même. Il y a de l'espoir, et le bonheur peut être retrouvé.

16/02/2025 (modifier)