Hamlet (les classiques en manga)

Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)

Adaptation en manga de la célèbre pièce de Shakespeare.


Adaptations de pièces de théâtre Croquemorts et fossoyeurs Fantômes Les petits éditeurs indépendants Pays scandinaves Shakespeare

Peu de temps après le mystérieux décès du roi, son frère Claudius se marie hâtivement avec la reine Gertrude. Le fils du défunt, le prince Hamlet, est dévasté par ces dernières nouvelles. à la nuit tombée, le fantôme du roi disparu hante les remparts du château d’Elseneur et apparaît aux yeux du prince. Le spectre lui annonce alors une terrible vérité : il a été assassiné, empoisonné par son propre frère, afin de lui voler sa place sur le trône. Dès lors, Hamlet est emporté par une irréversible soif de vengeance et ne vit plus que pour rendre justice à son père en simulant la folie, peu importe si d’autres doivent y laisser leur vie.

Oeuvre originale
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Février 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Hamlet (les classiques en manga) © Nobi nobi ! 2020
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)
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08/03/2025 | Deretaline
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L'avatar du posteur Deretaline

Bon, la collection des classiques en manga des éditions Nobi nobi ne m'a jamais attirée. Mais là, il s'agit d'Hamlet, la figure de proue du genre théâtral à l'international, sans doute l'une des pièces les plus citées, parodiées et référencées de l'histoire, alors en tant que bonne amatrice de théâtre et ayant joué plusieurs scènes d'Hamlet dans ma vie, j'ai décidé de tenter cette adaptation. Pour les personnes ne connaissant pas l'histoire d'origine, nous suivons Hamlet (ou "Jambon laissé" pour les puristes francophones), fils de l'ancien roi du Danemark et neveu de l'actuel, qui reçoit un beau jour la visite de son fantôme de paternel lui annonçant que sa mort n'était pas accidentelle : son propre frère l'a empoisonné. La pièce est donc la quête de vengeance d'Hamlet qui feindra la folie pour mieux observer et confondre son oncle. Hamlet n'est pas vraiment ma pièce préférée de Shakespeare (dans le genre "tragédie, folie et jeux de pouvoirs" je lui préfère "Le Roi Lear") et est loin d'être l'une de mes pièces du cœur en général. Je lui porte tout de même une petite affection, ne serait-ce que pour l'avoir énormément étudiée et l'avoir jouée quelque fois (jamais en entier, je tiens à ma vie). L'histoire est intéressante, de nombreuses scènes sont prenantes, mais le texte lourd et le rythme lent m'ont toujours refroidis dans mon appréciation de la pièce. Ici, on prend les mêmes défauts et on en rajoute deux/trois autres pour la forme. Déjà, ce qui frappe : le look manga. Oui, je sais, choquant pour une adaptation s'inscrivant dans une collection intitulée "les classiques en manga". Ce que je veux dire en désignant le style manga comme un défaut, c'est qu'à plusieurs reprise les clichés graphiques du genre m'ont semblés parasiter l'illustration du récit. La quasi-totalité des personnages ont une apparence trop juvénile (la reine qui a l'air d'avoir dans la vingtaine, soit l'âge de son propre fils, je trouve ça bizarre), les expressions des corps et des visages sont trop rigides, les traits sont trop fins, et, comble du malheur, Ophélia a une apparence de protagoniste de Shojo romantique. Alors, je sais que quelques adaptations ont tendance à effacer ce personnage davantage encore que dans l'œuvre de base, mais Ophélia mérite mieux. Là où l'on est censé voir et plaindre cette pauvre jeune fille progressivement perdre la raison de par les manigances de son père et la cruelle froideur de son promis, nous voyons à la place une jeune fille timide ne sachant que faire de tout ce qu'il se passe autour d'elle et puis perdant soudainement, comme ça, sans raison ou amorce, l'esprit au détour d'une scène. Bon, techniquement Ophélia est justement supposée être une fleur bleue, trop pure et innocente pour la cruauté de ce qui se joue face à elle, le dommage collatéral par excellence de cette vengeance, mais elle mérite justement d'être davantage étoffée, rendue plus vivante avant sa tragique chute, pas plus effacée. La folie de ce personnage est fascinante, comme souvent dans les pièces de Shakespeare, les fous et les folles se montrent en réalité plus censé-e-s dans leur paroles que les "sain-e-s d'esprit", et là où sa fameuse scène finale avec ses chants et ses fleurs auraient dû être un beau et terrifiant passage de cette adaptation, on n'en garde que l'impression d'un craquage nerveux (la représentation du personnage lors de cette scène m'a bien plu, mais je maintiens que l'absence d'amorce dans la mise en scène a grandement amoindri l'impact selon moi). Après, je reconnais que certaines scènes d'action comme le combat final gagnent en dynamisme avec ce style mangaesque. Mais bon, le dessin ici présent n'est vraiment pas ma tasse de thé alors ce petit aspect positif pèse bien peu dans mon ressenti. Ensuite, deuxième défaut : c'est long. Hamlet a toujours été une pièce très longue (5h en moyenne pour la jouer de bout en bout) et redoutablement verbeuse. Le texte est beau mais le verbe et lourd, beaucoup de moments longs, qui noient malgré eux les moments de génie de cette tragédie. C'est justement ce qui a toujours un peu freiné mon appréciation pour la pièce malgré mon attache à son histoire. Mais ici, alors que l'on pourrait penser qu'une mise en scène plus vive avec le medium de la bande-dessinée aurait pu donner un vent de fraîcheur à tout cela, je réalise en fait que ce texte a bel et bien besoin de respirer, d'être incarné. Là, les tirades, les soliloques et autres monologues m'ont semblé-e-s bien long-ue-s, les phylactères bien trop fournis. Alors j'applaudis la volonté de reprendre le texte d'origine (j'ai même pu réaliser que bons nombres de répliques m'étaient restées en tête mot pour mot depuis toutes ces années), mais je trouve la forme indigeste. Sans les respiration et les variations de rythme que donneraient des acteur-ice-s, les phrases me semblent étouffantes, alors quand on ajoute à ça le fait que, désirant reprendre scène par scène la pièce, l'adaptation ne se permet pas l'ajout de courts instants de respirations, de silences ou même de contemplation (alors que tout cela aurait été bienvenu et dans le ton de la pièce), le tout devient vraiment indigeste. Bon, allons tout de suite au but, je n'ai pas aimé cette adaptation. Je lui reconnais d'avoir bien illustré certains passages qui auraient pu être difficilement compréhensibles pour de non-initié-e-s au phrasé de jadis (bim, j'me la raconte, kestuvafer), j'apprécie que la mise en scène n'ait pas oublié de souligner les jeux de mots graveleux si chers à Shakespeare (tout poète qu'il était, il aimait l'humour grivois autant que l'humour fin) et je ne peux encore une fois qu'encourager la démarche de vouloir rendre accessible des classiques littéraires dont la forme marquée par le temps empêche souvent de nouvelles générations de s'y intéresser, mais là c'est un échec. A part des gens qui, comme moi, connaissent déjà l'œuvre, qui donc tenteraient la lecture jusqu'au bout sans se risquer un seul instant à sauter des lignes pour tenter d'abréger un énième soliloque d'Hamlet ? En vérité, même moi je n'ai pu aller jusqu'au bout, j'ai fini par aller directement aux scènes clés (je commençais littéralement à avoir l'esprit qui papillonnait toutes les deux pages, ce qui est généralement mauvais signe). Je suis sans doute trop dure, mais je ne pense pas conseiller cette lecture à quiconque souhaiterait s'essayer à ce classique de la tragédie shakespearienne. On ne m'ôtera pas l'idée qu'il y a quelque chose de pourri dans cette adaptation !

08/03/2025 (modifier)