Parker 1969

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Nouvelle série d'adaptations des polars de Richard Stark (alias Donald E. Westlake) mettant en scène le braqueur Parker.


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Parker, un grand gaillard au physique d’acteur hollywoodien et à la mâchoire carrée, aime varier ses plaisirs : tantôt voleur, tantôt braqueur ou pirate de la route. Cette fois, il a mijoté un coup parfait et a priori sans risque. Le butin ? Un coffre de banque à Cedar Falls, une bourgade tranquille de l’Iowa, et un casse facile avec trois acolytes aguerris. L’affaire va mal tourner au moment du partage du butin quand l’un d’entre eux décide de faire cavalier seul et de flinguer ses « associés ». Seul Parker s’en sort et sincèrement, ce n’est pas une très bonne nouvelle pour le traître du groupe...

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Mars 2025
Statut histoire Une histoire par tome 1 tome paru

Couverture de la série Parker 1969 © Dupuis 2025
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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11/03/2025 | Ro
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L'avatar du posteur Bruno Menetrier

Un polar de Donald E. Westlake adapté par Doug Headline avec les dessins de Kieran, qui inaugure la nouvelle collection Aire Noire chez Dupuis. Doug Headline (bon sang ne saurait mentir, c'est le fils de JP. Manchette !) n'en est pas à sa première adaptation de polar en bandes dessinées. Il a déjà adapté quelques romans de son père et même d'autres bouquins de Donald Westlake (alias Richard Stark, décédé en 2008) tout comme son confrère Matz. Avec "Parker 1969 : La proie", il adapte un roman de 1969, The sour lemon score, paru chez nous sous le titre Un petit coup de vinaigre. C'est l'un des nombreux épisodes qui mettent en scène notre ami Parker, un clone littéraire d'acteurs comme Lee Marvin ou Richard Widmark : élégant, taciturne, froid et menaçant, c'est le parangon du braqueur professionnel (Westlake voulait gommer tout sentiment de son récit). « [...] - Bon Dieu, essayer de te faire causer, c'est plus difficile que d'arracher une dent à un môme. Parle-moi Parker bon sang ! » Une histoire de braquage comme souvent avec l'ami Parker ! « [...] Parker ne croyait pas à la chance, bonne ou mauvaise. Il ne croyait qu'aux types qui connaissaient leur boulot et le faisait bien. » Parker et ses comparses sont effectivement des pros et ils réussissent brillamment le braquage d'une banque, le plan était parfait. Hélas, le butin est un peu maigre. « [...] - Trente-trois mille. Huit mille malheureux dollars chacun. - On savait que ça ne serait pas lourd. Huit mille, c'est déjà pas si mal pour une matinée de boulot. » Mais cela ne suffit pas à l'un des gars de la bande qui file avec le magot. « [...] - Vous n'êtes pas du genre à vous venger, Parker. Pas s'il n'y a rien à la clé. Que lui voulez-vous à ce garçon ? - Il nous trahis. Il a tiré une balle dans la tête de votre mari. Il a tué l'autre gars de l'équipe, et il a essayé de me tuer moi aussi ... Et puis il s'est enfui avec l'argent. » Parker se met donc en chasse à la poursuite du traître ... et du magot. « [...] Parker se disait que beaucoup de temps s'était écoulé et qu'il n'était arrivé à rien. Ils avaient braqué la banque le lundi, et ce n'est que le jeudi qu'il avait trouvé Brock. Et maintenant on était vendredi. Quatre jours passés à courir en tous sens, et [l'autre] était toujours là-dehors, quelque part, assis sur le fric. » Le personnage de Parker (il n'a pas de prénom) est l'une des grandes réussites de D. Westlake et il se prête parfaitement aux adaptations en BD. C'est du polar à l'ancienne, façon hard-boiled. Quand il s'agit de bâtir le scénario d'un polar pour une BD, Doug Headline n'en est pas à son coup d'essai, on l'a dit, et il a su trouver le ton juste pour dérouler ce récit en comblant les silences de Parker, personnage taciturne, par de brefs encarts de texte, une sorte de voix off. Les graphismes de Kieran évoquent les comics US avec un beau noir & blanc, dur et violent, dynamique et moderne. Ces dessins sont un bel hommage à ceux du canadien Darwyn Cooke (décédé en 2016) qui avait déjà adapté plusieurs polars de Westlake en BD dont notamment le casse en 2012 (traduit par Matz en 2013). Cet album inaugure chez Dupuis, la collection Aire Noire dédiée au roman noir graphique (par analogie avec la collection Aire Libre) : Doug Headline et Olivier Jalabert sont aux commandes de cette ligne éditoriale. Les éditions Dupuis nous promettent déjà plusieurs beaux albums pour cette année et, de plus, ont signé avec les héritiers de Westlake pour adapter plusieurs de ses romans.

26/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Parker est le héros d'une série de romans écrits par Richard Stark (alias Donald E. Westlake) de 1962 à 2013. C'est un braqueur professionnel taciturne et méthodique, toujours en quête de son prochain gros coup. Outre quelques adaptations cinématographiques, Darwyn Cooke a lui aussi adapté en comics les aventures de Parker, le temps de 4 albums. Après sa mort, les éditions Dupuis prennent la relève avec de nouvelles adaptations scénarisées par Doug Headline et dessinées par Kieran. Le premier tome, la Proie, raconte comment Parker s'est fait trahir par un associé suite à un braquage et comment il va chercher une froide vengeance en poursuivant implacablement la trace du traitre et de son butin. Nous sommes là dans du pur polar noir, des histoires de braqueurs et de gangsters réalistes et sérieuses. Parker se démarque des héros habituels par son stoïcisme et son sérieux, qui frôle avec les limites de l'antipathie s'il n'était pas doté d'un tout aussi sérieux sens de l'honneur. Il agit pour l'argent et dans son intérêt purement personnel, les amitiés restant purement dans le cadre professionnel, mais il ne trahit pas et gare à ceux qui le font. C'est aussi un vrai pro dans son domaine, qui connait tous les rouages et les contacts appropriés : il ne faut pas essayer de le prendre au dépourvu. L'adaptation est tout à fait réussie. La narration est claire, la mise en scène rythmée. Ce n'était peut-être un objectif avoué mais le graphisme de Kieran se rapproche beaucoup de celui de Darwyn Cooke, un style anguleux au trait épais élégamment rétro dans une bichromie sombre laissant une large place aux aplats de noir. Le résultat est beau et participe de l'ambiance du polar noir. A noter une originalité au niveau des ombrages qui sont régulièrement réalisés par le biais de forme d'empreintes digitales, ce qui peut surprendre mais semble probablement là encore un jeu sur l'ambiance policière du genre. L'intrigue du premier tome est musclée et tient parfaitement la route. Par exemple, alors même que j'étais surpris d'une coïncidence trop heureuse à un moment donné, il s'avère après explication que tout se tient et qu'il était parfaitement normal qu'une telle chose se passe pile à ce moment là. Quant au fond de l'histoire, il est sans concession et il y aura bon nombre de victimes sur le passage du héros et de ses antagonistes. C'est une histoire de gangsters finalement ciselée, très crédible et prenante malgré la froideur distanciée de son héros. Paradoxalement, sa fin est si réaliste qu'elle peut paraitre abrupte et frustrer le lecteur avide d'envolées plus aventureuses. Mais elle sonne aussi comme la fin d'un épisode d'une longue série d'histoires complètes et j'en lirai davantage avec plaisir.

11/03/2025 (modifier)