Katya

Un récit universel sur la Guerre qui touche notre humanité en plein cœur. Prix Leblanc de la jeune création 2023
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La Guerre, ce sont des millions d’enfants, de femmes, d’hommes qui ont disparu et continuent de disparaître dans des conditions plus atroces les unes que les autres. La Guerre n’épargne personne. Il semble que sur les décombres d’une guerre, une autre prenne toujours naissance. Car la Guerre est une construction humaine, une machination que l’on entretient, volontairement ou non. À travers le voyage de Katerina, partie à la recherche sa fille Katya, ce récit met l’accent sur ces femmes, toujours discrètes, qui semblent faire partie du décor. L’histoire de ces mères à qui l’ont fait tout subir sans leur poser de questions, celles qui élèvent des fils qui mourront peut-être un jour pour leur pays, ces femmes courageuses à qui l’on donne rarement la voix. Antoine Schiffers n’a pas la prétention de la leur donner, mais il voudrait au moins parler un peu d’elles.
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Date de parution | 12 Mars 2025 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Alors celle-là, elle ne figurait même pas sur ma wishlist, et pour cause : je n'ai vu aucun papier sur cette BD avant de la voir posée négligemment sur une vague pile chez mon bédéiste. Je l'ai empoignée et quelque chose s'est passé. On sent tout de suite qu’on a affaire à un truc qui sort des sentiers battus. Du coup, je suis partis avec (entre autres)… Et c’est effectivement accrocheur, graphiquement parlant. Le trait est fin malgré ce brouillard gris omniprésent. Le jeu des couleurs y tient un rôle prépondérant. Le trait est agréable, fluide, mais c'est l’usage de cette couleur de cendres qui est absolument saisissante, en plus d’être fort à propos. On sent la braise fumante, l’odeur de brûlé, des bagnoles calcinées, des maisons ou ce qu'il en reste, du plastique fondu… En effet, on est y est, à Grozny, on erre sur ses ruines encore fumantes, et à travers la Tchétchénie ravagée. J’ai ressenti exactement la même chose qu’à la lecture de la Route version Larcenet, sortie récemment, de mordre moi-même la poussière. On retrouve aussi un petit je-ne-sais-quoi de Gipi, façon Notes pour une histoire de guerre. D'où peut-être un côté un peu scolaire qui colle au papier. Néanmoins, cette BD sent la braise et immerge son lecteur tout entier dans cette ambiance de guerre. Le tragique de certaines scènes ressort avec une force accrue, comme lorsque la mère s’écroule, terrassée par le désespoir : elle apparait littéralement transpercée par la douleur… Oui, il s'agit bien d'un road-trip cruel et funeste à travers ce pays qui eut le malheur d’essuyer les plâtres de la « présidence » de Vladimir Poutine. Le scénario quant à lui est simple : une mère recherche sa fille perdue après l’invasion de l’armée russe. C’est dans les détails qu’il faut aller chercher la petite bête. En effet, il y a d'abord quelques longueurs narratives qui donnent le sentiment d’appuyer sur l’aspect ténébreux de l’histoire, et d'étirer un peu la sauce. Il n’y avait pas besoin de ça ! D’autre part, quelques maladresses graphiques font tout de même un peu tilter les yeux. Exemple le plus flagrant : sur la couverture même ! On y voit un portrait de la mère de Katia revêtue d'un survêt bleu et rouge dont elle a rabattu la capuche sur la tête. Sauf que ce n’est pas un survêt ! Et non ! La maman est habillée en imperméable, et sur la tête, c’est un fichu qu'elle porte ! Dommage ! Enfin, les dialogues restent assez systématiques, surtout ceux du jeune Malik, qui passe la plupart du temps à répéter « faut pas dire ça m’dame ! », ou l’une ou l’autre de ses variantes (« faut pas parler comme ça m’dame »…). D’où cet étrange 3/5 néanmoins assorti d'un coup de cœur. Katya n’est pas une BD parfaite, mais elle déclenche un truc. Pour un premier essai, c’est quand même déjà pas mal. Antoine Schiffers semble bourré de talent, et devient donc un « auteur à suivre » comme on dit. Déjà, il propose quelque chose d’original, quelque chose d’assez aride qui plus est, certes. Faut quand même saluer la prise de risque ainsi que les réussites tout à fait remarquables qui jalonnent cette BD !
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