Inlandsis Inlandsis

Note: 3/5
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En 2046, Marie, qui gère l'envoi de deux auteurs de BD en Antarctique pour financer le projet Ice Memory, souffre de pertes de mémoire.


Anticipation Changement climatique École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Utopies, Dystopies

Que va-t-il se passer si l'inlandsis du pôle Sud – cette épaisse couche de glace en Antarctique, qui contient la mémoire du monde – continue à se réchauffer ? Que va-t-il se passer si les deux auteurs de bandes dessinées en résidence en Antarctique ne sont pas ravitaillés ? Combien de temps Marie, qui les a envoyés là-bas, va-t-elle pouvoir leur cacher son accident récent, qui lui fait perdre la mémoire ? Comment Romuald, Marie et son fils vont-ils continuer à vivre malgré ça ? En 1955, plusieurs pays lancent un projet de recherches scientifiques en Antarctique. Celles-ci se poursuivent décennie après décennie, et sont à l’origine d’Ice Memory Project – un programme de préservation des glaciers. En 2046, la fonte des glaces s’est accentuée, et la France est dirigée par un parti unique, religieux, complotiste et liberticide. Depuis Nantes, Marie gère l’organisation de la résidence de deux auteurs de bande dessinée envoyés en Antarctique pour écrire un journal de bord et attirer les sponsors pour financer Ice Memory. Mais Marie traverse aussi un drame personnel. Elle qui est chargée de préserver la mémoire des glaces a perdu une grande partie de ses capacités à retenir ce qui lui arrive.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Janvier 2025
Statut histoire Série en cours 1 tome paru
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série Inlandsis Inlandsis © Dargaud 2025
Les notes
Note: 3/5
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12/04/2025 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Benjamin Adam, avec son compère Thomas Cadène, nous avais agréablement surpris avec Soon il y a cinq ans, un récit d’anticipation qui imaginait l’évolution de la Terre dans les cent années à venir. Avec « Inlandsis Inlandsis », Adam récidive dans un registre assez voisin, mais cette fois seul aux commandes. Le futur décrit est plus proche de nous mais guère réjouissant, puisqu’évidemment la fonte des glaciers se poursuit, avec son lot croissant de catastrophes dans une France où l’extrême-droite religieuse a pris le pouvoir. Le personnage principal, Marie, vit à Nantes avec son fils et un nouveau compagnon, Romuald. Alors qu’elle doit gérer la mission de deux auteurs de BD en Antarctique, une visite médicale lui confirme ses craintes : elle est en train de perdre la mémoire, mettant en péril l’équilibre du foyer. Difficile de parler de façon synthétique de cette bande dessinée, dont il s’agit ici du premier tome, tant les thématiques abordées sont nombreuses et variées. Benjamin Adam semble avoir tenté ici de relier le global à l’intime, en associant la question prégnante du moment, le réchauffement climatique, aux inquiétudes personnelles d’une jeune femme, Marie, inquiétudes liées au diagnostic médical qui menace de bouleverser sa vie. A cela, il intègre un contexte politique et social que beaucoup peuvent redouter actuellement, en imaginant un gouvernement français dirigé par l’extrême-droite avec l’appui d’un milliardaire réactionnaire dont le nom n’aura même pas besoin d’être cité ici… La narration effectue un va-et-vient entre l’Inlandsis de l’Antarctique, où l’on suit le quotidien des deux auteurs confrontés à un problème de restriction de leurs vivres suite à une erreur de commande, et la France, où Marie tente d’encaisser le choc. On apprécie l’extrapolation réaliste et pertinente d’Adam, si anxiogène soit-elle, de notre futur proche à nous autres Français, de même que tous les thèmes qui se succèdent tout au long du livre. Là où le bât blesse, c’est que cette profusion donne une impression de dispersion, et le lecteur finit par s’y perdre. On pourra toujours considérer que c’est une lecture exigeante, et elle l’est par son contenu, mais la forme semble quelque peu en retrait par rapport au fond. Ce qui avait pu séduire dans Soon, cette grammaire narrative innovante qui est véritablement la marque de fabrique de Benjamin Adam et qui fonctionnait, peine ici à convaincre. Même si l’on sent chez l’auteur une volonté de jouer la carte de l’authenticité, la tournure formelle avant-gardiste semble en opposition avec un tel objectif. Alors qu’on devrait être touché par ce qui arrive à la protagoniste principale, condamnée à perdre la mémoire, on ressent curieusement peu d’émotion. Si les textes et dialogues se veulent hyper réalistes, ils sont abondants, un peu trop peut-être, qui plus est truffés d'échanges SMS, et on éprouve parfois des difficultés à identifier les interlocuteurs, à savoir qui dit quoi, malgré les codes couleur associés aux phylactères. Cela est dû en partie au style graphique un rien minimaliste, un style moderne qu’on apprécie certes, mais apparaît comme éclipsé par la partition textuelle. Le résultat, c’est une narration morcelée et confuse, qui gêne la fluidité de lecture et amenuise l’attention portée à l’histoire, qui en outre manque de ressorts véritablement marquants. Du reste, on a du mal à comprendre pourquoi l’éditeur a opté pour ce petit format, qui n’arrange rien à l’affaire, d'autant que le livre fait tout de même près de 300 pages. Un format plus classique aurait pu au moins permettre d’accroître l’intérêt pour le dessin et la mise en page, mais la nécessité d’avoir une très bonne vue risque de dissuader une partie des bédéphiles de se plonger dans cet ouvrage. Malgré un pitch qui suscitait l’envie, « Inlandsis Inlandsis » s’avère une déception, d’autant plus regrettable quand il s’agit d’un auteur en qui l’on pouvait placer beaucoup d’espoir, notamment par son propos stimulant la réflexion. La suite pourra-t-elle rattraper cette déception ? On aimerait évidemment bien le croire…

12/04/2025 (modifier)