La Nuit de l'Inca
Cette sombre histoire en deux tomes, écrite par Vehlmann et dont Frantz Duchazeau assure la mise en image avec maestria, mélange avec bonheur cruauté et humour, sublime et dérisoire.
Amérique du sud Civilisations précolombiennes Fabien Vehlmann Les Incas Poisson Pilote
Imaginez qu'un sinistre matin le soleil ne se lève plus. C'est ce qui arrive un jour aux Incas. Quelle faute ont-ils donc commise pour être ainsi abandonné par leur dieu soleil ? Et surtout, que faire ? Maki, un pauvre berger manchot qui a des visions, va tenter de comprendre et de faire revenir le soleil. Car les autorités sont bien en peine de fournir une explication à la population. L'émissaire de l'Inca préconise des sacrifices tandis que les peuplades qui jadis étaient soumises se soulèvent. C'est l'anarchie qui s'empare du royaume, et même les oracles n'ont rien vu venir. Enfin, pas tout à fait. Il en est un qui avait cru lire dans les étoiles que le jour ne lèverait plus, mais il n'est pas considéré comme un oracle. Il s'appelle Maki, il est le gardien des lamas des morts, et sa condition de manchot le fait traiter comme un paria par la quasi-totalité de son village, à l'exception de Cuzquino, un petit garçon qui prend sa défense à chaque fois qu'il le peut. Rendu responsable du malheur par tout le monde, Maki tente de se faire passer pour un Huacas, un esprit, avant de prendre la fuite dans la jungle. Une autre vision le mènera alors sur la route de Cuzco, où il devra, au péril de sa vie, rencontrer l'Inca pour le dissuader de procéder aux sacrifices humains qui, de toute façon, ne pourront pas ramener le soleil.
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Date de parution | Septembre 2003 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Pour moi, La Nuit de l'Inca préfigure le chef d'œuvre que sera Les Cinq Conteurs de Bagdad. Conte très agréable à parcourir, il n'en recèle pas moins une critique du fanatisme religieux. Lecture à tiroir (même si le tiroir est ici bien visible) comme je les affectionne, ce bon diptyque nous transporte au temps des Incas et nous remémore inévitablement, comme l'a dit un autre posteur, quelques souvenirs de Tintin et le temple du soleil tout en étant plus intéressant à mon avis. Primo, il faut noter le style particulier de Duchazeau qui pourra en rebuter plus d'un. Très hachuré et comportant beaucoup d'aplats, on pourrait de prime abord penser qu'il n'est là que pour donner à Fabien Vehlmann l'occasion d'exprimer son talent de conteur. Pourtant, je dois reconnaître lui avoir trouvé un certain charme, un je ne sais quoi d'enchanteur. Il donne à ce récit une saveur particulière, un exotisme graphique en quelque sorte. Secundo, le scénario est vraiment intéressant. Sous ses airs de "je m'intéresse à une époque dépassée et à une civilisation disparue", la fable racontée reste toujours d'actualité. Critique ouverte du gouvernement religieux et non de la religion, le récit se charge de mettre en exergue les facettes de la dictature au sein des mouvements religieux. Le sujet est traité de façon subtile et intelligente, sans alourdir le récit, qui d'ailleurs se suffit à lui-même. On y retrouve des personnages attachants, à la psychologie évoluée, une trame qui tient la route, mais plutôt légère si l'on passe à côté du message délivré. Mais c'est surtout l'ambiance, renforcée par le dessin, qui confère à cet ouvrage un dépaysement bienvenu. En définitive, une fable optimiste, sincère et surtout agréable à parcourir.
Note approximative : 3,5/5 Il est rare d'avoir une BD sur les civilisations précolombiennes. On en a eu un peu dans Thorgal, mais celle-ci y est entièrement consacrée. Fabien Vehlmann, jeune scénariste talentueux, s'est donc attaqué à la civilisation Inca, l'une des plus mystérieuses et fascinantes parmi les sociétés anciennes. Et le travail de recherche et de documentation est très bon : coutumes, costumes, rapports ente les personnages... Et la bonne idée est de faire de Mika, un estropié, un paria, le héros de l'histoire. Résultat : on a hâte de voir où Vehlmann va nous mener... On entre plus précisément dans les rites et les coutumes Incas, reflets d'une société que l'on a beaucoup idéalisée, mais qui recèle bien des zones d'ombre (hu hu !). Malgré la nuit ambiante, l'album possède de belles couleurs, qui même si elles sont en aplats, collent bien au dessin "hachuré" de Duchazeau. Le scénario de Vehlmann rend bien toute la force impériale et le destin tragique de l'Inca, figure divine, et le côté manipulateur des grands prêtres, mais aussi l'air farouche de la garde rapproché du monarque. Mais un truc me chiffonne : comment Ruphasqa peut-il changer trois fois de costume alors même qu'il est prisonnier des gardes Incas ? Ce n'est qu'un détail, qui n'entache absolument pas la qualité de cette série, l'une des premières de Vehlmann, et déjà un petit classique du genre.
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