Miss Tattoo

En 2019, le tome 19 de Caroline Baldwin, Les faucons, mettait un point final à ce classique de la BD. Un point final ? Pas si sûr !…
Auteurs italiens La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants
Dans les dernières pages de l'album, on apprenait en effet que Caroline avait une demi-sœur connue sous le surnom de Miss Tattoo ! Cinq ans plus tard, André Taymans relance les personnages de sa série phare dans un nouveau cycle, dessiné par la talentueuse dessinatrice italienne Elisabetta Barletta à qui l'on doit le premier tome de Singleton d'après Henri Vernes. Propulsée au devant de la scène, Miss Tattoo aura fort à faire pour gérer l'encombrant héritage que lui a laissé Caroline. Elle pourra heureusement compter sur les fidèles de la première heure de la brune enquêtrice…
Scénario | |
Dessin | |
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Editeur
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Genre
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Public
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Type
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Date de parution | 07 Février 2025 |
Statut histoire |
Série en cours
1 tome paru
Dernière parution :
Moins d'un an
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Les avis


Mais un bon deal valant mieux qu’un long et coûteux procès… - Ce tome constitue la première moitié d’un diptyque, d’une série centrée sur un nouveau personnage apparu pour la première fois dans les deux derniers tomes de la précédente série de l’auteur, Caroline Baldwin : Caroline Baldwin T18 - Half-blood (2018) & Caroline Baldwin - T19 - les faucons (2020), ainsi que dans le hors-série Caroline Baldwin, Miss Tattoo (2020). Son édition originale date de 2025. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les crayonnés et les couleurs, et par Elisabetta Barletta pour les dessins. Cyrielle Zurbrügg a servi d’inspiration et de modèle pour le personnage principal. Il comprend quarante-quatre pages de bande dessinée. Le récit s’apprécie mieux en ayant une connaissance des tomes 18 & 19 précités. Au cimetière de Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal, par une belle journée ensoleillée, une femme blonde en robe verte d’été se repère avec un plan dans la main. Elle finit par trouver la tombe qu’elle recherche : celle de Caroline Baldwin. Dans un costume classique, Gary Scott se tient devant la stèle en attendant. Vanina Lao présente ses excuses : elle est en retard, malgré le plan fourni par Scott, elle s’est perdue dans ce labyrinthe. Il lui demande si elle a fait bon voyage. Elle répond par l’affirmative et ils se recueillent un instant en mémoire de la défunte. Puis Scott reprend la parole, il se demande ce qui a finalement décidé Lao à venir, le besoin de changer de vie dit-elle. Il lui tend les clés de la maison de Caroline, la demi-sœur de Vanina : la maison est à elle à présent, il a lui aussi besoin de changer de vie. Elle s’y rend avec son sac de voyage et pénètre à l’intérieur : tout est sens dessus-dessous. La maison a été fouillée de fond en comble et il y règne un désordre indescriptible. Le téléphone sonne, un modèle filaire : Vanina Lao répond et un interlocuteur anonyme la menace violemment en exigeant qu’elle rende le dossier qu’elle leur a piqué, dans les vingt-quatre heures. Passé ce délai, elle sera morte. Alors qu’elle est encore sous le choc, la porte s’ouvre et l’inspecteur Philips pénètre à l’intérieur. Elle réagit immédiatement en indiquant qu’elle n’a pas ce qu’il recherche. Il se présente comme étant de la police, et un ami de Gary. Il lui propose de s’asseoir et de discuter. Après quelques échanges, il essaye de contacter Scott sur son portable, mais ce dernier ne répond pas. En continuant de discuter, les deux interlocuteurs en déduisent que l’état de la maison doit être lié au boulot de Caroline chez Wilson Investigation. Après avoir fait le tour de la maison, Philips propose à Vanina de l’emmener à New York, pour tirer cette affaire au clair ; elle accepte. Le lendemain, dans la mégapole, ils se présentent à la porte desdits bureaux : ils se heurtent à deux policiers qui leur interdisent le passage. Philips reconnaît un nouvel arrivant, Terry, un inspecteur qu’il connaît. Ce dernier accepte de les faire entrer et leur expose la situation. C’est le gardien qui a donné l’alerte ce matin : la porte des bureaux de Wilson avait été fracturée, quelqu’un avait vidé les armoires, emporté les disques durs externes, et surtout ils ont laissé un joli macchabée. Dix-neuf albums pour la série Caroline Baldwin, personnage créé en 1996, deux albums supplémentaires (Double dames en 2021 et Le voyageur en 2023) et une fin en bonne et due forme… avec quelques questions laissées en suspens. Le scénariste change donc de personnage, tout en reprenant les fils de l’intrigue. Le lecteur hésite entre plus de la même ou quelque chose de différent : cela valait-il la peine de changer de personnage ? On change d’une héroïne brune et élancée pour une héroïne blonde et tatouée : la différence n’est pas criante, d’autant que la nouvelle subit plutôt les évènements, trimballée par l’inspecteur Philips qui fait son boulot avec une totale liberté, mais aussi une vraie compétence. L’histoire reprend le principe de ce cabinet d’investigation, avec un ou deux secrets de nature à déstabiliser les plus hauts niveaux de l’état américain, une conspiration dans laquelle Caroline Baldwin aurait pu se retrouver à son corps défendant, se comportant comme un éléphant dans un magasin de porcelaine pour mener son enquête. Elle aurait sans nul doute été plus dans l’action que Vanina Lao. Enfin, Taymans a quasiment dessiné cet album : il en a fait le découpage et les crayonnés, confiant la finition des dessins à une dessinatrice, comme il avait confié les dessins définitifs de Le voyageur à Nico van de Walle. Bon voilà donc un album qui semble s’apparenter à une nouvelle aventure de Caroline Baldwin qui ne dit pas son nom. D’un autre côté, c’est bien le même auteur, il n’est guère surprenant qu’il crée un album dans la lignée des précédents. Son héroïne se trouve impliquée dans une affaire de chantage concernant des documents susceptibles de nuire à la réélection du président des États-Unis, dans un plan organisé par son concurrent. Ce dernier est légèrement empâté, avec une étrange chevelure blonde alambiquée, il joue au golf, et ses subalternes l’appellent gouverneur Duck, un nom qui sonne étrangement au départ, jusqu’au moment où le lecteur fait le lien avec un prénom qui est à la fois celui d’un canard (Duck) et celui du quarante-cinquième président des États-Unis. Mais voilà que la situation se complique avec l’implication du cabinet Wilson Investigation, et celle de Gary Scott, l’ancien compagnon de Caroline par intermittence, et également agent du FBI. Le lecteur apprécie l’expérience consommée avec laquelle l’auteur met à profit la mythologie propre à ce pays, avec également une sombre histoire du suicide collectif des membres d’une secte, évoquant des affaires réelles similaires. Pour autant, le lecteur remarque également les différences significatives avec la série précédente, et elles vont plus loin que la couleur des cheveux et la présence de tatouage, ou encore une paire de lunettes. Pour commencer, Vanina Loa ne mène pas l’enquête : ce n’est pas son métier, à la différence de Caroline Baldwin. Ensuite, elle ne semble pas souffrir de symptômes dépressifs, peut-être que l’auteur lui-même a laissé derrière lui quelques-uns de ses propres démons. En revanche, elle est tout aussi à l’aise que Caroline avec la nudité, et l’auteur a conservé cette caractéristique avec une scène de douche, qui permet d’admirer l’intégralité des tatouages de Miss Tatttoo. Pour autant, la dessinatrice dispose de sa personnalité propre pour les traits de contour, avec une sensibilité différente de celle de Taymans, ce qui donne une allure moins sexy à ce passage, plus prosaïque. En effet, Barletta utilise des traits de contours moins épurés, plus fins et plus appliqués, aboutissant à un rendu plus minutieux pour les personnages, parfois proche de celui de Taymans pour quelques éléments de décors. En fonction de ses goûts, le lecteur peut trouver le visage des personnages un peu trop littéral, ou apprécier ce rendu descriptif plus proche du réel. La page de garde de l’ouvrage comprend une photographie de Cyrielle Zurbrügg ce qui permet de constater la ressemblance du personnage dessiné avec son modèle. La narration visuelle repose sur une documentation concrète et des dessins descriptifs et réalistes. Le lecteur peut avoir l’assurance de la vraisemblable de la représentation du cimetière de Notre-Dame-des-Neiges, des rues de New York, de la Maison Blanche, d’un restaurant asiatique en entresol, ou encore d’un motel en pleine cambrousse, et d’un lodge isolé dans une zone naturelle sauvage. D’un côté, les dessins de Barletta comprennent plus d’éléments que ceux de Taymans ; de l’autre, ce dernier donnait une meilleure sensation des grands espaces naturels. Quoi qu’il en soit, les dessins donnent à voir concrètement les environnements et les différents éléments comme les aménagements intérieurs, les ameublements, les accessoires variés. Grâce à cela, le lecteur peut croire que la maison de Caroline Baldwin était effectivement encore équipée d’un poste de téléphone filaire, le saccage consécutif à la fouille est patent, il ne manque rien à l’équipement de pêche de Philips, les enseignes avec idéogrammes chinois apportent un cachet authentique au quartier asiatique de New York, la scène de décollage d’hélicoptère sur la pelouse de la Maison Blanche semble provenir des informations télévisées, il fait bon rouler dans les routes de basse montagne dans la région de Denver, etc. Le talent de metteur en scène et de découpage d’André Taymans fait son effet et Barletta sait s’adapter pour compléter les esquisses en les respectant et en en gardant l’esprit. La campagne de financement participatif de l’album offrait la possibilité d’acquérir en plus un album souple collector en tirage limité reprenant l’intégralité du storyboard d’André Taymans. Le créateur de l’héroïne Caroline Baldwin et de sa série revient avec un nouvel album avec un personnage secondaire assumant le premier rôle : Miss Tattoo, inspirée par Cyrielle Zurbrügg. Le lecteur retrouve de nombreux éléments de la série originale, à commencer par une intrigue policière nourrie par des éléments d’actualité, dans le territoire américain, mettant à profit aussi bien ses grands espaces naturels que le potentiel d’un complot politique. Il apprécie la qualité de la narration visuelle en termes de découpage et de plan de prises de vue réalisés par André Taymans, il s’adapte rapidement aux dessins d’Elisabetta Barletta. Un polar divertissant avec quelques clins d’œil savoureux à des faits bien réels, comme l’art des affaires.
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