Peepshow (Le Pauvre Type)

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

Le journal intime d'un dessinateur de bandes dessinées.


Autobiographie Comix Drawn & Quarterly Les petits éditeurs indépendants Profession : bédéiste

Le couple de Joe Matt bat de l'aile, il faut dire qu'il n'y met pas du sien. Il est plutôt égoïste, infidèle, et obsédé sexuel par dessous tout. La fiancée va partir. Joe Matt reste seul, commence à dessiner son histoire, ses "rencontres", son obsession pour les films porno, son colocataire. Son ami Seth lui conseille de changer un peu de caractère mais rien n'y fait, Matt va de gamelles en gamelles avec les filles qu'il rencontre. Finalement Matt restera seul, entouré de ses amis, à dessiner et vendre ses morceaux d'histoires...

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 2001
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Peepshow (Le Pauvre Type) © Revival 2001
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

04/12/2003 | Thib
Modifier


Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Confession - Le pauvre type est le deuxième tome autobiographique écrit et illustré (en noir & blanc) par Joe Matt. Il reprend le cours de sa vie là où il l'avait laissé à la fin de Strip-tease. Il contient les chapitres prépubliés dans les numéros 1 à 6 de Peepshow, entre 1992 et 1994. Ce tome commence avec une séance de masturbation de Joe. Trish rentre de ses cours et lui demande ce qu'il a fait de sa journée ce qui l'énerve instantanément dans la mesure où il n'a pas la conscience tranquille. Ils habitent ensemble dans la banlieue de Toronto. Joe Matt passe ses journées à glander sans avancer dans ses bandes dessinées, pendant que Trish poursuit ses études de graphiste. de temps à autre, il se rend à Toronto pour papoter avec Chester Brown et Seth, deux autres auteurs de BD canadiens. Il mate les filles dans la rue et remarque une superbe métisse qui par hasard va être amenée à travailler avec Trish. Au fil des semaines ses relations avec Trish se détériorent et il finit par prendre la décision de louer une chambre chez un couple de retraité à Toronto même. Il fait tout pour éviter l'autre locataire un peu envahissant. Il ne voit plus Trish qu'un week-end sur deux. Il rencontre un fan (joueur de basse dans un groupe de rock) dans un magasin de comics et il continue de fréquenter Chester Brown et Seth. Il peut enfin visionner ses disques de personnages, et se masturber à volonté, sans ressentir de culpabilité. Avec ces épisodes, Joe Matt abandonne les tâtonnements graphiques pour adopter une mise en page rigoureuse de 6 cases par page (3 rangées de 2 cases), avec une fusion de temps à autre de 2 cases d'une même ligne, ou de 4 cases. Sa façon de dessiner les personnages oscille entre un style très simple à l'image de sa personne sur la couverture, ou des expressions plus travaillées pour le visage. Il a abandonné les rendus plus simplistes qu'il utilisait dans ses premières planches. Il continue d'exagérer les expressions des visages pour accentuer un sentiment, le plus souvent à des fins comiques, le plus souvent à ses dépends. Parfois il détaille plus un visage pour le rendre un peu plus réaliste ce qui a pour effet de faire changer l'individu de registre : d'un personnage imaginaire, il s'incarne pour se rapprocher de son modèle réel. Sans créer de véritable hiatus, ce glissement dans le mode de représentation rend les comportements et les réactions affectives plus proches des nôtres, et fait baisser le capital sympathie des protagonistes. Cela accentue l'amertume et l'alacrité des relations. Matt a pris le parti de systématiser les décors dans plus de 80?s cases. Ils sont dessinés avec le même niveau de simplification que les individus, tout en conservant un bon niveau de détails. du coup le lecteur peut se projeter dans l'environnement de Joe Matt, observer les intérieurs dans lesquels il évolue, marcher à ses cotés dans la rue, se faire une idée des cafés qu'il fréquente avec Chester Brown et Seth, ou avec une amie. Coté autobiographique, Joe Matt a également franchi un palier. La première page le dépeint comme à la recherche à tout prix du plaisir physique en solitaire. Ce n'est pas seulement l'aspect régulier et organisé de cette pratique qui marque le lecteur, c'est aussi la volonté de Matt de se dépeindre sous son jour le moins favorable. Les quatre premiers épisodes constituent une longue enfilade de mise en avant de ses travers, sans rien qui vienne contrebalancer cette approche. Il s'installe donc un malaise assez désagréable à assister à la dégradation systématique de Joe Matt, par l'illustration de tous ses travers. Ce malaise est renforcé par la force de conviction de la narration. Oui Joe Matt est égoïste, pingre, égocentrique, asocial, dépourvu d'empathie vis-à-vis de Trish, mesquin, dépourvu d'assurance et de confiance en lui, geignard, indécis, profiteur, etc. À force le lecteur finit par ressentir une forme de dégoût engendrée par le fait qu'il est facile de reconnaître en soi chacun de ces défauts. Cette accumulation finit par mettre mal à l'aise du fait que l'apparence de Joe Matt incite à l'empathie, alors qu'il se dénigre page après page, sans que n'apparaisse ne serait-ce qu'une seule qualité. le lecteur prend de plein fouet le manque de pudeur de Joe Matt quant à ses imperfections, et le fait de se reconnaître en lui. Heureusement, en cours de route Joe Matt prend soin de faire dire à son personnage que son double de papier n'est pas vraiment lui. Il faut se souvenir que cette autobiographie, comme tout récit basé sur le réel, est avant tout une construction narrative. À ce petit jeu, Matt est très fort pour construire un double de fiction qui concentre toutes ses névroses, sans aucune qualité rédemptrice. Il effectue un travail de réflexion sur lui-même pour montrer tous les mécanismes affectifs qui lui pourrissent la vie, qui font de lui un être humain à la fois méprisable, et pitoyable, humain comme tout à chacun. Dans les deux derniers chapitres, Joe regagne de l'entrain avec l'espoir de lier une nouvelle relation amoureuse. le ton de l'histoire s'en ressent et l'humour reprend le dessus sur l'amertume. Il apparaît également que Matt a du mal à dépasser le besoin d'absolu propre à l'adolescence. Sa quête de la femme parfaite évoque l'individu incapable d'accepter la réalité, de composer avec le quotidien. Loin d'être un simple journal intime dessiné au fil de l'eau, Le pauvre type est bel et bien un roman graphique bénéficiant d'une construction littéraire élaborée. Joe Matt expose ses défauts divers et variés dans une chronologie basique, tout en décortiquant ses sentiments pour les montrer et exposer l'intensité de son mal être. À la fin du tome, le lecteur a ressenti ce mal être avec acuité et il se rend compte que Matt a été capable de transmettre ses tourments, sans jamais recourir à un langage psychanalytique. Il a réussi le tour de force peu commun de parler de sa vie intérieure avec honnêteté et franchise, de ses sentiments, sans jamais s'appuyer sur une théorie psychologique ou une autre. Derrière une apparence visuelle simple, des récriminations et des jérémiades incessantes, Joe Matt expose sa vie intérieure et parle de la condition humaine, avec une sensibilité un peu masochiste et une pertinence qui touchera tous les lecteurs (masculins qui se reconnaîtront dans ces atermoiements et ces questionnements). Les lectrices auront une vision peu flatteuse de la condition masculine. Joe Matt continue son exhibitionnisme dans Épuisé.

03/08/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

C'est la première bd de Joe Matt que je lis. Je découvre du coup le personnage et j'apprends ainsi qu'il a publié régulièrement en comics sa propre autobiographie mois après mois, racontant sa vie intime comme un journal ouvert à tous. Une partie de ces périodiques ont été regroupés en France dans deux albums différents : Strip-Tease et Peep Show, ce dernier comportant des passages plus récents de sa vie et de fait plus maîtrisés graphiquement parlant. Mais du coup, s'agissant de l'extrait d'une période parmi plusieurs, cela commence assez brutalement et se termine sans véritable conclusion. L'ambiance est à l'underground, au récit assez cru. J'avoue ne pas trop accrocher. Cela tient beaucoup à la façon dont l'auteur se représente sans aucun fard comme un type assez dégueu, tiraillé entre ses frustrations et ses pulsions, égocentrique et irresponsable, un looser assez crade dans ses habitudes intimes. Je ne me sens vraiment pas proche du tout du personnage qui me dégoûte un peu ou m'énerve à bien des moments. J'ai cependant lu cette BD sans déplaisir, pas vraiment captivé mais pas ennuyé pour autant. Comme le titre l'indique, c'est le phénomène du voyeur qui fonctionne ici : la curiosité pousse à savoir ce qu'il va se passer dans la vie de celui qu'on épie ainsi à son insu (ou pas puisqu'il sait à tout moment qu'il raconte sa vie à tout le monde), on veut savoir comment vont évoluer ses petites amours et ses nombreux malheurs. Intéressant dans la forme et le ton, pas mal raconté, mais pas un indispensable.

07/12/2007 (MAJ le 07/12/2007) (modifier)
Par klechko
Note: 3/5

La lecture de "Peep Show" est à conseiller plus pour son humour pathétique que pour ses dessins qui en première approche ne donnent pas trop envie de rentrer dans le récit. Pourtant, si l’on arrive à passer ce cap, les aventures de ce trentenaire resté adolescent avec ses avis arrêtés, ses préjugés et ses idées à la con vous feront sans doute passer un bon moment comme cela en a été le cas pour moi. Note approximative : 3,5

11/02/2007 (modifier)

J'avais déjà évoqué l'un des Peep Show paru chez les Humanos, et dit tout le bien que j'en pensais, mais là, on va franchement beaucoup plus loin. Le bonhomme n'aime pas faire de la fiction, les personnages, l'intrigue, tout ça, ce n'est pas son truc. Il veut alors raconter sa vie. Souvent des épisodes en une planche, des problèmes existentiels sur sa pingrerie, sa copine, sa maniaquerie sexuelle, due à une éducation catho, qui le pousse à combattre tout ça, il est touchant, proche de nous, et à mourir de rire. Je ne lui connais pas d'équivalent. Julie Doucet ne m'a pas convaincu finalement, et le vieux R. Crumb, que Matt revendique comme sa principale influence, semble rester dans les starting blocks face à la virtuosité jubilatoire de ce névrosé existentiel. Dessin très plaisant, quasi minimaliste là aussi, mais aussi bien efficace. Il va parfois dans certains délires bien loin de sa vie, notamment dans la mise en page, très originaux et intelligents (ceux que je trouve "intelligents" ne courent pas les rues). Il en rajoute, en fait des tonnes, sur la fin du volume, semblant partir dans des délires symboliques et quasi psychanalytiques très réussis, et des disputes où il a le chic pour se faire passer pour la victime. Du tout bon je vous dit, sûrement mon comics favori, c'est dire ce que la bête à dans le ventre. Intelligent et qui fait :)

21/03/2004 (modifier)
Par Thib
Note: 4/5

Cette BD vaut vraiment le coup d'être visitée : les desssins sont clairs, noir et blanc, la psychologie du personnage est bien fouillée, enfin je trouve, le "héros" est un pourri avec sa nana mais on arrive à l'adorer quand même... Je trouve que la collection Tohu Bohu est un véritable succès, la preuve avec ce "Peep Show" hilarant. Joe Matt nous livre tous ses états d'âme, ses secrets, la relation avec le lecteur est vraiment intime, c'est excellent...

04/12/2003 (modifier)