Une tragédie américaine (The Boulevard of Broken Dreams)
"Enfin le grand public va pouvoir découvrir Kim Deich, l'un des secrets les mieux gardés du monde des comics depuis plus de trente-cinq-ans. Un Père Fondateur, un conteur magistral, dont les pages superbement structurées et les intrigues aux entrelacs subtils font revivre un passé américain hanté et envoûtant". Art Spiegelman.
Comix
De 1910 à nos jours, un siècle d'animation américaine. Waldo, chat séducteur, fourbe et traître hante ces pages et ses dessinateurs. A la fois personnage et incarnation des cartoons, sa présence éclaire l'Histoire d'un autre jour, bien moins politiquement correct que la version grand public. Kim Deitch As sixties comics were popular and under-exploited from an artistic point of view, they were the perfect medium for Kim Deitch. In 1972 he published his first underground comic book, 'Corn Fed Comics'. Soon after, he began contributing to various magazines (East Village Other, 'Bijou Funnies') and put out more comic books. Currently, he is working on several projects, including the series 'The Search for Smilin' Ed' and a monthly kids comic called 'Nickelodeon'. As this title indicates, much of Deitch's comix work is linked to animation, centering on animation as an industry and animation characters. Deitch regularly exhibits his originals in various galleries. Kim Deitch is generally held to be one of the greatest influences in American underground comix. (Source : http://www.lambiek.net/deitch.htm)
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Date de parution | Décembre 2003 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
En lisant les avis ci-dessous, j'ai l'impression d'avoir abordé ma lecture en sens inverse de mes prédécesseurs. En effet, d'emblée, j'ai constaté qu'il s'agissait d'un récit portant sur l'histoire de l'animation Américaine, de ses tous débuts avec Winsor McCay puis son essor dans les années 30-40, époque où Disney n'était qu'un studio parmi d'autres s'aventurant dans ce domaine nouveau et populaire, puis l'ère plus moderne et en même plus enfantine dominée par Disney. Et pour aborder ce thème, on suit notamment les errements psychologiques d'un homme puis d'un autre qui sont comme possédés par l'esprit assez démoniaque d'un personnage d'animation s'apparentant à un mélange de Félix le chat et de Fritz the Cat. Mais là où mes prédécesseurs, après s'être accrochés pour suivre le récit, ont finalement apprécié d'y découvrir l'état d'esprit du monde de l'animation de l'époque, ses anecdotes et ses travers, moi j'ai été trop rebuté par la narration très décousue, des personnages peu attachants et des sauts chronologiques dans tous les sens. J'avoue ne pas comprendre ce choix narratif qui semble être fait exprès pour embrouiller le lecteur. Les personnages se ressemblent, et sont d'ailleurs dessinés de manière assez laides à mes yeux, on passe d'une époque à une autre sans transition, et la folie et les hallucinations de certains personnages rendent les choses encore plus confuses. Alors c'est vrai qu'on a droit successivement aux recoupements des points de vue de plusieurs protagonistes, que ça permet de voir les dessous souvent peu reluisants de l'industrie de l'animation de l'époque, de ceux qui la composaient et de son évolution. Mais ma lecture a été pénible et je ne l'ai pas appréciée.
Sous des abords un peu "frivoles", cet album se révèle, à la lecture -qui se doit attentive sous peine de perdre pied très vite- beaucoup plus profond, voire même essentiel pour qui souhaite comprendre l'histoire de l'animation américaine. En effet, si l'on n'y prend garde, on croira que c'est simplement l'histoire d'un gars, hanté par un personnage qu'il a plus ou moins créé, celui de Waldo le Chat. Mais très vite, le récit dévie dans une chronique douce-amère des studios d'animation traditionnels, familiaux, qui doivent faire face, dans les années 1950 en particulier, au phénomène Disney, et à la révolutionamenée par les parcs à thèmes. Sous couvert d'autres noms, c'est tout le système disneyen, et la façon dont il a enrhumé l'industrie de l'animation traditionnelle qui est mis en accusation... Si l'on sait lire entre les lignes, cet album se révèle très précieux, un véritable témoignage d'une époque que l'on croirait révolue.
Autant le dire tout de suite, cet album est d'un abord peu facile. Il commence par quelques croquis présentant le personnage de Waldo, se poursuit par une "préface" de Kim Deitch qui est en fait une petite histoire fort bien racontée et qui plonge immédiatement le lecteur dans un sentiment d'étrange, de décalé, de mystérieux. Commence enfin la partie bd, et la complexité ne se réduit pas. Tout au long de ces... 200 pages ? (les pages ne sont pas numérotées), les périodes, présent et souvenirs, rêves, fantasmes, folie et réalité, sont mélangés de telle sorte que la lecture est assez difficile et que ce n'est que tard dans l'album qu'on commence à pouvoir mettre un peu d'ordre dans tout ça. Ce n'est qu'assez tard également qu'on s'aperçoit que ce qui paraissait être une histoire de folie légère recouvre en fait l'histoire du cartoon américain, depuis ses tous débuts (avec, je l'ai appris après, Windsor Mc Cay) jusqu'à nos jours, en passant par les périodes de Walt Disney et du MacCarthysme. Loin de tout idéaliser comme peut l'être la version grand public un peu mièvre, cette histoire est au contraire présentée de façon assez glauque. Sur fond de folie, de promotions canapé, de concurrence acharnée, de vol d'idées et de créations, de débauche de personnel chez le concurrent, de profits, d'ingérence de la politique et de déchéance, ce n'est certes pas le meilleur aspect qui en est montré. En plus de cette complexité au niveau de l'histoire, le dessin n'est pas en reste puisque la mise en page est elle aussi souvent chargée, originale, et parfois carrément géniale (je pense tout particulièrement aux moments où réalité et cartoon se confondent). Visuellement le dessin est lui aussi chargé, et les planches donnent l'impression d'être remplies à craquer. Voilà. Une lecture qui n'est certainement pas des plus faciles, donc, mais qui vaut la peine. Quant à l'objet, eh bien il est cher, c'est vrai (23 euros), mais très beau. L'album, de format moyen, est très épais, le papier de très bonne qualité, la couverture très épaisse et solide. Et vous pourrez y voir dessus une vignette animée, où Waldo assomme un cochon.
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