L'Homme sans talent (Muno no hito)

Note: 2.57/5
(2.57/5 pour 14 avis)

L'Homme sans talent (« Munô no Hito ») est le récit du parcours désabusé et ironique d'un auteur de manga que le manque de succès et le refus des travaux de commande contraint à cesser de dessiner et exercer divers petits métiers pour tenter de faire vivre sa famille.


Atrabile Frédéric Boilet Garo (Editeur Seirindo) Gekiga Les petits éditeurs indépendants Seirin Kôgeisha

Il sera donc vendeur de cailloux (ou de « pierres paysages », aux noms évocateurs de nuages, colère, regrets, larmes…), il songera à tenir une passerelle à péage, sera attiré par la profession d'oiseleur, brocanteur de fausses antiquités ou encore réparateur d'appareils photos, qu'il ne réussira pas à vendre plus que le reste. Il sera également effleuré par l'idée lumineuse de se faire moine mendiant ou rêvera de faire une grande découverte lucrative telle que les cheveux comme remède contre le cancer ou les hémorroïdes… Ainsi, loin d'être sombre, ce livre tendrement désabusé et faisant l'éloge des excentriques, est également teinté d'un humour atypique. C'est aussi un voyage envoûtant dans une société japonaise en pleine mutation où la tradition se retrouve brutalement confrontée à une modernité importée d'occident. Yoshiharu Tsuga (né en 1937 à Tôkyô) est un maître de la manga d'auteur. A l'instar d'un Crumb aux Etats-Unis ou d'un Baudoin en France, il est un des pères de la bande dessinée non commerciale au Japon. Bien que son univers et son style soient inclassables, sa démarche continue d'influencer des jeunes auteurs, et son œuvre est unanimement reconnue par la critique comme celle d'un grand artiste. Deux de ses histoires ont notamment été portées à l'écran pour le cinéma. Ainsi, L'Homme sans talent réalisé en 1991 par Takenaka Naoto a reçu le prix de l'Association internationale des critiques au festival du cinéma. Autant dire qu'Ego comme X n'est pas peu fier d'inaugurer sa collection de mangas en traduisant pour la première fois cet auteur incontournable, pourtant jusque-là inconnu en France. On notera que pour répondre au souhait de l'auteur, l'ouvrage est publié dans le sens de lecture japonais original et que la traduction ainsi que l'adaptation graphique ont été assurés par Frédéric Boilet afin que le gage de qualité soit total.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Janvier 2004
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Homme sans talent © Atrabile 2004
Les notes
Note: 2.57/5
(2.57/5 pour 14 avis)
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04/02/2004 | ThePatrick
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L'avatar du posteur Noirdésir

Mouais. C’est la première œuvre de Tsuge que j’ai l’occasion de lire, et j’en suis sorti franchement déçu. J’y suis d’ailleurs aussi entré à reculons, et c’est en fait la lecture entière – mis à part quelques aspects – qui m’a laissé froid. Je me suis même franchement ennuyé durant de longs passages, au point que j’ai dû me faire violence pour passer outre et aller jusqu’au bout de l’album. Certains aspects de la personnalité du héros peuvent être intéressants. Il refuse la facilité, ne cherche pas à se mettre en avant, et la notion de succès lui est étrangère. Pourquoi pas ? Il y a sans doute des choses ici liées à la mentalité japonaise – l’individu s’efface devant le collectif – je ne sais pas. Mais il est aussi velléitaire, procrastine volontiers. Il est aussi un peu maniaque, et semble se complaire dans l’échec et les projets improbables et voués à l’insuccès. Un personnage rapidement insupportable pour ses proches. Si les diverses tentatives du héros pour trouver un moyen de subsistance permettent d’approcher certaines particularités de la culture japonaise, les longues tirades sur l’art de vendre les pierres, sur les oiseaux, etc. ne m’ont pas captivé, bien au contraire. Et je me suis tôt désintéressé du bonhomme, et par ricochet de l’histoire. J’essayerai à l’occasion les recueils publiés plus récemment par Cornélius, mais cette entrée dans l’œuvre de Tsuge ne m’a pas convaincu.

02/09/2024 (modifier)
Par Tetsuo
Note: 2/5

Dans l’ensemble je n’ai pas compris le pourquoi d’un tel récit, c’est long, c’est ennuyeux et je n’ai pas senti un moment d’attachement au personnage. D’ailleurs il est vraiment antipathique, essayant des petits jobs plus inutiles ou étranges les uns que les autres. Ses réflexions sont bas de plateau, le scénario tourne en rond, l’auteur répète le même schéma c’est un peu lassant à force. C’est bizarre, mais j’ai eu quelques d’échos positifs de cette œuvre (j’avais lu une chronique dans je-sais-plus-quel magazine, qui en disait du bien) mais en refermant le bouquin la déception est grande. Je suis mais alors totalement passé à côté du propos, n’adhérant pas ce que l’auteur a voulu tout simplement raconter. Le gekiga est un genre spécial, mais qui se veut à contre-courant de la production de manga classique. Cette démarche est d’ordinaire intéressante puisqu’elle permet de contrebalancer des dérives mises en place et de rompre avec un système. Bon là, les oeuvres ne sont pas toujours probantes, mais avec quand même cet esprit de raconter des histoires vraies, de s'atteler à développer la psychologie des personnages parfois au détriment du rythme du récit.

03/03/2009 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
L'avatar du posteur Erik

Qu'est-ce que je me suis ennuyé à la lecture de ce pavé qui retrace la vie d'un homme qui renonce à ses rêves. Il renonce tout d'abord au dessin pour multiplier les petits métiers (marchands de pierres, brocanteur d'antiquité, réparateur d'appareil photo...). Cette autobiographie est résolument introspective. Le dessin est totalement épuré ce qui accentue le côté désespérance. C'est clair qu'on a droit à un manga différent de ce qu'on rencontre habituellement. Cependant, je n'y ai pas adhéré, très vite gagné par l'ennui.

05/02/2009 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Ce gekiga a certaines qualités. D'abord, son sujet est original. Il apporte certaines anecdotes, informations historiques et notions sur la société Japonaise du 20e siècle ou d'avant qui ne sont pas inintéressantes. Il offre quelques bribes de philosophie et de poésie pas désagréables. Et pour finir, il décrit un type d'hommes, de personnes qui semblent consciemment ou non éviter le succès et rejeter la logique réaliste pour s'attacher à gâcher leur vie et celle de leurs proches. C'est une notion de vie ou plutôt d'abandon de la vie que je ne comprends vraiment pas. J'ai l'impression qu'elle est particulièrement asiatique, l'ayant déjà observée dans d'autres gekigas et dans quelques manhwas. Quoiqu'il en soit, même s'il s'en échappe parfois une certaine mélancolie un peu douce, je trouve que c'est particulièrement déprimant. J'ai ressenti le récit de la vie de cet "homme sans talent" comme un véritable gâchis volontaire, un homme qui choisit de se fourvoyer de plus en plus à chaque étape de sa vie, évitant sciemment le réalisme pour essayer presque bêtement de vivre une vie d'artiste incapable de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Pour un homme solitaire, cela pourrait être un choix, certes, mais pour un homme marié avec un jeune enfant, son simple récit m'agace plus qu'autre chose. Et un tel homme dans la vraie vie m'aurait révolté.

22/11/2008 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Je suis plutôt mitigé pour ce manga. D'un coté, y a des moments que j'ai trouvés extraordinaires alors que d'autres m'ont franchement emmerdé. Les trois premiers chapitres m'ont beaucoup plu et j'ai eu un certain plaisir à lire les "aventures" d'un homme désabusé de la vie qui se trouve tellement nul qu'il vend des pierres. Il rencontre aussi des gens qui sont comme lui et c'est assez intéressant. Malheureusement, dès qu'il part avec sa famille en voyage, j'ai trouvé que ça tournait en rond et que c'était chiant à lire. Je n'ai pas retrouvé la beauté des premiers chapitres et la fin est franchement insignifiante.

23/03/2008 (modifier)
Par cac
Note: 2/5
L'avatar du posteur cac

Ce manga, le premier publié de la veine underground chez Ego comme X, évoque le parcours raté d’un homme qui n’a pas de talent comme le titre l’indique. C’est assez pénible en fait de voir une telle guimauve qui espère gagner sa vie en vendant des pierres qu’il a ramassé dans le fleuve, chose qu’à priori n’importe qui peut faire en se baissant et en se mouillant les pieds. Ensuite tout ce passage sur les pierres, la vente aux enchères de pierres, pierre qui roule n’amasse pas mousse, pourquoi j'ai tué pierre, etc., est assez ennuyeux et de peu d’intérêt (sauf pour un minéralogiste éventuellement). Ensuite le personnage nous relate ses autres expériences professionnelles toutes aussi minables les unes que les autres. Il a une femme à peu près sensée qui ne supporte plus son caractère de perdant et un fils énervant au plus haut point, toujours avec la morve pendante d'une narine. Je me demande quelle est la réelle part autobiographique introduite par Tsuge. L’un des métiers abordés et le moins marginal on va dire s’avère être auteur de bande dessinée. Donc là je suppose qu’il s’agit de Tsuge lui-même. Or s’il s’avère que vendeur de cailloux était également un métier de l’auteur, ça me laisse coi. Le dessin est typique d’une vague de mangas d’auteur dans un style dépouillé assez proche de Tatsumi avec des petits passages comiques aux expressions outrées.

14/02/2007 (modifier)
Par JAMES RED
Note: 2/5
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Tsuge est considéré comme un grand auteur de manga adulte, il signe ici une œuvre presque autobiographique qui décrit le désarroi d’un homme condamné à l’échec. Le postulat de départ aurait pu m’intéresser ; au contraire, ça m’a plutôt laissé perplexe. Je me suis beaucoup ennuyé à la lecture de ce roman graphique ; espérant désespérément qu’il allait se passer quelque chose. Or rien, on lit 200 pages sur la vie d’un homme, loser de son état, dont l’activité principale est la vente de pierres sorties de la rivière. C’est lent, le personnage principal n’arrive pas à m’émouvoir et parvient presque à m’agacer. Quant au scénario, l’auteur se contente de décrire les rencontres de son « double » avec des personnes toutes partiellement « paumées ». Au final, je n’accroche pas et j’ai même souffert pour arriver à la fin car par moment le livre me tombait des mains.

13/02/2007 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
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Vendeur de pierres… Voilà un métier intéressant. Enfin, quand on ne sait plus quoi faire… Ou qu’on a épuisé à peu près tous les métiers les plus inutiles du monde, comme le héros de cette BD. Vraiment, c’est un homme qui ne sert à rien. Et écrire une histoire là-dessus, eh bien ça ne sert pas non plus. Même si l’histoire permet de parler de certaines traditions du Japon, l’intérêt de cette histoire approche du zéro absolu. Peut-être que l’histoire contient une part d’autobiographie, mais bof bof. Le dessin de Tsuge est, quant à lui, assez laid. Anguleux, « sale », irrégulier, il est plutôt désagréable à l’œil. Etrange, d’ailleurs, que l’on ne voie pas le visage de la femme du héros avant la page 120. Bref, c’est un peu chiant, c’est long, c’est pas beau. On passe.

11/12/2005 (modifier)

Ce manga a de quoi paraître déroutant, Tsuge ne s'embarrasse pas avec les codes narratifs habituels du manga, ici pas de découpage rapide ou sophistiqué, Tsuge préfère utiliser un système tout en douceur, l'action se ressent plus qu'elle ne se voit. Yoshiaru Tsuge n'est clairement pas un auteur de manga mainstream, ses oeuvres sont mesurées, personnelles et rares. On est loin du classique avec cet auteur. L'Homme sans talent exprime la vision décalé qu'a Tsuge de ce monde, Sukezo, le mangaka sans talent, ne cherche ni à s'intégrer ni à se mettre en marge du monde, il vit juste sa vie à sa façon, au bord de la vie, sans chercher de but à atteindre. Bien sûr cela déroute autant le lecteur que l'entourage du héros. Cette histoire est empreinte de richesse et d'émotions diverses, malgré l'aspect lourdement dramatique de l'oeuvre, ce manga prête parfois à rire ce qui, compte tenu du propos, est un tour de force. Les dessins sont aussi simples qu'intenses, en parfaite résonance avec le récit. Pour apprécier ce manga il faut se laisser surprendre, ce n'est pas évident d'aborder le manga sous cet angle en France, tant nous avons tendance à classer les oeuvres par genres, Shonen, Shojo, Seinen etc... De ce point de vue, l'Homme sans talent est tout bonnement inclassable. Une oeuvre culte... je n'en sais rien, mais une BD marquante, intense, dérangeante, destructrice, tout simplement belle, ça j'en suis sûr! L'homme sans talent est incontestablement une lecture cinq étoiles.

05/12/2005 (modifier)

C’est une histoire particulière que celle de cet homme qui descend toujours plus bas dans l’échelle sociale et l’estime de sa femme. En effet, il semble mettre une application particulière à échouer dans toutes les entreprises -de plus en plus foireuses il est vrai- qu’il entreprend. Dans son entourage on ne croise que des personnages en marge, des brocanteurs de rue, un libraire de livres d’occasion qui a installé son lit au milieu de sa boutique et reçoit ses clients allongé, un vendeur d’oiseaux qui met un point d’honneur à ce que son magasin ne soit pas trop fréquenté, et pour finir, un poète qui a fini clochard. C’est assez désespérant cette impression de fatalité qui lui colle aux basques, et son indolence est vite exaspérante. Toutefois, il y a des passages assez poétiques, et des réflexions d’une grande justesse. Malgré tout, cet anti-héros reste peu attachant. Le dessin, quant à lui, est assez beau, les paysages sont d’une grande finesse et les expressions des personnages sont bien rendues, mais l’achat ne me paraît pas indispensable, ce n’est pas forcément le genre d’album que l’on relit.

24/05/2005 (modifier)