DareDevil - Sous l'aile du Diable (cycle Smith et Quesada)
Alors qu’il est en pleine remise en cause de sa foi, Matt Murdock/DareDevil se voit confier un bébé qu’on lui annonce comme étant l’AntéChrist.
Auteurs britanniques Daredevil Marvel Spiritualité et religion Super-héros Univers des super-héros Marvel
Matt Murdock vient de se faire larguer par la femme de sa vie (enfin, l’une des femmes de sa vie) et n’a plus goût à la vie. Plutôt que de se saouler avant de se tirer une balle dans la bouche comme le ferait un homme raisonnable dans ce genre de cas, il décide plutôt de douter de sa foi en Dieu et d’aller voir un prêtre. Et c’est là que sa route croise celle d’une jeune fille-mère et de son bébé, poursuivis par des individus louches. La gamine confie son enfant à Murdock en lui affirmant qu’il s’agit là du nouveau Messie (elle s’est retrouvée enceinte d’elle alors qu’elle est vierge). Plutôt que de vendre le bébé à un couple riche, stérile et désireux d’adopter comme le ferait un homme raisonnable dans ce genre de cas, Murdock décide de gober l’histoire, mais d’enquêter un peu dessus quand même. Peu après, un inconnu se présente à son cabinet et lui annonce que le bébé est l’AntéChrist et qu’il doit le lui remettre ou le tuer, sous peine de voir débarquer l’Apocalypse, sans compter de graves ennuis pour ses proches. Dans les jours qui suivent, Murdock est de plus en plus instable et perturbé. Et ses proches sont, un à un, victimes de désagréments plus ou moins graves. Que se passe-t-il ? Le bébé est-elle réellement l’AntéChrist ? L’Apocalypse est-elle en marche ? Ou bien DareDevil est-il au cœur d’une terrible machination ? TA-TA-TA-TSIIIIIIIN…. Vous le saurez en lisant DareDevil : Sous l’aile de le Diable… ou alors la fin de mon résumé : **ATTENTION** ***SPOILERS LINE DO NOT CROSS*** Alors voilà, en fait, tout ça c’est un complot débile imaginé par Mystério, l’ennemi de Spider-Man, celui qui a un bocal à poissons sur la tête et qui est encore plus ridicule que Willem Dafoe en Bouffon Vert (c’est dire). Mais à la fin DareDevil gagne et ces histoires d’Apocalypse et d’AntéChrist, c’était de la blague. Et Matt Murdock retrouve la foi alors que sa vie est encore plus merdique qu’au début de l’histoire bien qu’il se casse le cul tous les jours à essayer de faire le bien autour de lui, comme quoi, il n’est pas rancunier, ou alors vraiment con.
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Date de parution | Août 1999 |
Statut histoire | One shot 2 tomes parus |
Les avis
100% superhéros, 100% malin - Ce tome regroupe les épisodes 1 à 8 de la série redémarrée en 1998/1999. le scénario est de Kevin Smith, les dessins de Joe Quesada, et l'encrage de Jimmy Palmiotti. Il contient également le numéro 1/2, une brève introduction de Joe Quesada, et une postface de Kevin Smith. Quelque part à New York, une maternité est dévastée causant la mort de plusieurs nourrissons. Gwyneth (15 ans) arrive à sortir en emportant avec elle son bébé. Alors qu'elle essaye d'échapper à ses poursuivants, elle passe à proximité d'une église où Matt Murdock est en train de recevoir le sacrement du pardon. Il évoque au prêtre son manque de repère depuis que Karen Page a décidé de vivre sa vie de son coté. Celui-ci ironise un tantinet en faisant remarquer que Murdock vient se confesser uniquement après avoir perdu le réconfort de sa femme, mais que c'est toujours mieux que de recourir à une thérapie ou un bouquin de développement personnel. Murdock n'écoute plus, il a déjà revêtu son habit de Daredevil et court au secours de Gwyneth. Peu de temps après celle-ci lui rend visite à son cabinet d'avocat et lui confie son enfant, avant de s'évanouir dans la nature. Puis Murdock reçoit la visite de Nicholas Macabes qui lui explique que son organisation Sheol a la certitude que ledit enfant est l'antéchrist. Pour preuve, peu de temps après l'avoir recueilli, Murdock constate que sa vie part en sucette. En 1998, Bob Harras (éditeur en chef de Marvel Comics) confie quelques séries moribondes à Joe Quesada en tant que responsable éditorial (la naissance de la ligne Marvel Knights). Ce dernier décide de relancer Daredevil en faisant appel à un ami : Kevin Smith, réalisateur de films indépendants tels que Clerks, les employés modèles ou Chasing Amy. Ce dernier est un lecteur assidu de comics, mais aussi un créateur avec une vision claire de ce qu'il souhaite faire avec le personnage. Pour commencer, il est hors de question qu'il raconte une histoire à destination des enfants. Dès le premier épisode il accumule les transgressions d'interdits implicites dans les comics : il parle des relations charnelles entre Matt et Karen, il intègre un prêtre et une confession, et plus fou encore, il ose faire jouer un rôle crucial à un nourrisson. N'importe quel lecteur sait que la religion ne sert qu'à inclure des démons de pacotille, que les relations physiques constituent un tabou (imaginez que même Foggy couche), et qu'un nouveau né plombe le récit qui ne peut pas s'en relever. Non seulement, ce sale gosse de Kevin Smith ne respecte pas les codes en vigueur, mais en plus il se complait dans de copieuses cellules de textes et de longs monologues pour mieux développer les personnages. Comme si ça ne suffisait pas, après avoir installé Daredevil dans une intrigue dépourvue de superhéros (sauf Black Widow) dans la première moitié, il n'hésite pas à inviter d'autres superhéros dans la deuxième moitié à commencer par un magicien qui exige un niveau de suspension consentie de l'incrédulité sans commune mesure avec celle déjà nécessaire pour tous ces gugusses en costumes moulants aux couleurs criardes. Et pourtant, ce récit se lit avec plaisir, il recèle énormément de moments intelligents et chargés en émotion. Il est fidèle à l'esprit des superhéros, il est fait pour les lecteurs qui ont grandi avec les superhéros. Kevin Smith cite les récits les marquants de Daredevil, à commencer par Born again de Frank Miller et David Mazzucchelli (en ramenant même Sister Maggie, pas sa meilleure idée), mais aussi les histoires écrites par Ann Nocenti (Typhoid Mary), et bien d'autres encore. le talent de Smith lui permet de faire honneur à ses ambitions : le résultat est enlevé, avec une légère dérision très savoureuse, et Daredevil accomplit toutes les actions superhéroïques que le lecteur attend de lui. Comme il l'observe lui-même dans la postface, il a la chance que Joe Quesada se charge de la mise en images, et qu'il arrive à faire passer ses textes volumineux. À la lecture, il est visible que Quesada s'est bien amusé à illustrer ce récit. Cela commence avec l'idée astucieuse d'insérer avec parcimonie quelques gravures de Gustave Doré pour une petite touche de religieux. Cela transparaît dans chaque pose prise par Daredevil, chacune de ses acrobaties où Quesada ne se contente pas de ressortir les plans de ses prédécesseurs, il construit ses planches et choisit ses angles de vue de manière à mettre en valeur son coté athlétique et casse-cou. Et puis il y a ces petits tics graphiques propres à Quesada qui apportent une saveur particulière aux illustrations. Il y a sa propension à exagérer la taille des yeux des personnages pour mieux faire passer l'émotion, employant un code propre aux mangas. Il y a les muscles de Daredevil qui ne bénéficient pas toujours d'un bel arrondi, qui présentent parfois une protubérance disgracieuse qui confère un aspect moins lisse au personnage. Il y a aussi les clins d'œil à des personnages d'autres séries. Pour commencer, Nicholas Macabes ressemble comme 2 gouttes d'eau au Commissaire Dolan de la série Spirit de Will Eisner. Dans l'épisode 6, le lecteur attentif pourra identifier les clients du bar fréquenté par Turk Barrett : Jesse Custer, Nancy Callahan et Marv en provenance directe de Sin City. Dans le dernier épisode, le présentateur télé a une ressemblance marquée avec Clark Kent, et il est possible de reconnaître bien des individus sur les bancs de l'église (à commencer par les auteurs eux-mêmes), avec en particulier Ash (un personnage créé par Joe Quesada et Jimmy Palmiotti). L'épisode 1/2 est également écrit par Kevin Smith sous forme de texte, avec des illustrations. Il s'agit d'un résumé de la vie de Matt Murdock. Kevin Smith réalise une histoire complètement imprégnée de l'historique du personnage, avec un suspense de bonne facture, des personnages avec des points de vue, et une belle profession de foi sur l'un des métiers du cinéma dont il parle avec passion. La mise en images de Quesada et Palmiotti compense les pages un peu chargées en texte, par une grande vitalité et une énergie impressionnante, tout en renforçant encore les références discrètes au monde des comics.
Enfin parmi les versions modernes de DD, j'en trouve une qui me plait, même si pour moi, elle ne vaut pas les scénarios de Daredevil - L'intégrale. C'est celle que j'ai lue en entier, j'ai feuilleté mais pas lu entièrement d'autres versions dessinées par Romita Jr, Lark ou Tim Sale, et même du Miller, mais celle-ci tient plutôt la route, c'est bien orchestré, ça montre le Daredevil aux 2 visages auquel j'ai été habitué, à savoir le côté fort qui habite le héros, celui du vrai justicier qui dort en lui, celui qui remue la merde à Hell's Kitchen, et puis son contraire, le côté introspectif du personnage miné par ses douleurs et ses chagrins. Et ici, le côté fort est parfaitement rendu par un dessinateur à la hauteur ; Quesada est celui que je préfère parmi les dessinateurs des versions modernes de super-héros avec Carlos Pacheco et John Cassaday ; il n'y a qu'à voir ce qu'il a fait sur des épisodes de Iron Man, Spiderman, Batman ou Superman, et peut-être plus encore sur Black Panther... son dessin est superbe, policé, enrobant et donnant du relief aux personnages musclés. Le seul truc qui m'a un peu déplu dans ce comics, c'est l'intervention de Dr Strange, l'un des super-héros Marvel qui ne m'a jamais attiré, même si dans ce récit l'aspect religieux et mystique encourage son apparition.
« Sous l’aile du diable » est le premier Daredevil que j’ai lu. Je connaissais ce personnage que j’avais vu une fois dans le dessin animé Spider-Man réalisé dans les années 90 ainsi que par quelques apparitions dans l’intégrale des Fantastic Four et j’ai voulu savoir comment il était dans sa propre série. Je ne fus pas déçu à la lecture. Ces deux tomes sont passionnants et j’ai eu beaucoup de plaisir à lire même si certains passages ne m’ont pas vraiment convaincu comme l’intervention du Docteur Strange. Certes, il y a un côté religieux un peu chiant parfois, mais comme ce n’est pas un discours intégriste, cela ne m’a pas trop dérangé. Ce qui m’a dérangé en revanche, c’est le dernier chapitre rempli de clichés que je n’aime pas du tout dans ce genre de situation.
J’avoue que j’attendais mieux de la part de Kevin Smith pour sa participation à la série "DareDevil"… Habituellement assez rigolo et original au cinéma comme en BD, il n’est ici ni l’un ni l’autre et fait surtout parler ici un aspect moins marrant de sa personnalité : son côté bon chrétien pas intégriste mais assez prêchi-prêcheur quand même, déjà apparent dans son film Dogma. Le personnage de DareDevil est ici utilisé pour faire passer le message « Même si la vie te chie quotidiennement sur la tête depuis que t’es né et que ça te donne envie de penser que Dieu n’existe pas ou alors qu’il se fout bien de ta gueule, il faut continuer à croire en lui et à le prier, parce que… ben, euh… parce que c’est comme ça, c’est tout». Je vous l’avoue : si dans Dogma, les leçons de catéchisme étaient rendues moins indigestes par leur assaisonnement à base de blagues de cul et de blagues pipi-caca, ce "DareDevil" par contre manque hélas cruellement d’humour. Le scénario est quant à lui calqué sur celui d’un vieille histoire de Frank Miller ("DareDevil : Renaissance") dans lequel le héros voyait sa vie s’écrouler autour de lui morceau par morceau et se retrouvait au bord de la folie, soit la même chose qu’ici. Le traitement de l’idée est hélas beaucoup moins intéressant dans "Sous l’aile du Diable". Faire intervenir Docteur Strange et le démon Méphisto dans une histoire se voulant empreinte de réalisme noir, c’était peut-être pas une bonne idée... A part ça, c’est bavard (comme toujours avec le personnage de DareDevil, remarquez), le dessin a la pêche mais pas beaucoup de personnalité… De la série B peu palpitante, voire carrément ennuyeuse.
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