La Diva et le Kriegspiel
L'histoire d'une cantatrice née à la fin de la Première Guerre Mondiale qui se retrouvera sans le vouloir du côté nazi lors de la Seconde Guerre Mondiale.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Ecole Duperré La BD au féminin Nazisme et Shoah Pierre Christin Racisme, fascisme
Camille est née dans une famille très modeste. Elle vivra sa jeunesse en France dans l'entre-deux-guerres tourmenté et se découvrira très vite une passion et un talent pour la musique. Dans le décor des évènements politiques nombreux et troublés de ces années là, Camille va avoir la chance de pouvoir sortir de son milieu de naissance et grimper vers les sommets de la gloire en devenant cantatrice. Elle va côtoyer tout une population parfois pas très fréquentable dans ce monde où le nazisme et les extrêmismes montent mais restera aveugle aux événements qui l'entourent, absorbée en permanence par sa passion pour l'art et la musique. C'est ainsi que, d'une certaine manière contre son gré, elle se retrouvera du côté des perdants à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
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Date de parution | Décembre 1981 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Il me semble qu'on enterre assez vite cette Bd dans quelques avis précédents, alors que je la trouve pas si mal, même si ce n'est pas le genre de sujet qui m'attire vraiment. Mais cette seconde collaboration entre Christin et Goetzinger après La Demoiselle de la Legion d'Honneur, est une réussite pour ce tandem qui en donnera d'autres ; elle parut dans Pilote en 1981. Une fois de plus, Christin fait montre de son talent de conteur et peut étaler son aisance à la description socio-politique (l'avant-guerre, la montée du nazisme, la collaboration), en alliant documentation réaliste et imagination poétique à travers le destin tragique de Camille Prévost, partie de rien, devenue diva d'opéra, puis retournée à rien parce que trop impliquée dans le régime de Vichy et la collaboration avec les nazis. Christin échafaude son récit selon un enchainement de flashbacks, avec une tension psychologique qui fait penser à certains films d'Hitchcock de sa période anglaise, même si les thèmes n'ont rien à voir, tout en livrant une réflexion générale sur la période de l'occupation. Je me suis renseigné, et je crois que ceux qui connaissent un peu le monde de l'opéra, auront peut-être reconnu à travers ce personnage d'étoile déchue, la figure de Germaine Lubin, cantatrice française dont la silhouette et la blondeur la destinaient à incarner les grandes héroïnes wagneriennes, elle fut la seule qui ait chanté Tristan et Isolde à Bayreuth devant Hitler, elle paya chèrement cette "erreur" ainsi que le fait d'avoir été la maîtresse de Pétain, autre erreur. A la Libération, elle est soupçonnée de collaboration avec l'occupant, après son procès, elle est lavée de cette accusation mais frappée d'indignité nationale, ses biens sont confisqués, elle dut se réfugier chez des amis en Suisse. Comme on le voit, c'est la tragédie d'une vocation artistique, fort bien illustrée par Annie Goetzinger dont j'ai toujours apprécié le dessin ; ici, son trait est à peu près semblable à celui qu'on voit sur Félina, malgré une légère raideur, avec toujours ces cadrages ronds ou de différentes formes, comme sur Félina ou Casque d'Or qui donnent un certain style au charme rétro.
C'est une BD que j'ai lue il y a fort longtemps et qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, c'est le moins que l'on puisse dire. À l'époque de sa sortie le scénariste Pierre Christin et la dessinatrice Annie Goetzinger étaient considérés comme des pointures, de même la collection portraits souvenir comportait du lourd. Avant de poster cet avis j'ai feuilleté vite fait l'album et mon sentiment premier est que je trouve tout cela très daté. La manière dont les choses sont traitées, même si en lui-même le sujet n'est pas inintéressant, mais je ne sais pas il y a un côté très suranné. Le dessin n'y est pas pour rien, il fait à mon goût trop appliqué. Le sujet n'est certes pas à la gaudriole mais une colorisation un peu plus pêchue n'aurait pas nui. Il y a de fortes chances que cette BD parte dans la caisse des trucs à vendre lors d'un prochain vide-grenier.
Le dessin de Goetzinger me fait souvent un effet assez bizarre. Et c’est encore un peu le cas ici. Il est assez stylisé, maniéré (il n’y a pas le léger souffle d’érotisme que j’y trouve parfois), avec quelques trognes « à la Bilal ». Mais c’est aussi un chouia trop appliqué, avec des personnages – et leur visage en particulier – trop statiques, avec parfois l’impression qu’ils portent des masques. Pour ce qui est de l’histoire concoctée par Christin, elle se laisse lire, sans plus, et je pense que je l’aurais rapidement oubliée. L’album est une sorte de long flash-back, la diva en question étant interrogée par des résistants (nous sommes vers la fin de la Seconde guerre mondiale) avant un éventuel peloton d’exécution. Racontée en grande partie au style indirect (ce qui ici n’aide pas à captiver le lecteur), la vie de cette « diva » n’est pas inintéressante (elle traverse la première moitié du XXème siècle, et se trouve au cœur de ses évolutions, de la crise à la montée du fascisme, jusqu’à la mise en place de la dictature pétainiste – c’est d’ailleurs cet aspect qui est le plus intéressant dans cet album, Christin ayant pris le parti de montrer certains décors et marionnettes du régime). Mais voilà, cette histoire n’est pas hyper originale, la narration n’est pas non plus très engageante, et les personnages ont une personnalité à l’image du dessin de Goetzinger, c’est-à-dire assez plate : il manque ici clairement de la profondeur, du rythme, quelque chose qui permettrait au lecteur de s’intéresser au sort de cette diva, ballottée par les événements, au cœur de l’album, mais dont on ne perce pas réellement la personnalité. Note réelle 2,5/5.
J'ai eu un peu de mal avec cette lecture. Non tant sur le plan du sujet, car ce portrait d'une femme qui a traversé la tourmente de l'Occupation (entre autres) est quand même bien raconté, en dépit de certains raccourcis scénaristiques. Mais plutôt au niveau du dessin. Annie Goetzinger utilise son style le plus "statique", le moins expressif ici. Ses personnages n'ont aucune cohérence anatomique, ils changent d'ailleurs de tête d'une case à l'autre, c'en est vite désagréable. La mise en couleurs est assez pauvre, il aurait mieux valu faire appel à un pro pour égayer un peu tout cela... Bref, je n'en retire rien, mis à part le sujet, pas trop mal traité.
J'ai été si vindicatif dans le passé avec ces deux auteurs qui n'ont pas produit d'oeuvres qui m'ont jusqu'ici réellement marqué. Je vais donc me rattraper avec celle-ci qui sort du lot. Bon, le dessin d'Annie Goetzinger reste toujours "un peu" statique ; on pardonnera aisément au vu de la qualité de l'oeuvre. En effet, la narration nous fait tout de suite nous intéresser au destin de cette diva de l'opéra dans la période troublée de l'entre-deux-guerres et de l'abominable seconde guerre mondiale qui a divisé la France en deux camps. Malheureusement, cette passionnée de chants de musique classique a été mêlée malgré elle à la tourmente de l'Histoire. Celui qui aimait Wagner était forcément un nazi. J'ai apprécié tout particulièrement la vision des auteurs sur une partie de l'histoire qu'on occulte ou qu'on magnifie à souhait. Cette vision est justement point manichéenne. Déjà dans la série similaire Les Morin-Lourdel, la conclusion qu'on pouvait en tirer était que les libérateurs héros n'étaient pas aussi clean et qu'on pouvait être considéré pour un traitre alors que ce n'était pas forcément le cas. Les préjugés ont gagné les esprits pour conjurer toutes ces années de souffrances. La même réflexion est reprise ici également. On apprend qu'on a massacré brièvement des fonctionnaires de petites mains alors que les gros vrais responsables ont toujours pu échapper aux mailles du filet pour se retrouver soit patron de la presse, soit général ou haut fonctionnaire. Le monde est injuste. Cette bd loin d'être révisionniste est là pour restituer certaines vérités à qui veut bien l'entendre.
Moi qui n'ai pas aimé le dessin d'Annie Goetzinger dans les albums précédents que j'avais lus d'elle, je le trouve ici pas mauvais et bien dans le ton de l'histoire, tant au niveau du dessin, que des couleurs et de la mise en page (malgré quelques ratés au niveau de l'ordre de lecture des textes dûs à des essais de mise en page pas totalement réussis). Et quant à l'histoire, elle n'est pas mauvaise non plus. On suit sans peine l'ascension de Camille dans le monde de la musique, et on suit en parrallèle avec intérêt la description du monde politique qui l'entoure. C'est une plongée dans le monde des troubles précédant le Front Populaire, de la montée des extrêmismes, de la montée du nazisme, de la victoire allemande et surtout de la collaboration des français aux idées très proches de celles des Nazis. Mais en même temps, la Diva elle-même reste aveugle à tout cela, et on comprend sans peine qu'elle s'en moque, et que pour elle seule la musique compte, que ce soit du Wagner du côté nazi ou du Stravinsky de l'autre côté de la "barrière". En résumé, je trouve l'histoire bien contée et pas inintéressante. Bon, de manière générale, ce n'est pas une BD qui restera gravée dans mes souvenirs, mais elle n'est pas désagréable du tout.
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