Louis le Portugais
À quoi rêver dans une banlieue sans avenir ?
Aire Libre Banlieue
Tout de suite, la zone. Délimitée par les signaux stop, les indications lumineuses comme des invitations à aller se faire voir ailleurs, les routes qui se font remonter les bretelles et ricanent “nous pouvons vous mener nulle part”. Et ce ciel. Ce ciel ! Lourd comme un péché sur la conscience. Ce péché qui consiste à remplacer les fleurs par des luminaires. Comment voudriez-vous que sous un ciel comme ça les enfants n’aient pas cinquante ans dès la maternelle ? Leur coin de vie, dans l’ordre : un flic, une pute, un flic, un camé, un flic, un braqueur, un flic, un branleur, un flic, une branleuse, un flic, la baise à l’horodateur. Cerise sur ce gâchis, un parasite — pardon, un huissier de justice. Et Louis, qui rêve du Portugal. Un flic. Et qui rêve d’amour. Un flic. Et... si on parlait d’autre chose ? Un flic. Au "Bar des bons enfants" se retrouvent tous les habitués du quartier : Louis le Portugais, chômeur en fin de droit; Pol et sa bande, toujours fauchés, toujours assoiffés, prêts à tout pour se faire un peu d'argent; Potché et Lam, deux enfants roumains qui apprennent la vie dans la rue; et surtout Dontcha, leur grande soeur qui fait tourner bien des têtes et battre bien des coeurs. Mais à quoi tous ces immigrés peuvent bien rêver lorsque leur avenir se limite à survivre ? Prêt à tout pour arracher un peu de bonheur à la grisaille, comment chaque personnage réagira face à l'adversité ? Texte Dupuis.
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Date de parution | Septembre 1996 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Décidément, je pense que je n'arriverai jamais à apprécier le graphisme de Stassen. Je suis tombé sur cette oeuvre en me disant que j'allais essayer à nouveau un titre de l'auteur après une longue période de maturation. Je crois qu'il y a des choses instinctives du genre on aime ou on n'aime pas. Il ne faut pas se forcer... Sur le fond maintenant, cela reste toujours aussi glauque, aussi sombre et aussi sinistre. Je n'arrive pas à aimer ce genre de récit qui ne laisse malheureusement aucun espoir. C'est souvent vulgaire et au final, cela n'apporte pas grand chose. Je sais que le rêve et l'évasion sont exclus de ce genre mais on aurait aimé autre chose que ce portrait un peu caricatural de cette banlieue sordide. D'autres auteurs nous offrent tout de même une vision différente et beaucoup plus intéressante des exclus de la société. Voilà, c'est dit !
Le style de Stassen continue à ne pas me convaincre. Pourtant, il s’agit ici d’une œuvre déjà ancienne et l’artiste évolue entre deux eaux. Sa période « ligne claire » est déjà loin mais on n’est pas encore face à ce style à l’influence africaine affirmée qu’il emploiera sur « Les Enfants » par exemple. J’étais fan du premier, nettement moins du second, et me retrouve donc un peu dans la même situation que lors de ma lecture de « Le Bar du vieux français ». Je ne peux pas dire que j’aime ce trait « à plat », ces personnages à l’étrange morphologie (grosses têtes et membres courts) mais je parviens tout de même à l’accepter pour m’intéresser à l’histoire. Cette histoire, une classique histoire de quartier populaire, avec immigrés, petits voyous, magouilleurs, bistrot/quartier général, drogue et prostituées, m’est apparue bien tournée. Le rythme est un peu lent mais les personnages sont intéressants et parviennent parfois à me toucher (hormis deux enfants auxquels j’ai seulement envie de foutre quelques bonnes claques). Je l’ai donc lue jusqu’au bout, et j’ai bien aimé une fin qui évite la guimauve sans gagner le grand prix de l’originalité. Ce n’est toutefois pas un album que je relirai de sitôt. Pas mal fait dans son genre, mais sans plus …
Stassen nous dépeint ici des tranches de vie en banlieue. La lecture n'est pas désagréable mais rien de vraiment terrible. Ce n'est pas assez choquant ou assez drôle ou assez incisif pour marquer le lecteur. C'est juste un petit voyage dans une certaine vision de la banlieue. Par contre le style du dessin est propre à Stassen, et ça peut rebuter certains.
J'aime bien les dessins de Stassen, son trait rond, gras, la touche de naïveté qui s'en dégage, forment un ensemble qui me séduit. Le langage du dessin étant un facteur important à mes yeux, j'ai fait l'acquisition de cette BD. Elle nous raconte l'histoire de gens subissant un climat social sinistre, Louis et ses amis passent leurs journées à s'ennuyer ferme, ne levant même plus les yeux vers un horizon gris, discutant de petites combines pour rêver d'un futur meilleur. Stassen à travers quelques scènes plante l'univers, à mon avis c'est un peu trop volontairement assombri pour être totalement convaincant, je sens poindre une ambiance caricaturale, c'est bien dommage. Le scénario confirme mon opinion, l'histoire est bonne et triste mais engluée dans un style narratif qui semble plus idéal pour un conte de fée que pour chroniquer une grise réalité sociale. Au Café des Bons Enfants où il à l'habitude de se rendre, Louis dans un de ses plus mauvais jour, aperçoit Dontcha, c'est le coup de foudre immédiat. Louis envisage à ce moment-là -moment où l'histoire décolle- des perspectives d'avenir un peu plus heureuses. En tant que lecteur on assiste ici à la naissance d'une romance bercée d'illusions tout en ne s'en faisant aucune, au vu de l'orientation dramatique prononcée du récit on tourne les pages, sans avoir de vraie surprise, en attendant la fin. Cette histoire n'est pas mauvaise, la fin est forte, c'est son traitement qui m'a dérangé. Un peu trop surfait, un peu trop poétique et larmoyant à mon goût. Les personnages non plus ne me paraissent pas très attachants, ils sont nombreux, ils déboulent sans crier gare et cumulent les poncifs afin que l'on sache immédiatement qui ils sont, c'est un peu rapide à mon sens. Ce genre a déjà été traité de façon fort réussie en BD, les oeuvres de Baru sur le sujet me semblent dépeindre cet univers de façon bien plus réaliste et incisive. Sinon allez faire un tour du côté de "Palomar City"de Gilbert Hernandez qui fait à mes yeux référence en la matière, ou alors essayez de lire le méconnu et très âpre Sang de Banlieue de Jaime Martin. Sur des sujets aux toiles de fond similaires, ces BD pourtant bien plus vieilles que "Louis le Portugais" offrent une vision bien plus avancée de la vie que doivent mener ceux que l'on désigne comme étant les exclus de notre société. JJJ
"Récit social", "mésaventure d'un groupe de petites frappes accompagnée d'une bleuette", il est difficile de vraiment cerner le scénario de cette BD. Il s'attache à un quartier (la zone) et à quelques-uns de ses habitants parmi les plus paumés. Petits voyous, drogués, soulards, prostituées, parasites sociaux et autres pauvres gars, les personnages sont plutôt réussis par Stassen qui sait les rendre assez attachants. Le dessin est dans le style particulier de Stassen, moins esthétique à mes yeux que dans ses oeuvres suivantes telles que Deogratias mais très lisible. Je l'apprécie relativement bien. Mais le scénario ne me plait que moyennemnt. Il est un peu "trop" : tout va mal, tout va de mal en pis, les personnages sont des paumés qui n'ont pas de chances et dont les actions les enfoncent encore plus dans la misère et le malheur. Et puis surtout en fin de lecture, on revient au point de départ, quoique les choses soient encore pire à l'arrivée qu'au départ, et il en résulte que je ne vois pas trop où veut en venir cette histoire. Une lecture pas désagréable, de bons personnages, mais un résultat juste pas mal.
Suivre les mésaventures d'un groupe de petites frappes, ça n'est pas très original. Pour y ajouter du piment, on peut y mettre une bluette. Mais on sent que Stassen s'en désintéresse très vite. Du coup, le dessin est plutôt bâclé, et le scénario vite expédié. Un Stassen mineur, indigne de figurer chez Aire Libre.
Cette bd officie dans un genre plutôt rare en bd : le récit social. A l'instar de cinéastes comme Ken Loach, Stassen dresse ici un portrait de société avec une volonté affichée de coller à la réalité des nécessiteux et des perdus. C'est une histoire sensible et attachante. Le dessin est un vrai délice, Stassen a un style inimitable, une vraie patte que je suis toujours ravi de retrouver. Ce qui est plus agaçant en revanche, c'est la manière dont le récit enchaîne ses personnages à leur moule "social". Je crois en un certain déterminisme social mais malheureusement, ici, les êtres semblent courir trop directement vers leur tragique destin. Mais cela reste à lire et à acheter, comme tous les albums de Stassen.
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