Les Enfants
Une ville cernée par les collines d'où sourd la rumeur atténuée de la guerre. Dans l'atelier du projet Savinn' , des garçons s'essaient à la vannerie, avec plus ou moins de bonheur.
Afrique Noire Aire Libre Enfance(s) Génocide des Tutsis au Rwanda
Une ville cernée par les collines d'où sourd la rumeur atténuée de la guerre. Dans l'atelier du projet Savinn' , des garçons s'essaient à la vannerie, avec plus ou moins de bonheur. Mongol s'applique. Il voudrait capter l'attention d'Anika. Mais il n'est pas très habile et Anika semble s'intéresser d'abord à Angel. Angel arrive si bien à émouvoir la belle Suédoise quand il lui dit qu'il a mal à la tête et qu'aussitôt après, il lui parle de la fois où on a tué ses parents.
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Date de parution | Février 2004 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Contrairement à Déogratias, je n’ai pas été « impressionné » par cet album de Jean-Philippe Stassen. Comme dans « Déogratias », le lecteur est invité à suivre des jeunes protagonistes au Rwanda. On devine que ça se passe pendant le génocide mais en fait, on dirait qu’il n’y en a pas au regard de la façon dont Jean-Philippe Stassen le raconte dans « Les enfants ». En effet, à part quelques tirs d’artillerie qui retombent assez loin du lieu où se déroule cette histoire et l’existence d’un couvre-feu, on n’a pas vraiment l’impression qu’il y ait des massacres dans ce pays. Dans cette bande dessinée, le lecteur suit les péripéties d’un groupe de jeunes orphelins n’ayant pas de repères et d’attentes en leur avenir. Ces enfants sont en quelques sortes pris en charge par une association humanitaire dont la gérante tente tant bien que mal à leur donner un semblant d’avenir. Et puis voilà, on suit les errances de cette bande et puis sans plus… On découvre leur quotidien qui consiste à quémander de l’argent, à se lamenter sur leur sort et le passé colonialiste du Rwanda, sans oublier que ces gamins, et bien, ils sont malheureusement meurtris par ce qu’ils ont vécu, tellement qu’on se demande bien ce qu’on peut faire pour eux, tellement que même l’auteur ne nous apporte pas une once de lueur d’espoir en eux… C’est brut de décoffrage, c’est noir, c’est désespérant, c’est certainement comme ça que vivaient réellement ces jeunes rwandais du moins à cette époque et peut-être même de nos jours… Face à tant de noirceurs, il est donc difficile à s’attacher à ce récit et ces protagonistes, est-ce un bien ou un mal ? En tout cas, on ne peut pas reprocher à Jean-Philippe Stassen de nous cacher la vérité sur le quotidien de ces enfants. On ressent beaucoup de tendresse et aussi d’inquiétude envers ces gosses de la part de l’auteur. Quant aux reproches formulés envers les occidentaux en particulier ceux issus des anciennes colonies, je me dis que vu la situation actuelle de certains pays africains comme le Kenya et vu qu’ils peuvent s’affranchir de leur tutelle, il y a de l’espérance… Au niveau de la narration, comme l’histoire en elle-même, ce récit m’est apparu assez pénible à lire à cause essentiellement des dialogues énigmatiques du jeune « Mongol » et du langage « simpliste » des occidentaux (c’est écrit en français de la même structure grammaticale que quand ils s’expriment en rwandais, c’est-à-dire difficilement). Le coup de patte de Stassen ? Il a un style particulier, il est facilement reconnaissable, c’est du Stassen, point barre ! Pour moi, c’est la trace d’un grand artiste, qu’on aime ou pas son graphisme, on ne peut nier que son empreinte est hautement personnelle et que son dessin est facilement lisible. « Les enfants » se révèle donc être une bande dessinée qui dépeint avec réalisme le quotidien d’une bande de jeunes rwandais pendant le génocide de ce pays, on a donc un récit assez dur et déprimant qui n’insiste pas à être optimiste sur le devenir de cette population. Cet album a été réalisé en 2004, il serait peut-être intéressant de voir comment la situation au Rwanda a évolué depuis…
Décidément, je n’aime pas le dessin actuel de Stassen, trop influencé par le graphisme africain à mon goût. Cette fausse naïveté dans le trait et l’épaisseur de celui-ci me rebutent. Dans le cas présent, j’ai également trouvé la mise en couleur beaucoup trop terne. J’ai cependant conscience qu’il ne s’agit que d’un point de vue personnel et que d’autres lecteurs peuvent au contraire être sensibles à cette démarche. Quoiqu’il en soit, cet album m’avait été conseillé par ma bibliothécaire (au même titre que « Déogratias ») pour son analyse sensible du problème africain. J’en ressors déçu. Certes, j’ai senti chez l’auteur tout son amour pour un continent qu’il voit partir à la dérive. Je le sens concerné par le sort de ces enfants, laissés pour compte de guerres aux intérêts multiples (ethniques, politiques, financiers ou industriels). J’ai senti son souci d’authenticité et sa recherche de crédibilité dans la construction du récit. Mais, personnellement, je n’ai ressenti aucune émotion. Le sort de ces enfants m’a laissé de marbre. L’Afrique de Stassen est-elle trop sombre et désespérée ? Je la crois au contraire très réaliste. Mais je n’ai ressenti aucun esprit de révolte. L’auteur se contente de dresser un constat, mais n’offre aucune piste de recherche, aucune ébauche de solution. Il sombre dans le fatalisme. A la fin de cet album, j’ai bien plus envie de laisser ce peuple se débrouiller seul, de demander aux ONG de consacrer leurs forces à des projets plus profitables plutôt que d’essayer à mon niveau d’œuvrer pour un monde meilleur. Au contraire d’un film tel que « Le Cauchemar de Darwin » (depuis lors, je ne saurais plus manger de perche du Nil), cet album me semble avoir manqué sa cible. Un échec, en résumé.
« Les enfants » ?… c’est l’inhumanité de l’humanité. Stassen, à sa façon, narre ici une sorte de « fable » sur des enfants de la guerre dans la région des Grands Lacs. On suit ainsi des enfants dans les rues –et non pas des rues- qui essaient de survivre dans un pays en proie à une guerre larvée qui, de temps en temps, déboule dans une ville, un village. Ca aurait pu donner une histoire épouvantable, sanguinaire. C’est plutôt à quelque chose de délicat auquel j’ai participé, quelque chose qui fait participer le rapport d’un être vis à vis d’un autre. Par ces enfants des identités se construisent, s’organisent ; des identités grandissantes qui –rapidement- peuvent s’effondrer, tomber au plus bas, devenir meurtrières aussi de par un moment vécu qu’il faut encaisser… même si on le veut pas. Stassen ?… je ne sais pourquoi mais j’ai un peu l’impression qu’il « dérange » par sa façon de traiter ses sujets. Trop « proche » de ses sujets ?… ne formulant aucune complaisance pour le génocide rwandais ?… C’est en tout cas un grand « conteur des choses » qui amène toujours une ou plusieurs questions, des réflexions aussi en fin d’album. Et c’est pour cela que je l’aime bien. Le dessin ?… un trait plein, enrobant, net et bien lisible pour une mise en scène sobre où il s’attache plus à ses personnages qu’aux décors. Et c’est ce qui fait –d’une certaine façon- la force de cet album. Faut aimer le postulat. J’ai bien apprécié.
Deuxième BD de Stassen que je lis après Déogratias et globalement je retrouve les mêmes travers surtout sur le dessin que j'apprécie peu. L'originalité se trouve à nouveau sur le scénario traitant d'enfants orphelins en Afrique suite à des conflits. Le côté psychologique est bien traité et le sujet ne laisse pas de place à l'humour. Comme dans la première BD on retrouve un enfant ayant perdu la tête. Il se prénomme Mongol et parle aux animaux. Son premier dialogue avec une mouche m'a paru duré une éternité et alourdit l'entame de la lecture. D'autres sujets sont effleurés mais non traités comme la pédophilie reprochée au personnage du belge. Le décalage entre l'ONG offrant un toit aux enfants et ceux-ci est impressionnant. Il se comprend car même si l’on n’aborde pas leur passé, on se doute que les traumatismes sont nombreux et que leur avenir n'est guère plus enviable. Cette BD sans compromis mérite une lecture mais un emprunt à la bibliothèque suffit.
Je n'avais pas réellement aimé Déogratias mais apprécié Le Bar du vieux français du même auteur. Je n'arrive pas à accrocher à ce style de dialogue et d'images aux contours naïfs. Les dialogues sont plutôt assommants surtout au niveau de l'introduction avec cette histoire de mouche. Sur le fond maintenant, je n'arrive pas à saisir le message de l'auteur. Nous sommes dans un pays africain en guerre où des familles ont été massacrés laissant des enfants orphelins et livrés à eux-mêmes. Anika les recueille via une organisation humanitaire. C'est terrible que leur réalité quotidienne et nous ne pouvons que compatir s'il nous reste un gramme d'humanité. Cependant, je ne comprends pas le discours qui consiste à dire que malgré leur indépendance, ces états africains sont exploités par leur ancien colonisateur qui fomentent des guerres pour consolider leurs positions de domination puis arrivent comme des sauveurs avec leurs sacs de riz quand le chaos et la désolation se sont abattus. Des inepties telles que la première civilisation était africaine, l'Egypte, et que celle-ci a été dépossédée par l'empire grec puis romain de nos civilisations occidentales. L'éternel débat que tout est de la faute aux européens à cause du colonialisme même un demi-siècle après leur indépendance. Je n'arrive pas à être convaincu malgré toute la bonne volonté de ma pensée empreinte de tolérance. Je conclus simplement que ces états n'arrivent pas à s'assumer. Aujourd'hui, je regarde ce qui se passe au Kenya, l'un des pays d'Afrique les plus riches grâce au tourisme. Cela me désole réellement comment un peuple peut se saborder lui-même pour des questions de rivalité ethnique et de pouvoir. Par ailleurs, pour en revenir à cette bd, on découvre que ces enfants sont tout bonnement méchants et que c'est naturel et que la foi et la bonté d'Anita n'y pourront rien. C'est trop cruel. :((
Une fois de plus, je suis conquis par le travail de Stassen. Il sait de manière trés pertinente et fine, nous parler d'une Afrique qui visiblement le fascine et qu'il semble beaucoup aimer. Dans cette histoire, et comme c'était déjà le cas avec Le bar du vieux français ou Déogratias, il ne faut pas chercher l'action, le suspense, les révélations de dernière minute. Ce dont il s'agit, c'est davantage d'une réflexion douce amère sur la condition, les contradictions, l'espérance et la cruauté d'un continent sur lequel tout a été dit, écrit, même si souvent tous ces discours ont participé à propager pas mal de clichés. Dans cette bd, Stassen nous propose de suivre la trajectoire de quelques enfants, sur fond de guerre et d'actions humanitaires. Il en profite pour parler de mal être, de la difficulté pour l'Afrique d'assumer son destin post colonial et aussi d'intolérance. S'attardant avec tendresse sur chacun des gamins qu'il nous décrit, il ne fait pas pour autant dans la miévrerie. Il montre en effet, que l'enfance et le temps de l'innocence et de la cruauté. Et même, si on peut trouver à juste titre que "les enfants" est une oeuvre moins puissante que Déogratias, on ne peut que louer la démarche de l'auteur qui fait une nouvelle fois, la preuve de sa maîtrise narrative. Quant au graphisme, on aime ou on aime pas le style de Stassen. Personnellement, je le trouve en parfaite adéquation avec son propos. Il est à la fois, dépouillé et précis. Simple mais pas simpliste. Coloré mais aux accents tristes et désespérés.
Si les bandes dessinées dont l'action se déroule en Afrique sont nombreuses, celles qui parlent de l'Afrique sub-saharienne avec justesse sont rares. Les Enfants, peut-être encore plus que Deogratias, est au premier rang de celles-là. Evidemment, qui est allé traîner son sac sur ce continent, sait combien l'Afrique peut être complexe, diverse et riche, et que parler de "l'Afrique" comme d'un tout n'est pas plus simple que d'identifier l'identité européenne ou asiatique. Trop souvent l'Afrique noire est décrite comme un bloc uniforme, tragique portrait post-colonial empreint d'idées reçues, d'un fond de condescendance et d'un zest de carte postale. Rien de tout ça dans Les Enfants. Stassen s'essaie à présenter un pays d'Afrique indéterminé, à la fois unique et panafricain, quelque part entre le golfe de Guinée et le grand rift. Une forme de réalité africaine, générale, cruelle et pessimiste. C'est dire si l'exercice est difficile. Il est réussi aves maestria. Les portraits des coopérants blancs, toujours plus ou moins guettés par le néo-colonialisme, comme ceux des populations locales sont sans consession. Vous reconnaîtrez ces figures de bon samaritains incapables d'appréhender la réalité de leurs "amis" africains malgré toute leur bonne volonté (je fût de ceux-là), de jeunes africains fanfarons et afabulateurs, de chefs locaux respectés mais corrompus naturellement... Si vous ne connaissez pas même un tout petit bout d'Afrique, croyez ce que vous écrit Stassen et laissez aux placards les fables hollywoodiennes et les historiettes pour enfants. Bien-sûr cet album n'a pas le suspens, la construction implacable, la force allégorique ou le couperet final morbide de Deogratias, mais si le récit est plus filant, plus terne, il l'est à dessein, pour un résultat certainement encore plus abouti. On pourra évidemment critiquer le pessimisme de Stassen. Le débat est ouvert. Mais si vous vous intéressez un tant soit peu à la vie du monde qui nous entoure, ne ratez pas Les Enfants ! Faites-en le point d'orgue de la plus implacable, juste et édifiante trilogie africaine de la bande dessinée : Deogratias-Pawa-Les Enfants
Tout comme Spooky, je ne sais trop quoi penser de cette histoire une fois terminée. J'aime bien le dessin de Stassen. Naïf, pas toujours très beau, mais esthétique et... j'aime bien, quoi. Quant à l'histoire, comme pour Deogratias, elle mélange naïveté et dureté d'une manière parfois assez dérangeante. Les blancs y sont montrés à la fois comme des idiots naïfs mais aussi comme des profiteurs à la fois extérieurs et responsables dans le conflit Rwandais. Les noirs y sont montrés pour certains comme de gentils naïfs manipulés, et pour d'autres comme des hommes avides de haine et de vengeance contre tous et tout. Autant dire qu'avec cette BD, il est bien impossible de donner son avis sur la Guerre au Rwanda tant tout semble se diriger vers le conflit et la destruction sans que personne n'en soit plus responsable qu'un autre. L'histoire en elle-même m'a laissé sur une impression de gâchis, gâchis humain qui a mené à une guerre terrible. Mais la BD en elle-même n'est pas un gâchis, pas du tout. Pourtant elle me laisse sur une impression bizarre, comme si elle n'avait pas de fin ni de résultat concret. En gros, c'est une BD pas mal mais qui m'a laissé une impresion légèrement mitigée.
L'oeuvre de Stassen est assez particulière. Il ne se passe pas grand-chose dans ses albums, et on ne sait pas trop quoi en penser une fois terminés. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Stassen nous montre l'arrière-cour d'une Afrique noire en guerre, aidée par les Européens. Mais chacun cherche à y trouver son compte, même si au final personne n'est gagnant. Heureusement, le dessin est sympa, un peu stéréotypé peut-être, mais il se dégage une véritable ambiance de cet album.
Bon, c'est pas transcendant comme bd, mais il y a incontestablement une atmosphère qui se dégage de cette petite histoire de gosses. On se rend compte, à travers ce récit, que quelque soit les circonstances, les gosses sont partout les mêmes: influençables, innocents, attendrissants parfois, mais aussi cruels, intolérants et mesquins. Bien sûr, quand cela se passe dans un environnement de guerre civile, en Afrique ou ailleurs, l'innocence des enfants en prend un coup. Mais peut-on leur en vouloir?
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