Comanche

Note: 3.84/5
(3.84/5 pour 31 avis)

Red Dust arrive au ranch de Comanche...Du Jeremiah pour plus jeune, mais très lisible


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Best of 1970-1979 Greg Hello Bédé Journal Tintin Le Lombard Les Roux ! Sioux et Cheyennes [USA] - Rocky Mountains States - Les Rocheuses

Comanche, jeune blanche, essaye de survivre avec son ranch 6-6-6. Ten Gallons, son vieil ami qui l' a recueillie plus jeune, essaye de l'aider tant bien que mal.... Mais voilà qu'arrive Red Dust, cowboy solitaire et fin tireur, qui va les aider à remonter le ranch. Bien sûr, ils vont, en passant, éviter une guerre indienne, éliminer une famille de gangsters.... Red Dust va passer un peu de temps dans un pénitencier pour avoir fait justice soi-même, etc... Les premiers pas des habitants de l'Ouest pour essayer de "civiliser" et moderniser un monde on ne peut plus sauvage...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 1972
Statut histoire Une histoire par tome 15 tomes parus

Couverture de la série Comanche © Le Lombard 1972
Les notes
Note: 3.84/5
(3.84/5 pour 31 avis)
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13/10/2001 | Loïc
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L'avatar du posteur Tomdelapampa

A ce jour, seulement une trentaine d’avis pour cette série ?! Je suis limite peiné pour elle, dans le genre on a affaire à un petit classique intemporel je trouve. Je connais Comanche depuis toujours grâce aux tomes 3, 8 et 10 qui trainaient sur les étagères familiales mais c’est assez tardivement que j’ai enfin pu la découvrir dans son intégralité. Je viens de terminer ma petite relecture estivale (enfin jusqu’au tome 13, la période post-Hermann ne me convainc définitivement pas) et mon plaisir de lecture est toujours intact. Red Dust a même gagné en aura/charisme avec le temps (je le trouvais assez fade plus jeune), il en va de même pour le petit microcosme du Triple 6, c’est rempli de personnages stéréotypés mais attachants. Ce que j’aime dans cette série, en plus bien sûr du trait du dessinateur (je lui préfère d’ailleurs ce style à celui qu’il adoptera avec la couleur directe), ceux sont les scenarii de Greg. Chaque album se tient bien au niveau de l’intrigue, des histoires indépendantes mais qu’il vaut mieux toutefois lire dans l’ordre. Au programme, des histoires de ranch, d’indiens, de trappeurs, de transport … et évidemment d’outlaw et de colts, ça défouraille à tout va. Et là où je tire mon chapeau au scénariste, c’est qu’à chaque album, on sent une certaine évolution de cette région « sauvage » vers la modernité. Cette partie est très bien rendue et accompagne l’évolution des personnages. Pour ma note, je suis un peu ennuyé, à 2 doigts de mettre culte pour les tomes 1, 3, 4, 5 et 8 ; les autres jusqu’au tome 10 sont également très bons ; malheureusement la suite gâche le ressenti, le dessin me plaît nettement moins mais il en est de même pour les aventures beaucoup plus lambda, l’impression que l’on a déjà fait le tour sans montrer d’évolution profonde dans la relation Comanche/Red. Un peu dommage, reste que les 10 premiers valent vraiment leur pesant de cacahuètes pour tout amateur de western.

28/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Les auteurs Greg et Hermann doublent la mise de l'excellence. Après Bernard Prince, les péripéties de Red Dust à travers le Wyoming m'a longtemps tenu en haleine. J'aimais bien le genre western même si un Ouest fantasmé permet des raccourcis au niveau de la violence et de la loi. C'est justement ce que j'apprécie dans la série, ce passage d'un état sauvage à une volonté de bâtir un état de droit. Le passage exemplaire est quand Red abat Dobbs et se retrouve au pénitencier. Le ranch 666 est aussi une illustration de cette Amérique qui se transforme. Une femme qui dirige une équipe "plurielle" c'est improbable mais rendu plausible grâce au talent des deux auteurs. Si les personnages du cow-boy solitaire, de l'indien, du vieux et du jeune chien fou sont des classiques, l'introduction de Toby cow-boy Noir est assez rare. Pourtant si l'on en croit le dernier Lucky Luke qui met en scène Bass Reeves, 50 ans après Comanche, la présence de cow-boys Noirs était relativement courante. C'est donc une très bonne intuition des auteurs. Les scénarii utilisent des thèmes classiques, chemin de fer, indiens, outlaws et difficulté à faire valoir ses droits mais c'est très bien ficelé. Evidemment comme écrit auparavant, la série vaut pour ses 9 premiers albums. J'ai une préférence pour le diptyque des frères Dobbs et pour "le doigt du diable". Les dessins sont parfaits et j'aime beaucoup l'esprit de Greg dans ses scénarii et dialogues. Pour la suite , il n'est jamais facile de reprendre le travail d'un maître.

21/01/2022 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Yann135

Je vous le dis tout de go, je n’apprécie pas toute la série. Mon avis se focalisera uniquement sur « comanche » version duo Greg et Hermann soit les 10 premiers tomes. Pas trop fan du genre western en général, mais bon sang, cette série sent bon la poussière ! Je retrouve l’ambiance de l’excellentissime ‘il était une fois dans l’ouest’ de Sergio Leone. Les bivouacs autour du feu, les bagarres de saloon, les duels dans une rue principale d’un bled écrasé par le soleil, les diligences, les inévitables despérados, les indiens … avec comme décor le Wyoming essentiellement. Je rajoute que les balles fusent de partout mais je vous rassure, la violence reste dosée. Que c’est bon cette dualité aventure âpre avec un grand A et enquêtes policières. Red Dust est un personnage attachant. Ses aventures sont renouvelées et bien construites. Bravo Greg ! Quant au graphisme, il est très travaillé, notamment les décors géantissimes de cet ouest américain. C’est d’un réalisme inouï. Hermann tu es notre maitre à tous ! Du coup notre Lucky Luke national et les Dalton font pâle figure. L’ouest sauvage n’y est pas exalté. On se retrouve plutôt sur un western qui évolue vers la modernité. C’est ce prisme qui me plaît particulièrement. Même si je n’ai pas vu l’homme à l’harmonica, les albums se dévorent littéralement. A découvrir ou à relire. Cela n’a pas vieilli. C’est pour ça que cette série je la passe en série culte. Une dernière chose … pour les fans de Blueberry, Comanche est plus abouti !

13/01/2022 (modifier)
Par Josq
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Josq

Les conseils de l'ami Agecanonix et mon goût immodéré pour Greg, un de mes auteurs de bande dessinée préférés, ne pouvaient pas me faire passer plus longtemps à côté d'une de ses séries phares, que j'ai pourtant ignorée jusqu'à il y 2 ou 3 ans. Et indéniablement, on est là sur du très, très gros calibre... J'ai un rapport un peu ambivalent au western : étonnamment, ce n'est jamais (ou rarement) un genre dans lequel j'ai spontanément envie de me plonger, alors même que je reconnais sans aucun problème qu'il a donné des films et des bandes dessinées parmi les meilleurs de l'histoire de leur art. J'ai d'ailleurs grandi avec les John Ford et les Henry Hathaway, que mon père aime tant, puis j'ai découvert plus tard les Sergio Leone, qui a imposé un style radicalement novateur et grandiose. D'ailleurs, mon film de divertissement préféré, le trop mal-aimé Lone Ranger est un formidable hommage à tout cet héritage, particulièrement l'extraordinaire Il était une fois dans l'Ouest. Bref, donc j'ai commencé Comanche comme tout western : un peu à reculons, tout en espérant trouver une grande richesse narrative et humaine dans le récit. Et indéniablement, Greg a dépassé toutes mes attentes ! Le coup de cœur a été presque immédiat. Dès le premier tome, on atteint une forme de perfection presque absolue, tant l'alchimie entre le dessin d'Hermann et le scénario de Greg est totale ! L'auteur renoue avec le plus pur style leonien, et se l'approprie avec un génie impressionnant. J'ai rarement lu une saga où les personnages étaient aussi bien développés. Comme dans le meilleur des westerns, le recours à cette époque et à ce lieu n'est pas gratuit, il permet de nous livrer une impressionnante étude de caractères, au croisement de deux mondes, un ancien qui prend fin et un nouveau qui peine à débuter. Cette charnière dans l'histoire des Etats-Unis et finalement, de l'Humanité, Greg l'illustre à merveille, et c'est ce qui fait de Comanche un vrai chef-d'œuvre à mes yeux. On voit sous nos yeux un monde mourir au profit d'un autre, qui tente d'être meilleur sans parvenir à tracer la voie qui correspond à ses idéaux. Au service de cette représentation saisissante d'un monde et d'une époque, les personnages sont des prodiges de nuance et de subtilité. Je ne saurais dire quel est mon personnage préféré, tant chacun est attachant et complexe. Et pourtant, ce qui me fait apprécier la saga encore plus, on ne sombre jamais dans le relativisme visant à supprimer toute notion de "méchant" et de "gentil". Certes, chaque personnage porte sa part d'ombre, mais on peut tout de même trouver nos repères, entre des "bons" et des "mauvais", sans que ces repères soient jamais caricaturaux. Beaucoup d'artistes (auteurs comme scénaristes de film) devraient en prendre de la graine, aujourd'hui... Enfin, comme dit ci-dessus, le dessin d'Hermann est vraiment excellent. Si je préfère le style des premiers tomes à celui, un peu plus lisse, qu'il développe à partir du tome 6, il trouve en tous cas le parfait équilibre graphique pour représenter à sa juste valeur le Far West. C'est sale, mais jamais trop, c'est réaliste mais juste assez stylisé pour garder la distance nécessaire à une bande dessinée, c'est à la fois noir et envoûtant. Non, vraiment, c'est quasiment parfait, j'adore toujours ouvrir un tome de Comanche pour replonger, ne serait-ce que quelques minutes, dans cet univers âpre et lumineux à la fois, où le pire et le meilleur de l'humanité cohabitent parfois de la manière la plus étonnante qui soit. C'est une vraie odyssée, grandiose et intime à la fois, qui réconcilie tous les extrêmes pour créer une des formes les plus parfaites de bande dessinée qui soit. Si je devais expliquer à un néophyte comment on peut atteindre une véritable forme de pureté dans l'art, je lui mettrais un tome de Comanche entre les mains. Ce serait plus éloquent que n'importe lequel des discours.

10/03/2021 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
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En fait je n'ai découvert "Comanche" que très tardivement, je crois même que c'est à l'époque ou Hermann l'avait déjà abandonné pour se consacrer à Jeremiah. C'est donc plus l'auteur que j'ai suivi que l'histoire, le western proprement dit. Du western je n'étais pas très féru, tout au plus avais je lu quelques Blueberry. Ce qui ma vraiment plu dans "Comanche" c'est le dessin d'Hermann, je reconnais aux scénarios une belle inventivité dans cette unité de lieu qu'est le Triple Six. Pour le reste j'avoue ne pas en avoir gardé un souvenir impérissable. Ma note reflète donc plus mon attrait pour le dessin, à ce titre je n'est jamais lu les aventures de "Comanche" dessinées par M. Rouge. Ceci dit une très bonne série pour découvrir la BD et le western

01/09/2018 (modifier)

Le western, pour être parfaitement honnête, ne m'intéressait que très modérément auparavant. Il a fallu que je lorgne du côté des grands classiques de la bd franco-belge pour que naisse chez moi une vraie passion enthousiaste pour ce genre. Blueberry reste à mes yeux le modèle mondial et absolu, mais Comanche le talonne de très très près. Comanche narre un far-west en pleine transition, à bascule entre l'ancien et le nouveau monde. La conquête de l'Ouest par les colons européens venus d'au-delà du Mississipi bat son plein avec le gouvernement américain pour chef d'orchestre. A côté des chemins de fer qui commencent à zébrer le paysage, les villes poussent comme des champignons. L'une d'entre elles, Greenstone Falls, voit l'arrivée d'un cow-boy pas comme les autres, Red Dust. La série est centrée sur Red Dust et le ranch convoité, le Triple Six (666), qu'il tient en compagnie d'acolytes de circonstance. Comanche, Clem Cheveux Fous, Toby Face-Sombre, Ten Gallons...des surnoms étranges mais une troupe unie plongée dans les tourments d'un monde dur et violent ou le revolver fait la loi. Tous les tomes sont d'une très grande qualité mais la série devient réellement passionnante à partir du tome trois, en particulier la fusillade nocturne à la fin, magistrale et oppressante, qui parvient à nous happer complètement. Le tome suivant jusqu'à la mort de Reeves est du même tonneau, elle est un superbe chef d'oeuvre ou l'on touche au sublime. Ce qui vient ensuite met en exergue les différentes évolutions des protagonistes et de l'environnement : Greenstone Falls s'agrandit, le cow-boy se range et devient shérif, Comanche s'embourgeoise. cette bd sous bien des aspects peut être perçue comme une sorte de fresque historique exposant la transfiguration de l'Ouest, ou comment un lieu sauvage et aride mute en civilisation moderne. La réalité du Grand Ouest n'est pas enjolivée et c'est un parti pris que j'ai beaucoup apprécié de la part de Greg et d'Hermann. Ici nous sommes loin de l'univers rigolo d'un Lucky Luke : Tout se règle dans le sang, les règlements de compte trouvent leur épilogue dans la boue et l'obscurité d'un coin sordide, et les destinées personnelles s'achèvent la plupart du temps sur une note tragique. Assurément c'est ce qu'il y a à retenir de ce Grand Ouest dans Comanche : la violence. Une violence permanente, une violente ostentatoire, étouffante. Je pose bien évidemment le cachet d"oeuvre culte" à cette magnifique bande dessinée. C'est un plaisir de suivre ce Red Dust, à califourchon sur son canasson, pourchassant entre les mesas ensoleillées les pires ordures qui peuplent les Etats-Unis et c'est un plaisir spécial du 9ème art que de pouvoir porter témoignage sur cette époque incroyable où le croisement de populations hétérogènes pouvait faire qu'un rouquin, une femme, un Cheyenne, un blondinet, un moricaud et un vieillard pêchu tissent des liens d'amitié et combattent ensemble les maîtres du crime.

14/08/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Cette série est devenue un grand classique du western en BD, alors même qu’au départ – en partie pour se démarquer d’autres séries (Blueberry en tête) –, Greg a pris le parti d’ancrer son univers certes dans l’Ouest profond (le Wyoming), mais de le centrer sur la vie d’un ranch et de ceux qui y vivent. Autre particularité, la mise en avant de Comanche, héroïne féminine qui donne son nom à la série. Mais en fait le vrai héros est bien Red Dust, qui intègre son équipe au début du premier tome. C’est bien lui que nous suivons (parfois loin du ranch 666 d’ailleurs), et lorsque je lisais les albums, je me demandais quand lui et Comanche allaient s’avouer leur amour. Mais tout reste dans le non-dit (et donc le non consommé), c’est d’ailleurs en partie cette frustration qui fait partir Red Dust un moment (mais aussi le fait que lui, contrairement à Comanche, ne cherche pas à s’adapter à la modernité, aux nouvelles mentalités qui se développent dans la région en même temps que se développe la ville voisine du ranch, Greenstone Falls. Autre curiosités, la constitution de l’équipe autour de Comanche. Outre Red Dust, nous avons un Cheyenne, un Noir, un vieux (mais ce vieux sage chaperonnant la jeunette est un grand classique). Improbable, mais la mayonnaise prend – même si parfois Greg frôle la mièvrerie (sans l’atteindre). Comme Blueberry, Red Dust et donc souvent accompagné de personnages typés. Et comtesse, la tenancière de saloon qui n’a pas froid aux yeux, est un pendant de Guffie dans Blueberry. Je trouve juste que Charlier réussit mieux ses « méchants » que Greg. Les 4/5 premiers tomes sont les meilleurs, les scénarios de Greg étant bien réussis, la suite étant plus inégale (le dernier tome avec Hermann étant moins bon, les autres avec Rouge m’intéressant moins). J’ai évoqué Hermann, mais il aurait presque fallu commencer par là. En effet, c’est je crois la première série où son talent éclate, mais alors vraiment ! Quel coup de crayon. Personnages, paysages, mouvements, tout est réussi, avec des cadrages très cinématographiques (plusieurs vues en contre-plongée de villes sont très chouette). Et avec Comanche, il prouve surtout qu’il est capable de dessiner joliment une femme – même si je trouve que vers les derniers albums qu’il dessine, les traits, féminins en particuliers, commencent à tendre vers ce qu’il fera plus tard (et que je n’aime pas). A propos de dessin et d’Hermann, on a vraiment l’impression que cette série lui pesait, et qu’il avait hâte d’en finir, car je trouve le dessin déclinant un peu sur le dernier tome (dans lequel en plus Hermann se permet de placer d’énormes anachronismes – comme ce touriste japonais !, sans je pense en avoir référé à Greg). Voilà donc une série agréable à lire (que je place quand même bien en dessous de Blueberry), mais qui a quand même son charme), et que tout amateur de western se doit de connaître.

06/08/2018 (modifier)
Par Miguelof
Note: 5/5

1972, une année très heureuse pour les albums western en français. Blueberry est finalement bien dessiné par Giraud (La Mine de L'Allemand Perdu) et puis il y a Comanche d'Hermann et Greg. Niveau dessin, Hermann atteindra des sommets avec Les Loups du Wyoming ou Le Doigt du Diable : le trait, la couleur, parfaits! Pas besoin de couleur directe! Greg est toujours un peu bavard et moraliste, mais avec de la distance on pardonne... surtout parce que son scénario ne se limite pas au cliché du pistolero solitaire, mais nous présente la vie d'une vraie communauté de cowboys. Je ne conseille pas les histoires après Hermann, grosse déception! Quant au Corps d'Algernon Brown, oui... peut-être les auteurs n'y étaient plus de tout coeur. Coté pinnailles, j'ai trouvé un touriste japonais avec sa Canon et une annonce Toyota... page 39 par exemple.

31/08/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

En BD réaliste western, il y a Blueberry devant, et juste après, Comanche se hisse pour moi très prés. C'est dommage que cette série ait été un peu sabordée par Hermann qui à l'époque dessinait déjà comme un dieu, pour se consacrer à Jeremiah et d'autres Bd indépendantes, je trouve que Greg aurait dû conclure après 8 albums. Quoi qu'il en soit, c'était une de mes séries préférées dans le journal Tintin, et en fan de western, j'y retrouvais plein d'images cinématographiques. Hermann va atteindre une perfection avec Comanche, et l'influence de Giraud est totalement assimilée, le trait est ici plus puissant, de même que l'influence du cinéma se reconnaît dans le découpage, les décors et les images cultes (voir la première apparition de Red Dust qui est un clin d'oeil évident à John Wayne dans "la Chevauchée fantastique" ; même posture du gars avec sa winchester et sa selle faisant signe à la diligence). A la différence des autres grandes séries de l'époque comme Blueberry ou Jerry Spring, Comanche c'est le western de la terre, car c'est d'abord la vie d'un ranch situé près de la bourgade de Greenstone Falls au Wyoming ; l'action tourne donc presque essentiellement autour de cet environnement qu'il faut rendre attractif pour retenir le lecteur. Greg, avec son génie habituel, impose des personnages solidement typés : Comanche est une jeune et jolie métisse qui a hérité de son père le Tripe Six, elle garde longtemps son tempérament farouche qui l'aide à supporter l'adversité. C'est alors qu'apparaît un jour le rouquin frisé Red Dust, sorte de cowboy tête brûlée à la force tranquille, qui a roulé sa bosse un peu partout dans l'Ouest. Très vite subjuguée par cet inconnu très habile au revolver, Comanche lui offre la place de contremaître, et entre eux vont naître des sentiments que Greg sera obligé de réfreiner (on est en 1969, et la série est publiée dans un hebdo pour la jeunesse). Mais Red va en plus acquérir une épaisseur et devenir le vrai héros de la série. D'autres personnages gravitent autour de ce faux couple pour égayer quelques séquences et donner encore plus de corps aux récits. Après un ton classique centré autour du ranch, Greg décrit un Ouest en pleine mutation, la jeune métisse est récupérée par la bourgeoisie montante et n'a plus rien de la fière rebelle au grand coeur des débuts, de même que Dust est lui aussi happé par le système en développement et devient sheriff de Greenstone Falls qui s'agrandit et reçoit le chemin de fer, il est donc responsable d'une communauté. Cet aspect est très bien démontré au fil des albums, et les derniers récits atteindront ainsi une curieuse ambiguïté. Le succès rejaillit sur Hermann, mais en 1982, il décide de se consacrer à des séries plus personnelles ; repris par Rouge, la série perd un peu en aura, mais le tout forme un ensemble d'une grande richesse, très plaisant à lire, n'hésitez pas un instant, c'est de la grande BD, surtout les 4 premiers albums qui forment un cycle tout à fait prodigieux.

06/06/2013 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5
L'avatar du posteur McClure

Pour un grand amateur de western que je suis, Comanche est une étape incontournable. Au même titre que Blueberry, Cartland, Mac Coy et les autres, il entre dans mon panthéon de l'aventure bullodessinée. Si la série démarre de manière assez classique et presque sans aspérité, elle va doucement évoluer au fil des tomes vers un monde beaucoup plus désenchanté. La course vers la civilisation (ou le modernisme) de Greenstone Falls est magnifiquement rendue, des évolutions socialo-technologiques (train, sédentarisation des ranches) à la modification des valeurs humaines (politique, justice moins "arbitraire"), ce nouveau monde va passer au révélateurs les différents protagonistes, de Red Dust qui ne se reconnait plus en cette avancée à Comanche qui est avide de nouveauté et d'évolution sociale. Les albums vont se densifier au fil de l'eau avec des personnages secondaires et des "méchants" qui prendront bientôt le pas sur notre héros (les sheriffs, le doigt du diable) et qui vont faire tomber la série dans le western dit crépusculaire. Je n'accroche par contre pas sur le Corps d'Algernon Brown ni les suivants. La magie est passée et cette série aurait du être achevée bien avant. Je pense d'ailleurs qu'elle aurait pu avoir une magnifique "sad end" car le corps de la série (tomes 3 à 9) semblent nous y mener tout droit. Reste un série efficace, avec le somptueux dessin d'Hermann. Jusqu'au 9, un incontournable.

28/11/2012 (modifier)