Valentina

Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 6 avis)

Valentina était cette jeune femme évoluant, souvent dénudée, dans les pages de son créateur. Elle avait le visage parfait de Louise Brooks, la grande actrice américaine du cinéma muet, ce dont ne se cachait pas son créateur.


Auteurs italiens BD, l'hebdo de la BD BDSM Charlie Mensuel Linus

En mai 1965, dans le troisième numéro de la revue "Linus", apparaît pour la première fois Valentina, pour laquelle Crepax déclare s’inspirer de Louise Brooks, célèbre actrice du cinéma muet. Valentina ne devait être que la fiancée d’un autre personnage, Neutron alias Philip Rembrandt critique d’art et criminologiste à ses heures ; mais après quelques épisodes, elle acquiert son indépendance et devient le personnage principal. En 1968 dans le magazine "Ali Baba", elle devient l’héroïne de sa propre série. Symbole d’un érotisme subtil et raffiné, Valentina fait rêver des générations entières d’hommes. Achitecte de formation, Guido Crepax est également considéré comme un architecte de la bande dessinée : le dessinateur italien a introduit dans ses mises en pages un système narratif très personnel - composé de mises en abyme, de flashs backs et d’incrustations d’images. Il est aussi l’un des rares créateurs de bande dessinée à avoir fait vieillir son personnage en même temps que lui : Valentina est censée être née en 1942 ; en 1971, elle accouche d’un fils. Crepax met fin à la carrière de Valentina en 1995, à 53 ans, dans la dernière planche d’"Au diable Valentina !", neuvième et dernier volume de la série. Valentina, c'est Louise Brooks. Crepax s'est directement inspiré de la sublime actrice du cinéma muet pour donner corps à son personnage. Même frange brune, même galbe des hanches, mêmes lèvres boudeuses, mêmes poses lascives. Sous le crayon de Crepax, l'érotisme devient subtil, élégant, jamais vulgaire. Valentina dévoile un sein, Valentina est nue derrière une contrebasse. Tout au long des neuf albums, elle transgresse délicieusement la morale bourgeoise. Au fil de ses aventures, elle flirte même avec le trotskisme, s'empare de sa propre existence. Deux lectures d'un tel personnage sont pourtant possibles : femme ayant réussi son émancipation ? Ou simple femme-objet, s'étalant sur du papier glacé pour le seul plaisir des hommes ? On ne sait pas trop si Valentina - et à travers elle Crepax - a fait progresser ou régresser la cause des femmes.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1969
Statut histoire Histoires courtes 7 tomes parus

Couverture de la série Valentina © Dargaud 1969
Les notes
Note: 2.5/5
(2.5/5 pour 6 avis)
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29/04/2004 | Ro
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L'avatar du posteur Agecanonix

Valentina est la première grande héroïne de BD érotique de Crepax en 1965 dans le mensuel italien Linus, elle se démarquait des fumetti à tendance porno car c'était de l'érotisme sophistiqué qui s'adressait plus à un lectorat adulte et de classe aisée plutôt qu'à un public populaire d'adolescents. Au départ, elle sera assez sage, mais au fil des épisodes, le ton va s'enhardir de plus en plus, Crepax va s'en servir pour faire fantasmer toute une classe sociale et pour étaler une succession de fantasmes raffinés où le fétichisme joue un grand rôle. Véritable clone dessiné de l'actrice du muet Louise Brooks, Valentina se livre à des explorations de l'amour assez oniriques voire carrément surréalistes, sans occulter certaines perversions. Crepax impose son style graphique qui sera très reconnaissable, avec des corps graciles aux longues jambes, des femmes alanguies sur leur lit, avec leurs touffes pubiennes offertes, c'était la mode à cette époque, ça relevait d'une sophistication glacée et d'une mise en page constituée de petites cases en composition parfois géométriques, tout en imposant aussi ce raffinement du trait à l'encrage peu appuyé. Cette narration brisée et novatrice pour l'époque, n'est pas aisée pour la lecture, la mise en page donne un style cinématographique, abolissant le sage alignement de vignettes en strips. Cette bande est tombée en plein dans une période où la bande dessinée cherchait un alibi culturel, surtout en Italie et en France, donc sur ce plan, on peut dire qu'elle remplit bien sa mission, mais côté intérêt de la lecture et du sujet, moi je n'ai jamais goûté à ce type de bande, au cul cérébral... je respecte Crepax pour ce qu'il a apporté, mais je n'aime pas ces dérives sexuelles assorties d'érotisme sophistiqué dit intellectuel, avec en plus des fantasmes sado-masochistes qui me laissent froid, moi je préfère le bon gros cul des familles, populaire comme celui que je lisais dans les pockets Elvifrance ou dans les revues de BD de l'éditeur CAP. Aujourd'hui, je trouve que l'éditeur Tabou a dans son catalogue une définition de l'érotisme bien plus intéressante. Comme Anita ou Bianca, quand j'ai lu une Bd de Crepax, j'ai l'impression d'avoir tout lu de lui, car ça ne varie pas, on se retrouve toujours avec les mêmes situations, les mêmes fantasmes, avec des personnages décadents au déséquilibre sexuel souvent profond. J'en ai lu dans les pages de Charlie Mensuel des années 70 et ça m'a largement suffi.

27/05/2020 (modifier)
Par sloane
Note: 2/5
L'avatar du posteur sloane

Il fut un temps où le dessin de Guido Crepax affolait les adolescents avec ses femmes lascives bien souvent dans des postures qui faisaient la part belle au sado-masochisme. Pour ma part je ne suis pas un adepte de la chose et j'avoue que ce dessin me fatigue la rétine. Ce style de dessin et d'histoires était sans doute très à la mode dans les années 80, en lien avec les films Emmanuelle, "Histoires d'ô" etc... C'est donc dire si cela est daté. Alors oui la belle Valentina est très jolie à regarder mais c'est bien le moins qu'elle puisse nous proposer mais cela ne suffit pas. Il semble y avoir dans ces récits une recherche ou du moins un appel vers une psychanalyse de bazar comme une sorte de tentative chez l'auteur afin d'exorciser son penchant pour ce style de bandes. Mais je m'égare moi aussi. A lire pour voir ce qui se faisait dans ce temps-là, pas foncièrement mauvais mais il y a beaucoup mieux.

17/04/2020 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 3/5

Une série qui me souffle, à vrai dire, le chaud et le froid... Valentina débute dans "Linus" n° 2 de Mai 1965. Valentina ?... Milanaise, elle est photographe professionnelle. Elle aurait pu être quelconque... ben non... il se fait qu'elle est grande, belle, sophistiquée, sensuelle. Et elle va même vieillir, devenir indépendante, accoucher d'un fils -Matteo- en 1971 (elle serait née en 1944) qu'elle a eu de Philippe Rembrandt (un critique d'art criminologiste américain) ; dit Philippe qui mourra -victime d'un attentat- en 1982... Valentina ?... Une série qui mêle l'érotisme, le fantastique, les fantasmes sado-masochistes. Le graphisme ?... Du Crepax "en plein" : un trait baroque et réaliste, des plans audacieux, des mélanges d'images au dessin. Très novateur pour l'époque mais, ayant fait une relecture d'albums je trouve maintenant cela d'un genre... pompeux !... Non pas que c'est mal réalisé, mais ces allégories "léchées" graphiquement ne m'attirent vraiment plus. Valentina "passée de mode" ?... C'est fort possible. Reste une héroïne "à la Louise Brooks", charmante (et charmeuse), libre et sans tabous qui a -c'est vrai- marqué dans son style une époque de la BD réaliste ; mais sans plus. Achat conseillé ?... Oui et non... pour s'en faire une idée...

19/11/2006 (modifier)
Par Spooky
Note: 2/5
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Marrant comme l'avis de Ro reflète tout à fait mon opinion par rapport à Valentina... Pour moi, c'est une BD qui m'a très rapidement saoûlé... Je n'accroche définitivement pas aux dessins, au style graphique ampoulé et chargé de Crépax. Bon, c'est vrai que ses héroïnes ont un côté lascif qui peut être sympa sur quelques images, mais à chaque apparition, non ! Et qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est du foutraque puissance 69 millions... Peut-être y-a-til un côté esthétisant très en vogue actuellement dans le milieu bobo, mais décidément, ce n'est pas ma tasse de thé.

29/03/2005 (modifier)

Guido Crepax est un des grands acteurs de la BD moderne, Edité par Loesfeld en france, son style est bien sur marqué 70 et peu sembler viellot aujourd'hui. Il y a 2 branches dans son oeuvre, une premiere trés pychadelique dans laquelle il met en scene ses propres hérohine (Valentina, Anita, Bianca...) et une deuxieme, plus herotique dans laquelle il reprend des romans connus (Emmanuelle, Justine...) En ce qui concerne Valentina, c'est un chef d'oeuvre d'ambiance. Si on ne rentre pas dedans, on en retient une impression d'esthétique et d'étrangeté, Si par chance, vous y entrez, c'est de la poésie. Faites un teste, lisez "la lanterne magique"

15/09/2004 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Dès le premier coup d'oeil, on voit que Crepax est plus un habitué de l'érotisme pur qu'autre chose : ses femmes sont tout en finesse, tout en jambes, souvent dénudées, lassives. Et Valentina, c'est tout du long une douce sinusoïde entre érotisme, sensualité, fantastique, onirique, roman graphique : totalement inclassable, donc. Mais je dois avouer ne pas avoir franchement aimé. Déjà, le côté érotique, ce n'est pas ma tasse de thé. Mais en outre, toute la BD est complètement teintée de style soixante-huitard, psychédélique, sensuel et délirant. Les planches en sont le reflet, fouillis, tordues, ultra-denses. C'est une esthétique particulière, une esthétique que je n'aime pas. Je n'arrive pas à déchiffrer le tout : trop fouillis, partant trop dans tous les sens, tant au niveau du dessin que du scénario. Car oui, le scénario est tout aussi fou, un peu provocateur, délirant, parfois ouvertement fantastique ou SF. C'est... c'est une curiosité, une BD référence des années 70. Feuilletez-la si vous la trouvez, mais je n'en conseille ni la lecture prolongée ni l'achat.

29/04/2004 (modifier)