Mon dernier jour au Vietnam (Last Day in Vietnam)

Note: 2.92/5
(2.92/5 pour 13 avis)

"Chacune des histoires de ce livre a été choisie parmi un certain nombre de rencontres avec des gens inoubliables que j'ai connu durant les années où j'étais en rapport avec l'armée."


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Autobiographie Dark Horse Comics Documentaires Indochine La Guerre de Corée Les Guerres d'Indochine et du Vietnam Will Eisner (1917-2005)

Will Eisner raconte ses souvenirs de Corée et du Vietnam, où il s'ent rendu en tant qu'éditeur d'un magazine publié par l'armée américaine. 6 histoires vraies où il est moins question de prouesses guerrières que de combats intérieurs. (d'après le résumé de Delcourt) - Un soldat qui est resté planqué pendant toute la guerre doit comme dernièere mission escorter un journaliste. - Tous les Dimanche soir, Goerges se saoule et demande un transfert pour une unité combattante. Ses camarages l'aident en douce en allant déchirer sa demande avant qu'elle ne soit lue par le chef. Et autres petites histoires ou anecdotes, alternant avec des photos.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 2001
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Mon dernier jour au Vietnam © Delcourt 2001
Les notes
Note: 2.92/5
(2.92/5 pour 13 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

14/05/2004 | Thorn
Modifier


Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Des êtres humains en situation de guerre - Ce recueil est paru pour la première fois en 2000, après Affaires de famille (1998) et avant Fajin le juif (2003). Il s'agit d'une bande dessinée noir & blanc, de 70 pages, écrite et dessinée par Will Eisner (1917-2005). Le tome commence avec une introduction de 3 pages rédigée par Matt Fraction en 2013, expliquant que Will Eisner continuait à se lancer des défis narratifs à 83 ans, âge auquel il a réalisé ces 6 histoires courtes. Suit une introduction de 2 pages rédigée par Wil Eisner en 2000, évoquant ses bandes dessinées pédagogiques sur la maintenance du matériel militaire réalisées pour l'armée ( PS Magazine: The Best of the Preventive Maintenance Monthly ), ainsi que son séjour en Corée puis au Vietnam pour réaliser ces bandes dessinées. (1) Last day in Vietnam (28 pages) - Un dessinateur arrive au Vietnam : il est accueilli par un soldat qui va être son guide pour son séjour. Ils commencent par monter dans une Jeep pour emprunter une route défoncée qui va les mener jusqu'au camp où ils prendront un hélicoptère. Monté à l'arrière, le dessinateur est ballotté dans tous les sens. Ils arrivent enfin en vue de l'hélicoptère et le soldat continue de papoter en lui indiquant qu'il s'agit de son dernier jour de service et qu'après il rentre chez lui. C'est en partie la raison pour laquelle il a été affecté à cette mission de guide. Ils montent à bord de l'hélicoptère et s'attachent et c'est parti pour la visite. (2) The Periphery (4 pages) - Un guide vietnamien s'adresse directement au lecteur. Il attire son attention sur un groupe de journalistes en train de prendre le soleil à la terrasse d'un hôtel. Il s'excuse car en fait, ils ne se font pas dorer la pilule, mais ils évoquent les dernières rumeurs sur la guerre : un bombardement d'Hanoï, l'utilisation d'une bombe atomique. Ils s'interrompent en voyant arriver un autre groupe de reporters en provenance du front, certainement porteurs d'informations plus récentes. (3) The Casualty (6 pages, dépourvu de texte et de mots) - Un soldat est attablé seul à la terrasse d'un café. Il fume sa clope, avec un verre et une bouteille posés devant lui. Il a le bras gauche dans le plâtre, plusieurs pansements au visage, et une attelle à la jambe droite. Il repense à la jolie vietnamienne qu'il avait abordée au bar, et au fait qu'ils étaient repartis bras dessus, bras dessous pour se rendre dans sa chambre d'hôtel. (4) A dull day in Korea (6 pages) - Un jeune soldat monte la garde, fusil à la main, jumelles autour du cou. Il est originaire de la Virginie Occidentale et il s'ennuie. Il trouve qu'il ne se passe rien. Il estime que la guerre touche à sa fin et qu'il n'y a rien à faire. L'armée occupe les positions fortes et il ne reste plus qu'à patrouiller alors que les affrontements sont maintenant plus au Nord. (5) Hard duty (4 pages) - Ce soldat est une véritable armoire à glace, un colosse. Il déplace les barils à main nue, plutôt que d'utiliser un chariot élévateur. De la même manière, il déplace les essieux de poids lourds à main nue. Il peste parce qu'il a été affecté à un poste de magasinier, alors qu'il estime être fait pour l'action, né pour le combat. (6) A Purple Heart for George (10 pages) - Comme tous les week-ends, George est bourré comme un coin. Tout en continuant à picoler à même le goulot, il braille à tue-tête dans le camp et les baraquements qu'ils sont tous des planqués, mais pas lui, que lui n'est pas un lâche. Lui il va faire sa demande de transfert pour rejoindre une affectation de combat. Chaque récit s'ouvre avec 2 photographies d'époque, permettant au lecteur d'en avoir un aperçu : des hélicoptères s'élevant au-dessus de la jungle, des soldats avançant vers un baraquement, une vue d'une place de Saïgon prise depuis un étage élevé, 2 soldats aidant un troisième, blessé, à avancer, la circulation de vélos et de pousse-pousse à Hanoï, des soldats en train de charger un canon, une classe d'orphelinat, un peloton de soldats en train de courir à l'entraînement dans la cour de la caserne. Le premier récit est raconté en vue subjective et le personnage principal devient ce soldat qui guide le narrateur. Le lecteur est frappé par son sourire et sa jovialité, et sa perte de confiance progressive arrivé aux deux tiers de l'histoire. Alors qu'il est casqué tout du long, il dégage une vraie personnalité grâce à l'expressivité de ses postures et de son visage, sans que l'artiste ne les exagère. À ce moment de sa carrière, Will Eisner est un maître sans égal du langage corporel, ayant trouvé l'équilibre parfait entre naturalisme et pantomime. Rapidement, le lecteur ressent l'état d'esprit du guide, et il sait qu'une telle justesse est le reflet d'années passées à observer les autres, avec une forte empathie, et à les représenter. Passée la deuxième histoire où le personnage principal est plus convenu, le lecteur découvre le soldat blessé. Il se souvient de ce qui s'est passé et son maintien se modifie en fonction de ce à quoi il pense, à la fois de ce qu'il ressentait à ce moment-là, à la fois conscience après de savoir ce qui se passait vraiment. L'intensité de l'empathie est extraordinaire. Puis le lecteur découvre le soldat du quatrième récit dans un dessin en pleine page, en plan poitrine et il sourit tellement ce visage exprime la condescendance et l'ennui de ce jeune homme. Les soldats des 2 dernières histoires sont à l'opposé : un fort des halles à la forte carrure, avec une musculature assortie, prenant plaisir à l'exercer pour faire rayonner sa virilité, à comparer avec un gringalet éméché, avançant d'un pas mal assuré tout en déclamant bien fort sa décision. Il suffit donc de quelques cases à l'auteur pour donner vie à des êtres humains tous différents et uniques. La qualité de la reconstitution historique est tout aussi impressionnante. Bien sûr, le lecteur regarde donc les uniformes militaires, le modèle de Jeep, les hélicoptères, les baraquements, les rues de Saïgon, les locaux administratifs de la base, mais aussi les rizières vues depuis l'hélicoptère, ou une terrasse de café, un hôtel de passe. Il peut se projeter dans chaque endroit, sans s'y sentir à l'étroit. Très tôt dans sa carrière, Will Eisner a réfléchi à comment donner la sensation au lecteur de lieux plus grands que la vision que n'en donne une case : il utilise des cases sans bordure ce qui évite l'effet de cadrage limitatif, et produit également une lecture plus fluide. Ce procédé produit des sensations remarquables, par exemple lorsque le jeune soldat de Virginie Occidentale regarde au loin : le lecteur se rend qu'il éprouve la sensation d'horizon lointain et qu'il projette même ce qu'il peut y a avoir au-delà de ce que montre la case. La narration visuelle est remarquable en tout point et suffit à elle seule à happer le lecteur quelles que soient les réticences qu'il puisse éprouver au départ envers les idiosyncrasies graphiques de Will Eisner. Chaque histoire exsude un humanisme chaleureux à toutes les planches : Will Eisner porte un regard sympathique sur chaque individu, même ceux au comportement moralement discutable. Cela ne veut pas dire qu'il cautionne tout, ou qu'il gomme les aspects moins reluisants. Le guide perd toute contenance quand la base militaire subit une attaque ennemie et qu'il devient claire qu'il peut y laisser sa peau. Dans la deuxième histoire, le militaire est accablé de chagrin et de culpabilité. Dans la troisième, le soldat se paye une prostituée. Dans la quatrième, le lecteur voit un individu particulièrement obtus, aux valeurs étriquées. Dans la cinquième, il comprend que le malabar est un tueur des plus efficaces sur le champ de bataille, dépourvu de toute arrière-pensée pour les êtres humains qu'il tue. Le dernier est plus pathétique, trouvant son courage dans l'alcool, pour tout oublier une fois sobre. Mais aucun d'eux n'est un artifice narratif ou un méchant. Ils sont tous humain, un individu avec ses motivations, une histoire personnelle qui permet de comprendre le comportement décrit, de pouvoir se mettre à sa place. Il devient impossible de les juger. Il est normal de vouloir pouvoir rentrer chez soi quand on est à la veille de la quille. Il est impossible de ne pas compatir au traumatisme dramatique qui accable le militaire affalé à la terrasse. Le comportement borné du jeune de Virginie Occidentale ne fait que montrer en quoi son point de vue et sa façon de réagir sont façonnés par son milieu socio-culturel, et également imputables à sa jeunesse. Même le soldat doué pour tuer révèle une habitude qui empêche le lecteur de le condamner. En faisant le rapprochement avec celui du récit précédent, il se dit que celui-ci aussi a développé ses capacités meurtrières du fait de son environnement. Encore un recueil d'histoires courtes de Will Eisner, encore des histoires sur la guerre. Oui c'est vrai. Mais aussi à nouveau une narration visuelle hors pair, dont l'expressivité est au service de l'humanisme, révélant la complexité de l'individu, son ambivalence, tout en conservant son capital sympathie. À nouveau, un regard pénétrant porté avec douceur et affection sur des êtres humains uniques dans des circonstances dramatiques qu'ils n'ont pas choisies. À nouveau un très grand cru de bande dessinée et un très grand millésime de Will Eisner.

09/04/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Will Eisner nous offre ici quelques histoires courtes sur le thème de la guerre et des soldats américains. Contrairement à ce que le titre laisse penser, il ne parle ni de lui-même ni de son éventuel dernier jour au Vietnam, ni même uniquement de cette guerre là puisque ses récits traitent aussi de la Corée et visiblement de la seconde guerre mondiale même si ce n'est pas précisé. Ce ne sont pas des histoires vraies mais elles sont inspirées de ses propres souvenirs et ses sensations quand il a côtoyé l'armée et les soldats dans ces différents conflits. Comme toujours avec Eisner, il fait preuve d'un dessin très moderne, ultra maîtrisé et d'une grande originalité dans la mise en scène. Cela donne une lecture très fluide, qui accroche le lecteur dès le premier regard. L'histoire titre est aussi la plus longue. Nous plaçant à la première personne du point de vue d'un reporter de guerre comme a pu l'être Eisner à l'époque, nous suivons avec lui un parcours en hélicoptère et la courte visite d'une base avancée américaine en plein Vietnam, avec pour guide un soldat pour qui c'est justement son dernier jour d'affectation. Tout se joue sur le contraste entre l'enthousiasme presque délirant de cet accompagnateur et la dureté de la vie des soldats qui restent sur le front, jusqu'à ce que finalement la façade insouciante craque quand le danger réapparait. Bien faite et bien racontée, cette histoire n'est cependant pas la plus marquante qui soit, même si j'ai trouvé assez forte l'expression des trois soldats ramassés en cours de vol. L'histoire suivante parle des discussions de reporters de guerre quand ils prennent un verre bien à l'abri à Saigon. Le message insiste ici sur la distance émotionnelle de ces journalistes qui racontent la guerre sans la ressentir vraiment... jusqu'à ce que l'on découvre à quel point l'un d'entre eux vient d'être dramatiquement atteint par cette dernière. Une conclusion assez forte en émotion pour un père comme moi. La suivante est plus légère tout en étant très cynique. Elle parle des soldats américains en permission qui prennent du bon temps avec les prostituées vietnamiennes, au risque de leur vie puisque ces dernières sont souvent des combattantes de l'ombre au service des Viêt-Cong. La quatrième histoire est courte et peu passionnante. Elle présente un soldat US, un redneck issu de sa campagne américaine, qui se prend pour un caïd durant la guerre de Corée et n'hésite pas à sniper les civils coréens qui passent devant son fusil. La cinquième histoire est très courte et juste un peu amusante puisqu'elle présente un grand gaillard très costaud qui fait la loi auprès de ses camarades mais devient tout gentil quand il va jouer avec les orphelins coréens. Pas grand chose à en dire. Et enfin la dernière histoire semble se dérouler durant la seconde guerre mondiale, dans un camp militaire tranquille où un gars écrit tous les dimanche une demande de transfert vers le front sous l'effet de l'alcool et de l'envie de prouver qu'il n'est pas un lâche, demande que ses amis déchirent dès le lundi matin avant qu'elle ne soit traitée par l'officier en charge. La fin de cette histoire est amère mais ne m'a pourtant pas tellement touché. En conclusion, c'est un intéressant recueil d'histoires de soldats, réalistes et où l'on rit plutôt jaune. Très bien mis en scène et dessiné par Eisner, il n'est cependant ni passionnant ni très marquant.

28/11/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Une lecture sympathique, sans plus. Eisner s'est inspiré de ses observations au Vietnam et en Corée (mais aussi de sa période de service militaire durant la seconde guerre mondiale), pour croquer quelques personnages ou situations "intéressantes". Tout se laisse lire, grâce au dessin, toujours très fluide et agréable, et à une narration dynamique. De la dérision, un chouia d'humour noir, un peu de drame aussi (finalement pas temps que ça sur un sujet militaire). Mais voilà, si je ne regrette pas ma lecture, je l'ai aussi trouvé un peu quelconque. Pas grand chose à retenir, si ce n'est cette chute assez noire - mais largement prévisible - de l'histoire intitulée "Un coeur violet pour George".

28/11/2023 (modifier)
Par karibou79
Note: 3/5
L'avatar du posteur karibou79

3.5 Cet ensemble de récits de trouffions de la guerre du Vietnam me fait penser au journalisme gonzo de Hunter Thompson: collé au plus près d'hommes racontant leur quotidien de la guerre, sans pathos ni coups d'éclats. Il y a 6 témoignages qui sont suffisament diversifiés pour provoquer l'empathie. Will Eisner a traversé les guerres US son crayon à la main: PS magazine durant la 2nde guerre mondiale (une revue s'adressant aux mécaniciens qu'il transformait en mag satirique, chapeau) puis en reportage en Corée en 53. Un homme de terrain qui sait pourtant se faire oublier pour laisser la parole aux concernés. Le graphisme, toujours au top, ce gars m'impressione quelque soit la qualité du récit: les expressions du visage, les attitudes corprels, les ombres... pas étonnant qu'il ait été choisi pour être professeur de graphisme à l'université. Note: essayez de lire ses ouvrages an anglais, les argots et accents des différents personnages accentuent la plongée en immersion.

30/04/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je partage l'avis de Sloane en ce qui concerne la qualité de ce petit opus de Will Eisner. 6 récits, rapportés à la façon journalistique, d'épisodes vécus en guerres du Vietnam ou de Corée. Graphiquement Eisner introduit dans son dessin un pointillé qui rappelle un vieil écran tv, ce qui renforce la distance entre le narrateur et les "héros" des différentes saynètes. Ce filtre montre au lecteur la position d'Eisner ni participant, ni juge moralisateur mais simplement observateur d'un gâchis humain des deux côtés. Eisner se démarque totalement d'un récit de guerre classique à la John Wayne sans verser pour autant dans la charge caricaturale de l'armée US. Les combattants Vietnamiens montrés sont des enfants ou une femme qui se prostitue pour attendre sa cible. De l'autre côté des pères de familles touchés par le conflit qui les dépasse. Eisner explique que la composition du livre correspond à une mise en scène de l'accroissement de l'émotion qu'il a éprouvé à dessiner ces épisodes. Du sourire du GI qui rentre à la maison se sortant in extremis du bourbier sanglant, au jeune paumé irresponsable qui demande, dans sa saoulerie vantarde, l'affectation la plus risquée quand ses camarades protecteurs sont absents. Eisner nous offre ainsi une palette de sentiments qui assaillent la plupart de ces pauvres bougres. Deux remarques pour conclure. Eisner souligne le grand nombre de soldats US qui sont retournés au Vietnam comme si un lien indestructible s'était créé. Ensuite Eisner introduit cette remarque du major sur l'utilisation de la bombe atomique sur Hanoï. On l'a peut-être oublié mais cette option a réellement été sérieusement sur la table. Il faut quand même avoir une pensée positive pour ceux qui l'ont repoussée. Une vision pleine d'humanité au milieu de ce désastre inhumain. Oups le graphisme et la composition ? Com'dab topissime !

08/06/2022 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Avec cet avis je vais à l'encontre de mes petits camarades, en effet j'ai trouvé cet opus de W. Eisner vraiment intéressant. Je ne m'attarderai pas sur le dessin qui est toujours aussi maitrisé et que je trouve personnellement très fluide. De plus ici il adopte un point de vue narratif particulièrement efficace, à savoir qu'on a l'impression de suivre un documentaire filmé qui laisse la parole aux différents protagonistes sans intervention extérieure. Ici se sont les petites histoires dans la grande que j'ai trouvées particulièrement originales. Ici c'est Eisner le journaliste, l'observateur qui au travers de ces quelques situations arrive à nous montrer les états d'âmes d'hommes pris dans la tourmente de situations qu'ils n'ont pas choisi et dans lesquelles ils se trouvent pris, se débattent du mieux qu'ils peuvent. En ne portant aucun jugement, en exposant simplement les faits, Eisner arrive avec ces différentes saynètes à nous montrer toute l'absurdité de la guerre où qu'elle ait lieu. Il fait appel à notre intelligence de lecteur pour se faire une opinion sans vouloir nous assener sa vérité. Un album à redécouvrir ou à découvrir, il est essentiel pour aider à comprendre le guerre mais aussi les détours de l'âme humaine.

19/02/2015 (modifier)
Par Chalybs
Note: 3/5

Je ne suis pas d’accord avec les lecteurs précédents. Will Eisner, que je ne connaissais pas avant, livre à mon avis un album intéressant et décalé. L’approche utilisée par l’auteur sort de l’ordinaire. Plutôt que de suivre un héros fictif en vue extérieure, nous découvrons ces histoires aux travers des yeux de Will Eisner, comme si nous étions lui. Du coup, les personnages principaux peuplant cette BD changent à chaque histoire, puisque Will Eisner s’écarte de lui-même en ne se représentant pas en situation. De cette façon, Will Eisner essaie de nous livrer une histoire sans critique, objective, tel qu’il l’a vécue lui-même et telle que nous aurions pu la voir. Ainsi, libre à chacun de se faire son opinion. Revers de la médaille, Will Eisner a essayé a priori de rester complètement impartial, ne prenant pas parti, donnant cette impression de détachement et livrant un album légèrement déshumanisé, tellement Will Eisner évite d’y mettre ses propres émotions. Aucun commentaire, aucun texte complémentaire ne vient nous aider à appréhender ces évènements au cours de la lecture. Et c’est ici que prennent toute l’importance des premières lignes que Will Eisner a écrites en tant qu’introduction de cet ouvrage. Il nous donne le contexte, il nous explique d’où sort ce livre, il s’y livre avec ses sentiments. A nous par la suite de faire le lien entre son intro et son développement. Personnellement, ce que j’ai compris c’est que Will Eisner, contrairement à ce que peut laisser croire la lecture des courtes scénettes, a été profondément touché par ce qu’il raconte. Il faut profiter de cette mise en situation, nous replonger dans l’horreur de l’époque, dans ce que l’on a pu apprendre à l’école. Certes, L’album ici n’est pas un album d’aventure, de guerre, d’action. Les historiettes en paraitraient banales, inutiles, vides de sens. Pourtant, on y découvre la désillusion des hommes, le décalage de la perception que peut induire l’exposition prolongée à la guerre et à l’horreur avec ce chasseur Américain, engagé dans l’armée, maltraité par son père étant jeune et ne s’apercevant même plus de la défaillance de son jugement et de ses actes alors qu’il « s'amuse » à viser une pauvre vieille femme en train de ramasser du bois sur la colline en face ; comme cet homme trahi par une belle Vietnamienne mais succombant à nouveau ; comme ce pauvre George pour qui on aura tout fait et qui finit explosé dans un dépôt de munitions. Le décalage des situations en devient navrant d’absurdité. Et cela représentante bien la guerre à mon sens. L’absurdité. Pour moi, "Mon dernier jour au Vietnam" donne un aperçu nouveau de la guerre, un angle de vision et une approche inhabituelle. Et j’ai trouvé cela intéressant. Concernant le dessin, bien que l’album ne soit pas si ancien (2001), Eisner prend encore un parti décalé avec un graphisme des vieux journaux de l’époque. Un noir et blanc "pixelisé" avec des gros points, qui au premier regard choque et on se dit houlàlà, que c’est moche. Et puis finalement pour moi, la composition, le dynamisme, la précision du trait ont pris le dessus et j’ai occulté cette première impression négative. Le dessin pour ma part a joué pleinement son rôle. Cet album, surprenant demande à mon avis une mise en condition particulière pour être lu. Surtout, les quelques lignes d’introduction doivent absolument être lues si l’on ne veut pas passer à coté de cet album et de son approche inédite.

22/11/2010 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
L'avatar du posteur cac

Cet album de Will Eisner comporte plusieurs histoires inspirées d'anecdotes collectées par l'auteur, et non pas vécues directement par lui comme peut le laisser croire le descriptif en quatrième de couverture. Les histoires sont entrecoupées de photographies de cette époque au Vietnam, en noir et blanc sur une pleine page A4 au format paysage. La première histoire qui donne son nom à l'album est particulière par sa vision subjective, le lecteur est dans la tête du journaliste de guerre et voit l'action par ses yeux. Son guide est un militaire, un « planqué » qui ne veut pas aller auprès de l'action, surtout quand on voit la tête de zombies des soldats qui sont au combat dans la jungle. Il y a un ton assez étrange et burlesque dans les différentes histoires, cela m'a un peu dérangé, j'ai trouvé que c'était déplacé et pas vraiment dans le ton de ce contexte de guerre. Finalement l'album se lit assez rapidement, il y a une des histoires qui montrent l'ironie de la vie d'un soldat qui une fois saoul écrit une demande de mutation que ses amis s'empressent de déchirer avant que le commandant tombe dessus. Jusqu'au jour où la demande finit par passer...

21/07/2010 (modifier)
Par Erik
Note: 2/5
L'avatar du posteur Erik

Mon dernier jour au Vietnam est l'une des rares oeuvres de Will Eisner que je n'avais pas lues. Ma libraire me l'avait déconseillée par rapport à d'autres oeuvres plus abouties. Et elle avait incontestablement raison... Heureusement que je l'ai découvert lors d'un emprunt de bibliothèque. L'envie était plus forte que moi car je voulais voir ce que l'auteur avait pu faire loin des quartiers du Bronx. Le sujet semblait passionnant. Or, nous avons droit à de courtes histoires dont la plupart sont pas vraiment charismatiques de ce qu'a pu être la vie des soldats lors de ce conflit. Reste le dessin toujours aussi exceptionnel et cette mise en page moderne. J'ai même l'impression que c'est presque comme un montage de petits bouts pour faire une bd à vendre. Je ne suis pas preneur. Et d'ailleurs pas le seul puisque je viens de découvrir qu'il y a unanimité. Bref, ce grand auteur nous a habitués à beaucoup mieux.

04/07/2009 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Ah ! Déception ! La première histoire est très bien et la mise en scène faite par Eisner (on voit à travers les yeux d'un journaliste) est bien pensée et très bien dessinée. En revanche, les autres histoires ne sont pas du même niveau. Elles se lisent vite et on les oublie assez facilement. De plus, ce n'est pas très touchant. Les soldats manquent un peu de profondeur aussi. On ne voit pas du tout ou Eisner veut en venir. C'est dommage car ça commençait plutot bien.

05/03/2008 (MAJ le 23/05/2008) (modifier)