Les Tourbières de la peur
Un recueil d'histoires fantastiques avec pour décor des marais brumeux et mystérieux.
Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Journal Tintin Wallonie
Mêlant légendes, contes traditionnels et histoires fantastiques plus modernes, cette BD a pour décor les brumes et la tourbe des Hautes-Fagnes belges de nos jours. Les entrailles de la terre, le rôdeur de l’au–delà, les tourbières de la peur, le mort qui pleure, la cloche fantôme... Autant de titres d'histoires courtes mettant en scène un jeune homme moderne mais un peu peureux pour personnage principal. .
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Date de parution | Février 1991 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Parmi les Bd non avisées, je retrouve cette série de 5 récits courts parus dans le journal Tintin en 1987 ; c'est encore édité par Le Lombard dans sa riche collection Histoires et Légendes qui contient quelques bons albums. J'avais complètement oublié ces récits, relus aujourd'hui, c'est pas mal et plutôt bien troussé, je ne connaissais pas Humblet, n'ayant rien lu de lui auparavant, donc je découvre ces récits habités par le surnaturel, des apparitions inquiétantes ou des créatures du fond des âges... C'est de la BD régionaliste dont l'action a lieu dans une singulière région marécageuse, le Plateau des Hautes Fagnes en Belgique que je ne connaissais pas, d'après le décor, on dirait qu'il ressemble un peu à un décor de lande anglaise ou écossaise remplie de tourbières, comme celle qu'on voit dans le Chien des Baskerville, ça a l'air aussi sinistre et il ne vaut mieux pas s'y balader la nuit. L'élément fantastique est bien utilisé et produit par endroits son petit effet, mais les récits accusent quand même une certaine naïveté, c'est vite conclu, et le héros agaçant doit représenter le public visé qui est celui du lectorat Tintin, c'est dommage car ils auraient mérité un développement plus approfondi, plus adulte pour vraiment provoquer l'effroi, j'aurais aimé un côté plus effrayant et plus abouti, d'autant plus que le dessin un peu enfantin accentue cet aspect jeunesse, l'humour aussi désamorce trop le propos fantastique, mais peut-être était-ce voulu de la part de l'auteur. En l'état, c'est quand même une agréable lecture et une redécouverte intéressante.
La découverte de cette bd s’est faite à l’occasion de mon bref séjour de ressourcement chez Mac Arthur (surnommé à raison "l’ours de Spa"). Sa lecture a été entamée dans des conditions idéales, presque uniques, puisqu’elle a suivi une promenade dans la fagne. Cette région de landes et tourbières est d’une beauté sans pareil. Mais son sol marécageux ne la rend pas très hospitalière. Et malheur à celui qui se perd en chemin . . . C’est dans ce cadre exceptionnel que Humblet a décidé de donner vie à de petits récits en s’inspirant de légendes locales. La brièveté des histoires donne un goût de trop peu. De plus, le comportement du protagoniste principal (un étranger au pays) a parfois de quoi agacer. Il a l’art de mettre les pieds dans le plat avec un naturel désarmant et un air benêt. Ce comportement se justifie pour servir d’amorce aux récits mais ça donne un côté "arrangé". Reste que ce recueil d’histoires recèle bien des trouvailles originales qui auraient mérité davantage de développement. Côté dessin, si le déhanchement des personnages tient davantage de Tchantchès et Nanesse (les marionnettes mascottes de Liège), les décors restituent fort bien la beauté sauvage des fagnes. Une bd de terroir donc, à déguster avec une bonne bière du cru (la Val Dieu ou la Malmédy par exemple).
Voici une bd que je ne peux coter objectivement. « Les Tourbières de la peur » se passent chez moi, c’est-à-dire dans cette région de Belgique appelée les Hautes-Fagnes. Une zone restée sauvage car inexploitable (et maintenant préservée car d’un grand intérêt écologique). La région fourmille de légendes et Humblet s’en inspire pour écrire quelques courtes nouvelles. Le dessin n’est pas des plus aboutis. Les visages, en particulier, ont tendance à changer d’une case à l’autre. Pas de la grosse chirurgie esthétique, mais quand même des petites retouches de botox. Il n’est toutefois pas désagréable, et la souplesse avec laquelle les personnages se déplacent est assez amusante (on dirait du Savard qui aurait fumé un joint). Les paysages sont très reconnaissables et, pour un habitant de la région (je vous avais prévenus), il est plaisant de reconnaître certains endroits (le château de Reinhardstein, les hautes haies du village de Xhoffrai, les croix, et ces merveilleux paysages des Hautes-Fagnes). Au niveau des scenarii, Humblet a l’intelligence de se servir du matériel local pour recréer de nouvelles histoires fantastiques. Le ton employé est humoristique mais les sujets proviennent bien du patrimoine « effrayant » de la région. Croix des morts, pierres de sacrifice, abbayes abandonnées, apparition de soucoupes volantes ne sont pas de prime abord des sujets de plaisanterie. De l’épouvante pour (sou)rire, donc. Le personnage principal, nouvel arrivant dans la région, a l’art de mettre les pieds dans le plat et se retrouvera confronté, entre autres, au fantôme d’un moine, au bouc noir (incarnation du Diable), à une Hamadryade (une fée qui ne trouve refuge que dans de vieux chênes), et à des entités venues d’ailleurs. Plaisante sans être révolutionnaire, cette petite bd m’a permis de passer un agréable moment de lecture. J'hésitais à encourager l'achat mais le fait que deux lecteurs étrangers à cette région aient apprécié cette lecture au point d'en conseiller l'achat m'incite à faire de même.
C'est le dessin qui m'a surtout attiré pour l'achat de cette BD. Etrangement, le trait de Humblet m'a rappelé celui de Davodeau, tout juste un peu plus typé "style franco-belge". De même, je trouve la colorisation assez réussie, surtout pour dépeindre un décor de marais brumeux : ça donne donc une BD jolie à regarder et à lire. Ceci étant dit, je trouve par contre les histoires un peu trop naïves. A première vue, le public visé devait être assez jeune. L'ambiance sinistre et envoutante des marais est partiellement détruite par une surabondance de paroles et d'explications terre à terre et modernes de la part des personnages. De même, les intrigues sont simplifiées pour être très compréhensibles, sans permettre à l'ambiance de se former et au lecteur de se plonger entièrement dans le monde de ces tourbières. De même, je trouve le personnage principal assez énervant par son comportement un peu trop... facile scénaristiquement parlant : il hurle quand il a peur, il court dès qu'il voit quelque chose qui l'intéresse, il pose plein de questions, il joue les naïfs incrédules par moment ou alors considère comme tout à fait plausible des choses extraordinaires à d'autres moments... Bref, je n'aime pas ce personnage principal. En résumé, la forme est jolie par son dessin et ses couleurs, les histoires pourraient être bien également car elles sont assez originales et bien dans l'idée des contes et légendes des marais, mais la narration est un peu trop jeune et naïve, brisant le charme qu'aurait pu avoir cette BD.
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