Manuel du puceau
Comment survivre à cette immonde période de laideur, de frustration, d’humiliations, de misère sexuelle qu’est, pour beaucoup, l’adolescence ? Le malicieux Riad Sattouf prodigue ici tous les bons conseils pour tenir le coup à défaut de pouvoir le tirer.
Adolescence Ecole Pivaut, Nantes Gobelins, l'École de l'Image Les Losers Les petits éditeurs indépendants
Pour certains, l’adolescence est une période merveilleuse au cours de laquelle on découvre la vie, l’amour, le sexe, et le fait qu’il suffit d’avoir une belle gueule et de savoir faire le malin pour obtenir ce qu’on veut de n’importe qui. Pour d’autres comme Ceaupu, le misérable anti-héros de ce petit album, tout n’est pas si rose… Humiliations, brimades, frustration, solitude, tel est le quotidien du pauvre Ceaupu. En classe, personne ne le remarque, sauf les quelques brutes qui le prennent comme souffre-douleur. Les filles l’évitent, il n’a aucun ami. Il a des boutons purulents sur la gueule, il est petit, moche, timide, mal habillé, a des goûts musicaux ringards et une mère envahissante. Autant dire qu’il n’est pas prêt de faire ce qu’il espère plus que tout au monde, ce à quoi il pense toute la journée : baiser. Heureusement, ce manuel est là pour lui expliquer la seule chose raisonnable à faire dans ces cas-là, la seule chose qui lui permettra d’obtenir un semblant de plaisir et de passer ces quelques années ingrates sans se tirer une balle dans la bouche : se cirer le pingouin, s’astiquer le manche, se faire reluire le petit, se lustrer la nouille, se tirer sur la tige, se pogner, se palucher, se tripoter, se branler, bref, se masturber.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Octobre 2003 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album que j’ai obtenu avec le dvd collector « Les beaux gosses » du même auteur, l’édition est différente et rappelle les bouquins type coaching. Riad Sattouf s’est fait une spécialité de dépeindre la jeunesse d’hier et actuelle, généralement pas dans leurs comportements les plus glorieux, mais il garde souvent un regard plein de tendresse. On est ici dans une œuvre que l’on pourrait qualifier de jeunesse (pour l’auteur), et à la limite de la bd. L’auteur faisant office de psy (partie texte) auprès de notre jeune puceau (partie dessin), c’est super fluide, une interaction façon ping pong et plutôt très drôle, l’auteur ne prenant pas de gant avec son héros pour gommer sa naïveté. Voilà plutôt sympa, léger et drôle mais une lecture suffit.
Dans une collection dirigée par Joann Sfar, et comme précisé une conception graphique made in J.-C. Menu, Riad Sattouf est plutôt bien entouré sur ce manuel du puceau. En quatrième de couverture, il est précisé que cet ouvrage est conseillé à partir de 12 ans. Est-ce que son auteur pense vraiment qu'il s'agit d'un truc à offrir à un ado pour son anniversaire par exemple ? Tiens, lis ça, c'est dans les grandes lignes tes prochaines années... :) C'est vrai que cet album est publié par Bréal jeunesse, qu'il se présente surtout comme un livre illustré plus qu'une bande dessinée formelle avec des cases. Et pourtant est-ce qu'un adolescent plus ou moins dans le même cas que le jeune Ceaupu saura en rire ? Je doute un peu, ça doit dépendre des personnes en fait. En tout cas c'est drôle, même si toutes les situations ne sont pas neuves, ce manuel du puceau est un bon condensé de toutes les moqueries au sujet des ados dotés d'un sexe masculin. A quand le jour où Sattouf sera étudié en classe...
Bon, le compère Cassidy dit plein de choses justes dans son avis. J’essaierai pour ma part d'avoir une approche différente. Dans la lignée des Pauvres aventures de Jérémie, Sattouf nous propose dans ce manuel un album à nouveau en rapport avec un looser, un laissé-pour-compte de la société, j'ai nommé l'ado boutonneux et timide qui découvre qu'il a des hormones. Et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il n'y a ni complaisance, ni moquerie, ni méchanceté dans son propos. Mais plutôt une tendresse envers ce garçon emprunté et couillon qu'a dû être (j'en suis persuadé) Sattouf. Mais c'est aussi l'ado qu'a été Spooky, celui qu'a été Cassidy, et bien d'autres hommes. :) L'ouvrage est drôle, souvent juste, parfois un peu exagéré... mais n'est-on pas dans la sphère de l'adolescence, où l'on se fait des films d'un rien, ou tout ce qui vous entoure vous semble cruel, inadapté, étranger ? En tout cas, c'est à lire. :)
Je n'avais jamais lu aucune BD de Riad Sattouf mais après ce petit album (qui est à la frontière entre bande dessinée et album illustré), j'ai bien envie de combler ce manque tant le Manuel du puceau m'a rendu le bonhomme sympathique. Difficile de déterminer à quel public s'adresse réellement le livre. C'est publié chez Bréal Jeunesse, c'est écrit "conseillé à partir de 12 ans" au dos, et une note en début de livre nous assure qu'il est destiné aux adolescents. Mais les adolescents ont-ils suffisamment de recul, sont-ils suffisamment capables d'autodérision pour pouvoir encaisser sans s'énerver les plaisanteries vachardes de Riad Sattouf ? A vrai dire, jusqu'à il y a quelques jours, je le pensais encore, et puis on m'a fait comprendre que non, taquiner les ados sur leurs petits travers et soucis de jeunes gens en pleine mutation, ça ne se faisait pas. Je continue à espérer que les malheureux qui vivent actuellement les mêmes misères que le pauvre Ceaupu sauront rire de leurs propres déboires ainsi mis en images, et même que ce sera un bon moyen pour eux de dédramatiser tout ça (le côté "Bon, OK, tu as des boutons, une voix ridicule, des goûts de chiottes et une vie sexuelle navrante, mais rassure-toi, ça n'est pas de ta faute, ça ne durera pas toute ta vie et t'es pas le seul à être passé par-là"), mais bon, je sais aussi que mon optimisme et ma foi en l'humanité me perdront dans ce monde cynique, alors à tout hasard, sachez quand même que Sattouf se montre particulièrement moqueur et peu consensuel dans cet album, au risque de froisser certaines susceptibilités. S'il avait posté de tels propos sur un site internet, par exemple, j'aime autant vous dire qu'il se serait fait "modérer" en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Love Hina" ;). Donc, le Manuel du puceau n'est pas forcément à mettre entre n'importe quelles mains : comme disait Desproges, "on peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui" (ou bien c'était "pas avec tout le monde" ?). Donc, si pour vous, l'humour vache c'est nul, l'ironie c'est lourd, ne dire que des choses négatives c'est idiot et inutile, il y a des chances pour que vous rejetiez totalement ce livre à l'humour noir et acerbe où ados et parents en prennent pour leur grade. Les fausses "cailleras" qui "niklasociété" mais partent en vacances aux Seychelles avec leurs parents qui votent Le Pen, les fumeurs de chichon qui croient et font croire que la consommation de stupéfiants suffit à faire d'eux des rebelles et des originaux, les filles hypocrites qui disent "non" aux moches parce qu'elles "sortent juste d'une histoire difficile avec Untel" avant d'aller se jeter dans les bras d'un bellâtre, les pères qui larguent sans états d'âme femme et enfants pour des pétasses de 20 ans, et bien sûr les pauvres boutonneux en rut obsédés et frustrés, tous se font tailler de beaux costards. De là à dire que, sous des airs innocents de "manuel", ce livre est un moyen pour un auteur revanchard de régler ses comptes avec ceux qui ont pourri son adolescence, il n'y a qu'un pas… Et d'ailleurs à ce propos, difficile également de déterminer la part d'autobiographie dans cet album. Evidemment, c'est présenté comme un manuel, le personnage principal porte un nom "générique", et ça fait référence à divers éléments (comme Eminem ou la chanson de Titanic par Céline Dion) qui n'ont pas pu faire partie de l'adolescence de Riad Sattouf (né en 78, donc déjà adulte ou presque au moment de la sortie de Titanic et des débuts d'Eminem). Donc, vu comme ça, ce n'est pas une confession intime, juste un bouquin d'humour et de conseils pratiques. Et pourtant… et pourtant, ça sent sacrément le vécu, tout ça ! Derrière la caricature à l'emporte-pièce (pas toujours d'une très grande subtilité, il faut quand même le reconnaître), les situations et personnages décrits par Sattouf sont d'une précision et d'un réalisme tels, et le ton reflète parfois une si grande amertume qu'on a du mal à imaginer que Sattouf s'est contenté de témoignages d'ados ou de copains à lui pour créer son "Ceaupu". Je ne veux pas trop m'avancer, son adolescence n'a peut-être que fort peu ressemblé à celle, catastrophique, de son personnage, mais dans ce cas, chapeau pour avoir su retranscrire tout ça avec autant d'exactitude ! Mais comment je sais que c'est si réaliste que ça ? Euh… :8 c'est, euh, des copains qui m'ont raconté que leur adolescence s'était passée comme ça :8 Je vous assure que je n'ai jamais ressemblé à cet imbécile de Ceaupu :8 Bon, bref. Personnellement, j'ai trouvé ça drôle, caustique, réjouissant, lucide, mais également touchant, tendre… C'est très moqueur et sans langue de bois, mais dans le fond je ne crois pas que le but de Sattouf était de dire "tout le monde est un sale con et la vie c'est de la merde". C'est mordant mais pas méchant, noir mais pas désespérant. Il est possible (même si j'espère que non), si vous avez toujours eu une peau de bébé, beaucoup d'amis, des vêtements à la mode et une sexualité débridée, que vous trouviez les mésaventures de Ceaupu totalement idiotes, lourdingues, éventuellement blessantes, et totalement déconnectées de la réalité. Si par contre vous avez vécu ou que vous êtes en train de vivre une adolescence à la "Ceaupu", je crois vraiment que vous allez vous régaler avec ce petit bouquin.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site