La Mort dans les yeux (The Corinthian: Death in Venice)
Une mini-série dérivée de Sandman. A Venise, en 1920, un survivant de la 1ère guerre mondiale est hanté par le souvenir d’un jeune homme mort au combat.
1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles DC Comics Italie Les petits éditeurs indépendants Spin-off Venise Vertigo
Un jeune dandy disant s’appeler Stefan Wasserman et avoir combattu à Verdun se rend à Venise retrouver une vieille connaissance, Charles Constantine. L’homme en question est un bourgeois ayant lui aussi combattu pendant la grande guerre. Il vit à Venise avec sa femme, qu'il laisse tringler par un gigolo local car il a pour sa part perdu ses attributs virils sur un champ de bataille, le jour où il a vu la mort dans les yeux du jeune Stefan Wasserman, un soldat d’à peine 14 ans, à l’agonie… Qui est donc ce jeune homme qui prétend être Stefan ? Pourquoi poursuit-il Charles à travers l’Europe ? Qui sortira vainqueur du duel psychologique à mort que se livrent les deux hommes ? Arzak et ThePatrick sont-ils réellement des jumeaux séparés à la naissance et si oui, quel est le rapport avec cette BD ?
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Date de parution | Février 2004 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Quel malheur d'être soi. - Ce tome contient une histoire complète qui peut se comprendre indépendamment de la série dont elle est dérivée : Sandman, de Neil Gaiman. Il regroupe les 3 épisodes, initialement parus en 2001/2002, écrits par Darko Macan, dessinés et encrés par Danijel Žeželj. L'édition originale était mise en couleurs par Sherilyn van Valkenburgh, avec des couvertures de Dave McKean. La présente édition en français est en noir & blanc, avec une couverture inédite du dessinateur. En 1920, dans un train qui file au-dessus de la lagune de Venise, le major Gordon Gravett et son épouse Rosalind sont en lune de miel. Stefan Wasserman s'approche de leur table dans le wagon et demande du feu au mari. Il engage la conversation. le major indique qu'il a servi cinq ans en France pendant la guerre et que c'est là qu'il y a perdu son bras. Stefan emploie une image dérangeante : les blessures sont les bébés des hommes, ce qui provoque une mine de dégout sur le visage de madame. Elle se tourne vers la fenêtre et s'extasie devant la vue de Venise comme posée sur la lagune. Stefan continue à tenir des propos morbides comparant Venise à un sarcophage, évoquant les carnages à venir pour lesquels il faudra des bébés et c'est à madame Gravette de jouer, pour élever de futurs soldats dont les bras, la cervelle et le sang se répandront sur les champs de bataille. le major lui décoche une baffe pour le faire taire. Wasserman s'en va après avoir présenté des excuses. Sur l'un des quais de la cité des Doges, Coco et Charles Constantine sont en train de discuter : elle lui explique que Caroline c'est le lundi, Cremona le mardi, Croazia hier, et qu'aujourd'hui elle s'appelle Coco. Ils abordent le mendiant assis par terre avec un bandeau sur les yeux. Coco lui demande s'il a bien perdu ses yeux à cause de la maladie et il répond que oui. Pour une lire, il est prêt à lui raconter comment il les a perdus. Charles s'avance à son tour et lui dit qu'hier il leur avait raconté comment il avait perdu ses yeux à la guerre. Leopold acquiesce et il est prêt à lui raconter son histoire pour une lire. Les amants l'apostrophent et lui demandent laquelle de ces deux versions constitue la vérité. Il répond que la vérité est la lire, une lire pour entendre ce qu'ils veulent. Coco lui jette une lire, et Charles une autre au bord du canal. Coco indique que c'est le moment pour que Charles pousse le mendiant dans le canal. Il répond qu'elle peut très bien le faire elle-même. Un agent de police arrive et demande si ce sale mendiant les embête. Ils répondent que non, mais le policier a déjà poussé Leopold dans le canal. Charles demande si c'est vraiment un étranger, l'agent répond qu'il n'en est rien et demande quel pays voudrait d'un pauvre. Il leur suggère de continuer leur visite de Venise en allant voir le carnaval. Charles se retourne brièvement : il a eu la sensation d'apercevoir quelqu'un. Alors qu'il s'éloigne Stefan Wasserman s'approche du bord du quai et saisit la main qui dépasse de l'eau pour ramener Leopold sur le quai. Ce dernier s'enfuit effrayé par cet homme en blanc. Ce récit est paru comme une histoire dérivée de la série de Sandman, créée par Neil Gaiman, 75 épisodes parus de 1989 à 1996, avec quelques numéros spéciaux en plus. le Corinthien a été créé par Morphée, le maître des rêves et du domaine des rêves pour incarner les ténèbres et la peur des ténèbres qui est au cœur de chaque être humain, un miroir noir fabriqué pour réfléchir tout ce que l'humanité ne veut pas regarder en face. Par ailleurs, il croise le chemin de Charles Constantine, qui indique être le frère jumeau non mort de John Constantine, ce qui renvoie à la mythologie de ce personnage. Il est possible d'apprécier ce récit sans disposer de ces références. L'éditeur Mosquito a publié tous les premières bandes dessinées de Danijel Žeželj, allant négocier les droits de celles publiées par Vertigo, c'est-à-dire celle-ci et Congo Bill (1999) avec Scott Cunningham. Il a choisi de publier le récit en noir & blanc, ce qui n'obère en rien le plaisir de lecture, car les traits encrés entre impressionnisme et expressionnisme se suffisent à eux-mêmes. Le lecteur plonge dans une sombre histoire avec des individus au comportement déviant ou à la vie tragique : ce couple à la dynamique toxique jouant avec l'idée commettre un meurtre, ce policier brutal prêt à exterminer les clochards, Amedeo un jeune homme acceptant de jouer les gigolos pour pouvoir offrir une meilleure vie à sa propre fiancée, ce jeune soldat dont le propre supérieur a tiré dans les parties parce qu'il refusait d'abattre froidement un soldat ennemi, ce militaire incapable de tuer à la guerre, cette femme qui veut devenir autre, cet homosexuel refoulé, cette veuve noire, etc. le lecteur voit comment les trajectoires de vie de Coco & Charles s'entremêlent avec celle de Leopold, Silvana & Amedeo, en la présence vénéneuse du Corinthien, sur fond de passions et de meurtre, de ce pouvoir d'ôter la vie à quelqu'un, avec une touche onirique. le Corinthien incarne bien ce que les personnages ne veulent pas regarder en face. D'une certaine manière, le récit aurait pu se dérouler dans un autre environnement et l'histoire n'en aurait pas été changée. Pour autant, scénariste et artiste prennent soin d'utiliser quelques caractéristiques de Venise, que ce soit son carnaval, ou son urbanisme unique. Au vu du contexte très particulier de la publication de cette histoire, il est vraisemblable que le lecteur soit venu surtout pour les dessins de cet artiste, plus que pour trouver une histoire dérivée de Sandman, assez obscure. du fait de la forte personnalité graphique du dessinateur, il n'éprouve pas de déception à l'absence de couleurs, d'autant que la majeure partie de ses œuvres est en noir & blanc. Dès la première page, le lecteur retrouve les idiosyncrasies de Danijel Žeželj : un trait noir un peu charbonneux, réalisé au pinceau, et donc une approche de l'ombrage intégré au contour des éléments plutôt que noirci par la suite. Cela donne une apparence un peu moins précise aux contours, les traits des visages pouvant sembler un peu trop appuyés, avec le noir qui mange une partie du dessin un peu plus importante que d'habitude. Ceci n'empêche pas les paysages d'être de toute beauté : le train sur la voie juste au-dessus du niveau des eaux, la silhouette des bâtiments historiques de Venise au loin, le pavage irrégulier des quais, le candélabre typique, les gondoles avec et les gondoliers avec leur maillot rayé, le grand luxe de la chambre d'hôtel de Coco & Charles, la rue d'une grande ville européenne montrant des signes d'une occupation militaire, etc. Il est visible que le scénariste a pensé sa narration en termes de dialogue, et en termes de séquences visuelles. L'artiste doit donc s'acquitter de quelques cases avec uniquement un ou deux visages, mais la plupart du temps les personnages agissent en même temps qu'ils parlent ce qui donne des scènes plus visuelles. La narration visuelle commence à attirer l'attention du lecteur d'abord avec ces personnages qui ont visiblement une part d'ombre, puis les visuels gagnent en originalité : Coco & Charles jouant au chat et à la souris avec Leopold au bord d'un canal, une case avec les prémices du récit de Leopold sous forme de gravure. Puis rapidement, les images gagnent en ampleur et en inattendu : les personnages qui semblent parfois jouer comme sur une scène au théâtre avec une ampleur un peu appuyée de leurs gestes, l'attaque brutale des tommys en train de passer des soldats allemands à la baïonnette, la magnifique vue des cabines de plage sur ponton de bois au-dessus du sable de la plage, des soldats en train d'uriner sur un ennemi qu'ils viennent de mettre à terre, un globe oculaire sur le pavage, la noirceur du carnaval avec ces individus masqués et ces costumes grotesques, cette vue en contreplongée sur un capitaine monté sur un rhinocéros tenant un drapeau avec le marteau et la faucille, et un alignement de potence avec des condamnés au bout de la corde, etc. le mode de représentation manie avec dextérité plusieurs niveaux de réalité : une représentation premier degré et descriptive, une représentation plus expressionniste ajoutant une dimension de conte, des éléments métaphoriques ouvrant l'envergure du récit, à la fois drame, tragédie d'individus habités par des névroses ayant tourné à l'obsession pour des comportements anormaux, ballotés par des grands mouvements de société dont ils ne ressentent que les répercussions, sans y prendre part, sans même en avoir connaissance. Au départ, en version originale, il ne s'agit que d'une histoire dérivée d'une série à succès, confiée à deux jeunes créateurs originaux. En version française, il s'agit d'une volonté éditoriale de proposer l'ensemble de l’œuvre de l'artiste au lecteur. En fonction de ses lectures, il peut apprécier de retrouver le personnage secondaire du Corinthien, et ce qu'il incarne, dans une histoire originale et prenante. Il peut aussi souhaiter découvrir un récit de Danijel Žeželj pour retrouver ses dessins si habités par la noirceur de l'âme, mais aussi son romantisme et ses émotions. il est comblé par un récit bien noir, une tragédie de bonne facture, avec une narration visuelle inquiétante.
"Pas mieux." Non, sans rire, je n'aurais pas lu dans l'avis de Cassidy que cette BD est dérivée de l'univers de Sandman, je ne m'en serais pas aperçu. Il faut dire que je n'ai pas lu Sandman, ça aide. Bref, moi aussi je me suis un peu emmerdé à lire ce truc. Tout le côté drame théâtral, souvent récupéré dans les comics américains, m'a laissé complètement de marbre. Il faut dire que je ne suis pas non plus sensible à la "magie" de Venise... Le dessin de Danijel Zezelj est très particulier, assez brut, et pourtant très réaliste. Mais son trait est trop grossier pour moi sur cet album. En plus je le trouve la couverture d'une laideur... Bref, un album qui passera inaperçu pour à peu près tout le monde, je pense...
Bien que l’éditeur Mosquito n’en fasse mention nulle part, sans doute pour ne pas faire de pub à la série régulière publiée chez Delcourt (à moins que ce ne soit Delcourt qui les empêche d’utiliser le nom ?), cet album rassemble les 3 épisodes d’une mini-série liée à l’univers de Sandman, le personnage-phare de l’œuvre de Neil Gaiman. Cela dit, je dois admettre que je n’y ai pas retrouvé l’intérêt ni même l’ambiance de la série originale. Comme d’habitude, les illustrations en noir et blanc de Danijel Zezelj sont plutôt classes, même si son style n’a pas évolué d’un iota depuis la 1ère BD de lui que j’ai pu lire. Le scénario et les dialogues par contre, bofff… Ca ne m’a pas passionné, c’est trop classique… Comme souvent, on a affaire à un cas typique d’auteurs qui pensaient faire quelque chose d’original à partir d’une idée de départ un peu “gadget ” (ici en l’occurrence, faire un comic qui aurait des airs d’opéra tragique à l’italienne), mais au final, le résultat se révèle banal et sans grand intérêt. Venise et ses mystères, son carnaval qui emporte les fêtards dans un tourbillon de sexe et de sang, le mutilé de guerre hanté par ses souvenirs traumatisants, c’est du déjà-vu tout ça… Bref, voilà, pas grand’chose à dire de plus, personnellement je me suis gentiment fait chier avec cet album, que je ne conseille même pas aux fans de Sandman, mais bon, c’est pas une bouse non plus quoi…
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