Monsieur Mardi-Gras Descendres
1999 : Prix René Goscinny. Mais où est donc tombé Victor Tourterelle? Une glissade fatale sur la petite voiture que son fils avait oublié dans la salle de bains, et le voici expédié sans transition de l'autre côté du miroir, au beau milieu d'un désert de craie, sous un ciel noir comme l'encre.
La Mort Noir et blanc Prix René Goscinny
Mais où est donc tombé Victor Tourterelle? Une glissade fatale sur la petite voiture que son fils avait oublié dans la salle de bains, et le voici expédié sans transition de l'autre côté du miroir, au beau milieu d'un désert de craie, sous un ciel noir comme l'encre. Pas un bruit, pas une âme. Seul un gros melon blafard flotte à l'horizon de cette plaine morne et glacée. De son nouvel état, Victor se réjouit d'avoir encore toute sa conscience, qui est bien plus claire que sur terre ! Mais de son corps, il ne reste que les os, aussi blêmes que la fine poudre d'étoiles qui recouvre le sol. Hagard, le trépassé n'imagine pas qu'il est à l'aube de l'aventure la plus folle qu'aucun défunt n'ait jamais tentée malgré lui, une fois débarqué dans l'autre monde.
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Date de parution | Décembre 1998 |
Statut histoire | Série terminée (un prologue existe également) 4 tomes parus |
Les avis
En résumé : 4/5. Une belle surprise pour un récit macabre, atypique et absurde, que j'ai eu plaisir à lire du début à la fin. Pauvre Monsieur Mardi-Gras Descendres qui, comme ses homologues, reçoit sans prévenir l'information qu'il se trouve dorénavant dans ce drôle de monde d'hommes squelettiques, après une mort accidentelle. D'entrée, la différence entre les causes de sa mort et l'endroit dans lequel il est jeté nous annonce le style absurde, que j'apprécie particulièrement. Le récit est très bien monté, on s'y plonge facilement. A priori, je pensais lire une aventure abracadabrantesque après lecture du résumé. Et puis non, c'est une approche à la fois sage et drôle de parler de : la mort, la religion, la condition humaine et notre motivation à exister et s'accrocher à la vie. L'auteur a dû injecter pas mal de pensées philosophiques, plutôt habilement puisqu'elles se touchent et se confrontent tout du long. L'aventure est faite de péripéties mais les objectifs sont assez clairs, rendant l'ensemble linéaire. Je n'aurais pas autant aimé s'il n'y avait pas eu toute cette ambiance absurde qui donne de la légèreté au récit et des personnages dont j'ai eu plaisir à suivre les aventures (notre héros curieux et convaincu, son compagnon qui cause l'argot comme personne, le mystérieux facteur moustachu). Mais il y a son lot de moments noirs, avec la lourde conscience de son être, pouvant amener à la dépression, la fatalité et le défaitisme. C'est un univers tellement riche! Et puis ce dessin, qui m'a plus dès le départ, a été magnifié sur le T.2 avec une mise en couleur discrète et efficace. La couleur du T.3 vient appuyer le récit. Et celle du T.4 redevient comme le T.2 mais avec des couleurs plus ternes. Les squelettes sont très beaux et leur visage dégage de l'expression. J'ai aussi beaucoup aimé ce pointillisme qui vient agrémenter le décor galactique. Les planches sont homogènes, quelques découpages sympas mais il n'y a pas grande prise de risque à ce sujet, j'aurais aimé avoir plus de plans larges pour contempler l'univers avec ce style. Je me perdais un peu pour reconnaître les personnages secondaires je l'avoue, mais ça n'aura pas bloqué ma lecture. Ah oui, et la fin quand même... C'est un magnifique final, qui dégage toute la poésie de cette histoire. Gros coup de coeur pour une série que j'aimerais posséder.
Voilà pas mal de temps que j’avais envie de me plonger dans cette série, dont j’avais entendu dire pas mal de bien – même si tous les avis glanés ici ou là n’étaient pas enthousiastes ! Voilà chose faite, et je dois dire que, malgré quelques petits bémols, je suis très content de ma lecture. Pour le coup de cœur, c’est surtout le côté graphique qui m’a convaincu de le lui attribuer. En effet, le dessin est vraiment très beau, très détaillé, souvent minutieux, dans un décor mêlant le minimaliste et le grandiose (quelques accointances avec Les Cités obscures ou certains décors de MAM pour les cités nécropoles qui s’élèvent vers des cieux improbables). Liberge réussit la plupart du temps à distinguer chacun des squelettes, grâce aux rafistolages métalliques qui décorent leurs crânes (même si je concède avoir eu parfois quelques difficultés à les différencier). Bref, je suis conquis par l’univers visuel, très original, aux tons sombres, c’est superbe ! L’histoire est censée se dérouler au purgatoire. Elle se laisse apprivoiser plus difficilement que le dessin. Toujours intéressante, elle est parfois obscure. Les deux premiers tomes se laissent lire facilement, mais j’ai dû prendre mon temps pour entrer dans l’intrigue. De belles pages aérées fluidifient la lecture. A partir de la deuxième partie de la série, cela me semble s’étirer en longueur, mais c’est aussi plus dense. Beaucoup plus de dialogues, et j’avoue une lecture moins fluide, l’impression que cela aurait pu être raccourci. C’est un album riche, mais l’auteur prend le risque d’y perdre ses lecteurs. La lecture de cette série est au final bien plus exigeante pour le lecteur que l’entame ne me l’avait laissé supposer. Il faut s’accrocher à cet univers mêlant poésie, mysticisme, prophétie et dérision. J’ai lu la série dans la très belle intégrale parue récemment, qui prolonge les albums d’origine par quelques dessins pleines pages superbes, mais aussi par un entretien avec l’auteur donnant des clefs pour son travail et cette histoire de squelettes. Une série à découvrir, qui mérite vraiment le détour, et pour laquelle il faut prévoir d’investir du temps.
J'ai hésité... mais après réflexion non. Cette série vaut bien son 5 étoiles ET son coup de cœur. Cet univers est carrément inédit dans la BD (en tout cas moi je n'ai jamais vu ça) et ne cesse de prendre de l'envergure et de gagner en profondeur d'albums en albums. On peut s'amuser à chercher des influences : Terry Gilliam, Boucq, Druillet, l’ésotérisme, Ptiluc (pour le style de BD en quasi-bichromie avec un peuple plus ou moins identique et un fond philosophique... je vais chercher un peu loin je sais). Un peu de Ulysse 31 également (là c'est encore un peu tiré par les cheveux je le reconnais mais c'est la visite de Pluton à bord d'un voilier naviguant dans l'espace à travers les cercles des 7 pêchés capitaux qui m'a fait penser à cela. Comme les premières saisons des Chevaliers du Zodiaque avec les temples des signes du zodiaque)... Mais la recherche d'influences est finalement assez vaine tant cette série est unique en son genre et sort vraiment des sentiers battus. Les dessins sont tout bonnement hallucinants de maîtrise, la qualité allant crescendo au fur et à mesure des albums. Par contre je ne suis pas fan des têtes des squelettes mais c'est bien la seule chose qui m'a un peu déplu dans cette série et c'est une goutte d'eau derrière la magnificence des décors et de l'histoire. Le bateau qui navigue aux extrêmes limites du système solaire est un véritable voyage cosmique dans l'au-delà aux portes des limites dimensionnelles du système solaires du temps et de la mort. Un peu comme une version de "2001 l'Odyssée de l'espace" par Terry Gilliam. Ça fait rêver (ou cauchemarder c'est selon). La religion se mélange à l’ésotérisme, à l'onirisme à l'absurde et à la philosophie. L'espace, la mort, le cosmos, le rêve, les squelettes... Whaoouuu !!! De nombreuses pages sont absolument superbes. Celles de la visite de Pluton tout d'abord (Ah ce panorama lunaire, enfin plutoniaire page 58, 59 du tome 2) avec les portes des 7 pêchés capitaux... grandiose !!!). Mais aussi le grand vilain casqué dans sa tour : de superbes clairs-obscurs terriblement inventifs. Une séquence qui en impose beaucoup plus que bon nombre de séries exclusivement fantastiques ou S.F. L'arrivée du grand voilier lunaire en contre-plongée (page 44 du tome 2)... C'est très inventif dans les cadrages et les ombres, toujours recherchés et ne cédant jamais à la facilité. Chapeau ! Je ne vais pas revenir sur le scénario (excellent) mais plutôt sur les textes qui sont forts originaux. Un mélange d'argot et de langage soutenu, très littéraire, avec pas mal de mysticisme et d'ésotérisme. Tout cela ajoute énormément de complexité (et un peu de difficulté à la lecture) mais cela rend l'ensemble beaucoup plus dense et subtil. De plus Eric Liberge met tout cela en scène de manière très graphique, mélangeant des schémas ésotériques et usant de typographies dans cet esprit là. L'outil informatique est très bien utilisé et l’omniprésence de celui-ci (j'ai lu les dernières éditions) dans les couleurs et dans les textes n'est jamais en contradiction avec l'esprit "gothique" de cet univers. C'est très bien écrit et vraiment passionnant. La grande classe ! Pour ce qui est de la mise en couleur, elle alterne entre un (faux) noir et blanc et de la couleur (pâle) mais utilisée avec parcimonie. Elle vient progressivement d'albums en albums, de temps en temps (surtout dans la dimension des 7 pêchés capitaux) de manière lumineuse et vaporeuse. L'impact en est beaucoup plus fort. Le tome 4 clôt la série de manière très (mais alors très très) bavarde. Ce tome est un véritable pavé de texte, avec des dessins assez petits et très sombres (bien que d’excellente qualité et encore plus détaillés). En dehors de 2, 3 scènes plus marquantes et graphiques (le début avec Architofel et l'église, les squelettes qui ont retrouvé la mémoire et qui se rendent compte qu'ils sont morts), c'est très obscur et philosophique, les personnages prenant réellement de la profondeur et le récit devenant ultra complexe et ultra philosophique également. Ça peut vraiment rebuter mais moi j'ai tout de même lu ça avec énormément de plaisir et de passion (encore sur la lancée des 3 premiers). Un tome très ardu, interminable et verbeux mais sans compromis très noir et nihiliste. Excellent. J'ai également beaucoup aimé en vrac : - Les squelettes qui n’arrêtent pas de se bourrer la gueule avec du mercure (ou du café ?) et cela leur procure un certain effet hallucinogène de souvenirs de leur vie sur terre. Qui au final les rend plus malheureux qu'autre chose dans ce monde sans perspectives de sorties. - La jeune femme qui vient d'arriver dans le purgatoire : recueillie dans la barque des psychopompes, elle se met à vieillir avec effroi à vitesse grand V et donc à perdre ses tissus charnels. C'est une idée vraiment macabre qui fait froid dans le dos. - Tout comme ceux qui retrouvent la mémoire avec le café ( dans le tome 4 ) et qui se mettent à paniquer. C'est très noir. Je trouve très intéressant également le préface écrite par Eric Liberge au début du tome 4. Il explique son acharnement pendant ces 8 années ou cette série lui a occupé littéralement toute sa vie. Sa résistance face aux critiques des proches ("tu ne vas pas dessiner que des squelettes, cela ne marchera pas"). Il était représentant de verres en Europe de l'Est et occupait tous ses moments de temps libre à avancer sur sa BD. Le soir ou le matin à l'hôtel et même au volant de sa voiture entre 2 rendez-vous ! (J’imagine le tableau, une voiture garée dans un parking sordide sous la pluie avec le mec qui a mis sa planche sur le volant et qui dessine ses squelettes). Une leçon de volonté pour tous les (apprentis ou pas) dessinateurs qui n'arrivent pas à avancer ou à terminer leurs trucs.
Je me souviens, j'avais parcouru un album de cette série il y a pas mal d'années. J’avais trouvé ça relativement moche, trop chargé graphiquement. Il s'agissait sans doute de la première édition, puisqu'il me semble qu'Eric Liberge l'a remaniée pour la sortie "définitive" chez Dupuis. La lecture de cette réédition a été un grand choc pour moi. Liberge a un coup de pinceau exceptionnel. Je ne sais pas s'il a appris à dessiner quelque part, mais ses squelettes sont impressionnants de réalisme, avec bien sûr une part de fantaisie due au sujet. Un sujet assez lourd, traité aussi bien sur le plan du pragmatisme que de la philosophie, teintée de mysticisme. Alors bien sûr, un sujet pareil suppose un peu d'hermétisme, et il y en a dans cette série, mais pas trop, ce qui la rend globalement assez accessible. Par contre je trouve la série un peu longue, elle aurait peut-être gagné en perdant 10 à 15% de sa longueur. Un classique de la BD, tout simplement.
Une série hors du commun. Des dessins magnifiques, un noir et blanc majestueux. Une histoire des plus originale avec des rebondissements incessants et des plages latentes comme si on y était. En bref, une série rare à découvrir ou redécouvrir absolument.
Beaucoup ayant déjà été écrit sur cette série, je ferais court, les autres avis élogieux étant assez représentatifs de ce que j'en pense. Alors vraiment, bravo !!! Arriver à traiter d'un thème comme la mort avec autant de légèreté, d'esprit et de finesse tout en imaginant une véritable histoire digne des plus grands récits d'aventures, c'est fort !! Le scénario peut paraître parfois assez nébuleux de prime abord mais cela permet aussi d'apprécier l'oeuvre de manière différente lors des relectures et ce n'est pas pour me déplaire. Quant au dessin, au découpage et aux couleurs (noir et blanc), c'est superbe. Vraiment un très bon moment passé à lire ces 4 tomes.
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